AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jim Harrison (1054)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


L'Eté où il faillit mourir

Ce qui me plaît chez Jim Harrison, c'est son humanité, son art de la digression, et ses cours de littérature comme ça en passant. C'est un vrai bon vivant, ce Jim qui fait croquer la vie à pleines dents et savourer les bons petits moments à travers des personnages profonds et originaux qu'on aime instantanément . C'est un style qui nous fait le suivre au bout du récit, au bout de la nuit.



Il nous livre son regard sur la société américaine. Il évoque la pauvreté sans misérabilisme, avec une énorme tendresse et brocarde la bourgeoisie et ses bobos de province avec humour. Il fait batifoler tout ce petit monde dans une joyeuse fête des corps loin du puritanisme de ses compatriotes.



Il nous livre à travers Chien Brun, c'est mon préféré ...Shirley, Daryl et les autres, sa vision du monde et son attachement à une nature sauvage grandiose. On aurait presque envie de faire un tour dans la péninsule Nord pour les vacances, voir les vagues sur le Lac Supérieur, tant il en parle bien et se régaler d'une truite grillée, pêchée du jour, avec un bon vin....



Une littérature grandiose faite de petits riens caressants et délicieux, tous ces mots posés là par un épicurien de notre siècle me laissent comme un souvenir doux amer, une envie de recommencer, de repartir en voyage avec ce merveilleux conteur, qui, dans ce recueil, se livre un peu.
Commenter  J’apprécie          393
La Fille du fermier

Sarah, La fille du fermier grandit entre une mère puritaine attirée par les thèses créationnistes et un père un peu falot. Son éducation se fait à la maison, l'isolant quelque peu, mais elle trouve amitié auprès du vieux Tim, un fermier voisin et de sa chienne . Pleine de questionnement sur ses parents ou sur son devenir c'est avec Tim qu'elle parvient à s'ouvrir mais le départ de sa mère et une agression sexuelle qu'elle subit vont la fermer dans une volonté de vengeance.

Un récit court où Jim Harrison nous fait partager la vie et l'évolution d'une jeune adolescente un peu perdue, mais dont le caractère trempé va lui permettre de rebondir. C'est un récit tantôt âpre, tantôt tendre, ancré dans l'Amérique pauvre rurale et Jim Harrison montre toute son intelligence et sa sensibilité dans le portrait de sa jeune héroïne.
Commenter  J’apprécie          380
La Fille du fermier

Une obsession, la vengeance. Et qui veut l'assouvir aux États-Unis n'est pas en peine de disposer d'une arme.



Sarah est une jeune adolescente plutôt sage. Elle n'a pas d'appétence particulière pour la chose sexuelle. Elle est séduisante avec sa beauté naturelle juvénile qu'elle ressent curieusement pourtant plus comme un fardeau que comme atout. La solitude est son refuge depuis qu'elle a perdu le vieux Tim. Son grand âge lui était une sécurité.



Lors d'une soirée de fête locale, elle sera droguée et violentée par le fils d'un riche propriétaire voisin connu pour ses frasques. Sarah ne dira rien de son malheur, de sa souffrance. Bénéficiant de l'indépendance que lui laisse son père, elle a décidé de se venger. Toute seule.



Jim Harisson, le vieil homme au physique cabossé, disgracieux, à la voix d'une gravité rocailleuse parvient à se glisser dans la peau de ce personnage aux antipodes de sa propre personnalité. Il fait preuve d'une empathie inattendue pour adopter l'état d'esprit de cette jeune fille meurtrie. En explorateur de la nature humaine, il envisage dans ce roman très court qu'à seize ans une jeune fille puisse déjà être désenchantée par la vie. Mais peut-être donne-t-il trop de lui, de son expérience à cette adolescente.



La nature sauvage, immense, souveraine, sert d'écrin à cette histoire de la violence des hommes. On le sait contemplatif de ses splendeurs, son chien couché à ses pieds. Il la décrit comme il la voit. Belle, simple, évidente. C'est sa manière de la célébrer.



Avec sa sagesse désabusée, Jim Harrison ne se fait plus d'illusion sur le comportement des hommes dont il connaît trop les mauvais penchants. Il les décrit quant à eux comme ils sont, avec les défauts qu'il leur connaît si bien, dont celui de la violence, surtout quand elle s'en prend à l'innocence.



