Jamais sans ma fille est un des premiers ouvrages de témoignage sur fond de séquestration dans un pays islamique. Les livres de ce genre se sont par la suite multiplié, au point de le rendre, pour ma part, indigeste.
Ici il s'agit d'une femme américaine, mariée à un médecin d'origine iranienne avec lequel elle a une petite fille. Ce qui devait être un simple voyage pour faire connaissance avec la famille dudit mari devient un piège qui se referme sur Betty et Mahtob. de retour chez lui, son mari change du tout au tout et se montre violent et dégradant envers son épouse.
A travers le témoignage de cette femme courageuse, on assiste à un choc des cultures entre l'Amérique des libertés et une société islamique verrouillée par la religion depuis la Révolution de 1979. La période à laquelle la famille
Mahmoody arrive en Iran se place dans un contexte particulièrement sensible. En effet, la guerre entre les deux pays voisins, Iran et Irak, fait rage depuis plusieurs années. Comme on peut le lire, Téhéran est à portée de bombardements et la vie dans cette capitale s'avère dangereuse. de plus, l'Amérique est conspuée par les Iraniens, accusée de soutenir et d'armer l'ennemi irakien. Une circonstance aggravante pour l'Américaine Betty.
J'ai lu ce livre lorsque j'étais au collège et ce fut également un choc pour moi de découvrir la condition de la femme en Iran, les interdits qui lui sont imposés; ainsi que l'état de la société en général qui proie sous le joug de la charia, toujours sur le coup d'une intervention des milices islamiques. J'ai grandi dans une famille où la religion ou l'athéisme relevait du choix de chacun. J'ai appris alors ce qu'était que le fondamentalisme qui, au final, dévalorise l'islam comme elle le fait avec toutes les autres religions.
Les épreuves traversées par
Betty Mahmoody et les descriptions qu'elle donne de l'Iran ont fait éclater, d'une certaine façon, ma vision du monde et des réalités. En cela, ce fut une lecture fort instructive et enrichissante. En plus d'être le portrait d'une femme et d'une fillette pleines de courage et d'amour. Il leur en a fallu pour se sortir de cet enfer. J'ai aussi apprécié que le récit ne soit pas manichéen. Betty a souffert dans cette famille et dans ce pays, c'est incontestable. Mais elle fait la part des choses et montre également les belles rencontres qu'elle a pu faire.
Un livre culte qui, à sa parution, a ouvert les yeux à de nombreux lecteurs (principalement lectrices) sur une réalité jusqu'alors assez mal connue.