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sur 531 notes
Dans ce semblant de biographie, Virginia Woolf raconte l'histoire d'Orlando, figure androgyne, vivant en tant qu'homme au XVIe siècle et poète amateur. Il est emmené dans la cour de la Reine, tombe amoureux de Sasha, une noble russe qui l'abandonne, tombe dans un étrange sommeil d'une semaine suite auquel il devient ambassadeur à Constantinople. Après un autre sommeil de sept jours, Orlando devient femme et partage sa vie avec des nomades. Elle revient à Londres, dans une autre époque, car son histoire traverse les âges. Elle se consacre alors à l'écriture, rencontre l'amour auprès d'un aventurier et devient écrivaine à succès.

Ce récit porte à la fois sur les rôles sociaux de l'homme et de la femme, et Orlando glisse de l'un à l'autre avec une telle aisance que son changement de sexe au milieu du livre n'a absolument pas perturbé mon récit, et semblait aller de soi. Ces différentes visions du genre se mêle à l'observation de l'évolution technique de la société, puisque qu'Orlando évolue sur plus de quatre siècles.

J'ai beaucoup aimé la diversité des lieux et des époques. Tantôt, on est dans l'Angleterre du XVIe siècle, puis on part à Constantinople, on voyage avec des nomades pour revenir à Londres, à l'époque post-industrielle. le livre foisonne de détails, et pour peu qu'on soit dans une ambiance propice à la concentration, il est facile d'entrer dans l'histoire et de contempler les décors.

Bien que le style d'écriture semble, au premier abord, rebutant, il est néanmoins très riche, magnifique, et même teinté d'humour. Il correspond parfaitement au personnage complexe d'Orlando, et permet de suivre sa vie et son évolution au plus près.
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J'ai trouvé cette lecture marquante pour plusieurs raisons. D'abord, il y a plusieurs passages remarquables qui valent certainement une relecture, notamment les réflexions d'Orlando sur son nouveau statut de femme pendant la traversée qui la ramène à Londres et les dernières dizaines de pages où elle entend «les coups du temps», ce qui induit souvenirs et réflexions. D'ailleurs ce livre ne finit pas, il s'éteint doucement. . . Ensuite Woolf est souvent ironique, masquant d'un sourire les dénonciations qu'elle glisse ici et là, quand elle ne devient pas franchement drôle comme dans la présentation des fiancées d'Orlando, ou encore dans la façon de se débarrasser d'un encombrant archiduc.