Avec son écriture pressée comme une folle chevauchée dans les collines, il passe d'une idée à une autre sans transition superflue. C'est sa manière de parler des petites gens, des meurtris par la vie, des laissés pour compte dont il prend le parti. Il y a comme une urgence à leur donner la parole. Ce premier ouvrage que je lis de Jim Harrison m'engage à faire plus ample connaissance de son oeuvre. Et de lui au travers de celle-ci.

Commenter  J’apprécie          382
Grand Maître

Le Grand Maître est un gourou convaincu d’avoir un zizi aux vertus magiques. Une prétention qui pourrait prêter à sourire si ce n’est qu’il persuade ses fidèles que ses fluides corporels doivent honorer de jeunes vierges tout juste pubères. C’est la dernière affaire confiée à Sunderson, un inspecteur de la Police du Michigan. Ne parvenant pas à arrêter le gourou, il continue son enquête après son départ à la retraite. Il se rend en Arizona où la secte s’est déplacée pour fuir la justice. L’affaire amène Sunderson à réfléchir sur les liens entre la religion, le sexe et l’argent. Mais on a surtout l’impression que tant que le dossier reste ouvert, Sunderson reste dans un statu quo qui lui permet de ne pas basculer dans l’inactivité. Il faut dire que le désœuvrement fait resurgir ses vieux démons. Notre jeune retraité nage en pleine confusion, quelle soit sentimentale (il se remet difficilement de son divorce), professionnelle (de nombreux souvenirs remontent à la surface), familiale (quelques bons vieux traumatismes conservés dans le formol) et sexuelle (une lubricité à dompter avant que la machine ne s’arrête). De cette confusion découle un récit décousu où se juxtaposent les anecdotes et les considérations diverses. Le lecteur comprend rapidement que la vraie-fausse ou la fausse-vraie enquête policière n’est qu’un prétexte habile pour nous dépeindre les tourments d’un sexagénaire au crépuscule de sa vie. Le roman contient une flopée de questions existentielles court-circuitées par des petits bonheurs aussi simples que la cuisine mexicaine, l’alcool, les livres d’Histoire et le derrière des femmes. Heureusement, deux bons vieux remèdes vont offrir à notre héros un calme et une lucidité salutaires : la marche en pleine nature et la pêche à la truite. Une belle leçon de vie qui permet au lecteur de passer au second plan le désordre du récit.
Commenter  J’apprécie          380
En marge : Mémoires

"Lorsque j'ai annoncé à mes filles que j'écrivais mes mémoires, elles ont bondi en l'air en poussant des hauts cris, et j'ai contre-attaqué en leur annonçant pour blaguer que je pourrais peut-être les envoyer en Europe au cours des deux mois qui suivraient la publication de mon livre, une promesse de cadeau qu'elles ont aussitôt tournée en ridicule. Un mois plus tard, j'ai eu droit à une permission équivoque : "Vas-y. Mais il faut que tu sois honnête."

Issue de la dernière partie du livre, cette citation aura été suivie comme une sentence par Jim Harrison. Sur 500 pages, il se sera fait fort de contenter absolument les désirs de vérité(s) de son lecteur. Aussi apprend-on tout de sa vie, de sa blessure à l’œil alors qu'il n'est qu'un enfant aux difficultés de vivre d'une passion littéraire, de l'enfance sauvage à la marginalité de l'avant-succès, du succès et de la frayeur qu'il apporte.

Pour être parfaitement honnête avec vous, j'ouvre et rouvre ce livre à chaque fois que je trouve au monde des faux-airs de cimetière. J'ouvre ce livre quand meurt un utopiste ou un rêveur et que son idée ou sa foi sont remplacées par n'importe quelle machine auto-suffisante, précise et désinfectante. J'ouvre ce livre parce que Jim Harrison est une victoire du genre humain auquel le nombre de défauts est au moins égal au nombre de des qualités.Mais qu'importe ! Harrison est précis dans ce qu'il expose, il ne ment pas ou alors par omission. Il raconte les galères et la folie du monde, les rencontres extraordinaires ( Jack Nicholson - qui l'aidera à se sortir d'une galère financière inextricable-, Stanley Kubrick, Colum McCann, Brautigan et j'en passe), Il donne à ontempler les trajectoires de sa vie, sinueuses, ses avancées et ses reculs, la chance comme élément déclencheur et le travail comme moteur.

