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Critiques de Jim Harrison (1054)
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Légendes d'automne

Composé de trois nouvelles, ce recueil inclassable par son mélange de genres, s'articule autour de la vengeance et du rapport entre l'homme et la nature.



L'automne évoque l'arrière-saison, celle de la maturité, des questionnements et des regrets. Il éveille la conscience du temps qui passe et de l'imminence de la mort.



J'ai particulièrement aimé la noirceur de certains personnages qui, dans la peine, n'ont trouvé que la vengeance comme véritable exutoire.



Jim Harrison se confirme comme un excellent passeur de savoir et de sentiments. Son verbe fait jouer saveurs et sens et l'environnement devient son terrain de jeux.



Sa prose simple et concise alliée au lyrisme continue de me subjuguer.





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L'Eté où il faillit mourir

Je me suis levé ce matin, la gueule en bois, la bouche poussiéreuse. Après avoir craché quelques fragments de poumon, chaussé mes santiags et mis mon caleçon, dans cet ordre, je pars me faire du café. Les yeux dans le vague, ou le vide, cela dépend où pointe mon regard, je remplis la bouilloire, prends la tasse pas très nette qui était rangée dans l’évier entre les restes d’une vaisselle de trois jours, sors une petite cuillère du tiroir, ouvre le bocal à Nesca, et me rend compte qu’il est vide. Ça me donne envie de me recoucher aussitôt. Je repense à toi qui m’as quitté un peu plus tôt dans la saison. Depuis, l’envie de la vie se conjugue surtout avec saoulerie et coucherie. Le diptyque préféré des amoureux solitaires du Michigan.



Il neige dehors. Banalité d’une phrase mais qui prend tout son sens dans une contrée du Michigan. Tout de vient blanc et immobile, comme une coupure du temps. Les secondes ne s’égrènent même plus. On s’y fait à cette vie. Je m’y suis accoutumée, au contraire de ces dames souvent trop frileuses pour ce genre de lieu. Bref, je ne suis pas là pour m’étendre sur ma chienne de vie. Non, je voulais te parler d’une rencontre. Mais tout d’abord, j’enfile mon futal, démarre le pick-up direction la Wolf Tavern. L’odeur du café matinal me manque trop. Je prends un tabouret en bout de comptoir et attends que la serveuse vienne prendre ma commande. Nancy, je crois, une nouvelle de la Grande ville. Elle a du se perdre dans ce patelin ou alors son mec l’a largué sur le bord de la route. Un beau petit brin, cette fille. Ça me réchauffe déjà le cœur, et les yeux.



Je lui commande une bière. En attendant, je la reluque et je crois qu’elle le sent. Il est vrai que je ne suis pas très distingué mais si tu viens ici, tu n’auras affaire qu’à des rustres et péquenauds. Parfois gentils et aimables, n’empêche, dans ce pays, les gars aiment bien la chaire et le plaisir des yeux entretient l’espoir d’une rencontre d’une nuit. Et le cul qu’elle entretient, celle-là. Tiens, voilà le fidèle compagnon du comptoir qui vient s’installer à coté de mon tabouret. Un habitué, mi chien, mi indien. Il ne sent pas le raffinement non plus, mais c’est une crème avec les autres, surtout les femmes. Un œil aussi lubrique que le mien. Chien Brun qu’on l’appelle. Il a une caravane à la sortie de la ville. Je l’aime bien, comme tout le monde, sauf les services sociaux.



Je suis sûr qu’il va entamer la discussion sur la dernière nuit qu’il a passé. Il m’éclate, ce gars-là. Il lui en arrive toujours des drôles et des superbes. L’associé idéal pour passer le temps accoudé au comptoir collant d’un bar d’une région reculée et enneigée. Gagné ! Si je comptabilisais le nombre de fois où l’histoire commence de cette manière, je deviendrais expert-comptable dans une usine désaffectée à Milwaukee. Sa dentiste ! Belinda. Elle a les yeux bleus. Elle a le front blond Belinda. Un nom à faire une chanson si je trouvais un refrain. Je lui demande alors pourquoi il a l’air si triste, la gueule d’un chien battu à qui l’on aurait caché toutes ses croquettes. Il me dit qu’il sortait de son cabinet, une rage de dent, et que malgré les invitations de la belle, il a du renoncer à un nouveau rencart ce soir. Pas de pot… Mais quand même. Réflexion nécessaire, Belinda la nymphomane.



Nancy repasse par là, deux verres pour ces deux chiens abattus. Abattus mais qui gardent la force de regarder au travers de son chemisier. Elle me rappelle mon ex, en plus classe. Comment qu’elle s’appelait déjà ? Ah, oui, Gretchen qui a viré lesbienne. Je serais bien resté avec. Ce n’est pas moi que ça dérangeait. Un peu plus de fantaisie et de trous dans le lit, ça ne peut que flatter notre virilité. Chien Brun revient sur Gretchen qu’il a connu aussi avant moi, sans réussir à la dompter. Une fille qui a mal tourné. Je ne comprends pas pourquoi. J’étais pour elle. Plusieurs fois, je l’ai invité à ce bar. Notre table, c’était celle du coin là-bas, là où sur la table est gravé « C.B. + Shelley » entouré d’un cœur. Chien Brun me raconte du coup leur première rencontre. C’était à l’université. Je te rassure de suite, ni lui ni moi n’avons fréquenté ces bancs. Et pourtant, j’aurais du, je m’en mords les doigts. Pas que j’aurais mieux fini, genre dans une Grande ville, avec une cravate et des mocassins en peau de belette non maculés de bières de la veille. Non, là-bas, j’aurais pu en faire des rencontres, des belles, des jeunes, mêmes des grosses. Incontestablement, c’est ce qui ressemble dans cette contrée au paradis.