Les éléments fantastiques participent grandement à l'enchantement; après la surprise du Grand Gel, l'étonnante longévité des personnages et les apparitions hallucinatoires sont tout aussi jubilatoires. Les apartés du biographe m'ont paru éminemment sympathiques en plus d'établir une belle complicité avec le lecteur; le ton est si juste lors de ces interventions qui ne sont jamais par ailleurs anodines. Les aspirations littéraires d'Orlando qui le suivent tout au long du récit ajoutent non seulement un fil conducteur, mais sont aussi l'occasion de captivantes réflexions sur l'art. Et quelle écriture! Toujours précise, fluide, imagée, changeant de ton sans coupure, vive, louvoyant entre les thèmes sans effort. En somme un livre à l'écriture élégante, d'une originalité renversante, qui sollicite à la fois l'intelligence du lecteur et son sens féérique; quoi demander de mieux?
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J'étais très fière de moi, lire ce grand classique en langue originale… Quelle erreur. Même si on maîtrise bien une langue, il ne faut pas sous-estimé la difficulté de lire un roman dans une langue surannée. Je suis donc complètement passé à côté de ce roman, à l'époque pourtant révolutionnaire. Même si j'en ai saisi l'ironie, j'ai trouvé l'histoire assez longue et plate. J'ai bien conscience qu'il faut replacer le récit dans son contexte historique, mais rien n'y fait. Je me suis ennuyée à mourir.
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Virginia Woolf, pseudonyme d'Adeline Virginia Alexandra Stephen (1882-1941), est une femme de lettres anglaise, l'une des principales auteures modernistes du XXe siècle. Bisexuelle et féministe, elle fut une figure marquante de la société littéraire londonienne et un membre central du Bloomsbury Group, qui réunissait des écrivains, artistes et philosophes anglais, groupe au sein duquel elle rencontrera Vita Sackville-West avec qui elle aura une liaison durant toutes les années 1920 et à qui elle dédiera ce roman paru en 1928, et le fils de Vita, Nigel Nicolson, a défini Orlando comme « la plus longue lettre d'amour de l'histoire ».
Le roman se présente comme la biographie d'un certain Orlando, un jeune noble anglais du XVIème siècle mais va courir jusqu'en 1928 date de parution du roman, grâce à la magie de l'invention narrative de l'écrivaine. Résumer une intrigue s'étirant sur quatre siècles serait fastidieux, je n'en donnerais que quelques détails.
Jeune homme, Orlando tombe amoureux de la fille de l'ambassadeur de Russie, qui l'abandonnera. Une déception qui le décide à partir comme ambassadeur à Constantinople. Une révolution s'y produit et après une longue période de sommeil d'une semaine, il se réveille devenu femme ! Il fuit les troubles dans la ville en compagnie de gitans, dont il apprécie la compagnie, mais retourne à Londres. Il se consacre à la passion intense qui animera toute sa vie, l'écriture et la poésie, ce qui lui permet de rencontrer des célébrités des lettres et de la bonne société, tout en ne dédaignant pas fréquenter le petit peuple et ses prostituées. J'abrège honteusement, Orlando finit par trouver l'amour, ou ce qui lui ressemble un peu avec un Lord, aventurier des mers, toujours absent et embarqué pour le Cap Horn. le roman s'achève quand Orlando est devenue une célèbre écrivaine avec un poème qu'elle a mis toute sa vie à écrire.
Je ne vais pas vous mentir, ce n'est pas le roman de Virginia Woolf que je préfère. Ca m'a semblé souvent bien long par des détails ne faisant pas avancer réellement le propos et parfois difficile à suivre, ce d'autant plus que nous savons tous aujourd'hui que le thème du livre est l'androgynie, confirmé par cette étrange première phrase d'ouverture « Il – car il n'y avait aucun doute quant à son sexe », ce qu'on attend longtemps avant d'en voir le bout de la queue.
Néanmoins c'est un bon livre, où l'humour n'est pas absent, discret certes, limite parodique parfois, essentiellement parce qu'il aborde deux thèmes loin d'être frivoles : la littérature et bien sûr l'androgynie. La littérature, parce qu'Orlando travaille sans arrêt un poème qu'il/elle trimballera sans arrêt contre son sein et que parfois c'est Virginia Woolf qui s'exprime directement « la transaction entre un écrivain et l'esprit du temps est d'une délicatesse infinie, et c'est de la finesse d'un arrangement entre les deux que toute la fortune de ses oeuvres dépend. »
Mais le sujet principal c'est l'androgynie. Ça débute par le changement de sexe de notre héros, ce qui va lui permettre de comparer les avantages et les inconvénients des deux états, « elle était homme ; elle était femme ; elle connaissait les secrets, partageait les faiblesses des uns et des autres. » Et à Woolf, de prolonger par l'évolution de la situation de la femme à travers plusieurs siècles. Si le roman est dédié à Vita Sackville-West, c'est qu'elle aurait inspiré l'écrivaine pour le rôle d'Orlando.
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C'était ma première rencontre avec cette légende du modernisme britannique et peut-être aurais je dû choisir l'un de ses classiques plutôt qu'Orlando. En tous les cas, je ne suis pas tombé sous le charme de ce monstre de la littérature.

Je veux bien que Virginia ait été une assoiffée de poésie. Je veux bien que toute son oeuvre porte la marque de cet amour. Mais je ne dois pas avoir sa passion, car je n'ai pas réussi à vraiment apprécier sa plume. Je l'ai trouvé confuse et divagante, j'ai eu du mal à apprécier le propos tellement la manière m'a troublé.

Orlando est un homme pendant la moitié du roman, puis il se transforme en femme. le narrateur met continuellement en opposition les pensées masculines à celles dites féminines. Virginia Woolf était peut-être un icone du féminisme à son époque, mais aujourd'hui ses écrits ne font que perpétué les clichés de la division des sexes. Même si l'héroïne est bien plus intéressante que son pendant masculin, reste que les deux sont toujours en comparaison. Peut-être est-ce l'une des raisons de mon malaise, je m'attendais à lire un équivalent britannique de Simone de Beauvoir et je n'ai rien trouvé de la sorte.

