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Je viens de terminer un essai qui s'appelle 'Le monde d'hier' de Stefan Zweig.
Ce livre mirifique que j'ai dévoré d'une traite, donne un témoignage oculaire de l'auteur à son époque. Il dépeint l'affaissement d'une société par les événements et les changements qui l'entourent. le narrateur, avec son raffinement culturel et intellectuel,raconte sa vie en quelque sorte.

Il survole son enfance et sa jeunesse pour entamer l'histoire de comment Hitler est arrivé au pouvoir et pourquoi les juifs d'Europe étaient obligés d'aller ailleurs.

Pour tout vous dire, vers la fin du livre, il y a une phrase qui m'a énormément marquée. J'aimerais la partager avec vous.
à la page 550 : On les priva de tous leurs droits, on exerça sur eux toutes sortes de violences psychiques et physiques pour le plaisir et par le jeu, et pour chaque Juif, le vieux proverbe populaire Russe était subitement devenu une vérité cruelle; "La besace du mendiant et la prison n'épargnent personne'.
à vrai dire, c'est un livre de référence et un essai poignant. Je recommande vivement cette lecture!
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Monument absolu! Ce livre est le testament littéraire de Stefan Zweig qui l'a rédigé en 1941 , avant son suicide en 1942. Ce récit autobiographique retrace les soixante années de l'auteur à travers une Europe dévastée par deux guerres mondiales et les atrocités du régime nazi, cette Europe qu'il ne reconnaît plus et qu'il ne peut plus voir sombrer dans l'horreur. L'écriture et le style propre à Stefan Zweig sont d'une grande richesse et on ne se lasse pas de se laisser emporter dans ce tourbillon à travers l'Histoire du début du XX eme siècle. Un livre absolument nécessaire surtout aujourd'hui où l'on peut entrevoir les failles de nos sociétés.
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Sous-titré « Souvenir d'un Européen« , le monde d'hier est un texte dense et émouvant. Cri d'alarme poussé au milieu des ténèbres de la guerre, il retrace la vie de Zweig et, suivant son histoire personnelle, montre comment l'Europe a basculé inéluctablement dans une logique destructrice.

« Il n'y avait guère de ville en Europe où l'aspiration à la culture fut plus passionnée qu'à Vienne. »

Zweig nous parle d'abord d'une Autriche, prospère, cultivée, insouciante, héritière d'une histoire brillante qu'on ne connait absolument pas en France, l'Empire des Habsbourg. On pourrait croire qu'il idéalise le temps de sa jeunesse.

Cependant la nostalgie du bon vieux temps n'occulte pas les défauts de cette société rigide ; Zweig ne tombe pas dans un écueil aussi facile. Ce qu'il l'intéresse est plutôt de dévoiler la fracture qui sépare deux époques d'une façon radicale et violente et fait basculer sa génération dans la barbarie.

« Entre notre aujourd'hui, notre hier et notre avant-hier, tous les ponts sont rompus. »

Au terme du XIXème siècle, l'humanité glisse sur une pente raide. L'accélération du temps conduit à des ruptures brutales et incontrôlables dans une ampleur jamais connue à l'échelle d'une seule génération. Quel contraste avec le rythme paisible de ses parents ou grands parents ! Un paradoxe ne manque pas de surprendre entre un progrès technologique inédit tandis que dans le même temps le monde sombre dans une déchéance morale brutale.

Exilé à cause de la guerre, moralement épuisé par « les chevaux livides de l'Apocalypse (qui) se sont rués à travers (son) existence« , Stefan Zweig nous donne ce texte comme un testament en 1941 avant de mettre fin à ses jours.

Il ne s'agit pas d'un livre de plus dans la grande production de Zweig, mais bien d'un cri du coeur et, plus encore, d'un devoir : « Si, par notre témoignage, nous transmettons à la génération qui vient ne serait-ce qu'une parcelle de vérité, vestige de cet édifice effondré, nous n'aurons pas oeuvré tout à fait en vain.«

Si on s'intéresse plus à la biographie de Zweig, le lecteur risque d'avoir le tournis devant la liste des éminents personnages qu'il fréquente : des compositeurs comme Johannes Brahms, Richard Strauss, beaucoup d'écrivains et de poètes comme Paul Valéry, Jules Romain, Gide, Rainer Maria Rilke, Yeats, Claudel, Gorki, Arthur Schnitzler, Anatole France, Pirandello, Bernard Shaw, H.G. Wells, des hommes politiques tels Walter Rathenau, Théodore Herzl, et bien d'autres artistes ou intellectuels comme Freud ou Rodin.