Au fait, Shelley, elle était comment déjà. Je crois que je l’avais croisé ici, mais je ne devais pas être en état de me souvenir de qui que ce soit l’heure d’après. Elles sont belles toutes ces femmes. Je tombe facilement amoureux. Seul moyen de survie, quelqu’un pour partager sa couche, histoire de ne pas finir seul et congelé dans une caravane remuée par le vent incessant du Nord. Ce vent glacial qui te fait garder les santiags pendant les préliminaires des ébats amoureux. Parce que de l’amour, il en est souvent question, on n’est pas des bêtes. Des hommes un peu rustres certes, un peu loups parfois même, mais on garde le respect du reflet dans le miroir. Shelley, brune callipyge perdue dans ce comté venteux, de quoi ébouriffer sa toison brune.



Je crois qu’en chemin, je me suis perdu. Une route longue et sinueuse entre les pins et les épicéas. La sève coule le long des arbres. Sensuelle sensation quand je caresse l’arbre, passant le majeur sur cette substance mielleuse glissant sur l’écorce, en pensant à Shelley, à Gretchen, à Belinda… Je te parle de mes femmes, de sève et d’alcool alors qu’il était question de roman. Bien sûr tout ceci n’est que fiction ou fantasme, où est la différence ? Au début, il était question de Jim Harrison et de « l’été où il faillit mourir ». Un roman, trois histoires, singulières différentes, surprenantes. Lire Jim, c’est comme entrer dans un bar du Michigan, commander une bière et regarder le menu. Entrée – plat – dessert. 3 nouvelles. D’abord cette histoire de Chien Brun, drolatique et pimentée, passionné par les femmes et la gastronomie. Une mise en bouche savoureuse et épicée. Se poursuit ensuite cet étrange récit où Jim se prend pour une femme. L’écriture devient féminine et raconte une histoire d’adultères et de femmes républicaines. Aie, Caramba… La bouche en feu, celles-là, toujours la passion, l’amour charnel. Sensuel et immoral comme ce gibier que l’on te sert à table de ce restaurant. Comme la boule de glace à la vanille sur ta tarte chaude aux cerises, tu entames la troisième nouvelle. Histoire alcoolique, histoire de la littérature. Jim est redevenu Jim, il se met en scène, décrit son penchant pour l’alcool, sa façon de vivre, ses amis de Misoula et d’ailleurs, ses références et sources inspiratrices, Hemingway et Faulkner en tête. Récit personnel et passionné. Puissant. Presque indispensable pour les amoureux de Jim Harrison, pour partager sa vie, ces espaces, pendant quelques pages…
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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De Marquette à Veracruz

David Burckett est le riche hétitier d'une famille ayant fait fortune dans le bois. Mais chez David, le renoncement à cette famille monstrueuse s''imposera rapidement. Car le père pédophile violent et arrogant réussit à passer à travers les mailles de la justice grâce à son fric.David va se construire autour de trois femmes dont l'une violée par son géniteur.

A quoi reconnais t'on un grand auteur ? en lisant ce roman et en règle général les livres d'Harisson vous aurez une réponse assez évidente.

Formidable roman d'apprentissage, celui d'un homme qui découvre la trahison la plus terrible celle du sang, décide de rassembler les preuves de l'infamie. Un style poétique, sensible, mélancolique sans oublier un humour bienvenu,"De Marquette à Veracruz est un roman qui vous poursuivra longtemps car et ce n'est pas là la moindre de ces qualités, Harrison est un extraordinaire conteur, capable de faire naitre des émotions à tout moment. Un livre en tout point insdispensable . Je sais maintenant pourquoi Monsieur Harrison est surnommé affectueusement "Big Jim".
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Julip - La Femme aux lucioles - L'été où il f..

Le recueil est constitué de longues nouvelles, presque des romans. La lecture est exigeante parce qu’il faut s’habituer au style de l’auteur, à ses personnages, avant d’être plongée dans le plaisir de la lecture.

Ses personnages, parfois marginaux, ne se projettent pas, ils réagissent aux évènements… ou pas. Les informations sont distillées petit à petit, façon puzzle, mais elles finissent toujours par m’entraîner, dans un endroit improbable du Michigan, et lorsque la nouvelle se termine, je quitte l’histoire avec regret.

Un drôle de personnage, Chien Brun, à la fois touchant et antipathique, stupide et astucieux, jusqu’à ce que l’on comprenne qu’il est incapable de prévoir ou de planifier quoi que ce soit. On lui demande de faire quelque chose, il le fait… ou pas, sauf quand il s’agit de boire un verre ou de séduire une femme, pour ça il est toujours partant. Le reste, c’est selon l’humeur, et tout ce qu’il entreprend finit par se heurter à l’impulsion du moment : un verre ou une femme.

Et puis il y a Rose, son grand amour, elle l’a longtemps rejeté et quand elle l’accepte c’est pire encore.

L’été où il faillit mourir est la plus touchante des nouvelles. Père adoptif de deux enfants, dont une fillette handicapée, Chien Brun est confronté aux services sociaux qui ont décidé de ce qui est bon pour elle.

Parmi les nouvelles éblouissantes : Le dolorosa beige et La femme aux lucioles.

J’ai achevé ma lecture en me promettant de relire Légendes d’Automne.


Lien : https://dequoilire.com/julip..
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Amérique : Des écrivains en liberté

Amoureux de la littérature américaine, je crois que cet album d'un format imposant, grand et lourd, pas spécialement pratique à lire, peut vous plaire, mais pour des photos cette dimension est idéale.



