Téhéran, quelques années après la révolution, un homme sort de prison. Il doit se reconstruire. Peu à peu,
Sorour Kasmaï nous fait pénétrer dans l'univers carcéral tissé par les services secrets iraniens. Qu'il soit à l'intérieur de la prison ou à l'extérieur, cet univers enferme un être bien plus sûrement que des barreaux.
Puis, par petites touches, l'autrice nous livre des confidences glaçantes, car écrites sans fards, sans fioritures, sans effet de manche particulier. On est souvent très proche du simple récit, avec des mots simples, des mots de tous les jours. On appelle un chat, un chat chez
Sorour Kasmaï, ou plutôt un shah...
Cet homme qui se balade dehors a pourtant été condamné à mort. Et on apprend que sous la torture, il a parlé. Il a tout raconté, des vérités comme des mensonges. Pour sauver sa femme, dit-il. C'est de là qu'il tient son surnom, Gentleman. Hors de la prison, il entame un renouveau. Mais régulièrement la prison et les sévices se rappellent à lui et on revit un épisode passé.
Insidieusement, le voile se déchire. le lecteur se surprend à ne pas croire à cette nouvelle vie. Il doute. Il décèle des invraisemblances. Des failles. Des déchirures.
Aube, Midi, Crépuscule, le roman est scindé en 3 parties. Comme le soleil qui passe entre les barreaux et éclaire vingt mètres carrés d'une cellule où les détenus s'entassent à quarante. le crépuscule, qu'il soit du jour ou de la vie, livre ses réponse et révèle les choses telles qu'elles sont, et non pas telles qu'on les rêve.
Sorour Kasmaï en 2 pages finales bouleverse l'ensemble du roman, éclairant les invraisemblances et laminant le lecteur. C'est très fort et inattendu (en ce qui me concerne), dans un roman qui m'a tenu en haleine d'un bout à l'autre.