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EAN : 9782742725380
233 pages
Actes Sud (03/02/2000)
3.5/5   3 notes
Résumé :
C’est au moment où s’affaiblissaient les échos de la guerre d’Indépendance de 1948 que S. Yizhar écrivit l’un des textes fondateurs de la littérature hébraïque, Convoi de minuit. Cette longue nouvelle catalysa en effet un débat virulent qui devait mettre plusieurs années à s’apaiser. Convoi de minuit, qui donne son titre au présent recueil, évoque le déplacement des habitants des villages arabes et leur expulsion, au-delà de la nouvelle frontière, vers des camps de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Convoi de minuit
Une mission de préparation d' un ravitaillement d'un bourg enclavé L'équipe quelques hommes font un travail de reconnaissance dans la nuit Les choses ne sont pas facile car la nuit est noire, le terrain accidenté et dangereux à cause de la proximité de l'ennemi et des mines
le balisage technique pose problème car il est fait avec les moyens du bord par manque de moyens, prévoyance, insouciance.
Chacun à un travail à faire et l' occupation permet de ne pas penser ,
ce qui n'empêche pas le narrateur de le faire et de s'interroger globalement sur la poursuite d'une guerre qui dure depuis trop longtemps : l'idéalisme du sionisme pionner étant éteint.
L'adrénaline, du moment, ressentie par chacun car il y risque de mort touchent ces hommes de caractères différents qui appréhendent la mission de multiples façons. Les doutes les assaillent sur les chances de réussites, les désirs de rentrer à la maison sont très présents et on ne comprend pas bien l'enlisement de cette guerre dont l'issue n'est pas nette mais on fait avec.


Hirbat-Hiza
L'évacuation et expulsion de la population d'un village qui ira probablement dans les inévitables camps de réfugiés.
le narrateur est assez en retrait de ses camarades autant a-t-il des doutes remords et culpabilité, autant les autres vivent dans l'insouciance et la haine de l'arabe. Il apprécie les paysages et le travail fait sur cette terre, les petits moments de grâce saisis furtivement alors qu'à coté de lui ses camarades se comportent comme des soudards
Ces derniers veulent en découdre définitivement et considère les arabes comme, des pleutres, des égorgeurs, de la vermine qu'il faut éradiquer
L' inoccupation malsaine se traduit par des jeux cruels sur les animaux qu'ils abattent par plaisir, par des humiliations gratuites sur les autochtones vieillards femme et enfants, par des cartons comme à la foire sur des fellahs qui s'enfuient
A cela s'ajoute le dynamitage des villages au préalable évacués de ses vieux, femmes et enfants dont il faut se méfier car se sont des ennemis sournois et lâches.
Contentement de ses soldats confrontés a une population inoffensive et désorientée, un chameau et un âne
La bêtise dans toute sa splendeur du bidasse universel.

Le prisonnier
Une patrouille en mal d'héroïsme capture un pâtre pas très malin qui ne connaît même pas son âge
S'ensuit toutes sortes d'humiliations, intimidations, moqueries
Soldats et officiers sont fiers de leur capture, une prise de choix certainement... au courant des projets de l'état major égyptien ? Un interrogatoire en règle avec brutalité sur un pauvre hère qui, il est évident, ne comprend même pas ce qui lui arrive.

(Oui il vaut mieux en rire qu'en pleurer
« – Comprenez, une supposition que l'arabe recule…Crac ! On est là !
– Pour l' empêcher de reculer.
– Non pour euh…….la tenaille, quoi.
– La tenaille, oui. »
Tactique Chaudard, Pithivier et Tassin !)

