AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de J.M.G. Le Clézio (1109)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Onitsha

Dans ce roman, la langue est belle, l’Afrique charnelle et enchantée, on sent l’amour de l’auteur pour ce continent mais c’est peut-être un peu trop contemplatif pour moi, je suis restée à côté et n’ai pas réussi à partager les émotions des trois protagonistes. J’aurais aimé un peu de la grande Histoire dans ce roman, où la guerre du Biafra n’est évoquée que dans les 5 dernières pages.
Commenter  J’apprécie          00
Avers

« Avers » ; JMG Le Clézio (Gallimard, 220p)

Huit nouvelles, dont les héros sont des laissés pour compte, des bannis, des victimes dans des pays pauvres (Amérique du Sud, Madagascar…), ou dans le Paris des pauvres venus d’ailleurs.

Toutes les nouvelles ne se terminent pas mal, mais le poids de la souffrance, de l’humiliation est lourd à porter, dans un monde où la violence ne fait qu’empirer, écrasant une humanité si proche de la nature et à qui on enlève tout.

C’est émouvant, poignant, Le Clézio parle de mondes qu’il connait visiblement bien. Et même si les bons sentiments ne sont pas la meilleure recette pour faire de la bonne littérature, je me suis laissé prendre par ces destins au bord du précipice. Et puis il y a la langue de Le Clézio, belle, parfois mâtinée de créole. Ça ne laissera pas en moi des traces indélébiles, mais je ne suis pas resté insensible à la lecture de ce livre.

Commenter  J’apprécie          70
Lullaby

J'ai lu ce livre en début d'année scolaire avec ma prof de français qui est une grande fan de poésie, dans le cadre de la séquence sur l'amitié et l'adolescence. Honnêtement je ne suis pas une grande fan de ce livre.



Lullaby est une jeune lycéenne qui voit son lycée comme une prison et qui décide de sécher les cours pour passé la journée en bord de mer à observer le paysage et à visiter les environs, il y a même un dessin de Lullaby nue dans le livre. Comme vous l'aurez sûrement compris il ne se passe pas grand chose dans ce livre même en faisant environ 50 pages de les quelques moments rares d'action sont très cours.



Bref, j'ai eu beaucoup de mal à lire ce livre même si l'aspect poétique ne me plaisait pas beaucoup à l'époque maintenant cela me plaît plus et que ce livre fait 50 pages, bref j'ai pas été charmée par le livre. Et je pense que je ne relirai pas ce livre sauf si on aurait une interrogation dessus.
Commenter  J’apprécie          71
Avers

Avers...la face cachée ceux que l'on ne veut pas voir que l'on cache mais qui ont des vies **riches** de souffrances: inceste,viol, violences....



Le Clezio nous emmène dans des lieux qu'il connaît bien car pour la plupart il y a vécu



Une écriture de plus en plus ciselée, riche qui cache et /ou révèle l horreur de ces vies.





Ces nouvelles sont des pépites de style et d'humanité
Commenter  J’apprécie          50
Voyage à Rodrigues

Voilà un petit livre incroyablement bien écrit (description d'une nature très sensorielle, évocation de souvenirs familiaux, réflexions personnelles) mais où, incroyablement, on se surprend à avoir le désir de tourner la dernière page tellement (et on a du mal à se l'avouer) on s'ennuie. Ce récit a un petit côté "robinsonnade" qui n'est pas pour me déplaire mais les idées tournent en rond, ce qui est un comble pour un petit livre de 145 pages.

Cependant, en tant qu'esthète ès lettres indécrotablement plus séduit par la forme que par le fond, j'ai tout de même envie d'en lire plus de cet auteur, séduit que j'ai été par les qualités purement littéraires de cet ouvrage.

