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sur 531 notes
Orlando” de Virginia Woolf est un roman surprenant. L'intrigue débute au XVIème siècle. Orlando est alors un adolescent, aristocrate qui bénéficie des largesses de la reine Elizabeth. “Car le vieille femme aimait Orlando, et la Reine qui savait reconnaître un homme quand elle en voyait un (…) rêva pour lui d'une splendide carrière. Elle lui donna des terres, elle le dota de maisons.” Lors du grand gel qui s'abattit sur l'Angleterre durant le règne de Jacques Ier, Orlando tomba éperdument amoureux d'une princesse russe : Sacha. Celle-ci trahit Orlando qui, éperdu de douleur, décide de fuir la gente féminine. C'est pour cette raison que, deux siècles plus tard, Orlando demande au roi Charles de le nommer ambassadeur à Constantinople. C'est dans cette ville qu'Orlando se réveille en femme après une longue léthargie. Elle retourne alors en Angleterre au moment où s'éveille le XIXème siècle : “Tandis que frappaient les 9ème, 10ème et 11ème coups, une ombre énorme croula et couvrit Londres. Et quand le 12ème coup de minuit sonna, la nuit était complète. Un noir déluge tumultueux avait noyé la ville. Tout n'était que ténèbres, que doute, que chaos. le XVIIIème siècle avait vécu, le XIXème venait de naître.” Orlando commence alors à apprivoiser sa nouvelle identité.

Comme mon résumé vous l'aura montré, “Orlando” est une fable, un conte où le personnage traverse les époques et se métamorphose. le personnage reste néanmoins le même, Orlando reste passionné(e) par la nature et la littérature. Depuis son plus jeune âge, le personnage admire les écrivains et rêve d'en devenir un. Ce personnage ambigu sexuellement et qui deviendra une femme de lettres, permet à Virginia Woolf de rendre hommage à sa très chère amie Vita Sackville-West. Certains éléments de sa biographie sont reconnaissables : la reine Elizabeth avait donné le château de Knole aux Sackville-West au XVIème siècle, l'amour d'Orlando pour Sacha évoque l'histoire de Vita et de son amie d'enfance Violet Trefusis, Orlando est ambassadeur à Constantinople tout comme le mari de Vita. Ouvertement bisexuelle, Vita put, comme Orlando, profiter des avantages des deux sexes : “(…) il est certain qu'elle récolta ainsi double moisson ; les plaisirs de la vie furent accrus pour elle, et ses expériences multipliées. Elle échangeait contre la rigueur des pantalons la séduction des jupons, et connaissait la joie d'être aimée des deux sexes également.” La liberté de Vita fascinait Virginia Woolf. “Orlando” lui permet d'expérimenter la multiplication des identités, des réalités et des possibilités. Néanmoins cette allégorie des différents “moi” se teinte de mélancolie, le “moi” profond d'Orlando reste insaisissable.

Durant tout le roman, Orlando est traversé(e) de moments mélancoliques. le personnage pense souvent à la brièveté de la vie, il est méditatif, replié sur soi. Même la littérature qu'il vénère n'est pas une source de plaisir. Orlando est en mal de littérature, en mal d'écrire. le roman se conclut sur un ton totalement mélancolique. On est alors en 1928 et le monde a beaucoup changé. Orlando vit toujours dans le même château où rien n'a été modifié. Mais les objets semblent lui échapper, elle se sent repoussée par les pièces du château. Tout se rattache au passé, les souvenirs affleurent sans cesse, Orlando ne vit plus dans le temps présent. Cette part du personnage est très proche du caractère de Virginia Woolf qui a mis en valeur dans son oeuvre l'éphémère de nos sensations, de nos vies.