Harrison a toujours été dépressif. Il livre dans cette auto-biographie la réalité de cette maladie qui l'oblige souvent à fuir le monde et rejoindre la péninsule Nord-Michigan ou sa casita de la frontière mexicaine.

On savait déjà beaucoup de choses sur l'homme, tant, comme il l'affirme d'ailleurs, "c''est à cet instant inaugural de l'écriture que je redoute le plus cet état de "fugue" que j'ai plusieurs fois connu, un état où tout le matériau que j'ai inventé ainsi que la totalité de ma propre histoire personnelle se fondent l'un dans l'autre en étant imprégnés d'une énergie mentale incontrôlable, si bien qu'il me suffit de fermer les yeux pour voir défiler devant moi le tourbillon de centaines d'images."

Chez Jim Harrison comme chez beaucoup d'écrivain, l'homme et l'oeuvre sont intimement mêlées et dures à séparer. Personnellement, l'idée que j'aie d'Harrison est au moins aussi précise et forte que celle que j'aie de Dalva ou de Ted, et ça me va comme ça.

"J'ai peut-être été préseomptueux, mais dans ces mémoires je n'ai à aucun moment raconté les histoires de mes livres. Pourquoi quelqu'un s'intéresserait-il à mon autobiographie s'il n'a pas d'abord été ému par mes romans et mes poèmes ? (...) Un roman parle de ce qu'il est. Point final."

Et plus loin, de conclure : "un écrivain est peut-être toujours un passager clandestin. Caché, et très en marge".
Commenter  J’apprécie          382
Dalva

En 1989, paraît le roman Dalva par Jim Harrison, qui sera qualifié comme "le grand roman de l’Amérique éternelle, l’Amérique de la prairie et des forêts".



Dalva, c’est une jeune femme moderne, évoluant dans les années 1980 dans cette Amérique en plein changement. Une jeune femme qui cache bien des mystères, à commencer par une partie de son sang indien, qui est à la base de son prénom et de bien d’autres secrets de famille. Dans ce roman touffu et complexe, s’entrecroisent en effet la modernité des États-Unis de cette époque, mais également la résurgence des antagonismes qui ont traversé le 20e siècle : la question des Indiens, les krach boursiers, etc.



La plupart du temps pourtant, le texte nous emmène dans une Amérique sauvage, digne de l’ère des grands westerns, alors que cela me semblait être une époque révolue : mais ici, pas de cow-boys héros, mais de pauvres ranchers au cœur dur qui tentent de survivre à la modernisation des pratiques; pas de belles indiennes à sauver mais un peuple opprimé qui peine à retrouver son identité, et qui aujourd’hui encore, souffre des préjugés des Américains.



"Il m’a rétorqué qu’il ne voulait pas entendre parler des Indiens parce qu’ils causaient des ennuis. Et il causait des ennuis parce que c’étaient des "animaux" différents de nous [..] Cette remarque assez précise m’a paru intéressante. Nous autres universitaires croyons volontiers que nous irradions la logique et la raison pure dans tout le pays, alors qu’il suffit de s’arrêter à une station-service ou d’ouvrir le journal pour s’apercevoir du contraire. L’éducation n’a jamais réussi à éliminer la loufoquerie fondamentale de l’esprit américain."



Dalva, c’est aussi une belle mais terriblement triste histoire d’amour, qui comme beaucoup d’histoire d’amour romanesque est celle d’un lien impossible entre la jeune fille et un jeune Indien, victimes de contingences familiales.



Dalva c’est aussi la quête d’une mère qui s’est vue arracher son enfant et qui portera ce poids toute sa vie.



Dalva c’est aussi le sauvetage d’un intellectuel qui va découvrir la beauté et la dureté de la campagne, et sortir de son alcoolisme par le travail et la découverte d’un terrible secret familial …



Bref, Dalva est un roman magnifique, par les thèmes qu’il aborde, les personnages qu’il fait intervenir, et je suis bien obligée d’avouer que c’est un texte de qualité. Malheureusement cela n’a pas suffit et je dois également avouer que je suis un peu passée à côté, souffrant presque à chaque fois que je le reprenais : je m’embrouillais dans les noms, dans les époques (car on passe allégrement de 1850 à 1980), dans les histoires …



Un roman que je conseille cependant car je reconnais toutes ses qualités, même s’il fut un échec pour moi.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
Commenter  J’apprécie          383
La Fille du fermier

Sarah est La fille du fermier. Enfin, fille…



Elle est surtout livrée à elle-même entre Peps, sa mère, absente omniprésente qui finira par se barrer et Franck son père débarqué dans le Montana pour faire fortune mais vite désillusionné.



