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EAN : 9782378561901
192 pages
Verdier (11/01/2024)
3.94/5   9 notes
Résumé :
Les fous sont des joueurs de flûte est un roman sur l’emprise.

« Je me retourne. Vous êtes là. Vous possédez verticalement, par-dessus moi, cette très ancienne attention. Le scrutateur. Vous tendez votre bras, vous me soulevez, vous me posez sur votre paume ouverte. Mon désir monte le son, audible, insolite, ma soumission originelle sera au rendez-vous. »

Envoûtée, Mia se perd dans une insondable incapacité à se défendre des violences q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Emma Marsantes
Éditions Verdier

Son enfance a fait la loi
Après Une mère éphémèreEmma Marsantes poursuit son récit de vie, une vie où il faut mettre des mots sur l'indicible pour vivre.

Dans ce deuxième volet qu'elle construit tel un opéra, elle aborde sa vie d'adulte, de femme et de mère.

La mort du père nous apprend qu'il a continué à vivre dans l'appartement où sa femme s'est pendue. Une mémoire trouble à entretenir ou indifférence ? le mort gardera son secret. Toujours est-il que Mia a conservé des liens avec ce père, malgré tout et envers tout. Elle s'occupera de lui jusqu'à son dernier souffle.

Bien avant la mort de ce père, il a organisé le mariage de sa fille, il lui fallait un gendre qui lui convienne ; si ce n'était pas triste, le choix s'est fait comme dans une foire aux bestiaux ce qui est pour le moins hilarant dans ce milieu ultra bourgeois.

Une fois le candidat élu et mal élu, la vie s'est déroulée comme une triste routine à part la joie d'avoir des enfants.

Cette période de maternité et d'éducation des enfants est une vaste reproduction du conformisme de bon aloi de son milieu.

C'est une période où Mia s'oublie dans cette volonté de tout bien faire pour les autres.

Sauver les apparences.

« Ce qui va déchirer le livre, ce qui fera des années qui approchent une grosse boule de papier froissé, ce sera d'avoir perdu, avec la disparition de mon père, le goût du mensonge de nous. »

Un divorce plus tard, l'ancrage artificiel se dénoue.

Elle se croit enfin libre.

Elle va rencontrer l'homme toxique, plus âgé qu'elle, sûr de lui, dès la première rencontre il la domine, physiquement, moralement, il en impose.

« J'avais oublié le claquement du plaisir.

Violuptés.

Mes planchers cèdent. »

Elle est restée la petite Mia dressée à la soumission.

Emma Marsantes se fait dramaturge pour fendre l'armure. Elle a la maîtrise intellectuelle de son récit. Son écriture mouvante, son vocabulaire riche ne peut être que précis, son phrasé très particulier précise et détaille et fait que le lecteur ressent dans sa chair ce qui se joue à chaque étape de cette relation.

Une rencontre commencée sur l'air de da ba da ba da da da d'Un homme et une femme se termineplutôt façon Psychose.

Alors la question essentielle du libre arbitre se pose.

En effet quand on a subi l'emprise dès l'enfance peut-on être libre ?

Ce qui ressort de cette lecture c'est la précision avec laquelle l'auteur nous montre les mécanismes de l'effacement de soi, juste pour exister à travers l'autre.

Cela va loin, très loin, l'analyse se fait au scalpel sans déballage.

Un style unique plus affûté qu'une lame nous donne à ressentir les enjeux d'un quotidien toxique dans jamais mettre le lecteur en porte à faux façon voyeurisme.

Plus qu'un livre une expérience à vivre.

Merci à Masse critique Babelio et aux éditions Verdier pour ce privilège de lecture.

©Chantal Lafon
Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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C'est un échec cuisant que cette lecture.
Gagné lors d'une masse critique Babelio, je l'attendais avec impatience car la quatrième me paraissait accessible : un roman sur l'emprise.