C'est curieux c'est propension des hommes à oublier le passé. Un peuple qui erre lamentablement depuis des siècles, qui a subit toutes les brimades, humiliations inimaginables, qui a été confiné pour la plupart dans des conditions de vies extrêmement misérables, qui a subit pogroms sur pogroms, qui sait depuis des temps immémoriaux ce qu'est un exode, un exil, la privation des terres de leurs maisons et qui, lorsqu'ils relèvent la tête font subir aux vaincus les même tourments : violence, humiliations, tueries gratuites, considérations méprisante des vaincus, destruction des biens et exil forcé des populations dans des camps de réfugiés.
S. Yizhar en est conscient, il se sent différent de ses coreligionnaires qui s'encombrent moins d'affects. Il perçoit la beauté des paysages, une terre donnant des récoltes et à manger à ceux qui la cultivent, « un jardin appelé la terre qui brille au soleil comme un fruit défendu» dirait Moustaki.
Il perçoit les terreurs des habitants il aimerait ne pas faire certaines choses mais il est soldat et juif et, pour ne pas apparaître comme traître il ne dit rien. Lorsque parfois il se lance l'animosité des autres le réduise au silence, une charge mentale trop lourde à supporter.
Lorsque les fruits de ces violences échappent à son regard il retrouve un semblant de normalité et s'efforce d'oublier rapidement ce qu'il a vécu. Il n'est qu'un homme après tout et ne peut pas prendre toute cette misère sur ses seules épaules
S. Yizhar à travers ce récit monologue livre là ses pensées sur l'absurdité de la guerre, la petitesse des hommes et la fragilité des hommes qui éprouvent de l'empathie
On sent un gouffre entre ces deux populations l' une archaïque, analphabète, immobile depuis des millénaires et l'autre plus sophistiqué, politisée, urbaine, organisée, moderne et volontaire. Aujourd'hui, 20 ans plus tard, les choses en sont, pratiquement, au même point pour la confrontation palestiniens juifs malgré l'évolution de la vie et on se demande bien si un jour les choses pourront se décrisper.

Note A.B. Yehoshua, écrivain et humaniste juif est mort A lire "Le Directeur des ressources humaines"
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Je garde un souvenir ébloui de Hirbat-Hiza lu autrefois dans l'édition Galaade. J'ai été surprise de retrouver Hirbat-Hiza dans ce recueil Convoi de Minuit qui réunit les deux récits avec le Prisonnier. Laurent Schulman est le traducteur pour les deux éditions, malheureusement les notes ont disparu dans l'édition d'Actes Sud

Découverte pour Convoi de Minuit :  récit de 139 pages. un groupe de soldats prépare la route pour un convoi de camions qui va ravitailler une implantation isolée. Belle évocation de la nature, d'une nuit noire. Camaraderie : entre le responsable taciturne Rubinstein, Gavry le fanfaron, Tsviyeleh rêveur, et les autres. Dally, opératrice-radio, fait rêver Tsvileyeh. Entre terrain miné, oued à traverser, piste approximative dans l'obscurité, passeront ils? 

je viens de finir les nouvelles de Cavalerie rouge d'Isaac Babel.  En dépit des différences de lieu, d'époque et de circonstance je retrouve une certaine parenté entre ces jeunes hommes embarqués dans la guerre, sans héroïsme guerrier ni forfanterie.

Relecture pour Hirbat-Hizra, je sais ce que je vais lire : l'évacuation des habitants et le dynamitage d'un village arabe pendant la Guerre d'Indépendance. Témoignage poignant d'un soldat.

"Pourtant je me laisse vite gagner par le doute dès lors que je m'aperçois de la facilité avec laquelle je pourrais; cédant à la tentation de rallier les rangs du plus grand nombre, me fondre dans la masse des menteurs, des ignorants, des indifférents, des égoïstes, et nier d'un air entendu l'incontournable vérité, tel un larron qui n'en est pas à son premier délit. Inutile de tergiverser, il est temps de rompre le silence et d'exposer les faits...."

C'est un très beau texte, un hymne à la campagne, au travail des agriculteurs, prêtant attention aux humains comme aux animaux et aux plantes.

Le narrateur hésite à confier ses doutes à ses camarades qui "affichent une insouciance forcée"

"j'aurais voulu tenter le tout pour le tout, mais je me taisais. Pourquoi diable étais-je le seul à m'émouvoir autant? Etait-ce dans ma nature? Je ne m'attirerais que les moqueries de mes camarades. j'étais effondré. pourtant une certitude restait ancrée en moi : les larmes d'un enfant, l'indignation muette d'une mère constituaient une épée de Damoclès au dessus de nos têtes. Aussi, dans un suprême effort pour que ma viox ne tremblât pas, finis-je par dire à Moïshe :

-Rien ne légitime cette évacuation."

la dernière nouvelle : le prisonnier est courte, 22 pages. Une patrouille a capturé un berger et son troupeau de chèvres. Sans ordre, sans raison,  pour s'amuser . L'homme est inoffensif sans aucun intérêt pour le renseignement. Ne sachant que faire de leur prisonnier, les soldats le conduisent en jeep dans une base. le narrateur l'accompagne. Il pourrait le laisser s'échapper,

Sois digne du nom d'homme.

Laisse partir le captif.

Rends lui sa liberté

Le fera-t-il- il ? 
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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