Elle est surtout incroyablement forte, indépendante et éprise de nature, chevauchant les montagnes, campant, chassant et subvenant elle-même à ses besoins.



Elle est surtout intelligente et assoiffée d’apprendre, puisant dans les sciences, la musique et la littérature les bases d’une autre vie possible que celle de fille de ferme qui lui était promise.



Elle est enfin définitivement meurtrie depuis ce soir de fête où son chemin a croisé celui de Karl. Depuis, son corps et son âme crient vengeance…



Dans La fille du fermier, Jim Harrison – traduit par Brice Matthieussent – nous livre une histoire noire mais finalement morale, dont l’héroïne est splendide, dont l’espérance est le fil conducteur et dont la poésie est subtile.

Commenter  J’apprécie          370
En marge : Mémoires

Je referme les mémoires de Jim Harrison, en répondant à la question qu'il se pose à la fin de ce livre " Pourquoi quelqu'un s'intéresserait-il à mon autobiographie s'il n'a pas d'abord été ému par mes romans et mes poèmes ?". Je fais partie de cette catégorie, plus pour très longtemps, j'aime aussi découvrir l'Homme qui se cache derrière l'écrivain, et là je suis enchantée, j'ai rencontré un homme érudit, intelligent, au grand coeur, glouton, alcoolisé, passionné, fidèle en amitié, acharné, dépressif, amoureux. Et je suis aussi contente qu'il n'ait pas parlé de ses œuvres pour me, nous laisser la joie de les découvrir.

Dans ce livre, nous le découvrons enfant dans une famille de fermier pauvre et aimante, sa scolarité épineuse, ses débuts d'écrivain, ses longues années chaotiques à Hollywood, son besoin de solitude et de grands espaces, ses passions pour la pêche et la chasse. Des mémoires comme l'ont voulu ses filles honnêtes.

Il me reste à découvrir son œuvre et le retrouver avec " le vieux saltimbanque".

Commenter  J’apprécie          371
De Marquette à Veracruz

On retrouve dans ce livre tous les thèmes chers à l'auteur : l'écologie, la défense des minorités, l'amour de la nature , de la pêche et des animaux.



Le début , repris à la fin, est assez effarant de violence contenue et de cruauté : la mort symbolique et /ou réelle du père.



Ce père honni, qui viole, vole, détruit toute unité familiale.Un père dont, pourtant, le narrateur , David Burkett ,n'arrive pas à se libérer pleinement. Même s'il a décidé d'écrire un livre dénonçant les méfaits de sa famille, prédatrice et mercantile, qui n'a pas hésité à provoquer un désastre écologique en faisant abattre à outrance des arbres et en volant aux indiens leurs territoires. Sa lâcheté, son apitoiement sur lui-même sont assez agaçants mais son désir de vérité et de justice le rendent attachant.



En fait, ce sont les personnages féminins qui sont plus intéressants dans cette histoire.Que ce soit la soeur de David , rebelle, et qui parvient, elle, à se libérer de l'emprise paternelle ou les jeunes femmes qui vont croiser le chemin du narrateur, comme Vernice, poétesse libérée, elles ont toutes une force, un éclat singuliers.



C'est essentiellement un roman d'apprentissage, on découvre David adolescent dans les années soixante et son évolution vers l'âge adulte. Un David qui se cherche et tente,retiré dans un chalet, entre tourments et espoir ,de se réapproprier son identité, d'enfin vivre loin des névroses maternelles et des souffrances provoquées par par son père. En cela, c'est un livre fort, touchant.



Et il y a cette beauté simple et consolatrice des magnifiques paysages du Michigan. Le lien tendre et fusionnel que David a noué avec sa chienne Carla m'a beaucoup plu aussi.



De Marquette à Veracruz, un parcours initiatique flamboyant et mortifère. ...