Je veux bien que le discours du narrateur soit une satire de la socialisation des derniers siècles en Angleterre, mais je trouve ici, la critique sociale bien légère, en comparaison à d'autres auteures féministes. Finalement, c'est beaucoup plus une ode à l'écriture, au besoin d'écrire et à la poésie qu'une confrontation avec le mentalité de son époque.

Bref, pas un coup de coeur pour moi, mais je suis prête à retenter le coup avec un autre livre de madame Woolf.
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Orlando est un roman hybride.
Il correspond à plusieurs styles littéraires (biographiques, fantastiques, historiques) et de ce fait, on retrouve plusieurs styles d'écritures (descriptives, fantasques, rythme lent et rapide).
Sa lecture n'a pas été des plus faciles. J'ai eu quelques moments de décrochage où je m'apercevais que je lisais sans lire.
En effet, certains passages m'ont laissé dans l'incompréhension. Un enchaînement de phrases avec une tonne d'information d'apparence sans importance, en étant sans rapports les unes avec les autres et avec aucune explication donnée sur le plus important (le changement de sexe ou la pseudo-immortalité d'orlando).
Cependant, le livre aborde des thématiques qui m'intéressent beaucoup, je me suis donc accroché et il s'avère que ces passages fort mystérieux interviennent juste avant des événements majeurs dans le récit, comme le moment où Orlando homme, le soir, devient femme le matin.

Et c'est sur les questions du genre qu'il est le plus intéressant.

Dans la première partie du texte, Orlando, jeune garçon, ne remet jamais en question son sexe ou l'ordre social établit, alors qu'une fois devenue femme, on a d'abord un premier mouvement d'engouement sur la liberté du port des jupes, la beauté des toilettes et l'attention masculine obtenue ; le deuxième mouvement porte plus sur la contrainte d'être femme, les règles de bienséance à respecter, avoir 30 ans et ne pas être marié, ne pas être vu seule avec un homme, d'avoir à rougir au moindre faux pas ; quant au troisième mouvement, c'est celui de la révolte, de continuer à penser comme un homme et de s'offusquer de sa condition de femme, de s'approprier sa liberté même si pour cela, elle doit se travestir.

Virginia Wolf offre une analyse intéressante sur le ressenti de la condition féminine à travers les époques, ses limites comme ses possibilités. Néanmoins la liberté de penser d'Orlando est attribué à son expérience masculine. Je ne sais pas si cela tient de mon interprétation ou si c'est l'orientation voulue par l'auteur et si celle-ci dénote une certaine opinion qui arrange bien l'heteronormativité ou encore si c'est pour montrer que toute liberté accepter socialement et du côté masculin (même quand il s'agit d'une femme).
En bref je pense qu'une deuxième lecture est nécessaire et que lire quelques analyses pour éclairer le texte
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Quel chance nous avons, nous lecteurs babeliotes, d'avoir, dans ce monde de brutes, la compagnie des livres, et la possibilité de partager nos découvertes et nos analyses.

C'est encore d'un formidable roman de Virginia Woolf dont il faut que je vous parle aujourd'hui. Cette autrice est devenue, au fil du temps, un.e. de ces écrivain.e.s qui figurent mon Panthéon littéraire, c'est à dire ces auteur.e.s dont je rassemble les livres dans une partie de ma bibliothèque (on a le Panthéon qu'on peut).

Les mots me manquent pour dire toute la beauté de ce livre.