Il est réalisé comme un voyage à travers l'immensité du continent, une Odyssée américaine, à la rencontre d'écrivains cultes de notre époque mis en scène dans leur environnement, avec des entretiens portant sur tout et rien, ou bien, axés sur leurs sources d'inspiration et leur regard sur le monde.



C'est essentiellement une histoire d'hommes, faite par deux hommes, rédacteur et photographe. Les femmes sont très minoritaires. Il en manque beaucoup, dont la grande voix de Toni Morrison par exemple, même si les auteurs hispaniques, amérindiens, noirs ou métis sont présents avec leur vision spécifique de la société américaine. L'album s'ouvre et se referme sur Jim Harrison dont on partage avec les auteurs, des instants non loin de la fin de sa vie, et c'est très émouvant.



On apprend aussi plein de choses sur le statut de l'écrivain aux Etats-unis. Beaucoup travaillent ou effectuent tel Iain Levinson des petits boulots comme ses personnages. Pas mal enseignent l'écriture créative à l'université. C'est compliqué de vivre de sa plume et d'émerger dans le monde des lettres. L’un d’entre eux conseille donc avec humour à ses étudiants d'épouser quelqu’un de riche pour survivre dans le milieu hostile de l'édition. Certains sont même allés en prison. Ils sont le reflet de leur environnement, ils sont parfois des porte paroles.



Ils écrivent de tout, des romans sociaux, des polars, des histoires fantastiques, des scénarios, des articles de presse et ces conteurs magnifiques laissent émerger la désespérance des petites gens, leur fragilité personnelle et les fêlures de l'âme Humaine, de quoi donner à leur oeuvre une coloration universelle.



L'album se termine par une bibliographie pour chacun, afin de vous précipiter aussitôt dans votre médiathèque préférée pour plonger dans l'Amérique de Louise Erdrich, de Percival Everett ...et bien d'autres .



Non exhaustif sur le sujet, cet album n'en est pas moins une ouverture, une porte entrebâillée. A vous de vous engouffrer dans le passage pour découvrir cette littérature passionnante et ces grands espaces fascinants.







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Péchés capitaux

Tout d'abord, je voudrais remercier les Editions Thélème et Babelio pour m'avoir envoyé la version audio de ce livre dans le cadre de la dernière action Masse Critique.



Grande première pour moi, je n'avais encore jamais testé l'expérience audio pour la "lecture" d'un roman et force est de constater que ceci n'est pas pour moi. Attention, je ne dis pas que le lecteur "Julien Allouf" est mauvais, que neni ! Bien au contraire, je trouve que sa voix est généralement bien posée et qu'il doit être agréable d'écouter sa lecture assis au coin du feu. Malheureusement cette expérience de lecture n'est pas faite pour moi, ne parvenant pas à maintenir ma concentration suffisamment longtemps pour suivre le récit. Au bout de plusieurs minutes, je ne me souviens déjà plus de ce qui a été lu.



Toutefois, afin de pouvoir remplir mon contrat moral avec Babelio, à savoir réaliser une critique de ce roman de Jim Harrison, je m'en suis procuré une version électronique. Et .... (roulements de tambour ....), contrairement à la plupart des personnes qui ont critiqué ce livre, je n'ai pas apprécié du tout celui-ci. Pourtant je me suis forcé car au bout de 20 pages j'avais déjà envie de m'arrêter, et je suis arrivé à 60 pages. Mais trop c'est trop, là je ne peux vraiment pas aller plus loin. Je ne trouve aucun plaisir à la lecture de ce livre.



J'ai l'impression de lire une succession d'idées qui n'ont aucun lien les unes avec les autres mises bout à bout .... un peu comme ma liste de courses chaque semaine ! De plus, pas une page sans parler de sexe ! Je ne suis pas puritain, loin de là mais j'estime que comme pour la violence, le sexe dans un roman doit avoir une utilité pour le récit. Sinon il n'a rien à y faire. Et ici, j'ai l'impression de lire une succession de pensées d'un obsédé sexuel.



Vous l'aurez donc compris, je n'ai pas du tout aimé ce livre. Je ne dis pas qu'il est mauvais, mais simplement qu'il n'est pas pour moi !



A vous donc de vous faire votre propre opinion maintenant.



PS1 : un de mes collègues est un grand adepte des livres audio. Je m'en vais donc lui offrir celui-ci afin qu'il serve à quelqu'un et en espérant qu'il lui plaise plus qu'à moi !



PS2 : Ce livre ne m'ayant pas apporter beaucoup de plaisir, je vais faire une première entorse à mon principe d'associer un jeu aux critiques de livres que je rédige en 2017.
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La Fille du fermier

Je n’avais jamais lu Jim Harrison, voilà c’est fait et comme souvent je me demande pourquoi j’ai tant attendu. J’ai voulu commencer par un texte court au cas où je n’aimerais pas. Ce fut tout le contraire, j’aurais aimé que ça dure plus longtemps. J’ai un faible pour la littérature américaine et là j’ai trouvé tout ce que j’aime. La nature, les grands espaces, un mode de vie simple, mais rude sans concessions et puis surtout des personnages tellement vivants. Jim Harrison a vraiment un don pour décrire la nature humaine dans ce qu’elle a de beau et de laid.



Je me suis tout de suite attachée au personnage de Sarah qui n’a rien de la caricature de la jeune fille fleur bleue ou de celle de la paysanne dure à cuire mais soumise à la gente masculine. Souvent ce sont les personnages féminins que l’on croise dans les livres qui nous parlent de l’ouest sauvage. Sarah n’a rien à voir avec tout ça, c’est une jeune fille terriblement seule mais aussi très forte. La vie ne l’a pas épargné mais malgré les difficultés et sa sensibilité elle se bat pour se faire une place au soleil. Elle n’a pas eu d’autre choix que de devenir indépendante n’ayant jamais vraiment été épaulée c’était une question de survie. Sa beauté semble l’embarrassée plutôt que l’aider, elle compte plutôt sur son intelligence et son instruction pour s’en sortir. Pour autant Sarah n’est ni un ange, ni parfaite et c’est ce qui fait tout l’intérêt du personnage et de l’histoire. Mais je m’arrête là pour ne pas spoiler ce serait dommage.