Commenter  J’apprécie          371
En route vers l'Ouest

Trois nouvelles dans lesquelles le grand Jimmy déroule ses thèmes favoris : appel de l'ouest et des grands espaces, nature, sexe humoristique, cuisine, vins français.



La première voit Chien Brun à la recherche d'une peau d'ours qui lui a été dérobée ce qui le conduit à Los Angeles où il devient par hasard chauffeur de Bob qui va l'aider financièrement et le faire naviguer entre Sunset Boulevard et Culver City. S'ensuivent quelques aventures pittoresques avec ou sans filles, toujours à la recherche du voleur de la peau d'ours. On a droit aux digressions habituelles de Jim Harrison et, par moments, il faut rechercher le fil conducteur.



La deuxième, malgré son titre semblant inapproprié, ramène les lecteurs de Jim dans ses espaces favoris, la forêt et ses nombreux animaux, la rivière et ses truites grillées sitôt pêchées, encore des filles, deux surtout, Ann et Sonia, amours déconcertantes d'un malheureux héros auquel est consacrée la nouvelle, Joe. Sanctification de la nature par Jimmy, extase devant ou plutôt derrière de jeunes postérieurs féminins, digressions sur la vie et la mort, bref un joli cocktail à savourer par les inconditionnels de l'auteur.



La troisième est plus originale que les précédentes et le héros étant riche, à la différence des deux autres, les grands crus français sont débouchés par ses soins à la moindre occasion, qu'il s'agisse de Lynch-Bages ou de Bandol domaine Tempier, favori de Jimmy. Le héros est biographe, il a une soeur, un frère, qui bossent pour lui en réunissant les documentations nécessaires, une étudiante qu'il finance en France, une première épouse pour un mariage de neuf jours qu'il va retrouver brièvement trente années plus tard, des souvenirs à la pelle qui agrémentent ses digressions et l'argent qui lui permet de voyager, sans parvenir toutefois à réaliser cette découverte de l'Espagne qu'il désirait tellement. Jimmy livre ses réflexions avisées sur l'existence, le choix d'un métier, la vie, la mort, la peur, le désarroi physique et moral. Heureusement qu'il a l'ivresse pour surmonter ses choix malheureux.



Ces trois nouvelles donnent un ensemble quand même un peu longuet, avec d'inévitables répétitions, mais aussi des passages fulgurants, du très bon Jim Harrison, qui à eux seuls justifient tout à fait de prendre avec Jimmy la route de l'Ouest.
Commenter  J’apprécie          361
Légendes d'automne



Ce livre est chez moi en attente depuis cet été, alors bien que je répugne généralement à me jeter sur un livre parce que l’auteur vient de mourir, j’ai décidé de m’y plonger.

C’est un recueil de trois longues nouvelles.



Une vengeance

Affrontement entre deux hommes auparavant amis pour une femme qui est l’épouse de l’un et la maitresse de l’autre. Mais au Mexique, la vengeance est telle qu’elle ferait peur à n’importe quel sicilien.



L’homme qui abandonna son nom

Un homme s’est construit une vie que beaucoup considèreraient idéale, il a épousé une très belle femme, l’entente est parfaite entre eux, intellectuellement et physiquement, il réussit merveilleusement dans sa carrière d’homme d’affaire et gagne beaucoup d’argent.

Mais un jour sa femme demande le divorce, et c’est le début d’une remise en question de toute sa vie, que peu à peu il va élaguer jusqu’à ne garder que ce qu’il considère essentiel.

Beaucoup d’interrogation sur le sens de la vie dans cette nouvelle.



Légendes d’automne

Surement la plus connue des trois, ne serait-ce que par le film qui en été tiré. Trois fils partent à la guerre sur la terre de France pendant la première guerre mondiale. L’un d’eux y meurt, et c’est tout l’équilibre de la famille qui est remis en cause. En particulier pour Tristan, qui a toujours été un peu sauvage, très près de la nature. Il alterne entre vie de famille et vie aventureuse dans une Amérique où l’on règle ses différends sans secours de la loi, avec un fusil.



J’ai beaucoup aimé le style d’Harrison que je découvrais avec ce livre. J’ai trouvé les histoires denses et prenantes.



