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Michel Zink (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253082231
285 pages
Le Livre de Poche (18/01/2006)
4.07/5   7 notes
Résumé :
L'inceste sur lequel s'ouvre ce roman en fixe et en fausse tout à la fois le déroulement. En déchiffrant l'énigme qui révèle les amours criminelles d'un roi et de sa fille, le héros se condamne, de tempêtes en naufrages, à une vie
d'errance sans cesse affrontée à d'autres énigmes et menacée par l'ombre de l'inceste initial. Durant tout le Moyen Age et bien au-delà, ce roman de l'Antiquité tardive a connu un immense succès. Il a été adapté du latin dans la plu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le Roman d'Apollonius de Tyr, ou Historia Apollonii Regis Tyri est, à la base, un roman latin provenant d'une source grecque. Si le roman latin date du V ème ou VI ème siècle, le texte grec, quant à lui, date du III ème siècle. le texte latin a connu un succès durant tout le moyen âge et bien au-delà puisque Shakespeare, dans Périclès, Prince de Tyr l'a adapté. le texte a été décliné dans toutes les langues et sous toutes formes.

L'une des premières versions médiévales est apparue au XII ème siècle sous la forme d'un roman en vers français.

Le roman commence comme un conte: Un Roi, nommé Tobie, régnant sur les royaumes d'Antioche, d'Arabie, d'Egypte et de Tarse, a, avec sa femme Sarah, un fils, Apollonius. A la mort de ses parents, Apollonius ne peut régner car il est trop jeune. Il n'a en effet que sept ans. On décide alors de nommer un des meilleurs chevaliers du royaume, Antiochus, pour faire la transition. En attendant, notre jeune héros sera envoyé à Tarse pour recevoir l'éducation convenant à son rang.

Le conte se finit alors bien vite. En effet, le véritable point de départ de cette histoire est la relation incestueuse entre Antiochus, et sa fille. Ce roi était devenu impopulaire car il prélevait bien trop d'impôts. le peuple commençait à réclamer son vrai roi, Apollonius, qui avait atteint, entre-temps, l'âge de régner. La femme d'Antiochus lui propose alors de marier sa fille à notre héros. Évidemment, le père ne l'entendait pas de cette oreille. Sa femme meurt subitement. Il demande alors à ses plus fidèles conseillers leur accord pour épouser sa fille. Ceux-ci le lui déconseillent fortement et émettent l'idée du mariage avec Apollonius. N'en faisant qu'à sa tête, le père déflora sa fille la nuit suivante. Elle devint sa maîtresse sans pour autant que cela se sache.

Cependant, cette dernière recevait de plus en plus de propositions de mariage. Antiochus usa d'un stratagème en écrivant une devinette en grec. Les prétendants devraient la traduire. S'ils échouaient, ils auraient la tête coupée et accrochée à la porte de la tour. Il envoya également des chevaliers mettre fin aux jours d'Apollonius. Ces derniers se mirent en route mais ne suivirent pas exactement la consigne car il était le fils de leur suzerain légitime et adoré. Ils l'emmenèrent au royaume De Grèce combattre un chevalier démoniaque. S'il s'en sortait, ils le ramèneraient à Antioche où il épouserait la fille d'Antiochus. Strangulion, gouverneur et prévôt du pays les reçut et ils expliquèrent tout ceci à Apollonius.

Ce dernier partit avec les chevaliers et fut reçu par le roi De Grèce, Alexandre. Celui-ci lui annonça que celui qui réussirait à le débarrasser du chevalier démoniaque recevrait un destrier et une cité De Grèce. Apollonius releva le défi avec succès. Un mois plus tard, il repartit en direction d'Antioche. Lui aussi fut confronté à la fameuse devinette grecque. Il la traduisit en latin. Elle mentionnait la relation incestueuse. Il proposa à Antiochus de n'en rien dire. L'autre le força et Apollonius fut donc contraint de lui révéler la dure vérité. Cependant, le roi nia et lui donna un délai: le jeune héros devait se représenter le lendemain avec "la solution" ou il serait tué.

