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François-Michel Durazzo (Traducteur)
EAN : 9791038701496
224 pages
Zulma (06/10/2022)
3.15/5   72 notes
Résumé :
Un écrivain turc renommé reçoit en héritage une bibliothèque de plus de trente mille ouvrages, rassemblés dans un écrin de verre au milieu d'un vaste domaine arboré sur les hauteurs de Dragos, quartier d'Istanbul qui surplombe le Bosphore. Dans le dédale des rayonnages, au fil des livres et des notes, il apprend à connaître le mystérieux donateur, jusqu'à présent unique lecteur du lieu.
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
3,15

sur 72 notes
** Lecture fort intéressante qui m'a toutefois laissé sur un goût d'inachevé !...

Déjà une semaine que j'ai achevé ce livre...dont je voudrais rendre compte, en dépit de quelques réserves minimes !

"J'ai passé ma vie avec les livres, parmi les livres. J'en ai écrit quelques uns, comme éditeur j'en ai publié un bon nombre, j'en ai lu beaucoup plus, j'en ai acheté pour les lire, j'en ai manipulé pour les acheter, j'ai feuilleté leurs pages, et, avec le temps, en en couvrant les murs de ma maison, j'ai fini par acquérir au milieu d'eux une sorte de sécurité. "

Un écrivain renommé, collectionneur averti, qui possède de nombreux points communs avec l'auteur lui-même...est sollicité par un notaire pour recevoir en héritage une somptueuse et abondante bibliothèque, constituée par un inconnu, pendant toute sa vie ou presque : 65 ans pour réunir, à ses yeux ( on imagine) la " Bibliothèque idéale "...

Notre auteur, bien perplexe, essaye de questionner le notaire pour avoir quelques informations sur ce mystérieux donateur ! Mais rien à faire: l'une des volontés expresses du donateur est de rester dans l'anonymat !?
La vie de notre écrivain va être, à cette occasion, chamboulée de tout au tout...jusqu'à une crise de couple des plus sérieuses. Déjà très accaparé par ses occupations d' écrivain, de chercheur, de collectionneur quelque peu obsessionnel... cet héritage impromptu va démultiplier "son addiction aux livres"...

Notre " héritier " pourrait refuser cette donation aussi obscure que mystérieuse...mais il est trop intrigué et trop curieux de cette drôle d'histoire !!!
...Il fait des " va et vient" dans ce lieu secret , isolé, où cette bibliothèque très spéciale se situe...Sa femme s' éloigne, assez excédée, par la nouvelle obsession de son époux ! Il n'en semble pas plus affecté que cela !

Il demande l'aide et l'avis de l'un de ses meilleurs amis...qui lui propose une autre direction de recherches : visiblement, le donateur serait un admirateur de ses écrits, réalisant , entre autres, un rêve de l' Écrivain : une " Cabane- Bibliothèque " dans les arbres, à l'écart de tout !

Nous n'en saurons guère plus...et nous resterons dans tous les fantasmes possibles, dans une sorte de
nébuleuse !
Ce legs inattendu et incompréhensible offre toutefois l'occasion à l'auteur- narrateur d'écrire de très belles pages sur les Livres, l' Écriture, la Lecture et toutes les addictions possibles aux Livres : des fous passionnés ( dont nous faisons grandement partie, les uns et les autres) aux " victimes des livres" qui se déconnectent de tout ce qui les entoure !...

J'ai beaucoup apprécié cette lecture tout en ayant quelques " bémols": une certaine froideur..distance, une tendance au narcissisme...et une chute qui laisse le lecteur sur sa faim, mais sûrement à dessein...!
Mais , bien sûr, on sait bien que les collectionneurs, les bibliophiles sont des " drôles d'oiseaux" !!

Toutefois, un aspect non négligeable de ce " fou de livres" qui analyse très bien à la fois, les bienfaits et les excès parfois négatifs des passionnés ou "accrocs devenus victimes Du Livre" !

Alors...chacun sa lecture !