Le texte est court et sans fioriture, abrupt, le rythme est enlevé, on va droit à l’essentiel. J’adore. Lire Jim Harrison m’a fait l’effet de partir en voyage. D’ailleurs je pense repartir bientôt.
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Amérique : Des écrivains en liberté

Un passage à la médiathèque... et je fais ma rentrée des classes à ma façon, en empruntant plus, et des choses différentes,; cette fois "Les âmes rouges" de Paul Gréveillac, et ce magnifique livre d'art et de littérature, édité dans un format impossible à ranger correctement dans nos rayonnages...[ format à l'Italienne, et un poids qui pourrait être dissuasif !!!]



Ces petits inconvénients ne sont rien comparés à l'extraordinaire anthologie de littérature américaine contemporaine qui nous est offerte...

enrichie de magnifiques photographies , très heureusement mises en valeur... : Portraits des écrivains, ou des larges espaces américains..Paysages saisissants,

portraits d'américains dans leur quotidien... Une mine de renseignements et un régal pour les yeux...



Des noms m'étant complètement inconnus, comme





-Eric Miles Williamson, "le bad boy des lettres américaines"

- Dagoberto Gill

- Marilynne Robinson, " le coeur de l'Amérique protestante"

- Sherman Alexie, "un Amérindien partagé "

-Gary Snyder, "Méditations zen sous les sapins enneigés de la Sierra Nevada"

-Rick Bass, "l'Homme des montagnes"..

-Tim O'Brien

- Chris Offutt, "l'homme des bois à Iowa City"

- Iain Levinson, l"e factotum des Lettres modernes"

-Jim Nisbet, "San Francisco noir"

- Thomas McGuane, "le cow-boy solitaire"

- Danzy Senna, "l'apparence ne veut rien dire"

- Charles D'Ambrosio, "Quand le profane touche au sacré", etc.



Mise en page très attractive; les photographies très réussies, sont mises en relief, jusqu'à des doubles pleines pages...



"Louise Erdrich

L'écriture est très importante dans ma vie, j'en ai besoin et j'écris quotidiennement. Je pourrais dire que j'en suis amoureuse, comme on pourrait l'être de la nature ou du ciel, d'une montagne, de quelque chose qui n'est pas humain. (p. 134)"





"Sherman Alexie -- Je me suis retrouvé à de trop nombreuses reprises aux côtés d'écrivains qui me rabaissaient pour la simple raison que j'étais un Indien. Il ne faut pas se voiler la face, tous les problèmes de race, de

classe et de sexe d'un pays se retrouvent au sein de sa communauté littéraire , et le racisme pourrit aujourd'hui encore le monde des lettres américain. "(p. 168)



Ce beau livre débute et se conclue sur Jim Harrison...une passionnante balade à travers l'Amérique: Un double voyage dans les mots et dans les grands espaces....



" Ils sont bien là, ces écrivains dont nous aimons tant les livres, l'indépendance et la liberté de ton. Du regretté Jim Harrissn à Louise Erdrich, de Laura Kasischke à Philippe Meyer, se dessine un portrait saisissant de l'Amérique d'aujourd'hui, à travers la littérature. Grâce aux magnifiques photographies qui accompagnent le livre, c'est également une véritable invitation au voyage" ----- François Busnel
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Nageur de rivière

Nageur de rivière est un recueil de deux longues nouvelles.

Dans la première "Au pays du sans-pareil", Clive, la soixantaine doit s'occuper de sa mère pendant l'absence de sa soeur. L'occasion de retourner dans la maison familiale, de replonger dans son passé, d'évoquer son premier amour, Laurette qui le faisait marcher en se jouant de ses sentiments, de sa mère castratrice, des rapports difficiles avec Sabrina sa fille, avec laquelle la relation s'est interrompue depuis trois ans déjà...

Dans la deuxième nouvelle Nageur de rivière qui donne son titre au recueil, on fait la connaissance de Thad, une sorte de Forest Gump, version nageur qui, fuyant après une bagarre violente, veut rejoindre Chicago en partant des environs des îles Manitou, le jeune homme, bercé par les histoires d'enfants aquatiques contées par une vieille indienne, va connaître toutes sortes d'aventures.



J'ai beaucoup aimé la première nouvelle où l'on plonge dans les questionnements de cet homme vieillissant qui reprend le cours de sa vie en analysant ses échecs, en regardant ses erreurs ou ses réussites en face, ancien artiste qui n'a pas réussi il est devenu professeur et critique d'art, l'occasion pour Jim Harrison de convoquer de nombreuses références artistiques et faire évoluer Clive vers une philosophie enfin sereine.

En revanche je me suis plus que perdue dans la deuxième nouvelle Nageur de rivière , un récit qui s'apparente à une aventure à la fois picaresque et un conte philosophique, mêlant des êtres surnaturels et dans un style que j'ai trouvé proche de la logorrhée narrative qui m'a plus déçue que séduite, tant les aventures s'enchaînaient à une rythme effrayant.

Une demi-déception et une lecture en demi-teinte au final.
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Chien Brun - Intégrale

Chien-Brun en trois mots ? Authentique, extravagant, licencieux.

En un seul mot ? LIBRE.



Libre comme un cabot fou (gentiment corniaud sur les bords), comme un bâtard indomptable allant truffe au vent où son instinct le porte.