Commenter  J’apprécie          20
Désert

Désert

J.M.G.Le Clezio (né en 1940)

Prix Nobel 2008

« Ils étaient les hommes et les femmes du sable, du vent, de la lumière, de la nuit. Ils étaient apparus, comme dans un rêve, en haut d’une dune, comme s’ils étaient nés du ciel sans nuages, et qu’ils avaient dans leurs membres la dureté de l’espace. Ils portaient avec eux la faim, la soif qui fait saigner les lèvres, le silence dur où luit le soleil, les nuits froides, la lueur de la Voie Lactée, la lune ; ils avaient avec eux leur ombre géante au coucher du soleil, les vagues de sable vierge… »

Ainsi commence ce très beau préambule à l’histoire de la jeune Lalla, une sorte de long poème aux intonations de Légende des Siècles, décrivant le Saguiet el Amra durant l’hiver 1909/1910, une région située aux confins du Maroc dans cette zone du Sahara autrefois appelé Rio de Oro. C’était alors un pays hors du temps, loin de l’histoire des hommes. Une longue caravane approche de Smara où se regroupent traditionnellement les caravanes après avoir marché pendant des mois, des années parfois en suivant les routes du ciel entre les vagues des dunes, venant du Draa, de Tafilelt, Goulimine, Aaïoun ou Tan-Tan.

Lalla est orpheline et a été recueillie par sa tante Aamma une conteuse d’histoires que Lalla écoute avec avidité quand elle n’est pas avec Naman, le vieux Juif pêcheur qui lui aussi aime lui narrer les légendes du désert. Lalla aime aussi rejoindre Le Hartani ce garçon muet qui la comprend si bien et qui vit à l’écart du village. Et puis il y a aussi Es Ser, ce jeune étrange dont on voit à peine le visage et qui trouble Lalla.

Et puis un jour un homme de la ville en costume arrive chargé de cadeaux qu’il offre à Aamma. Lalla apprend que cet homme est riche et est venu pour la demander en mariage…

« Elle est partie, ce matin, avant le lever du soleil. Elle a seulement pris un morceau de tissu bleu dans lequel elle a mis le pain rassis et quelques dattes sèches, et un bracelet en or qui appartenait à sa mère. »

Lalla entend bien rester libre et a choisi la fuite.

Reprend alors l’odyssée des caravanes de nomades chassés et traqués, fuyant les soldats chrétiens français et espagnols qui veulent coloniser toute la région. Nous sommes revenus en 1910 et la campagne du général Moinier pour anéantir les hommes du cheikh Ma el Aïnine l’irréductible, le fanatique, l’homme qui a juré de chasser tous les Chrétiens du sol du désert. Puis 1912 avec l’assaut final du colonel Mangin contre les réfugiés d’Agadir.

On retrouve ensuite Lalla arrivée à Marseille où elle rejoint Aamma qui l’a précédée, et qui vit ou plutôt survit de mendicité et de petits boulots, Lalla au grand cœur pour les pauvres, une fille simple et innocente à l’âme lumineuse, qui porte l’enfant du Hartani, son seul amour, avec comme seul espoir celui de retrouver un jour la Saguiet el Amra, et sa passion du désert.

« Ils n’avaient rien d’autre que ce que voyaient leurs yeux, que ce que touchaient leurs pieds nus…Il n’y avait pas de fin à la liberté, elle était vaste comme l’étendue de la terre, belle et cruelle comme la lumière… »

Ainsi allèrent les hommes bleus, les ancêtres de Lalla, vers leur destin au fond du désert… en quête du bien suprême, la liberté.

Dans un style époustouflant et une puissance évocatrice inégalable, J.M.G.Le Clézio nous offre une épopée grandiose où se mêlent deux récits, celui des ancêtres de Lalla, les Hommes bleus, et celui de cette enfant du désert toute en lumière douce. Sublime !

Particulièrement sublime pour qui a parcouru cette contrée entre Tiznit, Goulimine et Tarfaya jusqu’à Aaïoun, comme je le fis en compagnie des hommes bleus dans les années 60.

Commenter  J’apprécie          60
Révolutions

Une fois refermé, ce livre m'évoque les livres "pop-up". Vous savez, ces architectures de papier qui s'ouvrent et se déplient pour vous laisser admiratif.

C'est dire s'il m'a laissé bien des étoiles dans les yeux et les pensées...

