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EAN : 9782809713893
340 pages
PHILIPPE PIQUIER (03/01/2019)
3.05/5   90 notes
Résumé :
Elles ont 7 ou 9 ans à New York. Elles s’appellent Christina, Lucy, Frangie ou Annie… Elles partagent des lits à punaises et des parents chinois qui luttent chaque jour pour les nourrir, leur payer l’école et les faire grandir dans le rêve américain. C’est leurs voix qui nous parlent, spontanées, crues, bouleversantes, elles racontent une enfance dans les marges, le racisme et la violence quotidienne, et l’amour immense des parents qui les protège et les étouff... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
3,05

sur 90 notes
Elles s'appellent Christina, Stacey, Lucy ou Mande. Elles sont sept. Sept petites filles chinoises immigrées aux Etats-Unis, déracinées et réimplantées à New-York pour vivre le rêve américain. La Chine, c'était la misère, les traumatismes de la révolution culturelle, l'absence de liberté. Alors, armés de leur courage et d'une volonté de fer, leurs parents ont décidé de se faire une place au soleil dans cet El Dorado fantasmé, synonyme de richesse, de liberté, de réussite. Pour atteindre leur but, ils cumulent les emplois sous-payés, logent dans des taudis, se serrent la ceinture, font fi de leur dignité, de leur amour-propre, de leur équilibre, de leur bonheur. Et leurs enfants dans tout ça ? Ils apprennent une nouvelle langue, un nouveau mode de vie, ils affrontent le racisme et la violence ordinaires, ils essaient de toute leurs forces d'être à la hauteur des sacrifices consentis par leurs parents. Christina, Stacey, Lucy et les autres s'acharnent à grandir, à réussir, malgré la fange, les coups, les cris, les rêves trop grands de leurs parents.

Loin du cliché de l'immigré chinois docile et discret, Jenny Zhang nous livre un roman percutant, éblouissant, un véritable coup de poing écrit dans une langue crue, violente, réaliste. Elle y raconte les douleurs, les chagrins, les angoisses de fillettes chinoises prises en étau entre leurs familles bancales et la difficile adaptation dans un monde inconnu et hostile. Des existences misérables décrites sans misérabilisme, des cris et des larmes contrebalancés par une immense soif de vivre. Quand le rêve américain se fracasse contre la dure réalité, il faut encore s'accrocher à l'espoir, réussir coûte que coûte, quitte à y laisser sa santé. Des appartements sordides infestés de punaises, des voitures brinquebalantes, des vêtements d'occasion...juste des épreuves à surmonter avant la gloire. Les fillettes regardent leurs parents s'épuiser, se disputer, se reprocher l'un à l'autre leurs déboires. Elles perçoivent leurs peurs, leurs souffrances. Et doivent vivre avec l'étouffant fardeau des espoirs qu'ils ont mis en elles. Mais les violences familiales, les violences scolaires, la violence permanente d'un pays où il faut se battre pour exister, tout cela n'est rien à côté de l'amour qui affleure à chaque page. Un amour ultra-protecteur, étouffant, irrespirable mais le fondement de ces existences vouées à réussir.
Un roman plein de bruit et de fureur, dur et impitoyable, traversé pourtant de moments de grâce, de partage, d'amour. Christina, Stacey et les autres resteront longtemps dans la tête et le coeur d'un lecteur abasourdi par leur capacité à s'adapter, à se battre, à se réinventer. Une très belle découverte.
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Je n'ai pas du tout accroché avec ce livre , la couverture et la 4ème de couverture me tentaient pourtant.
Dès les premières pages, j'ai dû faire un effort pour ne pas refermer le livre, d'une part car je n'aime pas les phrases qui font une vingtaine de lignes et d'autre part car les mots crus, la vulgarité me dérangent. J'ai tout de même persévéré, la ponctuation s'est mise en place progressivement mais la vulgarité n'a pas disparu. Ce n'est pas un style qui me convient mais je reconnais que c'est un style particulier , osé et donc sans doute qu'il plaira à certains.
Par ailleurs, les histoires qui s'entrecroisent ne m'ont pas aidée à lire avec plaisir ce livre. C'est un roman sur l'immigration à travers l'histoire de plusieurs petites filles. le même schéma familial se retrouve dans la vie de celles-ci. La dureté de la vie et la misère sont leur quotidien. Les conditions de vie très précaires montrent comment ces familles venues de Chine sont reçues et acceptées en Amérique. Se faire une place dans cette Amérique n'est guère possible et l'on perçoit cette pauvreté comme un vêtement sale qui colle à la peau.
" Des gamines inoubliables qui font valser les clichés de la littérature d'immigration, dans ce premier roman d'une énergie folle qui laisse le lecteur étourdi" nous dit la 4ème page de couverture. Et bien pour moi ces gamines je vais vite les oublier mais c'est vrai que j'en ressors un peu étourdie , trop de tout sans doute.