Libre comme un métis errant, peut-être moitié-indien (à moins que pas du tout ?), grand amateur de schnaps et de fessiers féminins.

Libre comme un sauvage qui ne possède rien si ce n'est le grand sac poubelle qu'il sort de sa poche en cas d'averse, la vieille peau d'ours sacrée offerte par son oncle Delmore, parfois quelques dollars froissés au fond de sa chaussette et bien vite dépensés en bières fraîches ou en article de pêche à la truite.



Sacré bonhomme que celui-là ! Apparu pour la première fois dans l'œuvre immense de Jim Harrison en 1990, et retrouvé à cinq autres reprises jusqu'en 2013, il méritait bien cette grandiose intégrale !

Six novellas complètes (le format favori de Jim*), presque 600 pages aussi touffues que truculentes, des personnages récurrents et des connexions subtiles entre chacune des histoires : il n'en fallait pas moins pour reconstituer la chronologie des multiples aventures picaresques vécues par C.B et pour faire véritablement connaissance, en profondeur, avec ce personnage ô combien atypique, sans conteste l'un de mes préférés en littérature !

Sous ses airs de filou lubrique et nonchalant situé "aux antipodes de tout ce que la société juge acceptable", animé de pulsions et mû par un désir insatiable, voilà que se révèle au fil des pages un homme simple et vrai, épicurien à sa manière, infiniment plus sensible et complexe qu'il n'y paraît. Toujours partant pour la gaudriole, proche de défaillir à la moindre vision d'une cuisse dénudée, il n'en oublie pas pour autant ses amis - tous plus ou moins laissés-pour-compte, comme lui - et tout au long de ses pérégrinations dans la vaste péninsule Nord de ce Michigan si cher à Big Jim, il ne manquera jamais de rendre service à l'un ou à l'autre, avec une sincérité et une humilité désarmantes.

Évidemment les similitudes sont nombreuses et frappantes entre l'écrivain et son personnage fétiche : les deux me sont pareillement sympathiques, tant dans leurs excès que dans leur façon d'appréhender le monde.



Et que dire de cette nature âpre et sauvage, peuplée d'ours et d'oiseaux, de chiens et de coyotes, que Jim Harrison nous décrit comme personne ?

Comment résister à la furieuse envie de suivre Chien-Brun sur ses chemins de traverse, lui pour qui la vie ne vaut d'être vécue qu'au grand air, au bord d'un lac ou dans les profondeurs d'une forêt ("Quiconque a un peu de plomb dans la cervelle devrait se promener dans les bois glacés éclairés par la pleine lune. C'est en de telles occasions que j'ai appris presque tous les secrets de la vie que je connais") ?

Comment n'être pas tenté de se laisser porter en marge par les vents, à l'image de ce vagabond superbe en roue libre dans l'existence ("contrairement à la plupart d'entre nous, il n'entretenait pas l'illusion d'être au poste de commande") ?



Inutile d'en dire davantage : en un mot comme en cent je me suis régalé !

Voilà du pur Harrison comme je l'aime, voilà compilées six novellas de grande qualité qui se lisent comme autant de fables à la fois burlesques et tendres, délicieusement scabreuses mais bourrées d'humanité.

Une fois encore, pour reprendre les termes utilisés par Brice Matthieussent en conclusion de sa jolie préface, Jim Harrison s'impose en "merveilleux pourfendeur des idées reçues et défenseur de la vitalité essentielle de toutes les espèces, y compris l'humaine".



Tout ça pour dire que si je me trouve un jour confronté à la traditionnelle question "quel personnage de fiction aimeriez-vous rencontrer ?", je répondrai désormais sans la moindre hésitation : Chien-Brun, évidemment !



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* Novella : Roman habituellement court, où tous les événements sont reliés à un seul événement principal, laissant des périodes de repos au lecteur et dont la chute est normalement lente.

Dans sa préface, Brice Matthieussent parle d'un texte de "longueur moyenne, à mi-chemin entre la brève densité de la nouvelle et l'ampleur parfois torrentielle du roman harissonien", d'une "course de demi-fond, ni sprint ni marathon" et d'une "forme littéraire non pas inventée par J.H mais réactivée par lui, dont il est devenu le champion incontesté aux Etats-Unis".
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Légendes d'automne

Décidément j’apprécie beaucoup cet auteur pour sa sensibilité à fleur de peau, son approche lucide, souvent désenchantée de l’âme humaine, sa manière de peindre les êtres tels qu’ils sont : dans leur complexité, leur inertie, avec leurs doutes ou leurs obsessions. L’écriture sophistiquée, tourmentée, jamais inutile papillonne entre les êtres et les sentiments. L’omniprésence de la nature donne un écho magique aux hommes en souffrance, établit avec eux un lien invisible, une sorte de respiration complice.

Nordstrom le solitaire, inapte à communiquer, à partager, se recroqueville sur lui-même, semble extraire de ses propres cellules la sève qui lui permet d’exister. Il erre, tel un spectre, dans un monde qui ne le perçoit pas et qui pour lui est un décor sans âme.



Le drame accompagne chacun des pas de Cochran, type qui a vécu plusieurs vies et continue de tracer sans se retourner, sans rêve ni envie jusqu’à ce qu’il rencontre la femme de son meilleur ami. Pas de rédemption : la violence le rattrape et fracasse la passion qui aurait dû le sauver.