Là, à l'image de ces découpages de papier ciselés, ce sont les phrases, les mots qui se déplient, s'étalent, se déroulent pour narrer l'histoire d'une famille, les Marro et faire en ombre, le récit de l'Histoire avec un grand H, comme un horizon, un paysage pour y laisser s'animer ces vies.



A travers la rencontre de Jean Marro dans les années soixante, les souvenirs de la famille évoqués font se rembobiner le temps et font revivre ces destinées qui ont traversé les mers et les océans, pour s'établir à l'île Maurice ou en Malaisie et pour en être chassées par la ruine.



De la Révolution française, de Valmy, des sols détrempés des forêts d'Argonne aux rives de l'Isle de France - ainsi qu'on appelait l'Ile Maurice jusqu'en 1814, de la Bretagne tout en misère des temps du soulèvement révolutionnaire et se remémorant la perte de l'indépendance de cette région au milieu qu XVIième siècle, des années soixante en métropole à la guerre d'Algérie et ses questionnements humains, de la contestation de Mai 68 à la Révolution en reflet de la même année au Mexique, des rêves de Liberté à la condition des esclaves, de leur affranchissement aux pas en arrière de ceux qui gouvernent qui les font redevenir des être entravés, dans une écriture riche et enveloppante dont on se détache difficilement, dans une course effrénée derrière le temps qui s'enfuit et les existences qui s'écrivent dans le trop éphémère, J.M.G. le Clézio convie à rencontrer tous ces êtres bousculés par L Histoire, se croyant libres, pour être de nouveau enfermés ou asservis, rêvant de domaines et plus encore de vies en accord avec les principes d'équité quand ils sont spoliés par plus roués et moins intègres qu'eux. Autant de voix qui s'élèvent pour raconter ces enfilades d'époques, pour raviver telle ou telle existence.







Venez, approchez-vous, et écoutez la grand-tante, Catherine, faisant revivre ses souvenirs pour Jean, qui invite à pénétrer les allées de Rozilis, la propriété tant aimée et perdue, dans ces paysages luxuriants et sonores des bruits d'oiseaux, dans le chatoiement arc-en-ciel des plumages, pour rencontrer cette famille.



C'est encore elle, Catherine, digne et intimidante, vulnérable et fragile, dont les propos jalonnent le récit et qui, ainsi, guide à travers les terres, à travers les eaux, à travers L Histoire, dépliant un récit envoûtant autant qu'enrichissant pour redonner vie à une famille et aux époques traversées. Venez écouter le murmure des îles et humer la senteur vanillée du thé...







Un livre captivant, tout à la fois terriblement sonore et olfactif qui donne envie de suivre Jean Marro et de retourner sur les traces de ses ancêtres, découvrir les lieux et toucher L Histoire qui palpite dans toutes ces vies croisées. Et de retourner très vite vers la très belle écriture de J.M.G. le Clézio…





« Sur les photos ces gens paraissaient invincibles, indéracinables, par la force qui les unissait les uns aux autres ; pourtant, si on regardait bien, on percevait un petit frisson, un tremblement léger, parce que c'est l'éternité qui est fragile, pas la vie. »
Commenter  J’apprécie          516
L'Africain

Comment comprendre et raconter la vie d'un père ayant vécu loin.



Récit autobiographique de J.M.G. Le Clézio sur la vie de son père. Celui-ci était médecin dans les colonies africaines de l'empire britannique. L'auteur raconte sa jeunesse et son arrivé en Afrique rejoindre ce père jusque lors inconnu mais aussi la vie de son père durant la guerre éloignée de sa femme et son fils.



Oeuvre très touchante sur la relation père-fils et la découverte de la vie de son père qui lui permet de comprendre de nombreux points de caractères de celui-ci.



Une lecture à mettre en parallèle d'Onitsha, autre oeuvre de l'auteur qui pour partie parle de la découverte d'un père inconnu jusqu'alors.



