AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782749156415
272 pages
Le Cherche midi (24/08/2017)
3.7/5   22 notes
Résumé :
Deux femmes, que rien ne semble lier, témoignent sur un moment de leur vie. En 1952, au milieu du désert, Anoua, presque adolescente, tente de trouver un moyen d'échapper au cruel et traditionnel traitement que lui réserve la tribu dans laquelle elle est née. En 2001, dans une villa californienne, une vieille femme riche et aigrie rêve d'oublier les souvenirs d'une vie bien remplie.
Que lire après Petites reinesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
3,7

sur 22 notes
5
3 avis
4
3 avis
3
2 avis
2
2 avis
1
0 avis
Anoua, petite reine d'une tribu lointaine, victime de la tradition ancestrale de sa tribu millénaire, proie du chef clanique.
Quennie, vieille milliardaire vulgaire, injurieuse, menteuse, qui en appelle de tous ses voeux à Alzheimer pour mettre fin à ses souvenirs.
Deux femmes victimes des hommes, perdues dans leurs souvenirs, deux petites reines meurtries par la vie.
En italique, les récits concernant Anoua, sa tribu, violente, meurtrière, où le sexe règne.
En alternance, les récits concernant Quennie, tatie Danièle puissance 10.

Complètement désorientée au début, j'ai failli plusieurs fois abandonner ma lecture.
Trop de sexe et de violence, trop d'incompréhension. Je ne voyais pas où l'auteur voulait en venir.
Et puis, de plus en plus, un attachement à Anoua et à Queenie.
Le style est brut, tranchant. Une propension à aller au bout du glauque et du désespéré, un peu à la manière de Jean Teulé.
Mais plus les pages passaient et plus je me disais que ce livre est bougrement bien écrit, cette histoire fascinante.
La différence de style d'écriture entre les deux histoires est impressionnante, et le recoupent final entre les deux histoires rend le tout encore plus cohérent.

Un excellent premier roman
Commenter  J’apprécie          220
Premier roman.

Elle est à la fin de sa vie, encombrée de souvenirs à oublier qui l'obsèdent et l'empêchent de vivre. Pomponnée, manucurée, sur la terrasse de sa superbe villa sur le Pacifique, cette Californienne née au Texas nommée Queenie mène la vie dure à son infirmière et à son médecin qu'elle inonde d'injures et d'obscénités. de qui, de quoi, cherche-t-elle à se venger ? Quels horribles souvenirs, les « égouts du passé » la poursuivent et la rendent odieuse ?  « Je deviens une incontinente de la mémoire », dit-elle.

Elle est à l'aube de la vie, petite reine de sa tribu sahélienne aux moeurs effroyables de cruauté, promise au chef dès que le sang menstruel aura coulé, dès que sa poitrine de jeune fille aura pris forme. Anoua, le nuage, est son nom. Nago, celui de son amour interdit. Selon la loi traditionnelle du clan, c'est une mort atroce qui les attend tous les deux.

Comment le destin de ces deux femmes obsédées par le souvenir, par le temps, par ce qui vibre au creux de leurs reins, comment leur destin va-t-il se croiser, se rejoindre, ne faire plus qu'une de leurs deux rages de vivre?

Par la magie du verbe truculent et drôlatique, par l'évocation brûlante de leurs amours enfouies, par la délicatesse et tous les excès des paysages et des hommes dépeints. Par la mise en pages de la vieillesse, quand « les anniversaires […] c'est plus que des commémorations. » Par la grâce d'un auteur de scénarios qui ici se fait narrateur de l'incandescence et du désespoir. La trame d'un beau film peut-être. La plume d'un bel écrivain, sans aucun doute.
Commenter  J’apprécie          40
Aux premières pages, j'ai été très surprise et en même temps très séduite. L'auteur nous décrit une horrible scène d'accouchement, de viol mêlée d'assassinat dans une tribu ancestrale. C'est très cru, voire carrément trash et je me suis dit : « chouette » (oui, je sais c'est bizarre comme réaction mais bon!).
Ensuite les chapitres d'alternent à un rythme très soutenu, donnant la parole tantôt à la fillette, la petite reine tribale, tantôt à une vieille californienne qui ne rêve que de se faire lobotomiser pour oublier.
Là aussi, la rencontre avec l'acariâtre à l'insulte fleurie et rapide est très réussie.

