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EAN : 9782714447098
336 pages
Belfond (19/08/2010)
3.22/5   9 notes
Résumé :
Il y a une Île et le Continent. L’une en état de siège, l’autre en plein boom économique. Une guerre qui s’éternise au large dans l’indifférence générale. Les troupiers abandonnés d’une démocratie en partance, laissés seuls face aux partisans convaincus du Rien. Dans les Hautes-Terres évacuées, des villes entières disparaissent sans que l’État central fasse mine de réagir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Un moderne désert des Tartares, qui irait jusqu'au bout !

Avec "Des feux fragiles dans la nuit qui vient", paru en 2010 et conseillé par un ami à propos de "L'heure du Roi" de Khazanov, Xavier Hanotte délaissait à nouveau sa grande saga de l'inspecteur bruxellois Dussert pour nous offrir ce livre à inscrire dans une tradition que l'on peut appeler "l'attente militaire", dans laquelle voisinent "Le désert des Tartares", "Le rivage des Syrtes", voire "Sur les falaises de marbre"...

Dans un environnement aussi prestigieux, Hanotte tire pourtant largement son épingle du jeu, ce qui est en soi un gage d'intense qualité littéraire. Sur une île ancienne, exposée à un ennemi impalpable en avant du Continent principal, quelques unités d'active et un bon nombre de réservistes assurent une guerre de "faible intensité", comme la désignerait le jargon contemporain. Dans cette lourde atmosphère de garnison d'une "drôle de guerre", l'ennui rôde, tandis que la poésie, la culture et pourquoi pas... l'amour s'immiscent à l'occasion.

Jusqu'à une brutale accélération, aux trois quarts du livre, qui nous emmène d'une traite à un impressionnant paroxysme et à un étrange, presque fantastique, retour métaphorique d'une légende fondatrice apportant le salut aux troupes en voie d'être battues.

"Depuis longtemps, Pierre Berthier avait cessé de croire que les hommes, et lui-même en particulier, pouvaient un tant soit peu infléchir le cours imprévisible des choses. Il n'en avait pas toujours été ainsi mais, avec le recul, cette arrogance fort répandue l'amusait presque. Selon lui, les fleuves détournés finissaient tous par rentrer dans leur lit, les plantes ensauvagées enterraient leurs jardiniers défunts et les palais bâtis pour mille ans s'écroulaient après quelques lustres sous les attaques conjointes des intempéries, de la mérule et des promoteurs."

"Quant aux mânes des évêques, dont les portraits à l'huile tenaient synode autour de l'escalier monumental, Berthier aimait à penser qu'ils commentaient avec aigreur la défection de leur successeur, appelé au-delà des flots par la construction d'une nouvelle cathédrale et d'une vocation longtemps contrariée d'apôtre de la modernité. Aucun ordre de réquisition n'avait été nécessaire. À l'ombre de Saint-Olaf, l'Évêché hébergeait maintenant un bataillon logistique satisfait d'exploiter, pour un usage des plus profanes, les vastes caves et greniers qui, autrefois, avaient contenu les richesses tout aussi profanes d'un haut clergé jouisseur, notablement porté sur les biens terrestres et les plaisirs de même provenance."

Un grand remerciement à Gilles Ferragu pour cette belle découverte - qui me donne envie de mieux connaître cet auteur, et augmente aussi, par association d'idées, mon impatience de pouvoir lire de nouveaux textes d'Yves et Ada Rémy !
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Chaque année, lors du mois belge, je me délecte à découvrir un nouvel opus de Diane Meur ou Xavier Hanotte, pour un rendez-vous attendu. Chez Hanotte j'aime l'écriture, bien sûr, et aussi l'existence subtile d'un léger décalage, d'un détail qui fait gamberger, d'une situation bizarre mais parfaitement donnée à ressentir. Là encore j'ai été ravie!

"Contrairement à nombre de sous-officiers, fussent-ils réservistes comme lui, Berthier ne voulait voir dans les consignes que des cadres un peu lâches, adaptables selon les buts réels poursuivis par ceux qui les édictaient." Sur l'Ile à l'écart du Continent, on patrouille durant le couvre-feu, avec vigilance mais sans zèle particulier rayon paperasse. Un minimum de comptes-rendus conduit Berthier à rencontrer le lieutenant Frédérique Jeunehomme, et lui, assez désabusé et vide d'espérance de ce côté-là, ne peut s'empêcher de trop penser à elle.

