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EAN : 9782707191076
624 pages
La Découverte (24/08/2017)
3.1/5   5 notes
Résumé :
Pourquoi et comment sortir du capitalisme ? Quelles sont les alternatives d’ores et déjà présentes ? Peut-on, doit-on réinventer les socialismes par des réalisations concrètes ? Avec quels outils, quelles formes d’action, quelles institutions ? Telles sont les vastes questions, solidaires les unes des autres, auxquelles répond ce livre original et magistral, synthèse d’une enquête internationale et collective de plusieurs années sur les théories les plus actuelles d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'avais été très intéressé par une interview de Erik Olin Wright à la radio, mais indirectement liée à ce livre que j'ai commencé sans m'attendre à la dimension engagée qui le parcourt de bout en bout.

Il y a ici un parti pris clairement anticapitaliste, et Erik Olin Wright écrit son texte comme une suite de Marx et du résultat des révolutions socialistes. Dont il ne s'éloigne par ailleurs pas totalement, en présupposant l'existence persistante aujourd'hui de classes étanches scindées entre ouvrière et capitaliste .
En tout état de cause, il me semble que ce livre pèche avant tout par un défaut de taille : il étudie son sujet en regardant uniquement le résultat souhaité.
La partie II en particulier est un inventaire de tentatives qui ont plu à l'auteur, vues sous un angle résolument optimiste, et déséquilibre totalement l'intention d'étude telle qu'elle est décrite dans la première et dernière partie. Erik Olin Wright mélange ainsi essai politique et analyse de mécanismes du pouvoir et sociétaux sans définir de limite à chacun des deux.

Ce mélange me semble enlever la force du propos et même si un certain nombre d'idées qui sont émises ou reprises (la reproduction sociale, la robustesse institutionnelle...) sont intéressantes, le manque de contradiction sur la simple idée anticapitaliste dans le traitement du livre (elle est évoquée pourtant en introduction et conclusion, mais pas développée) fait que ces 600 pages si elles doivent être une étude théorique, ne m'ont pas convaincues. Pas plus qu'une introduction étendue au delà du raisonnable à une thèse qui reste à étayer. Si en revanche elles doivent être l'exposé d'une théorie politique partisane, alors elle sont écrites dans un langage très abscons pour le genre, ce qui n'aide pas à convaincre.
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critiques presse (1)
LaViedesIdees
12 décembre 2017
Dans un ouvrage magistral, Erik Olin Wright offre une réflexion d’ensemble sur les conditions du changement social. Son socialisme démocratique renoue avec l’ambition émancipatrice des sciences sociales. Mais quelle subjectivité politique pour porter ce changement ?
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
L’un des cas les plus tristement célèbres fut la décision concernant la sécurité du réservoir de carburant de la Ford Pinto dans les années 1970. Selon les notes de service qui circulaient en interne au sein de l’entreprise Ford et qui furent analysées par Mark Dowie, il est désormais possible de relater cette histoire dans ses grandes lignes : la Ford Pinto souffrait d’un défaut de fabrication au niveau de ses réservoirs de carburant qui présentaient un risque d’explosion en cas d’accident. Lorsque ce défaut de fabrication fut décelé, la société dut choisir la solution la plus rentable entre régler le problème et, au contraire, verser des dommages et intérêts en cas de poursuites judiciaires pour blessures et décès occasionnés par cette imperfection initiale. Pour procéder à cette analyse des coûts et des bénéfices, la Ford Motor Company calcula, selon son point de vue, la valeur de chaque vie humaine perdue en cas d’accident. Elle la calcula principalement sur la base des revenus futurs qui seraient perdus à cause de chaque décès et qui, en 1971, s’élevaient (selon leur estimation) à environ 200 000 dollars. Le coût du rappel de toutes les Ford Pinto et du règlement du problème leur revenait à 11 dollars par voiture. Selon cette base d’estimation, une question épineuse se posa alors : que devait faire la Ford Motor Company ? La remise à neuf coûterait à Ford environ 137 millions de dollars – soit 11 dollars pour les 12,5 millions de véhicules en circulation. En sachant qu’en moyenne 180 personnes décéderaient chaque année en raison de ce défaut de fabrication, le « bénéfice » total que pouvait récupérer la Ford Motor Company s’élevait donc à 36 millions de dollars (180 x 200 000 dollars). Même si les dommages et intérêts pouvaient considérablement augmenter, les dirigeants de la société en ont conclu qu’il était plus avantageux économiquement d’être poursuivis devant les tribunaux et d’indemniser les victimes que de payer les réparations. C’est pourquoi ils choisirent de ne pas effectuer les travaux de réparation.

