« Une voiture. Il se trouve sur le siège conducteur d'une voiture et traverse un long tunnel. La douleur le rattrape. Il garde un vague souvenir de sa présence avant sa perte de connaissance. Un flash aveuglant d'un bleu acier à travers le côté gauche de son crâne, transformant ses pensées en un brouillard épais. »
AVC en pleine conduite, ça ne pardonne pas !
Et après ?
« Tu t'appelles David Sarac et… »
« Il s'appelle David Sarac. Il est policier. Et… ? »
Mais qui sont Jesper Sternberg, Sophie Thorning, l'Irakien Atif Mohammed Kassab et son frère Adnan ?
Qu'est-ce qui les relie entre eux ? Qu'est-ce qui les relie à David Sarac ?
« — En savons-nous davantage au sujet de… Janus ?
Janus. »
Entre le 23 novembre, date de son accident et le 12 décembre, date à laquelle est sorti du coma artificiel dans lequel les médecins l'ont plongé, David Sarac est dans le potage, il se rappelle de certaines choses de son passé immédiat, mais pas de toutes.
Le début du roman nous met dans la même situation que David, des personnages défilent, on ne sait pas qui ils sont, on sait qu'il faut retenir leur nom, mais c'est tout, à quoi les rattacher, réapparaitront-ils, sont-ils pour certains à l'origine de l'accident de David.
Comme David, le lecteur doit s'accrocher pour ne pas sombrer.
L'enquête classique commence alors. le chef de Sarac, Kjell Bergh vient le voir :
« Janus. C'était manifestement le nom de code d'un informateur et pas n'importe lequel, à en juger par les questions de Bergh et son comportement. »
Sarac joue avec le présent qu'il doit maîtriser, faire comme s'il comprenait ce qu'on lui demande tout en cherchant à comprendre ce que ses chefs lui demandent.
Aurait-il commis l'irréparable ?
« Aucun d'entre nous ne tient à voir Dreyer et les boeuf-carottes débarquer à nouveau dans le service. (Bergh s'humecta les lèvres.) Kollander est au bord de la crise de nerfs. Il commence à parler d'une taupe dans le service. »
Roman à l'écriture maîtrisée où l'auteur nous fait passer par toutes les phases du « réveil » de Sarac. Brouillard. Sortie du coma. Peur d'avoir oublié. Incompréhension face à ses collègues qui semblent savoir. Peur de se tromper. Peur de déclencher l'indicible.
Et toujours cette exigence lancinante :
« — Il faut que tu me balances son identité, David, souffla Bergh. Je peux le protéger, ainsi que toi et tout le service. Mais il faut que tu me donnes Janus. »
Sarac est soumis à une véritable torture, même si ces « bourreaux » n'en sont pas et n'imaginent pas ce qu'ils font subir à leur collègue.
« Soudain, un éclair déchira le cerveau de Sarac, un bref aperçu d'une voiture en stationnement. Laque noire, une BMW ou une Mercedes peut-être ? »
Roman du théâtre des ombres,
Anders de la Motte propose avec
Défaillance une vision pessimiste de notre société dans laquelle la maitrise du jeu politique apparaît comme le jeu ultime justifiant tous les excès, tous les reniements, en un mot le plus grand cynisme, dont le héros David Sarac finira par faire les frais.
Découverte étonnante.