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Le rêve américain raconté par une ou deux ou sept petites filles d'une dizaine d'années dont les parents viennent de Chine. Au début, une chambre insalubre, des punaises, les aliments ramassés dans les poubelles, les combines pour se faire un peu d'argent. Les pères violents ou infidèles, les mères battues ou rancunières. Dehors il y a les gangs, la drogue, les meurtres. Il faut apprendre la langue du pays, subir les humiliations, les agressions sexuelles ou autres. le poids du sacrifice des parents pour que leur fille puisse avoir une belle vie dans ce beau pays. La protéger aussi, alors on vérifie tout, sur son corps pour la préserver. Puis le temps passe, la vie s'améliore un peu avec le travail trouvé mais interminable. IL y a de l'amour dans ces familles, même quand elles sont au fond du gouffre, on voit le soleil briller, l'espoir est là, toujours.

Les mots sont crus, les phrases sont longues comme une noyade avant de reprendre son souffle. C'est leur vie, c'est la vie, laide et belle, tout en paradoxe.
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« Âpre coeur », c'est l'histoire de la misère, celle que l'on n'ose imaginer et qui pourtant est le quotidien de ces fillettes qui l'une après l'autre nous expliquent avec leurs mots durs, crus, vulgaires la violence extérieure ou celle qu'elles subissent à la maison.
Issues de familles chinoises immigrées à New-York, elles vivent dans des taudis, dorment sur des matelas infestés de cafards et de punaises, tandis que leurs parents se tuent avec deux ou trois boulots, se partagent même une seule paire de chaussures, le père le matin tandis que son épouse trébuche le soir dans des souliers qui ont trois pointures de trop.

« Âpre coeur est une histoire cruelle que j'ai lu par bribes pour absorber cette noirceur. Il est cependant difficile de résister à l'énergie de ces enfants qui malgré les difficultés gardent espoir et se battent avec un courage qui force l'admiration.
"Mes parents étaient sur une route qui ne menait nulle part, au pied du mur, alors c'était à moi de devenir vraiment bonne, c'était à moi de briller, et ça me faisait peur, parce que j'aurais voulu rester en arrière avec eux, je ne voulais pas les dépasser".

Ce drame intimement lié à l'immigration fait échos à la misère de ces déracinés toujours en quête d'un improbable Eldorado, sous l'oeil pas toujours bienveillant de tous ceux qui ont la chance d'être à l'abri dans un monde préservé.