Orlando” parle donc des sujets de prédilection de Virginia Woolf : la brièveté de nos vies, la difficulté de créer et le questionnement sur l'identité. “(…)la plus longue lettre d'amour de l'histoire“, comme le fils de Vita définissait “Orlando”, est un roman certes complexe mais il est surtout d'une poésie folle.
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Un merveilleux récit impossible à résumer. Même si le sujet: un homme qui traverse les siècles et se transforme en femme, peut paraitre rocambolesque, déjanté, ce n'est pas là le plus important. le plus important, c'est l'art et la manière : à savoir comment le récit se déroule sous le regard amusé de Virginia face à la société de son temps, et le ton, tour à tour ironique, mordant, lyrique et poétique. Elle reste toujours empathique, laissant parfois deviner la part autobiographique de son récit tout en restant à distance. Même l'acte d'écrire et le romancier sont mis dans le creuset et elle joue avec son lecteur. À aucun moment on ne s'ennuie et je sais déjà que je prendrais un plaisir rare à le relire, ce qui caractérise les chefs-d'oeuvre.
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Entre 1588 et 1928, Orlando n'évolue que de l'adolescence à l'âge de 36 ans, sa fortune et son immense propriété provenant de son haut lignage, sa passion pour la nature et pour l'écriture poétique demeurent presque inaltérées ; mais, de manière quasi inaperçue, il a changé de sexe, d'homme en femme. Un biographe spirituel et volontiers moqueur conte sa vie, dans un style qui change au fil des pages de l'épique au baroque à l'introspectif : j'ai de fortes raisons de supposer – mais je ne possède pas un connaissance suffisante de la littérature anglaise pour l'affirmer, et par ailleurs les indices nécessaires à le prouver sont hélas ceux qui disparaissent le plus facilement en traduction – que ce style est une parodie de la prose anglaise à partir de la période élisabéthaine jusqu'à l'époque contemporaine de l'écrivaine, selon le procédé du pastiche que, par exemple, Umberto Eco reprendra dans L'Île du jour d'avant, roman auquel Orlando m'a fait penser souvent.
Pour renforcer cette supposition, je retiens que cette biographie fantastique, hormis ses aspects aventureux et exotiques tels l'ambassade en Turquie, se concentre sur trois thématiques principales : la sociabilité du/de la protagoniste au sein de la haute aristocratie – y compris ses relations personnelles avec les différents souverains anglais – caractérisée par l'alternance de périodes d'engagement et de désengagement ; la création littéraire et en particulier poétique – y compris l'intimité tumultueuse avec les principaux auteurs des quatre siècles en question, et en particulier avec un sieur Greene (l'un des trois personnages qui, avec Orlando et son époux Marmaduke Bonthrop Shelmerdine possèdent la qualité de l'inaltérabilité au temps...) ; enfin les questions du genre : le caractère inter-genré d'Orlando, celui de ses amoureux.ses (dans une certaine mesure), et surtout les attendus et préjugés de genre au fil des siècles.
Ces trois thématiques sont traitées avec une évidente ironie, voire du sarcasme, mais qui n'apparaît plus comme une critique sociale claire et engagée, pas au moins à un lecteur béotien d'aujourd'hui qui ne possède de connaissances spécifiques – ni a fortiori les clés des private jokes dont Virginia Woolf a usé et abusé. En effet, la préface par Diane de Margerie nous informe que cet ouvrage est né comme un divertissement destiné à la poétesse Vita Sackville-West, avec qui l'autrice a vécu une relation assez tumultueuse, laquelle a sans doute prêté certains de ses traits à Orlando, dont la possession du château de Knole.
Les conséquences de cette facétie obscure ont été de m'avoir rendu la lecture du roman fortement agaçante et plutôt ennuyeuse : d'une part une foison d'événements de la trame, des détails, images ou symboles, remarques et clins d'oeil pour lettrés spécialistes m'ont paru absolument inutiles car incompréhensibles, d'autre part la frustration s'est installée devant la poltronnerie des prises de position que j'espérais trouver, en particulier sur les questions de préjugés de genre et sur l'intersexualité.