Mais très vite, j'ai trouvé que ça parlait trop de sexe, du moins dans les propos d'Anoua, non pas que ce soit un problème pour moi, mais la répétition insistante des situations et du vocabulaire utilisé m'a vite lassée. J'ai trouvé aussi que ça abaissait des tribus dites «primitives» (mon dieu, je déteste ce mot) à des agissements reptiliens et primaires.

Néanmoins, malgré l'extrême violence du récit, il y a derrière tout cela une belle réflexion sur la temporalité, le passé qui ronge le présent et ce présent que l'on construit par nos projections dans le futur.
La mise en parallèle de deux univers aux antipodes nous permets aussi de faire le point sur où nous en sommes aujourd'hui.
Un premier roman fort, trash (que je différencie de cru dans la mesure où dans la notion de trash, il y a la volonté de choquer), à lire mais à ne pas mettre en toutes les mains!
Commenter  J’apprécie          40
J'ai lu la première page. J'ai refermé le livre et en ai parlé aux personnes qui étaient autour de moi. Incroyable ! Une vraie claque. Je l'ai repris pour ne plus le lâcher. Une pépite. Un dialogue à la Audiard. Un fond d'histoire pourtant féroce mais drôle, sarcastique. Deux vies de reines aux antipodes qui s'entrechoquent et s'entremêlent. Une sacrée découverte.
Commenter  J’apprécie          94
Petites reines m'a énormément déstabilisé et ce, dès le début. J'ai été choquée par l'incipit de ce roman à tel point que je l'ai relu trois fois avant de poursuivre ma lecture. Dès le début j'ai trouvé ça très cru et même dégueulasse il faut bien le dire, mais paradoxalement, c'est aussi extrêmement bien écrit.
Je suis tombée sous le charme de ces deux petites reines que tout oppose en apparence. J'ai été entraînée dans la tribu millénaire d'Anoua, dans ses rites et coutumes et surtout par Anoua elle-même, cette petite femme qui est destinée à être tuée comme l'était sa mère avant elle, destinée à être chérie jusqu'à ce qu'elle soit en âge d'enfanter, jusqu'à ce que ses seins poussent et sa fente crache du sang.

Il en a été de même pour l'autre petite reine, cette femme qui est plus proche de nous puisqu'elle vit en Californie, et que les chapitres lui concernant sont datés de 2001, tandis que de prime abord, on pense qu'Anoua vient d'un siècle passé, d'un passé révolu - ce qui n'est pas vrai comme on finit par le voir.
J'ai trouvé très intéressante toutes ces réflexions sur le souvenir vu comme un empoisonnement. Je suis le genre de personne qui pense tout à fait le contraire, qui ne veut absolument rien oublier en vieillissant, etc, etc. et suivre un personnage qui est littéralement malade à cause de ses souvenirs, ça m'a passionné. Et puis c'est surtout la façon dont Jimmy Lévy écrit, son style percutant et si poétique en même temps... je lisais un page et j'étais là à écrire le numéro de la dite page pour pouvoir en extraire une citation. Je l'ai fait tellement de fois que j'en suis venue à la conclusion que le livre entier est une citation, une poétique de la crudité (voire de la vulgarité parfois) en quelque sorte.

Finalement on finit par se rendre compte que ces deux femmes ont des points communs, elles ont une soif de liberté insatiable par exemple, mais elles ont tout autant de dissensions. L'une abandonne son enfant sans regarder en arrière tandis que l'autre est stérile et aurait souhaité avoir un enfant.
Elles sont surtout le portrait de deux destins de femmes hantées par des souvenirs encombrants, des souvenirs morbides qui sont à la genèse même de ce qu'elles sont.