Commenter  J’apprécie          110
Alma

Voici donc des histoires croisées, celle de Jérémie, en quête de Raphus cucullatus, alias l'oiseau de nausée, le dodo mauricien jadis exterminé par les humains, et celle de Dominique, alias Dodo, l'admirable hobo, né pour faire rire. Leur lieu commun est Alma, l'ancien domaine des Felsen sur l'île Maurice, que les temps modernes ont changée en Maya, la terre des illusions :

« Dans le jardin de la Maison Blanche le soleil d'hiver passe sur mon visage, bientôt le soleil va s'éteindre, chaque soir le ciel devient jaune d'or. Je suis dans mon île, ce n'est pas l'île des méchants, les Armando, Robinet de Bosses, Escalier, ce n'est pas l'île de Missié Kestrel ou Missié Zan, Missié Hanson, Monique ou Véronique, c'est Alma, mon Alma, Alma des champs et des ruisseaux, des mares et des bois noirs, Alma dans mon cœur, Alma dans mon ventre. Tout le monde peut mourir, pikni, mais pas toi, Artémisia, pas toi. Je reste immobile dans le soleil d'or, les yeux levés veVoici donc des histoires croisées, celle de Jérémie, en quête de Raphus cucullatus, alias l'oiseau de nausée, le dodo mauricien jadis exterminé par les humains, et celle de Dominique, alias Dodo, l'admirable hobo, né pour faire rire. Leur lieu commun est Alma, l'ancien domaine des Felsen sur l'île Maurice, que les temps modernes ont changée en Maya, la terre des illusions :

« Dans le jardin de la Maison Blanche le soleil d'hiver passe sur mon visage, bientôt le soleil va s'éteindre, chaque soir le ciel devient jaune d'or. Je suis dans mon île, ce n'est pas l'île des méchants, les Armando, Robinet de Bosses, Escalier, ce n'est pas l'île de Missié Kestrel ou Missié Zan, Missié Hanson, Monique ou Véronique, c'est Alma, mon Alma, Alma des champs et des ruisseaux, des mares et des bois noirs, Alma dans mon cœur, Alma dans mon ventre. Tout le monde peut mourir, pikni, mais pas toi, Artémisia, pas toi. Je reste immobile dans le soleil d'or, les yeux levés vers l'intérieur de ma tête puisque je ne peux pas doVoici donc des histoires croisées, celle de Jérémie, en quête de Raphus cucullatus, alias l'oiseau de nausée, le dodo mauricien jadis exterminé par les humains, et celle de Dominique, alias Dodo, l'admirable hobo, né pour faire rire. Leur lieu commun est Alma, l'ancien domaine des Felsen sur l'île Maurice, que les temps modernes ont changée en Maya, la terre des illusions :

« Dans le jardin de la Maison Blanche le soleil d'hiver passe sur mon visage, bientôt le soleil va s'éteindre, chaque soir le ciel devient jaune d'or. Je suis dans mon île, ce n'est pas l'île des méchants, les Armando, Robinet de Bosses, Escalier, ce n'est pas l'île de Missié Kestrel ou Missié Zan, Missié Hanson, Monique ou Véronique, c'est Alma, mon Alma, Alma des champs et des ruisseaux, des mares et des bois noirs, Alma dans mon cœur, Alma dans mon ventre. Tout le monde peut mourir, pikni, mais pas toi, Artémisia, pas toi. Je reste immobile dans le soleil d'or, les yeux levés vers l'intérieur de ma tête puisque je ne peux pas dormir, un jour mon âme va partir par un trou dans ma tête, pour aller au ciel où sont les étoiles. »rmir, un jour mon âme va partir par un trou dans ma tête, pour aller au ciel où sont les étoiles. »rs l'intérieur de ma tête puisque je ne peux pas dormir, un jour mon âme va partir par un trou dans ma tête, pour aller au ciel où sont les étoiles. »
Commenter  J’apprécie          10
Révolutions

Rien à ajouter aux longues critiques qui détaillent le récit, les récits entrelacés, entre les temps, les époques, les continents et les personnages... Si ce n'est la magie de la langue de Le Clezio, sa lenteur : on croit l'entendre parler alors qu'il se penche lentement sur ce passé qui l'a construit. Une merveille... Comme lui, on ferme le roman avec l'envie de faire le pèlerinage à Maurice... 54 ans après lui...
Commenter  J’apprécie          21
Le Chercheur d'or