Apollonius s'enfuit vers Tarse, à bateau, dans la nuit. Antiochus, furieux, lança ses meilleurs chevaliers à ses trousses avec ordre de le tuer. A Tarse, Apollonius demanda l'hospitalité à Strangulion et à sa femme Denise, en échange de nourriture donnée au peuple qui mourait de faim. Au bout d'un an, le prévôt propose à Apollonius de l'aider à partir en direction de Cirène pour s'y cacher. Apollonius, que rien n'épargnait, fit naufrage pendant ce voyage et fut le seul survivant. Il fut aidé par un pêcheur miséreux qui lui donna la moitié de son habit et lui fit partager son repas. Apollonius se rendit à Cirène et rendit service au roi, Archestrate. Ce dernier apprécia et demanda de qui il s'agissait. On lui appris que c'était un naufragé. Il l'invita à sa table et lui offrit de beaux habits afin d'être plus présentable. Cependant, cet invité restait triste et muet. La fille du roi tenta de connaître l'identité de ce jeune homme. Il lui répondit qu'il s'appelait "Naufragé".

Elle joua de la harpe pour le divertir mais rien n'y fit. le roi fut vexé. Il questionna ce personnage sur son mutisme. Apollonius lui répondit que sa fille n'avait pas encore la technique parfaite pour jouer de cet instrument. Il fit une démonstration (cela avait fait partie de son éducation) et enchanta toute l'assistance. Il devint, à partir de là, et selon la volonté de la fille du roi, son précepteur. Elle tomba amoureuse de lui et, selon le schéma classique, en fut malade. Des prétendants se présentèrent. le roi décida que c'était à sa fille de choisir. Il voulait lui laisser faire un mariage d'amour. Après bien des péripéties (je passe sur les détails, histoire de ne pas tout dévoiler), il l'épousa et elle tomba enceinte rapidement.

Un bateau de son pays arriva dans le port. Apollonius apprit alors que le roi Antiochus et sa fille, consentante pour être sa maîtresse, étaient morts foudroyés. Notre jeune héros y vit une punition divine. Il devenait alors maître de son royaume. Il lui fallait y retourner et avec la bénédiction d'Archestrate, sa femme le suivit. le voyage fut plus long que prévu et cette dernière donna la vie à une petite fille sur le bateau. Une hémorragie donna à la jeune mère l'aspect d'une morte et l'équipage força Apollonius, fou de douleur, à se débarrasser du corps de sa bien-aimée. Il fit construire un cercueil bien étanche, y mit une lettre et une somme d'argent conséquente afin que celui qui le retrouverait donne à sa femme des funérailles de reine et, qu'en compensation, il garde une moitié de la somme. Arrivé dans son pays, Apollonius alla voir Stragulion et Denise et leur demanda de s'occuper de l'éducation de sa petite Tarsie, leur laissant sa nourrice et une forte somme d'argent ainsi que des parures et des bijoux afin qu'elle ne manque de rien.

Voilà, j'arrête là, car je ne voudrais pas révéler la fin si vous avez envie de lire ce roman.

Ma version date du XV°s. L'écriture en est agréable, même si quelques vers manquent et quelques erreurs sont relevées par le traducteur (Michel Zink). En effet, le compilateur a oublié parfois l'histoire et fait revivre soudain des personnages qui sont morts. Cependant, peut-on lui en vouloir face à l'enchaînement des nombreuses actions? Si ce roman est court, il n'en reste pas moins qu'il nous tient en haleine jusqu'à la fin.
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Voici un extrait de l'analyse proposée sur Culture Livresque... Pour nous soutenir, vous pouvez lire l'intégralité de l'article sur notre site.

LES MOTIFS LITTÉRAIRES DANS LE ROMAN D'APOLLONIUS DE TYR
Apollonius de Tyr présente plusieurs thèmes, figures et motifs narratifs (la combinaison d'un thème et d'une figure) récurrents dans les textes médiévaux en peu de pages. C'est pourquoi, il nous semble que ce roman est une bonne entrée aux romans médiévaux pour quiconque voudrait s'y essayer sans avoir à affronter le cycle du Graal ou les aventures de Tristan et Iseult.