Pourtant, aux premières pages, le lecteur de Mrs Dalloway-Les vagues- Les Années- La promenade au Phare que je suis, s'est trouvé déconcerté par cette narration si différente, exubérante et fantaisiste, voire parodique, choisie délibérément par Virginia Woolf, qui disait d'ailleurs, qu'après avoir écrit La Promenade au Phare, ce livre était pour elle une sorte de « récréation d'écrivain ».
Mais, très vite, on se laisse emporter par l'histoire d'Orlando, présentée avec humour comme une biographie, qui va se dérouler depuis le 16ème siècle, où le jeune Orlando devient le courtisan favori de la Reine Elizabeth 1er, puis ambassadeur à Constantinople, se réveille en femme après une semaine de sommeil, vit dans une communauté de Tziganes, se retrouve au 18ème siècle où elle fuit la vanité et la futilité des salons pour le commerce des écrivains et poètes. Puis la voilà au 19ème siècle à l'époque victorienne dont elle critique notamment les moeurs rigides, la nature défigurée par l'industrialisation, mais qui lui fait rencontrer un aventurier des mers, Lord Marmaduke Bonthrop Shelmetdine (sic), qu'elle prénomme affectueusement Shel, avec lequel elle se marie et a un enfant. Et enfin, nous la retrouvons en 1928, année de la rédaction d'Orlando.

Une fois n'est pas coutume, je m'aperçois que je viens de vous « spoiler » ce roman, mais ce n'est pas cette histoire improbable qui est le plus important, c'est ce qu'elle sous-tend.
Je vais essayer de vous livrer les points qui m'ont marqué:

Avant tout, Orlando est, pour moi, un livre d'une folle liberté, une apologie, une défense de la liberté : la liberté revendiquée de la narration romanesque, avec une narratrice prétendument « biographe », qui intervient pour commenter les actions et parfois l'absence d'action, de son personnage, souvent avec un humour, une ironie qui m'ont fait sourire et parfois bien rire (ce dont je ne la croyais pas capable, marqué que je suis par l'image d'une Virginia dépressive et suicidaire). Cette manière de commenter les actions de son personnage me rappelle Sterne, Diderot, ou plus près de nous, Kundera. Et puis, il y a, surtout, cette façon de revendiquer pour chacune et chacun la liberté de choisir sa vie. Poussé à l'extrême ici, on peut être homme ou femme, vivre à une époque ou à une autre, peu importe, ce qui compte c'est la qualité d'être humain qui compte. Certains parlent de ce roman comme un roman féministe. Oui c'est vrai, et d'ailleurs ce livre est dédié à l'autrice féministe Vita Sackville-West avec laquelle Virginia Woolf a eu une liaison passionnée. Mais, plus que cela je trouve que c'est un roman humaniste, et qui plus est, qui prône l'harmonie de l'être humain avec la Nature, et cela nous parle en ces moments où nous sommes confrontés aux dégâts terribles que l'exploitation insensée de notre planète, notre démographie galopante, ont fait à la Nature.


L'autre aspect remarquable, qui traverse tout le livre, c'est la littérature ou plutôt la création littéraire. Orlando est d'abord un grand lecteur (ou une grande lectrice, selon l'époque), puis va s'essayer à l'écriture de différents genres littéraires. Son ambition littéraire est d'abord moquée au 16ème siècle dans un pamphlet de l'auteur Nicolas Greene, qu'Orlando avait reçu chez lui (à ce moment il était un homme). Au 18ème siècle, elle essaie d'avoir les conseils des célèbres Swift et Pope, et du moins célèbre Addison, mais tous préfèrent parler d'autres sujets, et Orlando constate d'ailleurs que leur vie, leurs pôles d'intérêt ne permettent pas de deviner le génie dont ils témoignent dans leurs oeuvres. Et puis le 19ème siècle voit Orlando reprendre l'écriture, et reprendre notamment la rédaction de son grand poème le Chêne, débutée en 1592! Nous la retrouvons enfin, écrivaine reconnue et couronnée par un Prix prestigieux lorsque la rédaction du livre se termine, en 1928. Toutes proportions gardées, cette préoccupation d'écrire une oeuvre fait penser à son contemporain Marcel Proust. En effet, dans La recherche du temps perdu, le narrateur se pose cette question récurrente de l'écriture d'un livre, et ce sont les dernières pages du dernier tome qui en exposent le thème. Il y a aussi chez Proust cette idée forte, exprimée dans le Contre Sainte-Beuve, que la vie publique d'un auteur n'explique en rien le moi profond qui s'exprime dans son oeuvre, idée exprimée aussi au détour de la vie d'Orlando