Un avis sur babelio évoque justement le désert des Tartares, ou le rivage des Syrtes, et dans cette île pluie et brumes sont fréquentes, et l'ennemi lointain. Jusqu'au jour où survient un attentat, l'ennemi presse, le vieux matériel reprend du service et voilà Berthier dans une colonne de full-tracks consommant gloutonnement le carburant, véhicules nommés par lui selon des poètes, dont Wilfred-Owen cher au coeur de Hanotte.

Un texte en Vieux-Danois, La relève de Saint Olaf, va avoir son importance dans les destin de Berthier.

J'ai absolument aimé cette ambiance volontairement floue, aux dialogues pleins de silences, aux événements sans explications superflues voire pas d'explications, cette impression d'être balancé dans une endroit étrange. Des personnages émergent, Berthier bien sûr, éminemment sympathique et attachant.
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Je vais essayer de vous faire ressentir ce que le livre et sa lecture ont éveillé en moi.
Et d'abord, comme promis, je reviens à l'illustration de couverture : elle ressemble beaucoup à "L'île des morts" de Böcklin, c'est, je le découvrirai bientôt, l'île où brillent des feux dans la nuit… Une réminiscence vénitienne, pour moi : je me suis souvent demandé si Böcklin avait pensé à San Michele pour le titre ou à Torcello, quoique les arbres ne soient pas si hauts.
Et puis, le titre : un décasyllabe doux, nostalgique peut-être, une note d'espoir pour moi : fragiles mais résistants…

Et voilà, la lecture commence : j'entre difficilement, l'écriture me parait un peu maladroite, le vocabulaire un brin trop recherché ; il faut que le livre m'apprivoise… Cela vient vite.
Berthier, un sous-officier qui patrouille sur la place désertée d'une ville, la capitale d' une île quasi abandonnée par le continent. L'île est en pleine guerre, civile peut-être ? le nord a été conquis par l'ennemi : abandonnée vraiment. La guerre est latente ; l'ennemi est là.
Et je me suis interrogée : quels sont cette île, ce pays ? où sont-ils ? J'ai pensé au Désert des Tartares , à ces hommes qui attendent l'arrivée de l'ennemi, j'ai pensé à Zangra… Et les remparts de la ville m'ont rappelé Saint-Malo mais le climat serait plutôt celui de nos plages de la Mer du Nord.
Rarement, j'ai lu un texte qui me faisait voyager ainsi et rarement, j'ai senti le poids du lieu comme ici.
La suite sur mon blog
Lien : http://artetlitterature.blog..
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L'auteur nous narre une légende, et son "parallèle" de nos jours, sur cette même île... les conflits anciens avaient été chassés. La folie des hommes, leurs ambitions les ont fait renaître.

L'adjudant Berthier va nous donner sa vision des choses, ses sentiments, ses pensées, et faire pour nous un bilan de l'état des choses. L'auteur, derrière cet homme nous dévoile une leçon : apprenons du passé pour rende l'avenir moins sombre... Au travers une légende, il tente de faire voir à son héros ce qu'il pourrait mettre en place pour redonner à l'île sa grandeur, sa sérénité aussi.

Si la tentative est belle, elle se noie sous des circonvolutions et une trame un peu particulière. On avance dans un flou artistique. Quelques chapitres d'actions viennent titiller nos sens, alors que l'intrigue prend très lentement son souffle.

La suite sur le blog
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De la vraie littérature : c'est très fort !
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
p. 189 Que savaient-ils, tous ces gens ordinaires, des besognes ingrates, des compromis nécessaires, des sacrifices calculés, des combats douteux qui, dans l'ombre, sauvaient les apparences de leur normalité chérie.
p 213 il songea que le monde était fait de noir et de blanc, de joies et de tristesses, de beauté et de laideur. Comme l'huile et l'eau, seul le mélange posait problème.
p. 323 Même quand ils croient agir pour le bien, poursuivit le médecin-maor, les hommes savent rarement ce qu'ils font. Le mal, par contre, c'est autre chose. Sa force réside dans sa facilité. Le mal ne se pense pas, il s'accomplit. LE MAL EST UNE DEMISSION;
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Depuis longtemps, Pierre Berthier avait cessé de croire que les hommes, et lui-même en particulier, pouvaient un tant soit peu infléchir le cours imprévisible des choses.
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Video de Xavier Hanotte (1) Voir plusAjouter une vidéo

Xavier Hanotte : De secrètes injustices
Olivier BARROT se trouve au musée HORTA à Bruxelles (en ill, quelques images de la ville) afin de présenter le livre de Xavier HANOTTE, "De secrètes injustices".
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