Loin d'un simple « name droping », Zweig montre le lien quasi affectif qui le liait à chacun d'entre eux. D'une anecdote à l'autre, se dessine la carte d'amitiés solides qui traversent les disciplines et les pays.

« Vous êtes un homme libre, mettez à profit cette liberté ! »

Alors qu'il parcourait l'Europe avec cette facilité que nous n'avons plus connu qu'après les accords de Shengen, sur l'invitation de Rathenau, Zweig se lance à la découverte du monde. Puis survient 1914, l'enfermement commence. Les frontières font leur apparition et ne s'effaceront plus pour des générations. La montée du nazisme poursuivant le triste travail de la première guerre mondiale définit les contours dramatiques d'une bascule de l'homme moderne dans la barbarie.

Sans se limiter à cette peinture de son époque, Zweig nous donne aussi un accès à ses propres questionnements, aborde discrètement sa vie familiale et parle de ses succès littéraires. Au passage, alors qu'il évoque ses propres ouvrages, apparait la clé de sa méthode d'écriture, combinaison de travail documentaire pointilleux et de condensation littéraire (qu'il nomme « l'art du renoncement« ).

Texte brillant et passionnant sur lequel il y aurait tant à dire, j'ai cherché la raison pour laquelle, le monde d'hier reste d'actualité et nous parle encore.

Zweig livre ici de façon pressante un témoignage historique et une dénonciation des sectarismes politiques. Une urgence qui ne détonne plus dans notre Europe malmenée et rappelle le texte brillant de Guglielmo Ferrero, La Ruine de la civilisation antique.

Le monde d'hier est définitivement un ouvrage essentiel qui mériterait être inscrit au programme de nos lycées. C'est là que se trouve la « génération qui vient » citée plus haut, et qu'il convient de ne pas laisser dans l'ignorance.

