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EAN : 9782853760713
80 pages
Solin (08/01/1992)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Asservir la littérature fut une des tâches prioritaires des bolcheviks arrivés au pouvoir. Et très vite, Evgueni Zamiatine, dès 1922, et Mikhaïl Boulgakov furent la cible des thuriféraires de ce qui allait devenir, un jour, le réalisme socialiste alors que Iossif Vissarionovitch Staline mettait en place l'absolutisme totalitaire.
Mikhaïl Boulgakov, qui était médecin, croyait être un contemporain de Molière. Il pensait avoir à faire à Louis XIV alors qu'ils ét... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
C'est un petit opuscule qui nous donne une idée du calvaire qu'a vécu Boulgakov dans les années 30, depuis les premières interdictions de publier ses oeuvres ou de présenter ses pièces de théâtre jusqu'à sa mort en 1940. On y retrouve aussi la retranscription (présent également dans le roman théâtral) d'un célèbre appel téléphonique de Staline reçu en pleine nuit pour lui signifier qu'il allait pouvoir retravailler (comme metteur en scène mais bien sur sous surveillance), un cas d'école de ce qu'on appelle "le fait du prince".
Il y a aussi une lettre de Zamiatine qui, lui, a obtenu gain de cause et a pu émigrer en Europe. Ils étaient, sinon amis, du moins embarqué dans les mêmes problèmes vis à vis du pouvoir. Pourquoi Zamiatine a-t-il eu, à la suite de cette unique lettre, en 1931, son visa de sortie, alors que Boulgakov a connu la douche écossaise des atermoiements de Staline jusqu'à en devenir presque fou, c'est difficile à expliquer. Marianne Gourg, la traductrice, livre entre chaque lettre une brève mais très intéressante analyse (une ou 2 pages) commentant le contexte et l'évolution de l'état de santé de Boulgakov au fur et à mesure des ans (de 1929 à 1938). C'est dramatique, pathétique même, et on se dit que Zamiatine s'en est quand même bien sorti (d'autant que Pilniak, autre cible des interdits staliniens, a été fusillé en 1938).
"J'ai peur", un bref essai de Zamiatine écrit en 1921, prémonitoire, n'est pas ce qu'on pense (il ne craint rien pour sa vie); c'est un pamphlet exemplaires contre les écrivains arrivistes qui prendront le train de la révolution bolchévique pour faire partie de la cour royale. Evidemment, les "malhabiles", ceux qui n'ont pas le talent politique des compromis, resteront dans l'histoire de la littérature (il cite Blok, Maiakovski, Biely) des phares "au milieu de la mer étale de fer blanc" des écrivains prolétariens.
Un livre à lire, très intéressant, même si on reste un peu sur sa faim.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Je sais aussi que j'ai la fort malencontreuse habitude de dire non point ce qu'il serait, en l'occurrence, avantageux de dire mais ce qui me semble être la vérité.
En particulier, je n'ai jamais caché les sentiments que m'inspiraient la servilité littéraire, l'esprit courtisan, les caméléons de tous bords ; j'ai toujours considéré et continue de considérer que tout cela rabaisse de la même façon et l'écrivain et la révolution.
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J'ai peur qu'il n'y ait pas chez nous de littérature authentique tant que l'on persistera à voir dans le demos russe un enfant dont il importe de proteger l'innocence. J'ai peur qu'il n'y ait pas chez nous de littérature authentique tant que nous ne serons pas guéris de cet espèce de nouveau catholiscisme qui, non moins que l'ancien, s'effraie de toute parole hérétique. Et si cette maladie est incurable, j'ai peur que la littérature russe n'ait pour seul et unique avenir que son passé.
J'ai peur, Zamiatine, 1921.
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Dans le vaste champ d'action qui s'ouvre aux écrivains de langue russe, j'étais le seul loup de la littérature. On m'a conseillé de me teindre le poil. Conseil inepte. Qu'un loup soit teint ou tondu, il ne ressemble pas à un caniche.
Et c'est bien en loup qu'on m'a traité.
Mais savez-vous que même les betes sauvages savent ce qu'est la fatigue? La bête sauvage a fait savoir qu'elle avait cessé d'être un loup, dêtre un homme de lettres. Parlons net, c'est de la lacheté.
La cause de ma maladie, il faut la chercher dans les années de persécution que j'ai vécues et dans le silence qui s'en est suivi.

Lettre de Boulgakov à Staline
30 mai 1931
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Vidéo de Mikhaïl Boulgakov
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Que faire quand on n'est plus libre de s'exprimer ? Quand des chefs politiques, tout en se déchirant pour le pouvoir, embrigadent, surveillent, intimident, déportent ou exécutent qui bon leur semble ? Réponse dans un roman sublime, un monument de la littérature russe.
« le Maître et Marguerite » de Mikhaïl Boulgakov, dans une nouvelle traduction d'André Marcowicz et Françoise Morvan, c'est aux éditions Inculte.
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