Retour de lecture sur "Le Chercheur d'or" de Jean Marie Gustave Le Clézio plus connu sous la signature de J.M.G. Le Clézio, un roman qui a été publié en 1985. Le Clezio, qui est de nationalité française et mauricienne, a obtenu le prix Nobel en 2008. Son livre raconte l'histoire d'Alexis, le narrateur, qui assiste avec sa sœur Laure à la ruine de son père alors qu'ils vivaient jusque-là une enfance parfaitement heureuse sur l'île Maurice. Cela entraîne toute la famille dans une profonde misère et pour l'aider à s'en sortir financièrement, il va alors essayer de réaliser un vieux rêve, qui est de mettre la main sur le trésor qu'un corsaire aurait enterré sur l'île de Rodrigues. On suit ainsi Alexis, qui quitte son île natale pour sa quête, au cours de laquelle il voyagera, sera confronté à la solitude, vivra des désillusions et rencontrera l'amour. Ce livre n'est pas vraiment un livre d'aventures mais un roman très contemplatif, sans beaucoup d'action. Il comprend des passages d'une très grande poésie où à travers le narrateur l'auteur nous parle de la beauté de ces îles qu'il connaît parfaitement bien, de la mer, de l'amour, qu'il soit maternel, pour sa soeur, ou pour la femme aimée. C'est un livre de voyage autant physique qu'intérieur et une réflexion sur la nature, sur la place de l'homme, ses valeurs et son adaptation dans un monde en perpétuelle évolution. L'écriture de Le Clézio, très poétique et souvent lyrique, est juste magnifique, une des plus belles que j'ai eu à lire. Le Clezio arrive parfaitement à créer des ambiances et des émotions à travers la richesse de sa prose et de ses descriptions parfaitement détaillées. Il est particulièrement doué pour nous transmettre son amour pour ces îles de l'océan indien, ainsi que pour la mer qui est omniprésente dans ce récit. La psychologie des personnages, très riche, est également parfaitement bien construite et exprimée à travers les pensées et nombreux monologues intérieurs de ses personnages. Le Clézio nous montre comment la quête de la richesse peut éloigner l'individu de l'essentiel et le conduire à la perte. En étalant son récit de 1892 à 1922, il nous fait une description assez dramatique de l'évolution des conditions de vie des populations locales. Ce roman est donc aussi une critique de l'impérialisme et de la colonisation. Il nous montre comment les peuples colonisés de ces îles ont dû se soumettre à l'occupant en perdant leur identité culturelle et leur liberté, et comment leurs terres ont été saccagées par les colonisateurs pour répondre au besoin du développement industriel. Pour conclure "Le chercheur d'or" est un très beau roman, très poétique, contemplatif. C'est une ode à la nature, à l'homme, à la connaissance de soi et une œuvre littéraire de toute beauté.
Commenter  J’apprécie          234
Diego et Frida

En ce qui me concerne, l'écriture de Le Clézio fait toujours mouche. Je découvre son œuvre dans le désordre chronologique et après ses romans fictionnels ou autobiographiques me voilà face à un ouvrage historique sur deux personnages dont j'ignore tout. J'ai rapidement été transportée dans le tourbillon mexicain du début du XXème siècle et au commencement c'est ce contexte historique qui m'a séduite. Puis, au fil des pages, se dessine une trame psychologique passionnante: la façon dont Diego Rivera et Frida Kahlo explorent totalement différemment l'amour, l'art et l'engagement politique. Comment leur vécu et leurs fragilités les ont à la fois construits mais aussi poussé l'un vers l'autre. Diego le muraliste peint des fresques sociales sur des structures qui nécessitent un lien politique, que ce soit avec le gouvernement ou avec les hommes d'affaires américains, il s'expose quitte à trahir des idéaux révolutionnaires, tandis que l'œuvre de Frida révèle un monde intérieur intense. Cette opposition nous renvoie à nos propres interrogations sur la place de l'intime et sur le regard en général. Le Clézio nous emmène vers cette réflexion sans jamais l'imposer, nous laissant à chacun le droit de s'approprier la part de cette histoire qui nous parle le plus.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
Commenter  J’apprécie          10
Lullaby

Lorsque Lullaby décide de ne plus aller au lycée, elle écrit une lettre à son père, lettre qui va partir par avion, là-bas, tout là-bas à Téhéran où il se trouve.

