Le dimanche matin, mon père s'est levé, il faisait encore noir. Il a allumé la lampe, du palier et, a pris les deux seaux dans le placard s'efforçant de ne pas faire de bruit, il est allé chercher de l'eau au premier étage où il y avait un robinet.
- Mon Dieu, Désiré...a soupiré ma mère.
Cela la peinait vraiment, cela la choquait davantage encore, dans sa conception de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas, de voir un homme, un intellectuel, laver le plancher à grande eau, tordre les torchons et faire la vaisselle de la veille, puis les bras savonneux jusqu'au coude, laver mes langes et mes draps.
Il t'arrivera sans doute, passant tôt matin dans une rue, de voir à quelque étage une ou deux fenêtres éclairées. Il y a peut-être une jeune femme dans un lit, un bébé sur son sein, et un grand gaillard gauche et souriant qui s'efforce de mettre de l'ordre.
Deux pièces où il fait tout faire, une cuisine et une chambre à coucher, c'est vite chaud de chaleur humaine. Un simple réveille-matin suffit à animer l'espace de son tic-tac. Le moindre souffle d'air, dans la cheminée, fait ronfler le poêle, et il y a des craquements familiers, qu'on n'entend que dans ces intérieurs-là. Ainsi, chez nous, une armoire peinte en faux chêne a craqué pendant toute mon enfance, on a jamais su pourquoi, aux moments les plus inattendus.
- Mon Dieu, Désiré...
"L'Homme de Londres", Georges Simenon, aux éditions le libre de poche
Mila Boursier, libraire à La Grande Ourse à Dieppe, nous parle du roman "L'homme de Londres" de Georges Simenon.
Dans ce polar, l'auteur ne nous parle pas de Maigret, mais d'un homme qui prend une mauvaise décision un soir à Dieppe. de fil en aiguille, le lecteur parcourt les rues de la ville dans une haletante chasse à l'homme.
Un entretien mené à Dieppe, à la librairie La Grande Ourse.
Vidéo réalisée par Paris Normandie.