Commenter  J’apprécie          360
Un bon jour pour mourir

Cela faisait fort longtemps que je voulais découvrir l'oeuvre de Jim Harrison, j'ai commencé par celui-ci dont le titre m'intriguait. L'histoire d'une excursion, d'une aventure. Ils sont trois, deux jeunes garçons et une jeune fille. Un couple (en est-ce vraiment un ?) qui vient de rencontrer un homme un peu paumé. Ils sont partis pour faire sauter un barrage à la dynamite. Sexe, drogues etc. Amour naissant, amour perdu.

Je suis fort contente de ma lecture. J'ai trouvé le récit très intense, vif, moderne. On a vraiment l'impression d'être sur la route, au côté des personnages. Au fond, on sent que ça va mal finir tout ça. Mais on attend, on parcourt les émois du trio. L'amour est galvaudé, vulgaire parfois. Le sexe est un problème : jamais au bon moment, jamais avec la bonne personne. L'acte est désiré mais jamais accompli, jamais vécu. Les personnages sont durs les uns envers les autres. Pourtant, ils sont unis dans leur projet fou, lancés bruyamment à la poursuite de leur chimère. J'ai aimé le mystère entourant les personnages : on ne sait rien de leur passé, on est totalement dans le moment présent. J'ai trouvé cette histoire, intense, brutale, violente : réelle.
Lien : http://lantredemesreves.blog..
Commenter  J’apprécie          360
Wolf. Mémoires fictifs

Pour apprécier ce livre il est important, je pense, de le remettre dans le contexte des années 70. Les rubriques d'un homme aimant la pêche, la nature, la solitude, l'alcool et les femmes. Un bon vivant, quoi ! Le Jim Harrison égal à lui-même tout en sincérité et écriture brute. Il campe à l'état sauvage et ses pensées nous emmènent sur sa famille, ses femmes et ses expériences. Il revient sur ce que nous avons lu dans ces autres ouvrages comme le décès de son père et de sa sœur dans un tragique accident de voiture, également de la perte de son oeil. Son côté direct peu rebuter un lecteur découvrant cet auteur. Moi, je me suis régalée avec cet amoureux des grands espaces.



Commenter  J’apprécie          350
Retour en Terre

Donald n’a que quarante-cinq ans mais, atteint d’une forme très agressive de sclérose en plaques, la mort qui est pour tous une finalité va le prendre, lui, très prochainement.

Pour que ses enfants, faisant actuellement leurs études en Californie, connaissent leurs lointaines origines, il dicte à sa femme Cynthia l’histoire des siens.

Donald est un sang mêlé, en partie finnois, en partie chippewa.

En 1871, un premier ancêtre, Clarence, une poignée de dollars en poche et chevauchant un cheval de trait, a rejoint le Michigan. Il est arrivé dans la ville de Marquette plus de trente ans après, de longues haltes pour travailler l’ayant retenu en chemin.

Comme tous les récits, des digressions viennent s’immiscer dans son déroulé ; l’internement de sa mère et les pleurs qui ont suivi, ses deux mois passés chez sa tante, puis Donald reprend le fil de son histoire. Clarence a trimé sur la construction des quais destinés aux minéraliers, a goûté aux veuves de la guerre de Sécession avant de contempler l’immensité du lac Supérieur.



Cette première partie, à écouter la voix de Donald, est pleine d’émotion, de tristesse aussi de comprendre que ses muscles le quittent rapidement, lui si costaud dès son plus jeune âge. Sa dernière marche, un bosquet de bouleaux, une branche basse pour s’allonger et atteindre la paix. Juste avant le noir diagnostique de sa maladie, son jeûne, à la belle étoile sur le versant d’une montagne de l’Ontario, loin du monde, pour faire corps avec la nature va déterminer sa fin qu’il désire choisir. Les histoires se mélangent, la sienne, celle de ses parents, de ses grands-parents, de la famille de sa femme… C’est également toute sa personnalité tournée vers le profond sentiment d’être un élément comme un autre dans cette nature que j’ai trouvée sublime. D’où son désir de retourner à la terre puisqu’il la ressent en lui.



Par quelques interruptions, les mots de Cynthia montrent son angoisse face à l’inévitable issue et sa voix clôturera ensuite ce roman sur le deuil. Entre-temps, deux autres membres de la famille vont intervenir, K, le neveu, et David, le frère de Cynthia.