Un texte d'un auteur turc que je découvrais, qui vaut néanmoins, largement le détour !
Et je conclue sur cette phrase incroyable :

"Nous ne pouvons pas savoir quel destin connaîtront le monde des livres ou le livre lui-même, bien que je sois d'accord avec Umberto Eco, qui dit : " le livre est comme la cuillère, le marteau, la roue ou le ciseau. Une fois que vous les avez inventés, vous ne pouvez pas faire mieux"




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le narrateur vit au milieu des livres , vit des livres , rattache sa vie aux livres.
de retour à Istanbul, il hérite d'un inconnu...qui lui lègue une bibliothèque de plus de 30000 ouvrages..

Quel livre étrange . 200 pages centrées sur la place du livre au coeur de nos vies , en tous les cas de celle de l'auteur. Beaucoup de réflexions pertinentes .
J'ai beaucoup aimé la partie où l'auteur s'interroge sur la façon dont sont agencées les bibliothèques . C'est vrai ça . Comment classe t on ses livres dans une bibliothèque ? Je me suis humblement rendu compte que pour moi, c'était l'anarchie qui prévalait, pas forcément très utile lorsque l'on est pressé de trouvé un livre !
Et donc , dans sa bibliothèque héritée , l'auteur cherche à comprendre la logique et à découvrir pourquoi il hérite , lui et pas un autre.

Ce roman devrait plaire à pas mal de babeliotes , férus de livres , mais il n'en reste pas moins plus une réflexion sur la place du livre qu'une histoire à proprement parler.

J'ai beaucoup aimé l'écriture , et donc la traduction forcément. C'est un livre érudit , plein de références . Et je partage avec l'auteur le fait que la vue sur la cathédrale de Chartres depuis certaines campagnes peut être envoutantes.

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Pendant plusieurs semaines, je me suis creusé la tête pour savoir comment j'allais chronibouiller ce roman...

Parce que si La Maison aux livres est un roman (et la page de titre mentionne bien le terme de roman), c'est surtout une réflexion très érudite (sur les livres et leur classement dans les bibliothèques) qui oscille entre auto-fiction et essai.

Il faut dire qu'Enis Batur est beaucoup de choses : un éditeur, un poète, un romancier, un essayiste, un intellectuel, etc... Mais c'est surtout un amoureux des livres comme Jorge Luis Borges, Umberto Eco ou Alberto Manguel et on ne peut qu'être déçu.e si on s'attend à une une gentille romance dans le genre de la bibliothèque aux coeurs cabossé.

Pour ma part, le premier étonnement passé, j'ai adoré cette lecture qui s'est terminée par un grand coup de coeur !
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Une fois encore Enis Batur écrit sur les livres, et sur les rapports qu'il entretient avec eux. le livre se situe entre fiction et auto-fiction, un personnage écrivain, qui semble beaucoup lui ressembler est au centre de son texte.

Ce narrateur reçoit la visite d'un avocat, Reza bey, qui lui fait une étrange annonce : un homme lui a légué la maison aux livres du titre, un bâtiment situé dans un bois, pourvu d'une cabane de lecture, et qui contient des dizaines de milliers de livres, une sélection de la bibliothèque du défunt. L'avocat ne doit pas révéler l'identité de ce dernier, cela lui est formellement interdit. Notre écrivain visite le lieu, qui semble enchanté et en même temps dangereux, car il pressent qu'y plonger risque de tout chambouler dans sa vie. Et c'est ce qui arrive : le narrateur est happé par l'endroit, y passe beaucoup de temps, tente de retrouver la logique de la constitution de la bibliothèque, imagine le donateur, avec multiples scénarii. Et se souvient, ressasse, parle des livres, des bibliothèques, rêve, fait des cauchemars. Au point que son couple en devient menacé. Et tout cela jusqu'à une sorte de révélation finale.

C'est un grand bonheur de lecture, que ce livre érudit, ironique, presque métaphysique, dans lequel les livres sont une métaphore de notre rapport au monde. Les auteurs qui ont écrit sur les livres et les bibliothèques sont là, explicitement ou plus discrètement. Nous entrons dans le vaste monde, en partie virtuel ou symbolique, mais aussi terriblement tangible des livres, de l'écrit, des rayonnages. S'y aventurer, c'est risquer de s'y perdre, pour essayer d'y trouver une sorte de Graal, soi-même sans doute en partie. Mais il n'y a pas de sortie possible, une fois enclenché la déambulation devient un choix de vie, un rapport au monde.
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Le narrateur, un écrivain reconnu se voit offrir un héritage tout à fait surprenant, de la part d'un certain Monsieur qu'il ne connaît pas. Ce qu'on lui offre ? Rien moins qu'une bibliothèque ultra-moderne, toute de verre et d'acier. Elle contient plus de trente mille volumes. Elle est entourée par un magnifique parc arboré, qui abrite aussi une salle de lecture annexe, une sorte de cabanon amélioré.