Merci à Babelio et aux Editions Piquier qui m'ont permis de découvrir ce roman.
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Une petite merveille ! Ça commence dès la première page, une vraie claque, cette manière d'emporter le lecteur dans la vie des protagonistes. Un rythme, une candeur, une fraîcheur, une inventivité, qui ne se démentent jamais par la suite. Qu'est ce qui fait la force d'une fiction littéraire ? Ce sont les détails crédibles, car écrire un roman consiste à rendre l'imaginaire le plus réaliste possible. Jenny Zhang maîtrise cet art à la perfection sans qu'on sache ce qui est de l'ordre de ses souvenirs, de ce qu'elle a entendu par d'autres ou de son incroyable fantaisie. Exemple : comment expliquer que le couple est humble et pauvre ? En précisant que le père (travaillant la nuit) et la mère (le jour) s'échangent la même paire de chaussures. Dans ce livre, la langue est au service des émotions, comme cette page (56) où des lignes entières de « non » ponctuent le désarroi d'une héroïne. Toutes les deux pages, on trouve des pensées fulgurantes formulées avec bon sens ou poésie comme ce moment où le papa parle de Dieu : « Dieu, c'est l'argent, m'a dit un soir mon père après avoir claqué la porte à des témoins de Jéhovah. Dieu, c'est avoir des médicaments quand tu es malade, c'est des bébés qui ont une chance de parvenir à l'âge adulte ». Ici, des situations stupéfiantes ou dramatiques au cours desquelles les parents surnomment leur fillette (ma petite tarte aux prunes rances, mon raisin rebondi) avec des mots doux-amers. Et là des insultes, combinaison improbable entre la syntaxe chinoise et l'efficacité américaine, traduite en français. le résultat est souvent irrésistible, hilarant. La relation entre les membres de ces familles d'immigrés chinois installés aux USA sont finement décrites, jusque dans leurs excès. On vit leurs calvaires, leurs disputes, leurs doutes, leurs étonnements, leurs bonheurs éphémères, leur difficile ascension de l'échelle sociale qui résume, à elle seule, une certaine idée de l'Amérique. Très émouvant aussi, la description du coup de foudre – à la toute fin, au bout de 350 pages - entre le père et la mère qui ont passé le roman à s'engueuler. Merci, merci, mille fois merci Éditions Philippe Picquier de nous offrir cette perle rare. Amis lecteurs, amies lectrices, foncez !
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critiques presse (3)
Telerama
11 juillet 2019
Quelle langue ! En voilà une nouvelle plume rare et culottée, un style qui ne prend pas de gants et qui déchire.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeMonde
04 mars 2019
L’académicienne a été impressionnée par ce premier roman étouffant et ­libre évoquant la vie, aujourd’hui, de jeunes sino-américaines.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Liberation
07 janvier 2019
C’est un plongeon dans le quotidien de familles immigrantes chinoises, fraîchement parachutées dans le rêve américain qui se moque d’eux comme d’une guigne. Et c’est nerveux, vif, parfois triste, tendre, souvent joyeux.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
J'avais envie de le serrer dans mes bras, de lui embrasser les joues jusqu'à ce qu'elles lui fassent mal, mais je savais qu'il était en train de grandir. Il aurait protesté. Un jour, il ne passerait plus les bras autour de ma jambe parce qu'il aurait grandi, il ne serrerait plus le poing autour de mon petit doigt quand j'allais le chercher à l'école, il ne se glisserait plus dans mon lit, le visage et les cheveux mouillés, il ne dirait plus, Ca me fait mal de te quitter avant d'aller chez des amis, ou, Tu m'as manqué toute la journée en revenant, parce qu'il serait plus vieux, et moi, encore plus vieille. La vie allait peut-être nous éloigner, il développerait peut-être une personnalité dont je ne saurais rien, on fonderait des familles, on aurait des enfants chacun de notre côté, et il viendrait un moment où quand nous penserions "famille", nous penserions à celles que nous avions créées, et non à celle dont nous venions. A partir de ce moment-là, je ferais référence à lui en disant "votre oncle" et lui à moi en disant "votre tante", et nos enfants mettraient un bon bout de temps à comprendre qu'au début, nous étions frère et soeur, mais en outre, tout comme nous l'avions fait, ne passeraient pas beaucoup de temps à penser à une époque qui remontait à avant leur naissance, un temps où il était mon frère, où j'étais sa soeur, et où, ensemble, nous étions les enfants de nos parents.
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(...) le fait que c'était arrivé le mois où le collège de mon père avait fini par fermer et qu'il avait laissé tomber l'enseignement parce qu'il en avait marre de séparer les élèves qui se battaient et de se faire dépouiller sa voiture pendant qu'il était en classe et d'avoir l'impression de jouer les assistantes sociales alors qu'il n'était même pas particulièrement attaché aux êtres humains, marre de se sentir en échec tous les soirs et de vomir le matin sans autre raison que l'angoisse de la journée qui l'attendait. (p. 39)
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C'était difficile de répertorier tous ces petits détails, par exemple le fait qu'ils se partageaient une seule paire de chaussures de ville, alternant leur emploi du temps de telle sorte que mon père les portait pendant la journée et ma mère la nuit, même si elles étaient quatre tailles au-dessus de la sienne, et c'est pour ça qu'elle trébuchait si souvent et qu'elle avait tant d'égratignures sur le corps.
Trop souvent, quand je rentrais, la maison était vide et je n'avais rien pour me distraire excepté le désir suintant de trouver un moyen de me sacrifier suffisamment pour me hisser à la hauteur de mes parents, qui se sacrifiaient tout le temps. (p. 12)
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Je suis désolée, lui disais-je tout le temps dans ma tête, mais jamais dans la vraie vie, tout comme elle, qui ne disait jamais non plus dans la vraie vie qu'elle était désolée, bien que je ne sache pas si elle s'excusait aussi dans sa tête et si elle se rendait compte qu'elle pouvait me blesser et me décevoir tout autant que je la décevais, et qu'elle me faisait me sentir si seule que parfois, je n'arrivais même plus à me reconnaître dans un miroir ou sur une photo.
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Normalement, on n'allait jamais dans les épiceries américaines; on fréquentait plutôt les supermarchés chinois à Flushing ou Elmhurst, mais à l'occasion, en rentrant de son travail, mon père s'arrêtait au Key Food dans College Point Boulevard pour voir s'ils faisaient leur promo à trois bouquets de coriandre pour un dollar. Dès que je m'en suis souvenue, j'ai dit à mon oncle qu'il n'avait pas de souci à se faire, qu'on faisait nos courses au même endroit que tous les autres Chinois. Bientôt, il pourrait le voir de ses yeux; il y avait d'autres supermarchés avec de longues allées pleines de légumes dont les noms n'avaient pas encore de traduction en anglais et où l'on pouvait acheter des têtes de poisson pour un dollar et un kilo et demi de côtes de porc pour deux dollars.
"Alors, les Américains ne mangent pas de nourriture!" s'est exclamé mon oncle qui n'arrivait pas à se remettre de ne pas en avoir vu au cours de notre expédition au supermarché.
Mon père a acquiescé.
"Ils ne mangent que des boîtes, mon frère."
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