Par choix que j'ai opéré dès les premières pages, je n'ai retenu que des citations relatives à cette problématique. En me concentrant particulièrement sur les pages où la métamorphose de genre se produit chez l'héroïne, dans lesquelles les questions de genre sont traitées avec un peu plus d'approfondissement, force m'est d'avouer que la réflexion de Virginia Woolf ne m'a pas paru à la hauteur de sa renommée de féministe ayant vécu une relation homosexuelle.
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"Orlando" est une histoire fascinante, d'une richesse et d'une profondeur inouïes. Raconté d'une voix fluide qui oscille entre critique, ironie et mélancolie, le récit décoiffant et extrêmement drôle est constellé de réflexions d'une grande beauté sur la création littéraire ou d'une analyse critique des rapports entre les sexes dans la société anglaise. L'histoire qui commence sous le règne d'Élisabeth Ière va s'étendre sur des centaines d'années pour se clore le 11 octobre 1928. Elle se présente comme la biographie parodique d'Orlando, un personnage extraordinaire. Parodique, car plus d'une fois Virginia Woolf se moque avec beaucoup d'humour des conventions du genre et en particulier de celui de l'époque victorienne, dans laquelle prédominaient les auteurs masculins et dont les personnages historiques, objet desdites oeuvres, étaient des hommes. Une autre caractéristique de cette biographie est d'être, malgré un cadre sociétal réaliste, très imaginaire, voire fantastique : Orlando va vivre plusieurs siècles, tomber amoureux, voyager, changer de société et de sexe. L'histoire parait difficile à admettre ou à suivre et pourtant Viriginia Woolf réussit à nous entrainer dans ce récit excessif qui tente de rendre possible nos rêves et fantasmes de lecteur : voyager dans le temps et dans l'espace, changer de personne quand lassé d'un moi, on entend une voix qui dit : « Viens, viens ! je suis malade à en mourir du moi présent. J'en veux un autre. » Virginia Woolf traite le changement de sexe d'Orlando comme un simple changement de genre, mais pas d'identité, laissant la voie ouverte à une satire sociale et à de multiples questions sur ce que signifie vraiment être un homme ou une femme, sur le rôle de la femme dans la société élisabéthaine, victorienne ou du début du XXe siècle. "Orlando" est un hymne à l'imagination. le temps en est le catalyseur, le véhicule à travers lequel toute cette exploration se déroule et c'est la mémoire, un des enfants du temps, qui en sera l'arbitre. Fidèle, elle protègera Orlando des ravages du temps, infidèle, elle le plongera dans l'ignorance (et le lecteur dans la perplexité). « La mémoire est la couturière, et certes elle ne manque pas de fantaisie. La mémoire pique son aiguille à droite, à gauche, en haut, en bas, d'ici, de là. Nous ignorons ce qui vient, ce qui suit. » La seule certitude est l'amour d'Orlando pour la lecture et l'écriture au cours des siècles. Il y trouve du réconfort, elles sont pour lui des outils qu'il utilise pour échapper aux horreurs de la réalité. Il commence par la poésie trouvant ainsi un canal approprié pour exprimer ses douleurs et ses aspirations. S'interrogeant constamment sur son art et le perfectionnant, il rêve de gloire, de reconnaissance littéraire. À l'image de son héros androgyne, Virginia Woolf expérimente une forme de narration très originale et très élaborée. Malgré des phrases interminables pleines de remarques, de digressions et de parenthèses qui nous font perdre le fil, son écriture hypnotique est parsemée de perles de toutes sortes, des réflexions sur la vie, le sexe, le féminisme, la littérature et l'histoire de son pays. J'ai été très impressionné par l'étendue des thèmes que l'ouvrage aborde et par la réflexion sur le genre d'une incroyable lucidité et modernité. Woolf écrit d'une autre planète.
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C'est après avoir vu le film Vita & Virginia, sorti récemment en salles, que l'envie de découvrir Orlando m'a saisie. Après avoir découvert les dessous de cette romance unique entre deux femmes d'esprit, deux auteures aux personnalités si distinctes, je ne pouvais pas passer à côté du monument littéraire que Virginia Woolf a écrit pour la clore une bonne fois pour toutes. Moi qui connaissait si peu l'oeuvre de la romancière, j'ai pris une sacré claque avec ce roman atypique, contemplatif et d'une profondeur rare.

