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Critiques sur le theme : littérature autrichienne (7)
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L'Ukrainienne

En 1981, pour finir un de ses romans, Josef Winkler cherche le calme d'un coin isolé des montagnes de Carinthie, en Autriche. Il loue une chambre dans une ferme et se lie d'amitié avec sa logeuse, Nietotchka Vassilievna Iliachenko, une Ukrainienne qui lui raconte son histoire. Elle a été amenée de force en Carinthie pendant la Seconde Guerre mondiale et a été séparée de sa “Maty” qu'elle n'a jamais revue. Mais son récit remonte plus loin et nous fait entrevoir toutes les épreuves qu'ont subies les Ukrainiens en cette moitié de XXe siècle. La description de l'Holodomor, la grande famine de 1932-1933, est absolument bouleversante, surtout que l'on découvre que Nietotchka s'en est sortie d'extrême justesse.
Dans ce livre paru en Allemagne en 1983, Josef Winkler place l'écrivain à sa plus modeste position. Il se fait le simple scripteur d'une histoire qui ne lui appartient pas mais que cette présentation rend d'autant plus bouleversante. le lecteur est ainsi placé directement, par le biais du témoignage brut, dans la société paysanne de l'Ukraine des années 30 et de la Carinthie à la fin de la guerre. Un monde rude et sans pitié nous est ainsi révélé aujourd'hui.
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Monsieur Faustini part en voyage

Monsieur Faustini se balade près du lac de Constance. Il rencontre une nageuse qui le prend pour un écrivain. Il va ensuite chez le coiffeur. Il rencontre en ville un éleveur qui lui présente son chien. Puis un parachutiste lui dit que ce n'est pas si compliqué de se lancer dans le vide. Un soir, il se rend au vernissage d'une exposition d'art contemporain. Suite à un petit héritage, il va au tout proche Liechtenstein pour ouvrir un compte en banque.
Ces petites aventures du quotidien, parfois détonantes, mais souvent banales et caractéristiques d'une vie monotone, sont racontées par Wolfgang Hermann de façon à interpeller le lecteur. C'est comme si l'échelle de valeur qui détermine ce qui fait événement était inversée, et on découvre toute la poésie que recèle le quotidien. Une simple pérégrination, une rencontre anodine, l'échange de quelques paroles entre deux inconnus, deviennent des épisodes romanesques qu'on lit avec gourmandise. Mais lorsque Monsieur Faustini décide de partir pour un voyage d'une dizaine d'heures à travers les Alpes suisses pour assister à l'anniversaire de sa soeur, on a l'impression que des choses extraordinaires arrivent à ce héros qui, parce qu'il porte un regard naïf sur le monde, nous le fait voir comme nous ne l'avons jamais vu.
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Lilas rouge

Au début des années quarante, le forestier Goldberger, originaire d'une région frontalière avec l'Allemagne, fuit en toute hâte son village. Il arrive à Rosenthal, un village de Haute-Autriche, accompagné de son épouse et de sa fille Martha. La toute jeune fille terrorisée serre dans ses mains un bouquet de lilas rouge. Ils élisent domicile dans une ferme abandonnée qui leur a été attribuée. Ferdinand, le fils, revient du front et les rejoint. Peu à peu, ils acquièrent une place dans le village. Des enfants naissent, leur domaine se développe et se modernise. Mais une sourde atmosphère entache les destinées malgré la prospérité familiale. Les non-dits du passé pèsent sur la descendance comme une malédiction. Quel crime a commis Goldberger ? Pourquoi Martha s'est-elle murée dans le silence ?

