Un documentaire glaçant, et au-delà de la terreur que peuvent inspirer certains cas, révoltant. le cas des CD-Rom de Zandvoort représente une de ces réalités dont la seule conscience de leur existence suffit à ce que la perception que l'on peut avoir des autorités en soit lourdement altérée, du moins en ce qui concerne un certain nombre d'individus qui en sont les dépositaires.
La réalité n'est certes pas tranchée. Parmi les magistrats et enquêteurs se trouvent bien entendu des individus intègres, nombreux, cherchant du mieux qu'ils peuvent à résoudre les faits les plus abjects que certains voudraient bien voir classés au plus vite par quelque non-lieu expéditif (on pensera notamment au juge Sengelin dans l'affaire Anaïs
Marcelli, ou au commissaire Guy Armand dans l'affaire des
disparues de Perpignan).
Parfois leur ténacité (certes aidée par la pression des familles de victimes dans une affaire comme les
disparues de l'A6) s'avère payante, en témoigne le dénouement, aussi souhaité que brutal, de l'affaire Christelle Blétry, dont le meurtrier vient tout juste d'être confondu par son ADN, il n'y a même pas une semaine.
De ce fait, s'il est difficile de croire à un complot à proprement parler visant à étouffer toutes les affaires, et de souscrire à la vision manichéenne du "tous pourris" visant les autorités judiciaires, politiques et autres, force est d'admettre qu'en ce qui concerne une affaire comme celle de Zandvoort, un certain nombre de faits, dûment établis et confirmés par des journalistes de bords politiques radicalement opposés (de l'Humanité et du Figaro, tout de même...) jettent un épais voile de suspicion sur ces mêmes autorités, soupçonnées à juste titre de vouloir couvrir quelques réalités indicibles dans lesquels sont impliqués certains membres de l'élite.
Même s'il n'est pas évoqué dans ce livre, l'on gardera en mémoire à titre d'exemple l'étrange suicide du gendarme Christian Jambert, l'homme qui, ayant contribué à résoudre au moins en partie l'énigme des
disparues de l'Yonne, fut retrouvé mort de deux balles dans le crâne...
Crier au théorie du complot faisant des réseaux pédophiles un pur fantasme aurait un sens si aucun fait ou indice ne pouvait être avancé par ceux qui soupçonnent. Or lorsque ces soupçons sont étayés par des faits et des faisceaux d'indices (l'existence de ces CD-Rom, l'incarcération précipitée de Marcel Vervloesem...), une telle accusation devient au mieux ridicule, au pire criminelle. Comme l'avait écrit
Mikhail Boulgakov en son temps, "les faits sont la chose la plus obstinée du monde".
Je terminerai par une remarque tout à fait triviale. Ayant grandement apprécié ce livre, je n'ai qu'un seul regret: suivant régulièrement les Faits
Karl Zéro, j'aurais sans doute apprécié que d'autres affaires traitées à l'écran apparaissent dans ce livre (l'affaire des disparus de l'Isère notamment).