Voici quelques-unes de ses récurrences :
- la figure de l'énigme, qui nous fait immédiatement penser à celle d'Oedipe, permet de déclencher le long voyage d'Apollonius et d'y mettre un terme en reconnaissant sa fille à travers sa série de devinettes. Il est à noter que la devinette en elle-même n'apparaît presque pas dans les différentes versions ;
- le thème de l'inceste (pensons de nouveau à Oedipe) permet souvent de lancer la narration, comme ici, ou va orienter le parcours du héros découvrant la vérité ;
- le motif de la tempête maritime qui conduit le héros sur une terre inconnue est bien connu à travers toute la littérature depuis Ulysse. Il permet deux choses : faire avancer l'histoire tout d'abord et offrir à l'auteur un espace pour déployer tout son génie dans la narration de cette effroyable tempête. Ce motif va souvent de pair avec celui de la fausse morte jetée à l'eau permettant un dernier rebondissement lors des retrouvailles ;
- le déguisement du héros en homme misérable pour ne pas être reconnu tout de suite est également récurrent (pensons à Tristan qui se déguise en lépreux). Il permet de confondre les personnages faisant du tort au héros et de rétablir la vérité et la justice.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Apollonius et sa femme prirent la mer avec une suite nombreuse et un appareil imposant. Ils eurent bon vent, gagnèrent la haute mer, et là ils furent tant retardés par des vents inconstants qu'au neuvième mois la dame accoucha. Mais une lésion de la matrice entraîna une hémorragie interne et ses esprits s'obscurcirent si bien qu'elle donna l'impression d'être morte. Aussitôt tout le monde prit peur et poussa des cris. Apollonius accourut, et quand il vit sa femme comme morte, il lacéra ses vêtements et sa poitrine, arracha de ses joues sa barbe adolescente et se coucha sur le sein de sa femme en lui disant: « Ma très chère compagne, fille unique du roi Archestrate, que dirai-je à ton père qui m'a accueilli dans ma misère? » Comme il disait ces mots en pleurant, le capitaine du navire vint à lui et lui dit: « Sire, votre attitude excite la pitié, mais sachez que la mer ne peut souffrir un cadavre. C'est pourquoi, ordonnez que le corps de Madame soit jeté à la mer. » Indigné, Apollonius répondit: « Que dis-tu, homme exécrable? Souhaites-tu voir jeter à la mer celle qui m'a accueilli naufragé et dans le besoin? » Alors il appela les ouvriers qui étaient là et il leur fit faire un coffre bien poli; ils le doublèrent entièrement de plomb, le calfatèrent avec du ciment, et le corps de la dame y fut déposé.
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Apollonius mit vingt besants d'or près de sa tête ainsi qu'une lettre portant ces mots: « Que celui, quel qu'il soit, qui trouvera ce corps garde dix de ces besants pour lui et utilise les dix autres pour des funérailles. » Et le corps fut mis à la mer de cette façon. Ensuite Apollonius ordonna que la petite fille que sa femme avait mise eu monde fût élevée avec soin, à la fois pour qu'elle le réconfortât dans sa douleur et pour pouvoir la montrer au roi à la place de sa fille.

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Videos de Michel Zink (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Zink
Leçon inaugurale de Michel Zink prononcée le 24 mars 1995. Michel Zink fut professeur du Collège de France, titulaire de la chaire Littératures de la France médiévale.
Dans les lettres médiévales se cristallisent toutes les associations entre le passé et la littérature, tous les indices qu'un lien essentiel unit la notion de littérature au sentiment du passé. La curiosité qu'a éveillée la littérature du Moyen Âge depuis sa redécouverte à l'aube du romantisme suppose de telles associations. Les formes de cette littérature elle-même recèlent de tels indices. Ils invitent à embrasser d'un même regard l'intérêt de l'époque moderne pour le passé médiéval et les signes du passé dont le Moyen Âge marque sa propre littérature. Bien plus, ils invitent à chercher dans la relation avec le passé un critère de définition de la littérature, tâche tout particulièrement nécessaire s'agissant d'une époque où le mot ne s'entend pas dans son acception moderne et où l'existence même de la notion correspondante n'est pas assurée.
Texte intégral de la leçon inaugurale : https://books.openedition.org/cdf/1114
Retrouvez ses enseignements : https://www.college-de-france.fr/fr/chaire/michel-zink-litteratures-de-la-france-medievale-statutory-chair
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