Enfin, le voyage d'Orlando au fil des siècles nous dépeint les évolutions de la ville de Londres, du paysage urbain, et des campagnes de l'Angleterre, avec notamment la laideur liée à l'industrialisation au 19ème siècle. . Et surtout Virginia Woolf décrit de façon très critique, mais avec finesse, humour et ironie, les évolutions de moeurs depuis le 16ème siècle. Sans entrer dans les détails, je citerais la violence et l'insouciance de l'époque élisabéthaine, la vanité des salons littéraires du 18ème siècle, la pruderie et le rigorisme de l'époque victorienne. Là, c'est la féministe qui parle, et qui critique la condition faite à la femme en ce temps-là: le corps enfermé sous plusieurs couches de vêtements de façon à ne laisser rien paraître de ses formes, la fonction unique de la femme étant la reproduction avec un objectif de faire dix à quinze enfants, etc… Et qui se réjouit que la condition des femmes se soit un peu améliorée au début du 20ème siècle. Je n'ai pu pourtant m'empêcher de penser que 100 ans après, cette liberté soit bâillonnée dans tant de parties du monde, Afghanistan, Iran, Arabie saoudite, et tant de pays musulmans où la femme est contrainte de cacher son corps ses cheveux et même son visage. Et que penser de certaines communautés de notre propre pays.

Il y aurait sans nul doute bien d'autres choses à dire. Par exemple, le caractère toujours positif, optimiste et tolérant d'Orlando, sa curiosité de tout.

Voilà, j'espère vous avoir convaincus, chères lectrices et chers lecteurs de Babelio, de lire ce livre étonnant, flamboyant, grisant de fantaisie sans être futile, et où passe le souffle de la liberté.



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Je suis passée à côté de ce roman-biographie. Il est superbement écrit mais je ne peux l'apprécier qu'au niveau de la phrase. A un niveau plus élevé (paragraphe ou chapitre), le style "flux de conscience" entre en contradiction pour moi avec l'aspect biographie, la manière très XVIIIe siècle de raconter l'histoire, la satire qui court tout au long du livre. J'exagère un peu car la fête sur la Tamise gelée et la débâcle me restent en mémoire comme des passages merveilleux, mais j'exagère à peine.
Orlando est un caractère désincarné (un comble pour quelqu'un qui change de sexe à moitié histoire) qui traverse les siècles sans que cela ait de conséquences pour lui/elle, de même lorsqu'il change de sexe. Comme c'est pratiquement le seul personnage du roman, les autres ne font que des apparitions, c'est franchement problématique pour moi. Biographie d'un personnage en carton-pâte qui se rêve poète.
Ce roman m'irrite autant qu'Emma Bovary que j'ai envie de gifler pour sa sottise et sa médiocrité. Ici, je veux secouer Orlando et lui demander de jeter un oeil sur les personnes qui l'entourent. Les deux réactions sont inappropriées et n'ont aucun rapport avec l'objectif du romancier/ière mais c'est ainsi.
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Lecture passionnante et pleine d'esprit, malgré une dernière partie (Époque victorienne), qui tirait un peu en longueur.

Sous la plume féminine et féministe de Woolf, Orlando est un livre d'une fine poésie, touchant à l'universel, et questionnant l'identité. Orlando, c'est un je multiple. Une allégorie de l'artiste, de l'amant.e, de l'éternité. Un être ayant vécu assez longtemps pour avoir aiguisé sa perception du monde, en voyageant et en expérimentant la pluralité sensible et émotionnelle du monde, à travers plusieurs vies.

J'ai été fascinée par la forme du récit — une sorte de biographie dans laquelle le narrateur (le biographe) s'inclut avec humour, s'adressant directement au lecteur.

Le roman entreprend de dépeindre une trajectoire individuelle, se chevauchant sur plusieurs ères. Ces dernières se succèdent dans une atmosphère de fin des temps. On constate un début de roman à une époque d'insouciance juvénile, avant de s'enfoncer progressivement dans une forme de crépuscule claustrophobique, inhérente à l'évolution de la société britannique, et à la lucidité qu'acquiert le personnage au fil de sa (longue) vie. Car avançant en âge, Orlando se fait plus sensible au présent, mais semble également se retrouver progressivement captif.ve de ce dernier.