T. Sandorf
Lien : https://thomassandorf.wordpr..
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Les souvenirs de l'auteur d'Amok et de la Lettre d'un inconnu, écrits, semble-t-il, d'un jet à la veille de son suicide au Brésil, ne sauraient laisser indifférents. Outre les circonstances et le style (remarquablement mis en valeur par la traduction de Jean-Paul Zimmermann, même si l'édition des Belles Lettres déçoit par le nombre de coquilles et la pauvreté de la reliure), l'intérêt du Monde d'Hier réside, comme l'a voulu l'écrivain, dans la fresque historique et sociale que brossent ces confessions qui n'en sont pas. du coup, le genre diariste flirte avec l'essai, une des spécialités du romancier avec la biographie et la nouvelle. On traverse avec fulgurance Vienne à la Belle Epoque, la chute de l'empire austro-hongrois et la montée du nazisme, tout en parcourant le monde au gré des voyages de l'auteur.
Cela faisait longtemps que je n'avais lu Zweig et j'ai retrouvé avec bonheur sa passion communicative, ce feu qui consume si bien que l'on ne peut lâcher l'ouvrage avant la fin. Dans un dernier retour sur sa méthode, le romancier autrichien dévoile d'ailleurs les secrets de cette flamme qu'il alimente sciemment : loin de jeter sur le papier tous ses affects, il avoue n'éprouver aucunement la même impatience que son lecteur, mais se concentrer au contraire sur l'élision, la coupure ; la concision est son ressort. le meilleur moment de l'écriture est pour lui celui de tailler dans la masse, pour se concentrer sur l'essentiel. A la façon d'un sculpteur, donc, et l'on savourera la description fameuse de sa rencontre avec Rodin - de même que toutes les pages consacrées au Paris d'avant 1914, entre toutes...
Le sentiment amer d'un créateur rejeté sur le rivage par son époque tumultueuse prend une dimension épique dans ces mémoires d'une haute ambition. Rarement la conjonction de l'individuel et du collectif, de la personne et de l'Histoire atteint le degré d'intime union qui se manifeste là, et en quittant le Monde d'Hier l'admiration le dispute aux regrets.
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A la veille d'un voyage à Vienne, je souhaitais m'imprégner de l'histoire de cette ville et de l'Autriche, et on m'avait conseillé de lire le Monde d'hier, de Stefan Zweig. Je ressors de cette lecture à la fois abattue et émerveillée. Stefan Zweig, né en 1881 à Vienne, a connu la fin de la dynastie des Habsbourg et les deux guerres mondiales. C'est un pacifiste et européen affirmé, et il va souffrir au plus profond de lui-même de cette barbarie de la guerre contraire à toute humanité. C'est aussi et surtout un grand intellectuel, qui a rencontré les poètes, romanciers, philosophes, musiciens…les plus illustres du XXème siècle. le Monde d'hier est le récit de sa vie, mais pas tellement sa vie privée (dans les dernières pages, il évoque très brièvement son second mariage), mais plutôt sa vie de jeune intellectuel viennois, d'écrivain, de voyageur, de visionnaire aussi, lui qui était né juif dans une Autriche sur laquelle Hitler avait jeté son dévolu et toute sa haine. En bref, ce livre est une sorte de livre d'histoire, l'histoire de l'Autriche racontée de l'intérieur par un écrivain extraordinaire et qui a voulu par cet ouvrage laisser un testament aux générations futures, avant de tirer sa révérence, épuisé et désespéré par le sort de son pays et de l'Europe aux mains de la barbarie d'Hitler.
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Stefan Zweig présente ici sa vision de l'Europe au début du 20 ème siècle. Je dis sa vision car c'est celle d'un bourgeois aisé, cultivé, parlant plusieurs langues et ayant grâce à cela des contacts avec de nombreuses personnes importantes telles von Rathenau ou Romain Rolland.
A vrai dire, autant j'aime ses fictions, autant j'ai un peu de mal à apprécier l'homme. Bien sûr c'est un pacifiste qui ne crie pas avec les loups mais il ne semble pas si concerné par le sort des Juifs.
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D'aucuns penseront que Stefan Zweig a un côté très irritant, du genre "moi je suis un intellectuel bourgeois pacifiste, ouvert sur le monde et tellement fier de ce que je suis, et je donne des leçons de géopolitique alors que je n'ai même pas été soldat." C'est pas faux. Mais bon, comme chacun d'entre nous, Zweig est le produit de son milieu: la bourgeoisie juive viennoise de la Belle époque. Ah la Belle époque ! C'est justement le propos du Monde d'hier car ces souvenirs d'un européen ne sont finalement pas une autobiographie mais plutôt le témoignage d'un contemporain ayant assisté à l'écroulement du monde, et pas seulement du sien.
D'abord Vienne la belle, la douce, la foisonnante, la capitale du grand empire austro-hongrois, celui qui règne sur une douzaine de peuples, les Habsbourg putain ! Ceux qui font frétiller Stéphane Bern et les mémères élevées à Sissi imperatrice. Vienne la vieille mais aussi Vienne l'avant-gardiste, celle de Hoffmanstahl, Rilke, Klimt, Malher... Dieu que ça m'a donné envie d'aller à Vienne ! Et puis 1914 et le premier effondrement, le fracas, la dislocation, la catastrophe, le fumier sur lequel poussera la brutalité crasse du nazisme. L'après guerre, ahurissant, tétanisant. Mais justement, c'est là que Zweig accède à la notoriété et à l'aisance. Il achète une maison à Salzbourg, à la frontière, d'où il peut presque voir, de l'autre côté de la vallée, le futur nid d'aigle d'Hitler. Comme il a les moyens de voyager, ça ne n'affecte pas trop au début mais, très vite, en Italie ou en Autriche, il assiste à des coups de force de jeunes paramilitaires issus de groupuscules haineux et furieux du traité de Versailles et de la crise (Hitler et ses sbires n'étaient que l'un d'entre eux). Et puis, de nouveau, c'est la descente aux enfers. L'histoire on la connaît tous, 100 fois on nous l'a racontée mais, la plus value d'un récit par Stefan Zweig c'est la langue, précise, imagée, magnifique.
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Une référence pour qui aime Zweig, connaitre son monde intérieur et comprendre le profond désespoir dans lequel le suicide de l'Europe a plongé ce grand humaniste. On y découvre également la richesse d'une vie intellectuelle féconde qui animait tout le continent européen au début du XXième siècle et les liens étroits que tous ses protagonistes entretenaient entre eux. On ne peut que refermer les pages de ce livre avec le sentiment d'un immense gâchis pour une civilisation si raffinée.
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Le monde d'hier c'est Vienne d'avant 1914, d'avant les guerres mondiales, il y a déjà plus d'un siècle. La plume de Stephan Zweig est d'un lyrisme, d'une telle beauté que je ne peux que le recommander. Il mêle la poésie, l'Histoire, l'art, la littérature et on y croise ses amis comme Rilke, Freud ou encore Valéry, ce livre est un devoir de mémoire et un classique de la littérature, c'est parmi les livres de l'auteur, de loin mon préféré tant il est riche en histoires. Lui, juif, relatant la montée du nazisme, sentant venir les guerres à venir, un homme très éclairé pour son époque et pour la nôtre c'est un témoignage qui relate les horreurs subies par les juifs mais c'est aussi toute la poésie de la vie bourgeoise de l'époque. Se remémorant ses souvenirs de jeunesse, c'est à travers l'Europe que l'on voyage, et c'était passionnant à lire.
J'ai beaucoup aimé le fait qu'il reste une certaine objectivité dans ce livre, il n'y a pas un mot plus haut que l'autre envers une personne ou un groupe, c'est d'une grande sagesse de la part de l'auteur. Je ne peux que le recommander, rien que la plume de Zweig vaut le détour, elle est restée contemporaine et le restera.
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L'âge aidant nous nous découvrons tous « un monde d'hier », celui de la jeunesse, des espérances. Nous lui attribuons des qualités disparues : simplicité, lenteur, moralité, confiance, en un mot une douceur de vivre.
Il en va de même pour Stefan Zweig mais avec des arguments majeurs. Quand on a vécu les deux guerres mondiales et que l'on écrit son testament littéraire en 1941, il ne s'agit pas d'une simple nostalgie mais d'une descente aux enfers pour un juif autrichien devenu un apatride sans perspective.