Orlando est un personnage aux milles et unes facettes, portrait romancé de Vita Sackville-West, mélange habile de son histoire familiale et de sa réalité de femme du XXème siècle, émancipée et libertine. Homme, ambassadeur, amoureux transi, écrivain, puis femme, gitane, épouse d'un marin, il traverse les siècles guidé par sa folie créatrice et son amour de la nature, questionnant sans cesse de grandes notions comme l'Amour et la « Glue-rre » poussant les plus rêveurs d'entre nous à prendre la plume. Dans un style similaire à celui de la Massaïa, écrit quelques années après, Virginia Woolf nous livre un conte moderne chargé de symboles et de messages cachés, une invitation à l'évasion et à la réflexion, une autre vision du monde et une autre manière de percevoir la réalité.

Incroyable exercice de style que celui de Virginia Woolf, dont je découvre ici l'étendue de son imagination et la virtuosité de sa plume. Mêlant magnifiquement les styles fantastique, humoristique, sarcastique, historique, poétique, elle éblouit par la richesse de sa prose, par ses envolées lyriques lors des moments de réflexion profonde de son personnage, et par ses opinions tranchées sur la condition féminine du XXème siècle, qu'elle affirme sans détours avec cet Orlando androgyne capable de comparer les deux sexes en toute liberté. C'est une lecture difficile à n'en pas douter, et j'ai parfois perdu le fil du récit quand le fantastique s'invitait de manière incongrue ou que les réflexions de l'auteur s'épanouissaient sur plusieurs pages. Mais c'est sans conteste un chef d'oeuvre ambitieux, une petite révolution romanesque qui se détache encore aujourd'hui de nos lectures habituelles.
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Orlando, c'est le genre de bouquin qu'on commence à lire, plein de bonnes intentions (parce que c'est du Virginia Woolf, ça devrait être pas trop mauvais quand même…) et puis après les premières pages, on commence déjà à être au bord de l'indigestion, comme si s'était enfilé une grosse part de forêt noire à chaque page achevée.

L'histoire en elle-même est intéressante…
Nous suivons les pérégrinations d'Orlando, un jeune noble anglais du début du 18e siècle. S'ensuit une histoire d'amour inachevée avec la fille de l'ambassadeur de Russie, suite à quoi il décide de partir en Orient. Après un sommeil prolongé d'une semaine, Orlando se réveille femme. Il vit quelques temps en compagnie des Tziganes puis, regrettant la vie moderne de Londres, Orlando retourne dans son pays d'origine où elle mènera une vie mondaine et connaîtra quelques déboires amoureux provoqués par sa nouvelle identité sexuelle et sa vie d'écrivain. le livre se clôt en 1928, alors qu'Orlando trouve enfin la gloire dans sa carrière d'écrivain.

Si l'histoire n'est pas trop mauvaise, en revanche, le bât blesse au niveau du style. Il pourra plaire à certains, je n'en doute pas, mais il ne correspond pas du tout à mes préférences personnelles

Certaines phrases s'étendent sur une ou plusieurs pages, et c'est plutôt la règle que l'exception. Cette longueur, loin d'apporter quelque chose au texte, semble même plutôt pallier à une faiblesse de l'écriture de Virginia Woolf : parce qu'elle n'arrive pas à expliciter clairement ses pensées en un mot ou en une expression, elle tourne autour du pot, utilise un mot et toute sa suite d'homonymes dans une longue énumération ponctuée par des points-virgules, si bien que lorsque l'on atteint le bout de la phrase, on a déjà oublié ce dont voulait nous parler Virginia au début.

En dehors de cela, le style est un peu trop ampoulé à mon goût, et ce n'est absolument pas ce que je recherche dans la lecture, mais c'est une question de préférences personnelles…
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J'ai découvert Virginia Woolf en lisant Les Vagues, l'année dernière. Cette lecture a été un bouleversement… Je suis littéralement tombée amoureuse de sa façon d'écrire et de voir le monde ! J'ai donc depuis entrepris de lire toutes ses oeuvres et Orlando a été une de mes lectures de cet été.

Orlando, c'est l'histoire d'un personnage qui, en plus de vivre 300 ans, naît homme et meurt femme. Mais ne vous y méprenez pas, il n'est absolument pas question de fantastique ! Si Orlando vit 300 ans… C'est simplement parce que sa vie devait durer 300 ans. Si Orlando devient femme, c'est simplement parce qu'elle se réveille un jour femme, après avoir été homme. Et nous n'avons besoin d'aucune explication. Ce personnage hors du commun — transposition fantasmée de Vita Sackville-West, poétesse et amante de Virginia — traverse les siècles comme s'ils étaient des années, à la recherche du Temps, sûrement, et des mots qui feront de lui/elle un-e poète-sse reconnu-e.