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Dans ce récit, je suis allée à la rencontre de la biographie d'Orlando, être androgyne, fascinant, étonnant sur une période de 400 ans. Tout d'abord, je l'ai vu en tant que jeune aristocrate à la Cour de la reine Élizabeth 1ère, puis tomber amoureux de Sasha, fille de l'ambassadeur de Russie. Cette dernière lui joue un mauvais tour en l'abandonnant. Il retourne dans sa vaste demeure le coeur brisé où il dort durant une semaine. À son réveil, il quitte l'Angleterre et il part pour exercer les fonctions d'ambassadeur à Constantinople.


Après une révolution, il tombe encore dans un sommeil qui dure une semaine et il se réveille en tant que femme. Il vit alors avec des tziganes qui lui apprennent, en autres, à vivre libre en femme, ce qui n'est pas le cas en Angleterre.

Elle retourne finalement dans son pays natal poussée par son amour de la poésie. Elle tombe amoureuse de Lord Marmaduke Bonthrop Shelmerdine qui s'avère une femme en homme et elle l'épouse car c'est dans l'esprit du temps.

Les jours s'écoulent et Orlando vit à Londres où elle devient célèbre grâce à son poème «Le Chêne» amorcé au début de l'histoire et sur lequel elle a travaillé toute sa vie. Sa biographie se termine le jeudi 11 octobre 1928.

Je m'attendais à beaucoup de ce récit et je crois qu'il me fascinait depuis longtemps. Je me demandais comment Virginia Woolf allait traiter son personnage androgyne et quelle serait son histoire. Je n'ai pas été déçue. Au contraire. Durant ma lecture, j'ai retrouvé le charme de la plume de Virginia Woolf que je trouve vivante et proche de la nature. Dans son Journal daté du samedi 22 octobre 1927, elle mentionnait à propos d'Orlando qu'elle voulait que sa lectrice ou son lecteur «comprenne chaque mot». J'ai pris le temps de savourer ce livre et j'ai aimé surtout l'esprit du temps qui hante chaque siècle. Ainsi, Orlando à la fin de sa biographie apparaît marqué par ses différents moi qui se sont modelés à cet esprit du temps. Comme il est soulevé :

«Choisissant donc ces seuls moi que nous avons pu loger, Orlando aurait pu maintenant appeler le garçon qui coupait la tête de nègre; le garçon qui la raccrochait; le garçon qui était assis sur la colline; le garçon qui avait vu le poète; le garçon qui avait tendu à la reine le bol d'eau de rose; ou elle aurait pu s'adresser au jeune homme qui était tombé amoureux de Sasha; ou au Courtisant; ou à l'Ambassadeur; ou au Soldat; ou au Voyageur; ou elle aurait pu désirer que la femme vienne à elle; la Gitane; la Belle Dame; l'Ermite; la fille amoureuse de la vie; la Patronne des Lettres; la femme qui appelait Mar (entendant par là bains chauds et feux de cheminée) ou de Shelmerdine (entendant crocus dans les bois d'automne) ou Bonthrop (entendant la mort dont nous mourons chaque jour) nous tous les trois ensemble- ce qui signifie plus de choses que nous n'avons de place pour les écrire au long-, tous étaient différents et elle aurait pu convoquer n'importe lequel d'entre eux.» (p. 568)

On dirait une longue phrase de Proust n'est-ce pas? Ce livre permet à Virginia Woolf d'aborder aussi des thèmes reliés au domaine des Lettres, à celui du développement technologique, au rôle social attribué à l'homme ou à la femme, mais aussi et surtout, au temps qui passe encerclé par la vie et la mort.

Orlando est un personnage magnifique, illuminé, beau, intelligent, etc. Il souhaite s'abreuver à la liberté, celle d'être, celle de vivre, celle d'aimer, celle de mourir, celle d'écrire.

Ce n'est certes, pour certaines ou pour certains, une lecture facile. Pour moi, lire du Virginia Woolf, c'est toujours une aventure marquée par le mélange des sens et de la nature. Il y a du rythme, il y a du sens.

«Un poète, c'est l'Atlantique et le lion en une seule personne». (p. 507)

Je ne peux que vous encourager à lire du Virginia Woolf. de mon côté, ce ne sera pas ma dernière lecture.
https://madamelit.ca/2023/03/27/madame-lit-orlando-de-virginia-woolf/
Lien : https://madamelit.ca/2023/03..
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