Mon avis en intégralité :
Lien : http://allaroundthecorner.bl..
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Les jolies souvenirs ne me tuent plus. Ils se sont usés à force d’être toujours les mêmes. Nago ne me tue plus. Mes rêves sont vagues et lourds. Ils s’effacent au réveil et ne me laissent qu’un goût de sang dans la bouche. Pourtant les gens de ma tribu disent que je suis au faîte de ma beauté, au comble de ma splendeur, à l’apogée irradiant de mon règne sacré. De si haut je ne peux que chuter. Il ne me reste plus qu’à attendre de déchoir. Je ne sais pas m’y résoudre. Il faut que je trouve moyen de chahuter mon coeur engourdi, de le faire battre à nouveau comme lorsqu’il voulait sortir de ma poitrine d’enfant qui courait éperdue à la rencontre du monde. Trouver la pluie qui me rendra source. Ce ne sera pas une pluie d’antan, une de ces vieilles pluies que la sécheresse absorbe instantanément. Il me faut une pluie qui inonde et dévaste, autre chose que l’immobilité de la pierre. Quitte à précipiter ma chute. Il me faut autre chose que l’attente du sable qui ensevelit. Quitte à finir dans la gueule des hyènes au milieu du désert. La seule chose que je sais, c’est que je ne peux pas continuer à être Anoua, le nuage sans pluie dans un ciel vide.
Commenter  J’apprécie          40
J'imagine à quoi ressemblerait l'instant où un écrivain s'éteint. Ses livres, ses manuscrits, ses fichiers s'effacent pour laisser place à des pages blanches, assoiffées de récits nouveaux.Ce serait merveilleux et tellement plus conforme à cette minuscule séquence perdue qu'on appelle l'existence. Ça changerait tout. Ça enlèverait toute valeur à la mémoire. Ça donnerait à la présence le prix du diamant. Tout deviendrait précieux si on savait que toute trace était perdue d'avance.
Commenter  J’apprécie          40
La solitude je l’ai bien cherchée. Et elle m’a bien trouvée. La compagnie des humains est devenue une tare. Ça distrait certes parfois, mais tout autant que ça encombre. Ça soulage autant que ça empoisonne. Il suffit qu’un détail de leur comportement, de leur tenue, de leur parfum ou de leur intonation te rappelle quelque chose, quelqu’un, et c’est reparti pour les égoûts du passé. La compagnie, à la longue, ça te fait te sentir plus seule que quand tu l’es. C’est juste une attestation de ta solitude. Une augmentation. Une entrave à sa liberté.
Commenter  J’apprécie          30
Les souvenirs ça me tue et je ne peux pas prétendre l’inverse. Pour tuer les souvenirs il n’y a que cette délicieuse maladie qui mange la tête. Mais il paraît que même avec ça on s’en fabrique quand même. Des trucs inventés pour se soutenir de quelque chose. On a besoin de combler le passé à n’importe quel prix, avec n’importe quelle foutaise, comme si on craignait en se retournant de tomber dans le vide.
Commenter  J’apprécie          20
Les souvenirs changent comme les rêves s’estompent, en laissant des ombres bleues sur des draps froissés. Les souvenirs se déguisent pour danser au bal masqué de nos regrets, aussi fardés que des vieilles putains. Les souvenirs c’est dégueulasse, ça ne rappelle que ce qui manque, juste pour rappeler que ça manque. Les souvenirs, à partir d’un certain âge, d’une certaine quantité, il faudrait ne plus en avoir, ne plus les accumuler. On devrait pouvoir se vidanger la mémoire dans une fosse commune où on ne reconnaîtrait plus les siens. Les souvenirs c’est une foutue saloperie de punition.
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : maladie d'alzheimerVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus

Autres livres de Jimmy Lévy (1) Voir plus

Lecteurs (50) Voir plus



Quiz Voir plus

Les emmerdeuses de la littérature

Les femmes écrivains ont souvent rencontré l'hostilité de leurs confrères. Mais il y a une exception parmi eux, un homme qui les a défendues, lequel?

Houellebecq
Flaubert
Edmond de Goncourt
Maupassant
Eric Zemmour

10 questions
565 lecteurs ont répondu
Thèmes : écriture , féminisme , luttes politiquesCréer un quiz sur ce livre

{* *}