Lullaby fourre au hasard quelques objets dans son sac et part au bord de la mer où elle va passer des journées enchanteresses.

Elle y découvrira une jolie maison grecque abandonnée, fera la connaissance du petit garçon qui va à la pêche, et trouvera plus loin sur le chemin une ruine bien plus inquiétante.

Et elle continue d'écrire à son père sur des papiers à lettres estampillés « par avion » mais qu'elle déchirera au fur et à mesure et qui s'envoleront dans le vent marin.

Mais Lullaby sait qu'elle ne peut indéfiniment errer ainsi et elle regagne son lycée, dans lequel la directrice l'attend de pied ferme.

Mais que peut comprendre cette femme si terre à terre au rêve de Lullaby ?

Une belle histoire toute douce d'un rêve que Le Clezio et sa plume magnifique nous raconte.

Commenter  J’apprécie          120
Ourania

Dans ses romans, J. M. G. Le Clézio nous a fait découvrir divers pays. Dans "Ourania", c'est le Mexique où lui-même a effectué de nombreux séjours. Le héros, Daniel, est un jeune Français venu dans une vallée éloignée de la capitale pour y faire une étude géographique. Il s'installe à l'Emporio, un centre regroupant des chercheurs de diverses spécialités et aussi découvre la population locale très hétérogène, où se côtoient gros propriétaires, petits producteurs, Indiens méprisés et laissés-pour-compte... Parmi ces derniers, il y a Lili, une jeune femme tombée sous l'emprise d'un souteneur; Daniel se préoccupe d'elle. Par ailleurs, il a rencontré Raphaël, un jeune homme vivant à Campos, une communauté pacifique vivant en autarcie suivant des règles de vie particulières, sous la houlette d'un gourou débonnaire. Les lois de Campos - dont la liste est donnée en annexe du livre - permettent de grandir, de s'instruire et de nouer des relations d'une manière originale, très différente de nos conventions habituelles. L'utopie de Campos renvoie Daniel à un mythe hérité de son enfance, qu'il nomme Ourania. Hélas, les temps de Campos sont comptés...



A priori le sujet est intéressant et l'écriture de le Clézio est assez agréable. Pourtant, je suis resté dubitatif. En fait, j'attendais une description détaillée d'une utopie et ça n'a pas été le cas: je suis frustré. D'autre part, le monde qui environne Campos, très dur et éloigné de tout idéal, est décrit sans qu'on en ressente vraiment la pesanteur - c'est comme un rêve qui n'a pas une parfaite cohérence. Et, de même, le petit monde des chercheurs un peu bizarres de l'Emporio (qui a dû être inspiré à Le Clézio par sa propre expérience vécue au Mexique) ne semble pas avoir une vraie réalité. Dans l'ensemble, le lecteur reste suspendu entre le réalisme et une sorte d'onirisme exotique. En tout cas, moi, je n'ai pas vraiment aimé ce roman.
Commenter  J’apprécie          51
Le Chercheur d'or

Sur l'île Maurice dans l'enfoncement du Boucan, Alexis, huit ans, assiste avec sa sœur Laure et sa mère Mam à la chute de son père ruiné qui a misé ses derniers espoirs sur l'installation d'une turbine pour électrifier la vallée. Celle-ci sera détruite lors d'une tempête terrible. Ils se retrouve à quitter leur paradis terrestre pour partir à Forest Side. A cet âge son père lui parle du trésor caché du corsaire qui serait sur l'île de Rodrigues. Des années plus tard, à la mort de son père, il découvre les documents amassés par son père sur le trésor du corsaire. Il finit ses études et commence à travailler en tant que comptable.