Trois frères, trois destins emportés dans le souffle morbide de la guerre, aux passions mort-nées ou avortées. Le jeune Samuel décède sous les balles allemandes, Alfred semble survivre dans une existence sans éclat, faiblement éclairée par son amour pour une femme au mental fragile qui en aime un autre : son frère. Et ce troisième frère donc, Tristan, exalté, écorché vif, brûle la vie par les deux bouts, se lance dans des entreprises périlleuses voire insensées et danse avec la mort pour la défier tandis qu’elle s’acharne à lui retirer des êtres chers. Récit terrible et bouleversant, à l’instar de l’épitaphe concernant celui qui dans la fratrie a vécu le plus longtemps : « Toujours seul, à l’écart, résolument solitaire, Tristan est enterré en Alberta. »

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Dalva

Continuant à remonter le fil de mes lacunes classiques en littérature américaine, j’ai – enfin – découvert Dalva de Jim Harrison, avec l’excellent Brice Matthieussent à la traduction. Et, une fois n’est pas coutume, je ferai court car je ne l’ai pas autant apprécié que ce à quoi je m’attendais depuis qu’il avait pris sa place dans la trop longue file d’attente de ma PAL.



J’ai pourtant été séduit par cette saga historique remontant l’histoire de la dynastie Northridge et de la longue et terrible agonie du peuple sioux.



J’ai pourtant été attiré par ce magnifique personnage de femme fière et belle qu’est Dalva.



J’ai pourtant adoré ces paysages naturels et sauvages du Nebraska où les eaux des rivières et des lacs sont si accueillants pour la baignade seul, à deux ou à cheval.



J’ai enfin goûté la grande beauté de la langue de Jim Harrison, riche et soignée, passant subtilement d’un style à l’autre, parfois dans la même phrase.



Mais la construction même de Dalva en fait un livre exigeant, qui nécessite une attention du lecteur à chaque page, ce qui n’était probablement pas mon humeur du moment. D’où une certaine impression de longueurs à plusieurs reprises me donnant rapidement envie d’en terminer au plus vite. Ce qui n ‘est jamais bon signe…



Mais je réessaierai un jour, promis !

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Théorie et pratique des rivières

Découverte des poèmes de Jim Harrison, après son recueil de nouvelles, « légendes d'automne ». C'est avec un grand plaisir que j'ai lu ces poèmes. On peut lire dans Wikipédia qu'il est un des chefs de file du « Nature writting ». Effectivement il est beaucoup question de l'homme et de la nature, par opposition à la ville. J'ai également tendance à l'assimiler à la Beat Generation dans son refus de la civilisation.

« Les rivières de ma vie :

moires mouvantes de lumière,

ancré au-dessus du train de bois

la nuit je vois la lune

en transparence au-dessus de l'eau

comme du lait éclaté, la bousculade

des poissons, ventre et dos

tour à tout raclant le bois

ou le fond ; et laissant aller, le courant

me soulève, m'arrache

et m'emporte …

Je vous le disais : une ode à la nature.
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Dalva

" J'ai beau avoir quarante-cinq ans, j'abrite en moi une jeune fille en larmes. Je demeure entre les bras d'hommes morts - d'abord Père, ensuite Duane. J'aurais aussi bien fait de mettre le feu à cette putain de maison. "



Quelle lecture atypique !

Roman écrit par un homme blanc très porté sur l'alcool, la nourriture et les femmes (des motifs très présents dans la narration sans qu'on y voit d'autre utilité que le lien avec la vie du romancier) qui met en scène une métis amérindienne. Le tout donne un mélange très étonnant car on sent que Jim Harrison était un homme très cultivé et ressentait beaucoup d'empathie pour le sort des Amérindiens, et qu'il est foncièrement à ces terres qui étaient autrefois les leurs.



Inutile sans doute de présenter l'héroïne éponyme, Dalva, qui a fait la renommée de Jim Harrison , le plaçant parmi les grands écrivains américains du 20ème siècle. Cette quadragénaire qui panse ses plaies en tentant tant bien que mal de panser celles des autres dans son métier d'assistante sociale décide un jour de partir à la recherche du fils qu'elle a eu 29 ans plus tôt et qu'elle a été forcée d'abandonner.

Cette "crise de la quarantaine" est l'occasion d'une exploration de son passé, de celui de sens ancêtres et du Nebraska.



J'ai beaucoup aimé ce personnage et la première partie du roman, la deuxième, beaucoup moins, celle-ci a d'ailleurs failli avoir raison de moi tant je trouvais les réflexions lubriques du personnages inintéressantes et sans lien avec l'histoire. Rétrospectivement, je dois avouer qu'en dehors des passages du journal du grand-père je n'en vois toujours pas l'intérêt. Heureusement, les 100 dernières pages (dans la troisième partie) rachètent cette impression négative d'ennui et de dispersion. Et je ne peux que me dire que ce roman a quelque chose de génial, même si à force de me perdre dans les aspects "chroniques de voyages et considérations masculines complaisantes", je ne peux m'empêcher de me dire que quelques chose m'a échappé.



Ce roman évoque aussi bien l'aliénation de soi-même, le déracinement, le cheminement de la vie , la manière dont nous évoluons et l'histoire familiale avec les histoires qui se répètent d'une génération à une autre. Je pense qu'il m'aurait fallu ses clés avant d'aborder cette lecture que je suis tout de même contente d'avoir mener à bien. Elle m'a donné envie de relire Jim Harrison et aussi d'autres auteurs amérindiens que j'affectionne beaucoup comme Louise Erdrich, Sherman Alexie, Scott Momaday, etc.



Une lecture plus déroutante, fouillée et exigeante que je le croyais !
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Dalva

Avec Jim, le lecteur peut être sûr d'être bien servi !

