Voici un petit livre bouleversant à la fois lumineux et plein de larmes- lumineux grâce à l'écriture magnifique, vive,poétique et imagée- plein de larmes- car il nous conte l'histoire d'un jeune garçon pauvre: Ho, un enfant alerte au sourire heureux, qui aime courir le long des berges du fleuve Mékong....
Il désire être rapide comme le courant, il court sans cesse de ses longues et frêles jambes....
Jusqu'au jour où sa course est arrêtée en plein vol, sa vie bascule..il pose le pied sur une mine...
Pendant longtemps Ho crut qu'il était arrivé au pays des ancêtres , il se réveille doucement..à l'hôpital, amputé, animé par une détermination farouche, il est bien décidé à faire face au présent.
Enfant libre du fleuve, il devient mendiant et dépendant de Sien, l'exploiteur des enfants....
Pour se protéger, Ho s'interdit de penser à l'avenir, il apprend à se détacher au risque que son coeur rétrécisse, qu'il se ferme.."Ses yeux, toujours aux aguets, couraient à la place de ses jambes. Son coeur n'était pas fermé, il avait rétréci,.la corde était toujours là, mais plus l'archet."
Mais il peut compter sur la rencontre avec Ma,autre enfant meurtrie, qui lui prodigue sa tendresse enfantine et sur le soutien du généreux Philippe, membre d'une ON G qui fera tout pour sauver ces deux enfants....
Ce conte cruel, cette fable humaniste dépasse de loin l'histoire de Ho, le petit estropié.....
Ce livre bouleversant dénonce avec force les atrocités dont sont victimes les enfants du Monde entier,les enfants soldats, les enfants mendiants, les enfants exploités....face à la cruauté des hommes.
Un roman inoubliable sur la force de l'innocence, la douleur, la sincérité, la fraternité et la rédemption !
Exemplaire!
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Ho aimait et vénérait les arbres. Les arbres ont tout vu:les merveilles du ciel et les horreurs de la terre.
Chaque fois qu'il devait recueillir leur précieuse séve caoutchouteuse, il le faisait avec délicatesse, : je ne te fais pas mal? Leur demandait- il en prélevant l'épais liquide dans un bol.
Et l'arbre lui souriait : tu es vieux mais toujours fort, disait Ho,raconte moi....
Alors l'arbre qui a des yeux partout, qui voit plus loin que tout ce qui vit sur terre, lui livrait sa mémoire. La mémoire des arbres est bon enfant: les arbres sont de hautes vigies qui scrutent l'horizon, ils n'ont pas l'esprit querelleur et mesquin.....
Des milliers et des milliers d'hévéas alignés comme une armée, espacés de larges allées où poussaient des fougéres bleues et roses, des troncs blancs et droits d'où coulait une sève laiteuse, des futaies si hautes qu'elles touchaient le ciel, des feuillages épais filtrant les rayons du soleil, nimbant les sous- bois d'une clarté vert pâle, des pêpiements d'oiseaux invisibles....
Ho ...levait des yeux ébahis, cherchant les fées de ce paradis translucide, les lutins qui jouaient à cache cache.....
En quelques semaines, Sien fit de Ho un mendiant tout à fait acceptable. Il venait le chercher le matin, le déposait à un emplacement choisi, au besoin le déplaçait dans la journée, et le ramenait chez lui le soir.