Ce genre de calcul est parfaitement logique dans un marché capitaliste qui vise la maximisation du profit. La seule façon de calculer « rationnellement » le compromis coûts/bénéfices était d’estimer la « valeur marchande » d’une vie humaine. Cette marchandisation virtuelle de la vie permet alors de peser les coûts et les bénéfices du point de vue de la stratégie de maximisation des profits adoptée par l’entreprise. Bien entendu, il va de soi que, lors de l’évaluation de risques et de l’allocation des ressources, ce type de calcul visant à mesurer les coûts et les bénéfices doit toujours intervenir, puisque notre champ d’action est limité et que les ressources rares doivent au final être distribuées. Mais les marchés capitalistes réduisent ce problème à la question de savoir quelle est l’option la plus rentable pour les entreprises capitalistes, et une telle stratégie peut aller à l’encontre des valeurs humaines.
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Un second exemple de problèmes d’efficacité que nous pouvons lier à l’exécution des contrats au sein des marchés capitalistes concerne le système de santé. Aux États-Unis, les soins médicaux sont garantis financièrement par toute une série de mécanismes. Ces mécanismes dépendent soit de l’État, soit des individus qui rémunèrent les médecins selon une formule de paiement à l’acte, soit des assurances privées organisées selon les principes capitalistes de la maximisation du profit. Les médecins, les cliniques et les hôpitaux doivent recruter du personnel pour gérer administrativement les formulaires d’assurance et prendre en charge le suivi des frais versés par les patients ; les compagnies d’assurances doivent embaucher des individus pour surveiller les demandes et évaluer les profils à risque des personnes susceptibles de souscrire à une assurance ; et, bien entendu, les patients doivent consacrer beaucoup de temps et d’énergie à contrôler les nombreuses factures, souvent confuses et incompréhensibles, qu’ils reçoivent. Au Canada, en revanche, la quasi-totalité des factures médicales sont payées par l’État au sein d’un système appelé très justement le « système du paiement unique ». Le gouvernement du Canada établit des frais pour différents services au terme d’un processus de négociation avec les médecins et les organisations médicales. Pour le remboursement, toutes les factures sont donc centralisées. Une mesure des pertes d’efficacité directement reliées au problème de l’exécution des contrats d’assurance privée est la proportion des coûts médicaux totaux absorbés par la paperasse et l’administration. À titre d’exemple, en 1999, les coûts administratifs en matière de soins médicaux aux États-Unis constituaient 31 % des dépenses de santé, alors qu’ils s’élevaient seulement à 16,7 % au Canada. En ce qui concerne les compagnies d’assurances privées aux États-Unis, les fameux « frais généraux » que l’on peut isoler des coûts administratifs constituent environ 12 % des dépenses, alors qu’ils s’élèvent seulement à environ 1,3 % dans le système canadien. Même si tous les coûts administratifs ne sont pas liés à des questions de contrats, la différence entre le Canada et les États-Unis tient à la complexité du système de contrôle et aux modalités de paiement de tels coûts sur le marché. Le système canadien d’allocation des ressources qui simplifie les règles de comptabilité est donc beaucoup plus efficace que celui des États-Unis qui s’est construit sur des rapports de propriété capitalistes.
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La logique stratégique à l'égard de la classe capitaliste
Les stratégies de rupture envisagent la lutte des classes sous la forme d'un affrontement direct : il s'agit de contraindre les capitalistes à faire des concessions, puisque le pouvoir de la classe capitaliste dépend de sa capacité permanente à recourir à la coercition. Ce n'est donc que par une lutte des classes violente qu'il est possible d'anticiper le moment où la rupture avec le capitalisme devient historiquement possible. Les stratégies interstitielles essaient d'éviter toute forme de confrontation. Ignorer la bourgeoisie est l'objectif stratégique : il s'agit de contester le capitalisme en construisant des alternatives et non pas en l'affrontant directement. Les stratégies symbiotiques cherchent davantage à créer les conditions d'une collaboration positive - ce que j'appelle un compromis de classe positif. Cette collaboration peut également déboucher sur des affrontements, mais en vue d'une coopération positive qui peut conduire à écarter certaines options défendue par les capitalistes.
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Bien sûr, cette question de l’injustice intergénérationnelle, qui consiste à imposer aux générations futures des externalités négatives, se posera pour n’importe quel système économique qui sera conscient des conséquences à long terme liées à la production et aux décisions de consommation actuelles. La question est donc de savoir si ce problème aura des effets plus néfastes dans certains systèmes économiques que dans d’autres. En raison de la manière dont le capitalisme favorise l’intérêt égoïste et dont il réduit la perspective temporelle de ses impacts et organise les décisions économiques par le biais de marchés décentralisés, il nous apparaît évident que ces problèmes d’injustice liés aux externalités négatives intergénérationnelles se posent avec acuité. Même un système économique dans lequel les choix d’investissement seraient soumis à un contrôle démocratique ne pourrait garantir que les intérêts des générations futures soient satisfaits de manière adéquate. Mais, dans un tel système, il n’est pas à exclure que l’équilibre entre les intérêts présents et les intérêts futurs puisse devenir un objet de délibération central plutôt que le résultat final de choix privés et atomisés d’individus agissant selon leurs propres intérêts.
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le physicien et le biologiste pourraient se tromper, mais leurs affirmations n'en demeurent pas moins réelles, dans la mesure où elles apparaissent comme l'horizon indépassable du possible. En revanche, les affirmations concernant les limites sociales du possible sont de nature différente de celles concernant les limites de la réalité physique ou biologique. Dans le cas de la société, les croyances concernant les limites conditionnent structurellement le champ du possible de manière substantielle.
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