Tout d'abord, « littéralement » dirai-je, par de délicieuses saveurs et d'alléchantes arômes culinaires omniprésentes, que ce soit celles des bonnes recettes du cru (dont par exemple celle du faisan qui, ayant heurté en vol la voiture de Naomi alors qu'elle rentrait à la maison, sera déplumé, puis mijoté avec art et doré lentement au four, pour être enfin dégusté accompagné d'un flan de poireaux), ou bien celles de la plus prestigieuse gastronomie internationale (et surtout française, certainement pour Jim la plus raffinée entre toutes).

Pareil pour les alcools : des plus grands crus du bordelais ou un armagnac d'un âge vénérable, en passant par la vodka, la bière et les cocktails jusqu'à, pourquoi pas, à défaut de mieux, une bonne cuite à la gnôle ou au whisky trafiqués du coin... !

Et puis, il y a bien-sûr le sexe : des biroutes toujours plus ou moins prêtes à se mettre au garde à vous, des femmes qui assument assez ouvertement leur sexualité et leur envie de séduire, et qui sont souvent très peu disposées à tolérer la soumission ou la fidélité à tout prix à un homme..

Car Jim est un grand hédoniste et ne nous le cache pas !

Il ne se cache pas non plus, il me semble, derrière ses personnages !



Si ceux-ci sont aussi fascinants c'est justement parce qu'ils sont empreints d'humanité (dans les deux sens du mot, pour le meilleur et pour le pire.. !).Ils sont souvent farcis de contradictions, rarement tout à fait « bons » ou complètement « mauvais » : d'un côté, ils jurent et sont capables d'être à la limite de la vulgarité, -sans néanmoins véritablement en franchir la ligne-, ils veulent régulièrement , comme tout le monde, « faire le malin » ou se trouvent « plus malins » que les autres, sont ridicules parfois, savent dissimuler et mentir pour garder les apparences et quelquefois essaient sciemment de tirer avantage des autres et des situations ; d'un autre côté, ils peuvent tout aussi bien faire preuve d'autocritique et d'autodérision, de détachement matériel et de générosité, ils savent pardonner et , au fond d'eux-mêmes, semblent cultiver secrètement l'espoir de mieux faire et de mieux être.



En lisant Dalva, j'ai eu encore une fois le sentiment que les personnages, ici autant Michael que Dalva, constituaient des sortes d'hétéronymes, des doubles littéraires de Jim Harrison, lui permettant, pourquoi pas, de s'expérimenter vivre d'autres vies, savourer d'autres mets, boire encore davantage et faire l'amour encore plus librement !

Si le personnage de Michael se révèle sans ambages et en grande partie une projection de l'auteur lui-même (ils ont le même âge, traversent les mêmes contraintes à devoir prouver leurs capacités littéraires, vivent à peu près les mêmes difficultés matérielles, boivent tous les deux comme des trous...), celui de Dalva, personnage de femme unique et inoubliable, incarnant à merveille l'image d'une liberté sauvage et souveraine d'être au monde, sans jamais jouer à se faire semblant ou à s'autodétruire, emplie d'un élan vital persistant malgré tous les mauvais coups du sort subis par le passé, ne serait-elle aussi en fin de compte, la « part féminine » de Jim, sa meilleure part, son moi idéal qu'il aimerait pouvoir déployer dans le monde ?

Nous aussi lecteurs, comme le personnage de Michael-Jim, nous réalisons peut-être - et tel que le dit Michael de lui-même, que parfois la vie nous semble se réduire en réalité à « ce merdier dont j'essaie de m'extirper depuis des années » -, nous aussi sommes alors « littérairement» subjugués par autant de force vitale, et nous avons probablement au fond envie de lui ressembler. Nous voyons à différents passages du livre – morceaux littéraires par ailleurs d'une beauté à couper le souffle ! -, Dalva partir seule dans des décors qui illustrent merveilleusement cette liberté et cette puissance de vie, les exaltent à merveille. Ce sont des purs moments de réconciliation avec elle-même qui l'aident à sublimer sa rage, sa révolte, sa douleur, à renouer avec ce qui constitue le noyau profond de son être, son histoire passée et l'héritage laissé par ses ancêtres. On aimerait, une fois notre lecture terminée, pouvoir ne plus jamais oublier ces escapades solitaires dans la nature, auprès de torrents isolés ou au bord d'arides déserts de pierres.

Le personnage de Dalva a suscité en moi une empathie que j'ai rarement éprouvée en lisant une oeuvre de fiction. On a très envie de cette image de femme, on a également envie de faire comme elle, envie de nous échapper nous aussi vers d'autres territoires intimes, éloignés de nos lamentations quotidiennes et de nos regrets stériles, nous permettant d'apaiser notre intranquillité et de nous réconcilier avec nous-même.

Dalva est à mon avis une démonstration parfaite du fameux mot d'Aragon: « L'avenir de l'homme est la femme ». Un chef d'oeuvre magistral. Inoubliable.



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Une odyssée américaine

Que les titres de livres peuvent être trompeurs! Avant d'avoir le roman dans mes mains, je m'attendais à un sacré pavé dans lequel tous les états des Etats-Unis apparaîtraient dans leur beauté sauvage et indienne.

Mais un fois les premières pages parcourues et le personnage de Cliff approprié, j'ai adoré le voyage.

C'est que Cliff, la soixantaine, fraîchement divorcé et forcément désabusé, se présente tout d'abord comme un machiste qui ne s'intéresse qu'aux petits culs et à tout ce qui le fait bander. Pas vraiment motivant pour une lectrice... Et puis, et puis... la route étant ce que voyageurs, réalisateurs et écrivains préfèrent pour pratiquer l'introspection, c'est cette inertie au volant et les paysages rencontrés qui projettent dans la tête de Cliff multitudes de souvenirs, anecdotiques pour la plupart mais qui mis bout-à-bout lui donnent un fil à suivre, le déroulement de sa vie, ses êtres chers, ce qu'il est, lui-même.

