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EAN : 9782356391353
64 pages
Elytis (06/03/2014)
4.45/5   10 notes
Résumé :
Figure révolutionnaire messianique, Thomas Sankara fut le premier président du Burkina Faso, de 1983 à 1987. Il fit baisser la mortalité infantile, promut l'instruction, améliora la condition féminine et rendit son pays autosuffisant en essayant de le détacher de la tutelle des grandes puissances. Le discours sur la dette qu'il prononça à Addis-Abeba en 1987 est emblématique car il proposait de renégocier l'ensemble de la dette, jugée inique, des pays endettés du co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le 29 juillet 1987, le jeune nouveau président du Burkina-Faso (ex-Haute-Volta) prononce un discours qui restera dans les annales devant tous les chefs d'États africains rassemblés dans l'Afrika Hall d'Addis-Abeba. Il surprend tout le monde quand il déclare que les dettes souveraines qui grèvent lourdement les économies de leurs pays ne pourront sans doute jamais être remboursées et ne devraient d'ailleurs ne pas l'être. En effet, par le biais des intérêts cumulés, cette dette finira par être payée plusieurs fois. Et chaque année, l'Afrique verse en remboursement beaucoup plus que le total de toutes les aides et subventions accordées par les gouvernements occidentaux. Il les exhorte donc à faire front commun pour obtenir cette annulation. Peu de temps plus tard, le 15 octobre de la même année, au cours d'un nouveau coup d'état militaire fomenté depuis l'étranger, il est renversé et assassiné par des soldats à la solde de son ami et rival Blaise Compaoré, lequel récupérera dans la foulée la présidence du pays.
Ce texte majeur est présenté dans un long prologue détaillé signé Jean Ziegler, lequel le replace dans le contexte de l'époque. Malgré une richesse évidente en matière premières, en ressources et en hommes, l'Afrique ne décolle toujours pas. Pire, elle semble régresser et s'enfoncer toujours plus dans la misère. Quelques potentats monopolisent les aides financières alors que le peuple souffre. Sankara, militaire honnête (il roule en R5 et n'abuse pas de l'argent du contribuable) et intelligent (il a déjà commencé à lancer tout un train de réformes capitales pour le pays), met le doigt sur le problème numéro un, la dette qui plombe toute l'économie du continent, qui empêche tout développement et réduit toute une partie de l'humanité au rang d'esclave perpétuel. Une analyse impitoyable. Un réquisitoire sans appel et toujours d'actualité contre un système international qui écrase l'Afrique. On a vu depuis que cette machine infernale n'épargnerait personne. À l'époque, seul François Mitterand était partisan de l'effacement de la dette. En Afrique, peu de chefs d'Etat étaient prêts à se libérer de cette tutelle, excepté Kadhafi. On sait que cela fut réglé de façon bien peu élégante. le capitalisme mondialiste sauvage ne fit aucun cadeau !
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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Le discours visionnaire de Sankara, trois mois avant son assassinat en 1987.

Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/08/02/note-de-lecture-discours-sur-la-dette-thomas-sankara-jean-ziegler/
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Nous estimons que la dette s’analyse d’abord de par ses origines. Les origines de la dette remontent aux origines du colonialisme. Ceux qui nous ont prêté de l’argent, ce sont ceux-là qui nous ont colonisés, ce sont les mêmes qui géraient nos États et nos économies, ce sont les colonisateurs qui endettaient l’Afrique auprès des bailleurs de fonds, leurs frères et leurs cousins. Nous étions étrangers à cette dette, nous ne pouvons donc pas la payer. La dette, c’est encore le néo-colonialisme où les colonisateurs se sont transformés en assistants techniques ; en fait, nous devrions dire en assassins techniques ; et ce sont eux qui nous ont proposé des sources de financement. Des bailleurs de fond, un terme que l’on emploie chaque jour comme s’il y avait des hommes dont le bâillement suffisait à créer le développement chez les autres ! Ces bailleurs de fond nous ont été conseillés, recommandés. On nous a présenté des montages financiers alléchants, des dossiers ; nous nous sommes endettés pour cinquante ans, soixante ans, même plus, c’est-à-dire que l’on nous a amenés à compromettre nos peuples pendant cinquante ans et plus. Mais la dette, sous sa forme actuelle, contrôlée, dominée par l’impérialisme, est une reconquête savamment organisée pour que l’Afrique, sa croissance, son développement obéisse à des paliers, à des normes qui nous sont totalement étrangères, faisant en sorte que chacun de nous devienne l’esclave financier, c’est-à-dire l’esclave tout court, de ceux qui ont eu l’opportunité, la ruse, la fourberie de placer les fonds chez nous avec l’obligation de rembourser.
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Mais, Monsieur le Président, ce n’est pas ici de la provocation. Je voudrais que très sagement vous nous offriez des solutions. Je voudrais que notre conférence adopte la nécessité de dire très clairement que nous ne pouvons pas payer la dette. Non pas dans un esprit belliqueux ou belliciste. Ceci pour éviter que nous n’allions individuellement nous faire assassiner. Si le Burkina Faso tout seul refuse de payer la dette, je ne serai pas là à la prochaine conférence.
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Le discours sur la dette de Thomas Sankara délivré aux chefs d’État africains à Addis-Abeba en 1987 est un chef-d’œuvre de lucidité et de courage, d’intuitions fulgurantes et de vérité analytique. Moins de trois mois plus tard, son auteur et onze de ses compagnons furent exécutés à la mitraillette dans une maison de l’Enclos de l’Entente à Ouagadougou. Thomas Sankara a payé de sa vie son discours visionnaire sur la dette.
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Le crédit est le nerf de la dette, la merci sa conséquence.
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