Un jour sur les quais, il s'embarque sur la Zeta et parcourt l'océan Indien jusqu'à rejoindre Rodrigues où il partira chercher le trésor. Au cours de sa quête, il rencontrera Ouma, une Mamaf dont il tombera amoureux.



Inspiré par la vie de son grand-père, J-m.g. Le Clézio propose ici un très beau récit initiatique à travers la recherche de ce trésor dans le but de pouvoir récupérer la maison familiale représentant une forme de paradis terrestre, Ce qui mènera le protagoniste à son introspection.



Maître dans le domaine de la description des paysages, l'auteur offre des passages époustouflants et inoubliables pour nous décrire le voyage en mer sur le Zéta ou la recherche des symboles dans l'anse des anglais qui appuie la poésie et le génie de l'oeuvre.



Enfin, pour prolonger l'expérience offerte par ce roman, il est possible de lire "Voyages à Rodrigues", carnet de voyages de l'auteur sur les traces de son grand-père qui fait de nombreux échos au Chercheur d'or.
Commenter  J’apprécie          180
Avers

« Pour moi, l’écriture est avant tout un moyen d’agir, une manière de diffuser des idées. Le sort que je réserve à mes personnages n’est guère enviable, parce que ce sont des indésirables, et mon objectif est de faire naître chez le lecteur un sentiment de révolte face à l’injustice de ce qui leur arrive » … Ces mots de l’auteur en quatrième de couverture annoncent au lecteur ses rencontres avec les exclus du bonheur, les indésirables. Qu’ils essaient de vivre en Amérique du Sud, au Moyen-Orient, à l’Ile Maurice, à Paris ou partout ailleurs… ils ont fui la ségrégation, la guerre, l’invasion, la détérioration de leur pays, tenté d’échapper à la misère et emprunter des chemins inconnus qui auraient pu les mener vers la lumière.



Dans les huit nouvelles, de nombreux acteurs transportent leur culture et leurs peines, leurs plus beaux souvenirs aussi, avec au fond du cœur un rayon d’espoir qui les ferait vivre. Parmi eux, le récit des gamins, des enfants esclaves qui empruntent les égouts pour découvrir la vraie vie, un pays paradisiaque « un pays où les enfants ont des baskets propres, décorées de bleu et de rouge, avec des bulles lumineuses dans les semelles ». Sans oublier la main-d’œuvre issue de l’immigration employée dans nos usines, « les Couscous-tapis », dont les femmes mijotent d’excellents couscous aux indigènes et le mari qui reviendra de vacances au bled avec un beau tapis de qualité commandé par son chef. Il s’appelle Ahmed, elle c’est Fatima… ils ont tous les mêmes prénoms forcément !



Seulement quelques exemples puisés dans ces textes, qui ne pourront jamais traduire les émotions, la sensibilité, la poésie, la pudeur véhiculées par les indésirables si bien honorés par l’écriture et la délicatesse de J.M.G. Le Clézio dans ces nouvelles criant les ravages des fléaux perpétrés par la race humaine.




Lien : https://mireille.brochotnean..
Commenter  J’apprécie          101
Le Procès-verbal

Sortir un bouquin pareil à 23 ans, chapeau. Ce n'est certes pas une lecture facile, il faut s'accrocher, se laisser prendre par ces quelques jours dans la vie d'un paria intégral porté sur l'autoanalyse, sous le soleil accablant d'une station balnéaire languissante, au fil d'un récit dont le style souvent déroutant réserve de belles surprises, telles une insolite visite au zoo ou la poursuite nonchalante d'un chien. A lire cet été sur la plage…
Commenter  J’apprécie          70
Alma



Une pierre de dodo comme déclencheur, un jeune femme qui accouche au milieu de la forêt, une jeune prostituée prénommé Krystal, un animal disparu, un certain Dodo au visage détruit par la lèpre (?) qui peut lécher son œil avec sa langue, les traces presque effacées des esclaves conduits à Maurice et traités avec barbarie et des noms, des dizaines de noms dont la marque s'efface dans les cimetières et dont il ne reste de trace que dans le souvenir de Jérémie pour les avoir lus au dos des enveloppes ou entendus dans des conversations familiales. Et la chanson Auld Lang Syne de Robert Burns.