Zweig se penche sur sa jeunesse dans l'Autriche Hongrie des années 1880 qui s'avère avoir constitué une sorte de miracle, cet empire rassemblait des pays et peuples qui n'auraient jamais dû s'entendre si le gouvernement de Vienne n'avait pas été débonnaire et respectueux de leurs traditions. A Vienne les arts sont à l'honneur, littérature, musique, poésie rythment la vie et occupent la première place. Stabilité politique, goûts pour les arts, progrès scientifique tout concourt à faire un âge d'or de la fin du XIXème siècle pour S.Zweig.
Bien sûr Zweig était un privilégié né dans une riche famille juive et comblé de dons artistiques, il ne pouvait que s'épanouir et devenir un des écrivains majeurs en Europe. Car Zweig était un européen convaincu, les frontières n'existaient pas pour lui, ni sur le plan matériel (pas de passeport, visa ou autre à l'époque) ni sur le plan intellectuel car les idées circulaient librement entre les pays, et Zweig polyglotte était partout chez lui. Il connaitra tous les hommes qui compteront de la politique aux sciences en passant par les arts.

Au-delà de son talent littéraire Zweig était doué pour le contact humain, sa capacité d'admiration des autres était remarquable, sa finesse d'esprit lui ouvrait les portes de tous les coeurs. On comprend comme cet homme sans méchanceté et hyper sensible a pu souffrir devant la brutalité des guerres et des violences politiques. Sa grandeur d'âme ne l'avait pas privé de lucidité, avant beaucoup il sentait venir les vents mauvais, ce qui lui permit de fuir le nazisme mais vivre sans but, voir ses amis faire allégeance, ne plus avoir de patrie et voir disparaitre pour toujours sa cher Mitteleuropa lui était devenu insupportable et son suicide était inévitable.
« le Monde d'hier » est profondément émouvant, même si Zweig idéalise ses années viennoises, il est certain que cette « belle époque » aura été un ilot d'intelligence et de progrès, nul ne sait ce que sa fécondité aurait produit sans cette fin brutale. Quant à l'auteur sa modestie, sa sensibilité, son talent impressionnent et son désespoir devant l'effondrement de toute sa vie émeut aux larmes.
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