Avec ce roman, Reinhard Kaiser-Mühlecker dépeint, grâce à d'amples descriptions, la province autrichienne et ses paysages. Il raconte dans une langue somptueuse une grande saga familiale et paysanne, retraçant le destin de l'Autriche rurale des années 1940 aux années 2010. Pour cette famille aux prises avec l'héritage nazi, les lilas rouges, dont chaque floraison se voudrait un espoir de renouveau, sont le symbole d'un passé qui ne passe pas.
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La Confusion des sentiments

Roland est un universitaire reconnu dont on fête les trente ans de professorat. On imagine facilement qu'il a toujours été passionné par sa discipline, l'étude des grands textes littéraires. Or ce n'est pas le cas : dans sa jeunesse, il menait des études chaotiques, ratant le plus souvent les cours pour des aventures galantes avec des filles. Jusqu'au jour où il rencontre un professeur qui le subjugue par son aura et sa vision moderne de la littérature. Il en devient de plus en plus proche, jusqu'à dîner régulièrement avec lui et sa femme. le professeur s'absente régulièrement, le laissant seul avec son épouse, qui lui apprend qu'elle est délaissée par son mari. Roland commence alors avec elle une relation amoureuse qu'il finit par avouer au professeur. Ce dernier ne se montre pas surpris : c'est normal qu'elle vous aime, dit-il, car je vous aime aussi.
La confusion des sentiments est un livre sur l'homosexualité qui n'aborde pourtant pas le sujet de front. La nouvelle de Zweig semble d'abord porter sur l'importance du père, sur la littérature ou sur les émois amoureux entre un jeune homme et une femme établie. Mais la conclusion nous révèle comment un notable doit louvoyer pour cacher des pulsions qui à l'époque étaient inavouables.
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Lust

Autriche, fin des années 1980. Gerti, femme au foyer et mère d'un petit garçon, attend le retour de son mari Hermann, directeur d'une usine de papier. Pour combler son ennui, elle prend un jeune amant étudiant. le titre (en allemand, Lust signifie la jouissance, la luxure) donne tout son sens au roman. Multipliant les scènes pornographiques, l'auteur montre une femme réduite au statut d'objet sexuel entièrement soumise aux hommes. Elle décrit l'enfermement psychologique d'une femme coupable de son propre asservissement par son mutisme et son inaction. Chez Jelinek, les relations humaines sont froides et cyniques, loin de toute empathie. Cette distance et cette cruauté sont au coeur de son oeuvre.
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La neige de saint Pierre

Étendu sur un lit d'hôpital, Georg Friedrich Amberg, jeune docteur au service du Comte Malchin, se réveille de plusieurs semaines de coma. Selon ce qu'on lui rapporte, il aurait été percuté par une voiture, alors qu'il se rendait dans le village de Morwede, où il était attendu pour soigner les villageois. Pourtant, le docteur se souvient bien s'y être rendu et avoir rencontré les habitants. Il croit aussi reconnaître le personnel de la clinique, qui aurait quelque chose à voir avec le drame. La puissante drogue inventée par le Comte pour restaurer la ferveur religieuse des villageois aurait-elle un rapport avec les événements ? Entre cauchemar et hallucinations, la vérité semble se dérober...

Né en 1882 à Prague, Léo Perutz livre un thriller captivant, à la frontière de la raison et de la folie, où se mêlent manipulation et conquête du pouvoir. Paru en pleine ascension du nazisme, La Neige de Saint-Pierre, oeuvre d'un écrivain juif, fut interdit par le régime en 1933. Léo Perutz dut fuir l'Autriche en 1938 et émigra à Tel Aviv. Ses ouvrages n'ont de cesse d'explorer la frontière poreuse entre le réel et l'imaginaire. L'écrivain argentin Jorge Luis Borges participera à la redécouverte de cet auteur majeur, qu'il considérait comme un “Kafka aventureux”.
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Le Mur invisible

En une nuit, la narratrice du Mur invisible se retrouve coupée du monde, dans le pavillon de chasse des amis chez qui elle passait quelques vacances. A peine a-t-elle le temps de s'interroger sur la mystérieuse paroi transparente apparue soudainement tout autour de la forêt ou sur la raison pour laquelle toute vie semble figée derrière celle-ci : il faut commencer à s'organiser pour survivre.

Entre la robinsonnade et le récit post-apocalyptique, le roman de Marlen Haushofer s'offre d'abord comme une chronique austère de la vie dans les bois, qui implique chaque jour de chasser, cueillir ou cultiver sa subsistance. Au-delà, le rapport de la narratrice à sa solitude contrainte esquisse un éloge de la vie en retrait de la société des hommes, et peut même se lire comme une ode à l'émancipation féminine.
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