Du Montana à San Fransisco, c'est soudain un déluge de larmes, la faiblesse de l'homme mûr qui se trouve face au vide... que faire de ce vide, de quoi l'habiller?

Jim Harrison exploite à fond le thème du voyage intérieur, et le fait brillamment. Notre personnage, comme son ex femme Vivian, sa compagne de voyage Marybel ou son ami le docteur A. - seul son fils semble stable - tous parcourent des chemins sinueux qui bifurquent parfois dans des directions inattendues, mais finalement toujours riches en découvertes.

Cliff est un personnage tout en profondeur, ancien enseignant s'étant reconverti en fermier, amoureux des oiseaux, ayant choisi comme voie de rebaptiser chaque état du nom d'une des tribus indiennes qui l'habitaient. La liste est en fin de livre. Je n'adhère pas à tous les propos du personnage et le trouve parfois injuste ou traitant les femmes de manière superficielle. Mais le personnage imaginé par Harrison est si réaliste qu'on pourrait lui rendre visite dans sa nouvelle demeure et discuter avec lui au clair de lune devant un bon vin.

Malgré tout, pour l'instant, Jim Harrison me laisse sur ma faim. Je suis convaincue que dans ses romans se trouve un futur coup de coeur, mais lequel?
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Un bon jour pour mourir

C’est le premier roman de Jim Harrison que je lis et je ne suis pas déçue.

Un trio d’allumés, composé de deux potes et l’amie de l’un deux, prend la route avec le but de faire sauter un barrage dans le Grand Canyon.

Entre alcool, cannabis et sexe, sur fond de pêche à la mouche, ce road movie ou road trip est un véritable tourbillon.

Des dialogues percutants, de l’humour, de l'évasion. On ne s’ennuie pas un instant avec ces personnages un poil déjantés.



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Grand Maître

Le grand Jim prend de l'âge c'est sûr et il ne changera plus, il aime les Indiens, la Nature, la Bonne Bouffe, le sexe, mais il vieillit , alors il s'éloigne de notre monde contemporain, il balance sa bagnole, il marche, il vit moins dans sa maison, il va à l'hôtel, il dort moins à l'hôtel, il campe, il vend ses fringues et en achète en seconde main et pas n'importe lesquelles : de cowboy ceux-là même qu'ont dévasté 10 millions d'indiens, 500 tribus sur deux siècles.



Alors le grand Jim fait un acte de contrition, il pourchasse un gars qui change d’appellation de temps en temps, ce gars pourchassé est l'archétype de tout ce que le grand Jim déteste et rejette : le pouvoir, le fric, la société de consommation. le 21ème siècle...



Mais le grand Jim est humain, il a donc ses contradictions : il picole, il fume, il mange riche : viande, graisse, viande, graisse, il s'auto-médicamente, son corps est blessé et meurtri à l'image d'une Amérique le cul entre deux chaises historiques et surtout il erre dans un désert affectif



Que des regrets, du cul vite fait, ouaip le grand Jim vieillit mais son écriture, elle, a gardé toute sa prime jeunesse
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De Marquette à Veracruz

Comment l'histoire familiale, surtout lorsqu'elle est peu reluisante, peut-elle empêcher ses descendants de vivre sans culpabilité?

David s'évertue à mettre sur papier tout ce dont ses ancêtres sont coupables, par cupidité, avidité, insensibilité. Né dans une famille riche du nord Michigan, il a de quoi vivre toute sa vie sans travailler; Mais cet argent vient d'Indiens chassés de leurs terres, d'animaux tués en masse et d'une nature sacrifiée à l'industrie.

Autre objet d'une honte plus grande encore: la lubricité du père pour les très jeunes filles et dont la notoriété lui a évité, jusqu'ici, tout souci juridique.

Quand son père s'en prend à sa soeur, puis à la fille dont il est amoureux et qui est aussi la fille de l'employé du père, Vera, la famille toute entière se désagrège pour toujours et David partira pour un long chemin de croix.



Bien sûr, comme c'est Jim Harrison, les paysages des Grands Lacs et du Michigan sont grandioses et donnent vraiment envie de s'isoler comme David dans un chalet en pleine nature où même les ours et les serpents ne font pas si peur. C'est dans ce milieu hostile, quand même, que David choisit de faire sa vie d'adulte, en refus au luxe qu'aime son père. Mais peut-on vivre éternellement dans ce réflexe constant d'opposition?

Face aux dégâts irréversibles provoqués par le père, chacun va devoir se débrouiller avec ce qu'il a perdu; c'est un roman captivant sur la nature humaine, les tragédies familiales, la résiliation, le tout posé dans une Amérique qui a le poids d'un passé colonisateur et destructeur à accepter et dépasser car finalement, à travers le père, ce sont tous les colons du Vieux Monde qui sont accusés.
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Dalva

Je me suis laissée emballer par le récit de Dalva tout au début, en dépit de quelques histoires de sexe un peu choquantes, mais quand intervient le récit de Michael, j'ai laissé reposer le livre un moment car déjà en tant qu'amant, il m'a été antipathique, un alcoolique préoccupé plus par son érection que par ses ambitions en tant qu'un chercheur et savant. Faire de Michael, un savant un peu décalé, divergent, hors norme, m'a un peu dérangé. Hormis ce désagrément, J'ai passé un bon moment avec Dalva, avec son histoire d'amour de jeunesse très très troublante, avec ça nous allons retrouver l'histoire de toute l'Amérique. L'écriture est très agréable, l'auteur y fait mêler un peu de l'humour et un peu de poésie parlant de la nature, ce qui dénote un réel amour pour cette Amérique qui vient de loin!
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