Mais il n'en est rien. Assez décousu, la lecture est pénible.
On sent comme de la fureur dans l'écriture. Des phrases lancées sur le papier. Brutes. Presque comme sans relecture. du vocabulaire soutenu. Des chapitres qu'on peine à terminer car justement on alterne les phrases tranchantes et les tournures élitistes. L'histoire, longue à démarrer.

Je ne vais pas accabler l'auteure. Peut-être que l'écriture était cathartique. En tout cas, il n'a pas fait écho chez moi.
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Mia a été victime dans son adolescence d'un père violent et d'un frère incestueux. Pourtant elle tente de faire sa vie avec Lucas avec qui elle se marie et a des enfants. Mais le courant ne passe pas avec son époux : elle constate le peu de désir qu'ils ressentent l'un pour l'autre et apprend un jour que Lucas la trompe avec des hommes. Elle se sépare et c'est alors qu'elle tombe sur “vous”. “Je suis tombée amoureuse de vous comme on tombe dans l'escalier”, dit-elle. Elle connait avec “vous” un amour passionnel, incandescent, disruptif.
Emma Marsantes interroge dans Les fous sont des joueurs de flûtes comment, par une forme de malédiction, une ancienne victime en vient à rechercher précisément dans son amour ce qui a failli la tuer une première fois. Mia tombe sur un homme violent, menteur, manipulateur, et pourtant elle ne peut pas s'en détacher. Pire, la vie sans lui est terne et sans saveur. Sa compagnie la pousse vers la folie, vers la perte de contact avec ses enfants qu'elle met en danger, mais elle ne peut se passer de lui. Un thème d'une noirceur crasse, pourtant sublimé par une langue poétique jubilatoire qui use à merveille des associations de mots et d'idées dans une veine surréaliste. Ce livre est le récit d'une emprise morbide, et pourtant il étincelle.
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Une belle écriture, fine et ciselée pour raconter un quotidien qu'on ne veut pas nommer.
Au début, tout n'est pas dit mais c'est sans fard. Tout n'est pas écrit mais le malsain et le dérangeant sont là, entre les lignes.
Les événements s'amplifient ensuite et derrière les mots, des images terrifiantes naissent. Cette perversion est une torture mais on tourne les pages, happé par la machine infernale de la manipulation qui frappe fort encore et encore. On ressent une impression d'impuissance, comme si on était spectateur mais sans pouvoir agir.
"Les fous sont des joueurs de flûte" est une lecture intéressante sur le thème de l'emprise.
Merci à Babelio et aux éditions Verdier !
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L'emprise, ses émancipations ; le désir, ses violences : un indicible effacement de soi saisi dans une écriture soufflée et virevoltante, aux plus près des infimes basculements de l'intime, de ses failles et culpabilités, de souffrances sans exemplarité. Dans un style vraiment rare, précision et pudeur, Emma Marsantes entraîne le lecteur dans cette sidération, --- la force de la passion, cette impression de reconnaissance qui joue sur les faiblesses --- amoureuse avant qu'elle ne sombre dans la manipulation et la violence. Au-delà d'une nécessaire prise de parole contemporaine, Les fous sont des joueurs de flûte est un très bon roman sur l'abandon, pas uniquement sur l'invisibilisation féminine, mais sur cette déprise, sa douloureuse exigence d'exister dans autrui.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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critiques presse (1)
Liberation
26 février 2024
Alors elle travaille au corps cet enseignement reçu, effrite ce carcan en paragraphes brefs et laconiques. Il y a du rythme, les phrases courtes s’enchaînent dans une respiration saccadée et souvent, un mot conclut. Exilé. Seul. Comme elle.
Lire la critique sur le site : Liberation

Video de Emma Marsantes (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Emma Marsantes
Rencontre avec Emma Marsantes autour de Les fous sont des joueurs de flûte paru aux éditions Verdier.


Emma Marsantes est née en 1960, et a grandi en région parisienne. Elle a publié aux éditions Verdier Une mère éphémère (2022).


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27/02/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
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