La plume vagabonde activement sur les préoccupations, cogitations, émotions et souvenirs de chaque narrateur d’une manière un peu décousue. Tous ces éléments sont denses et partent un peu dans tous les sens pour revenir sur l’acceptation de la mort et le sens que l’on donne à l’existence.

Non loin, les ours et les corbeaux, dans la réalité, dans les rêves, dans l’esprit, ressortent de croyances indiennes qui sont juste esquissées mais ouvrent sur une question que l’auteur fait couler tout du long de ces quatre monologues : Y a-t-il une attitude à adopter face à la mort ? Comme ce qu’il advient après échappe à toute réalité, chacun n’a t-il pas droit d’imaginer et de sentir la présence du disparu dans le cours d’une rivière, dans un ours dont le souffle est perçu du fond de son hibernation ? Ou bien faut-il accepter que la mort prenne, sans laisser dans son sillage un fantôme de celui qui est parti ?



D’une manière un peu surprenante, avec un fil qui se rompt régulièrement, Jim Harrison nous fait emboîter les pas de ceux qui restent, qui se tournent sur leur passé tout en avançant avec l’idée que Donald n’est plus là. Mais est-il réellement absent ou bien continue-t-il son bonhomme de chemin dans l’ours trottinant en contrebas d’une crête de dunes jouxtant le lac Supérieur ?

Commenter  J’apprécie          350
Une odyssée américaine

Cliff, 60 ans, vient de se faire plaquer par sa femme partie avec un amant. Divorce, vente de la ferme. Il ressort un puzzle des Etats-unis et décide, en hommage à son frère, d'y déposer en main propre chaque pièce du puzzle correspondant à son Etat. Cet ancien prof et fermier nous promène en voiture au travers de l'Amérique, nous décrivant la pêche, les oiseaux, son appétit sexuel.

La façon d'écrire de Harrison est un pur bonheur. J'ai beaucoup apprécié la carte des Etats en début de livre que j'ai suivi à chaque chapitre. Peut-être un peu trop de répétitions.



Commenter  J’apprécie          356
Chien Brun - Intégrale

Je n’ai jamais beaucoup aimé l’automne, ses atmosphères entre deux, hésitantes, douteuses, voire fourbes, quand certains jours viennent te titiller la zone cervicale de la réminiscence estivale puis te rappeler avec fracas que c’est du passé et que tu vas morfler.



Se raccrocher alors à quelques lectures doudous est un palliatif. Pas suffisant mais apaisant. Un peu… Ouvrir un Jim Harrison notamment, comme avec Chien Brun, traduit par le grand Brice Matthieussent.



Juste deux pages et te voilà déjà transporté dans le Michigan, près des lacs. Et tu chopes ta dose de grands espaces, de liberté, d’indianitudes, d’esprits, d’alcool et de bitures, d’indifférence au temps qui passe, de liberté absolue.



Pas besoin d’en dire plus. Chien Brun, c’est tout ça, et un peu plus encore. De quoi oublier en tout cas qu’ils pourront toujours continuer à nous faire changer l’heure, le temps peut s’arrêter dès lors qu’on le décide.

Commenter  J’apprécie          340
La Route du retour

Première partie

Dissection de l’existence d’un vieil homme, métisse Lakota au crépuscule de celle-ci. Bisons décimés, indiens parqués, territoires amoindris où hurlent les derniers coyotes. Allers-retours d’une mémoire métronome où s’invitent entre âpreté, nostalgie et mélancolie les souvenirs des combats et massacres perpétrés en Europe, et sur les territoires des nations indiennes, les aléas d’une vie sentimentale et familiale mouvementées au sein de cette relation intimiste si particulière qui relie l’auteur à la nature, (et la lectrice que je suis à l’auteur qu’il est). Au fil de son parcours revisité l’homme abandonne peu à peu ses rêves, ses douleurs, ses compagnons et se retrouve nu face à son ultime voyage vers le couchant. L’écriture, dense, méticuleuse n’épargne aucun détail, aucune émotion, la lecture fait palpiter les neurones, l’esprit s’aiguise à décrypter ses lambeaux de vie empreints de philosophie et d’une clairvoyance acerbe.