Je savais déjà que Virginia Woolf était une écrivaine merveilleuse, mais j'ai encore une fois été subjuguée par la beauté de son écriture, par son génie, et son humour — qui transparait énormément dans Orlando, bien que le personnage soit habité des douloureuses obsessions qui sont les siennes. Lorsque Orlando devient une femme, c'est l'occasion pour elle de faire s'interroger son personnage sur ses anciens privilèges en tant qu'homme et de réfléchir à sa place de femme dans la société. Mais le fait qu'Orlando vive 300 ans lui permet également de dresser un portrait aussi drôle qu'intelligent de l'Angleterre victorienne à celle des années 1920 ! J'ai particulièrement apprécié les lignes magnifiques qui relatent le passage du XVIII au XIXème siècle...

Si vous n'avez jamais lu Virginia Woolf, je vous conseille donc vraiment de vous procurer ce roman qui est — à mon avis — un bon reflet de l'écriture et de l'univers de cette écrivaine de génie, à la pensée indubitablement en avance sur son temps. Dans tous les cas, il ne fait aucun doute pour moi qu'Orlando est un chef-d'oeuvre que je relirai avec plaisir !
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C'était ma première rencontre avec cette légende du modernisme britannique et peut-être aurais je dû choisir l'un de ses classiques plutôt qu'Orlando. En tous les cas, je ne suis pas tombé sous le charme de ce monstre de la littérature.

Je veux bien que Virginia ait été une assoiffée de poésie. Je veux bien que toute son oeuvre porte la marque de cet amour. Mais je ne dois pas avoir sa passion, car je n'ai pas réussi à vraiment apprécier sa plume. Je l'ai trouvé confuse et divagante, j'ai eu du mal à apprécier le propos tellement la manière m'a troublé.

Orlando est un homme pendant la moitié du roman, puis il se transforme en femme. le narrateur met continuellement en opposition les pensées masculines à celles dites féminines. Virginia Woolf était peut-être un icone du féminisme à son époque, mais aujourd'hui ses écrits ne font que perpétué les clichés de la division des sexes. Même si l'héroïne est bien plus intéressante que son pendant masculin, reste que les deux sont toujours en comparaison. Peut-être est-ce l'une des raisons de mon malaise, je m'attendais à lire un équivalent britannique de Simone de Beauvoir et je n'ai rien trouvé de la sorte.

Je veux bien que le discours du narrateur soit une satire de la socialisation des derniers siècles en Angleterre, mais je trouve ici, la critique sociale bien légère, en comparaison à d'autres auteures féministes. Finalement, c'est beaucoup plus une ode à l'écriture, au besoin d'écrire et à la poésie qu'une confrontation avec le mentalité de son époque.

Bref, pas un coup de coeur pour moi, mais je suis prête à retenter le coup avec un autre livre de madame Woolf.
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Dans ce récit, je suis allée à la rencontre de la biographie d'Orlando, être androgyne, fascinant, étonnant sur une période de 400 ans. Tout d'abord, je l'ai vu en tant que jeune aristocrate à la Cour de la reine Élizabeth 1ère, puis tomber amoureux de Sasha, fille de l'ambassadeur de Russie. Cette dernière lui joue un mauvais tour en l'abandonnant. Il retourne dans sa vaste demeure le coeur brisé où il dort durant une semaine. À son réveil, il quitte l'Angleterre et il part pour exercer les fonctions d'ambassadeur à Constantinople.


Après une révolution, il tombe encore dans un sommeil qui dure une semaine et il se réveille en tant que femme. Il vit alors avec des tziganes qui lui apprennent, en autres, à vivre libre en femme, ce qui n'est pas le cas en Angleterre.

Elle retourne finalement dans son pays natal poussée par son amour de la poésie. Elle tombe amoureuse de Lord Marmaduke Bonthrop Shelmerdine qui s'avère une femme en homme et elle l'épouse car c'est dans l'esprit du temps.