Jérémie, alter ego de l'auteur, se lance dans la quête de ce monde disparu. Il retourne à Maurice que son père a quitté jeune pour retrouver les traces de la famille Felsen, autrefois une grande famille de planteurs de cannes et une famille esclavagiste.

En parallèle, nous suivons la vie de Dodo, Dominic Felsen descendant de la branche réprouvée des Felsen, et réduit à l'état de clochard après la ruine de la famille, la mort de son père et la maladie qui l'a rendu monstrueux.



Dodo se rappelle le passé, son enfance dans la case à coté de la grande maison des Felsen, à Alma, son appartenance à l'illustre famille. Il décrit tout ce qu'il connait, refait les mêmes chemins pour que que les choses ne s'effacent pas comme les noms sur les pierres tombales. Sauf pour quelques vieux, il n'est qu'un clochard misérable qui se fait tabasser. C'est un tabassage qui rompt son destin et lui fait prendre un autre chemin.



Jérémie vient à Maurice sur les traces de sa famille, les Felsen de la grande maison, dont il est un des derniers descendants et dont le nom a laissé des souvenirs. Il rencontre quelques vieux qui ont connu cette époque et explore les lieux et les traces du passé de sa famille : le domaine appelé Alma dont il ne reste rien. Mais aussi les lieux où les esclaves étaient amenés, là où ils vivaient et mourraient ... Ces mêmes endroits où les touristes profitent de plages somptueuses.



Entre ces deux narrations s'enchevêtrent les récits des personnage représentant l'histoire locale : Saklavou, Ashok , Marie Madeline Mahé et Topsie, enrichissant encore le tableau..



Il y a de la magie dans ce livre, celle de la nature et de la force de certains humains, celle du souvenir qui garde vivant encore un temps. Il y a de la douleur et de l'injustice, celle du dernier dodo, de Dodo l'homme paria, des esclaves aux vies brisées, celle de Krystal, la jeune prostituée d'aujourd'hui. Il y a le poids d'une responsabilité (culpabilité?) d'une impuissance à défaire la douleur et l'injustice d'aujourd'hui (Krystal) comme celle du passé.



Certains passages m'ont fait venir les larmes, m'ont serré le cœur comme peu de livres ont pu m'atteindre. Je repense au carré de ciel bleu qu'on voit depuis le fond du puit où étaient précipités les esclaves. Je repense aux pierres jetées au dernier dodo et à son cri si triste. Je repense à l'errance de Dodo et aux quelques êtres d'exception qui lui offrent quelques moments de joies au fond de sa solitude.

Commenter  J’apprécie          11
Révolutions

JMG Le Clézio nous offre une fresque qui va de la Révolution française à la décolonisation : une multitude de personnages attachants et de lieux à travers le monde.



Nous sommes happés par ce récit grâce à l'écriture profonde de l'auteur.



Très belle découverte !
Commenter  J’apprécie          262
Avers

Recueil de 8 nouvelles se déroulant à différents endroits du monde : Île Maurice, Mexique, France... et racontant la vie de marginaux au destin compliqué.Ils sont définit comme des "indésirables".



Dernière oeuvre en date de JMG Le Clézio avec certaines nouvelles très réussies et touchantes, en particulier "Avers" ou "Etrebemma" qui sont pour moi les plus marquantes. L'auteur sait décrire avec justesse le tragique de chaque personnage sans apitoyer et juger pour autant le lecteur.



Les décors diverses occupent aussi une place d'intérêt dans cette oeuvre comme au habitude de l'auteur. Chaque protagoniste évolue dans un univers différent : rue d'une grand ville, île, forêt tropical... qui contribue à le définir.
Commenter  J’apprécie          110




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de J.M.G. Le Clézio Voir plus

Quiz Voir plus

Voyage au pays des arbres

Quel est le personnage principal ?

Jules
Pierre
Mathis

3 questions
8 lecteurs ont répondu
Thème : Voyage au pays des arbres de J.M.G. Le ClézioCréer un quiz sur cet auteur

{* *}