Commenter  J’apprécie          340
Une odyssée américaine

Ancien professeur de littérature, puis fermier, Cliff, 60 ans vient de se faire plaquer par sa femme qui a suivi Fred, qu'ils avaient tout deux connus dans leur jeunesse; Cliff doit vendre sa ferme et part au volant de sa vieille guimbarde pour réaliser la grande mission qu'il s'est assigné à savoir rebaptiser tous les états du pays qu'il compte sillonner lors de son road-trip. Parti en solitaire, il sera néanmoins "harponné" par Marybelle, une ancienne étudiante, elle-même un peu paumée et restera partagé entre le besoin de sa présence (surtout son envie d'avoir des relations sexuelles qu'il vit comme des pansements à l'âme) et le besoin de solitude et de tranquillité.

Son périple sera l'occasion de convoquer ses souvenirs qui vont ressurgir, au détour des paysages ou des rencontres, des souvenirs qu'il égrene et enrichit des références littéraires qui lui sont chères : Thoreau, Emily Dickinson...

Alternant passages nostalgiques et moments plus crûs, Jim Harrison avec

Une Odyssée Americaine arrive à rendre profondément humain son personnage, tantôt désabusé et paumé, tantôt sentimental et n'arrivant pas à se détacher du passé, un homme vieillissant faisant le point et le bilan de sa vie, dans un style vrai, un personnage qui ne s'épargne pas...Une belle découverte

Commenter  J’apprécie          342
Un sacré gueuleton

On pourra envisager ces articles du grand Jim comme un guide des vins (gloire aux crus français, mais aussi italiens), un recueil philosophique (n'est-ce pas au fond la même chose ?), un livre de recettes (la plupart du temps fort étranges), un traité sur la chasse et sur la pêche de rivière (l'auteur en est féru), un récit de voyages (et notamment de ses voyages en France, terre nourricière qu'il affectionne en raison notamment de ses nombreux lecteurs qui lui permettent grâce à ses droits d'auteur d'acquérir les meilleurs flacons).

Jim Harrison livre ici, à titre posthume, le contenu de sa roborative "diététique" (que l'on n'est pas obligé de suivre), à travers une série d'aventures gastronomiques de belle facture publiées naguère dans la presse américaine. On y trouvera de jolis moments de vie. Le déroulé de son repas pantagruélique chez Marc Meneau à Vézelay, qui nous vaut le titre du livre, est d'anthologie. Ses amitiés sont tout autant vitaminées (le morvandiau Gérard Oberlé, auteur de l'épatant "Itinéraire spiritueux", est de ceux qui lui font concurrence sur le registre du bon vivre). Ah ! J'oubliais ! Harrison est également un politique avisé, jugez-en: "L'addition globale pour la guerre d'Irak et les réparations qui vont avec s'élèvera à 600 milliards de dollars. Si l'on avait dépensé cette somme pour offrir des vins français à toute notre population, il n'y aurait jamais eu de guerre, seulement une diplomatie bien huilée".

Si vous ne vous êtes pas fait vacciner contre la grippe, jetez vous sur Un sacré Gueuleton, c'est un excellent compromis.

Bonne lecture et large soif !
Commenter  J’apprécie          333
Dalva

Quelle écriture fulgurante, ce Jim Harrison, on a peine à reprendre son souffle, mais contrairement à l'humilité que j'avais apprécié dans 'Légendes d'automne', j'ai senti ici un manque d'inspiration et un certain narcissisme.

Dalva, c'est une mère sioux, un père aviateur disparu et remplacé par un grand-père attentionné à la tête d'une exploitation agricole prospère, son aïeul le révérend J.W. Northridge dévoué aux sioux en voie d'extermination mais dont Harrisson fait malheureusement alterner la biographie avec les ennuyeuses et pitoyables histoires de bouffe, picole et érections de l'historien Michael!

C'est aussi la quête de Duane, son demi frère indien et celle de leur enfant enlevé à la naissance, des chevauchées, une immersion dans la nature, dans le désert et chez les sioux.
Commenter  J’apprécie          331




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jim Harrison Voir plus

Quiz Voir plus

Jim Harrison, l'homme du Michigan...

Parmi ces nouvelles, laquelle ne figure pas dans le recueil "Légendes d'Automne" paru en 1979?

Une vengeance
Légendes d'Automne
En route vers l'Ouest
L'Homme qui abandonna son nom

10 questions
118 lecteurs ont répondu
Thème : Jim HarrisonCréer un quiz sur cet auteur

{* *}