Les jours s'écoulent et Orlando vit à Londres où elle devient célèbre grâce à son poème «Le Chêne» amorcé au début de l'histoire et sur lequel elle a travaillé toute sa vie. Sa biographie se termine le jeudi 11 octobre 1928.

Je m'attendais à beaucoup de ce récit et je crois qu'il me fascinait depuis longtemps. Je me demandais comment Virginia Woolf allait traiter son personnage androgyne et quelle serait son histoire. Je n'ai pas été déçue. Au contraire. Durant ma lecture, j'ai retrouvé le charme de la plume de Virginia Woolf que je trouve vivante et proche de la nature. Dans son Journal daté du samedi 22 octobre 1927, elle mentionnait à propos d'Orlando qu'elle voulait que sa lectrice ou son lecteur «comprenne chaque mot». J'ai pris le temps de savourer ce livre et j'ai aimé surtout l'esprit du temps qui hante chaque siècle. Ainsi, Orlando à la fin de sa biographie apparaît marqué par ses différents moi qui se sont modelés à cet esprit du temps. Comme il est soulevé :

«Choisissant donc ces seuls moi que nous avons pu loger, Orlando aurait pu maintenant appeler le garçon qui coupait la tête de nègre; le garçon qui la raccrochait; le garçon qui était assis sur la colline; le garçon qui avait vu le poète; le garçon qui avait tendu à la reine le bol d'eau de rose; ou elle aurait pu s'adresser au jeune homme qui était tombé amoureux de Sasha; ou au Courtisant; ou à l'Ambassadeur; ou au Soldat; ou au Voyageur; ou elle aurait pu désirer que la femme vienne à elle; la Gitane; la Belle Dame; l'Ermite; la fille amoureuse de la vie; la Patronne des Lettres; la femme qui appelait Mar (entendant par là bains chauds et feux de cheminée) ou de Shelmerdine (entendant crocus dans les bois d'automne) ou Bonthrop (entendant la mort dont nous mourons chaque jour) nous tous les trois ensemble- ce qui signifie plus de choses que nous n'avons de place pour les écrire au long-, tous étaient différents et elle aurait pu convoquer n'importe lequel d'entre eux.» (p. 568)

On dirait une longue phrase de Proust n'est-ce pas? Ce livre permet à Virginia Woolf d'aborder aussi des thèmes reliés au domaine des Lettres, à celui du développement technologique, au rôle social attribué à l'homme ou à la femme, mais aussi et surtout, au temps qui passe encerclé par la vie et la mort.

Orlando est un personnage magnifique, illuminé, beau, intelligent, etc. Il souhaite s'abreuver à la liberté, celle d'être, celle de vivre, celle d'aimer, celle de mourir, celle d'écrire.

Ce n'est certes, pour certaines ou pour certains, une lecture facile. Pour moi, lire du Virginia Woolf, c'est toujours une aventure marquée par le mélange des sens et de la nature. Il y a du rythme, il y a du sens.

«Un poète, c'est l'Atlantique et le lion en une seule personne». (p. 507)

Je ne peux que vous encourager à lire du Virginia Woolf. de mon côté, ce ne sera pas ma dernière lecture.
https://madamelit.ca/2023/03/27/madame-lit-orlando-de-virginia-woolf/
Lien : https://madamelit.ca/2023/03..
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En trois siècles, Orlando qui naît de sexe masculin, grandit dans la société britannique, découvre la poésie, l'amour et l'humiliation. Il part à Constantinople comme ambassadeur extraordinaire, en profite pour se défaire de son corps d'homme pour revêtir celui de la femme. S'enfuit et revient en Angleterre pour finir par se marier et suivre ainsi les codes de la société.
Tout au long de ce périple humain, Orlando garde sur son sein le brouillon d'un recueil de poésie qu'il révise sans cesse : "Le Chêne", texte qui sera finalement édité. Durant l'élaboration de cette oeuvre, le monde avait continué.
Le roman est moderne. le biographe d'Orlando intervient parfois dans l'histoire comme une parenthèse.
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