Cerise sur le gâteau l'entretien du site et les salaires de deux employés font également partie de l'offre. le narrateur se demande d'abord s'il va accepter cet héritage dont la provenance restera inconnue. Il finira par accepter.

Sa vie ne sera plus la même : il va être littéralement obsédé par ce lieu. Lui qui déjà avait d'autres fragilités psychiques va y passer de plus en plus de temps, persuadé qu'il est de pouvoir trouver de multiples indices sur l'identité du donateur par le choix des livres, le système de classement très personnel et aussi par des notes laissées par celui-ci dans certains volumes.

Je ne connaissais pas Enis Batur avant cette lecture qui s'est avérée prenante, érudite mais déconcertante. Son écriture m'a fait penser à certains romans d'Enrique Vila-Matas, eux aussi souvent centrés sur des écrivains atypiques. Depuis Borges, Eco et bien d'autres le thème de la Bibliothèque comme lieu de découverte et de danger reste pour moi très attirant. Cet ouvrage d'Enis Batur mérite lui aussi de figurer sur ses étagères.
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critiques presse (2)
Marianne_
29 décembre 2022
Les romans consacrés aux bibliothèques sont nombreux, et emblématiques de l’essence même de la littérature. Loin des autofictions à la mode, Enis Batur raconte les démêlés d’un romancier et éditeur qui lui ressemble comme un frère avec une bibliothèque que lui a léguée un inconnu : voici l’homme des livres aux prises avec 34 000 volumes dont le classement est le moindre secret.
Lire la critique sur le site : Marianne_
LeMonde
02 décembre 2022
Derrière l’intrigue du mystérieux donateur, il explore ici la manière dont une profonde « addiction au livre » peut façonner le cours d’une vie.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Pour notre repas d’adieu, le Centre culturel avait réservé un restaurant au cœur du bazar de Sarajevo. À midi, quand les derniers participants sont arrivés par minibus depuis notre hôtel situé un peu à l’extérieur de la ville, nous n’étions pas encore passés à table. J’ai choisi une chaise dans un angle et, affichant la mine la plus revêche possible, j’ai mangé succinctement, parlé peu, préférant descendre à moi seul une bouteille de vin du pays, j’ai avalé en attendant l’heure du café deux Xanax avec un verre d’eau et déclaré à l’écrivain espagnol qui me regardait avec des yeux ronds, comme s’il espérait une explication : « Préparatifs pour le vol ! » J’imagine qu’il n’y a rien compris, car, si de mon côté je n'arrive pas à concevoir que les gens n’aient pas peur de monter dans un avion, comment pourraient-ils, en dépit de leur a priori sur moi, m’attribuer cette peur. Pourtant, cette phobie est si tenace que, non contente d’ignorer toute logique, elle sait trouver le moyen de me faire souffrir toujours plus. Dès l’arrivée à l’aéroport et le passage à la douane, le malin plaisir qu’ont les hommes d’annoncer de mauvaises nouvelles m’est tombé dessus. On nous annonçait un retard indéfini. On ne savait pas clairement ce qui s’était produit, ni combien de temps le départ serait retardé. Par chance, il y avait un bar qui selon toute apparence venait d’ouvrir au bout du petit hall de ce terminal et, perché sur un tabouret, fumant cigarette sur cigarette et buvant du whisky sec, je suis parvenu à me maintenir dans un état cotonneux.

(INCIPIT)
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Ces dernières années, j’ai entendu libraires et autres vendeurs de livres déclarer à l’unisson que, dans notre pays comme à l’étranger, le nombre de leurs jeunes clients diminuait progressivement. Nous savons que les données statistiques donnent le résultat inverse. La population de lecteurs augmente, le nombre de livres publiés et vendus connaît une augmentation notable, l’environnement virtuel semble avoir élargi le champ de la lecture à jamais. Alors, pourquoi ces mots dans leur bouche?

À mon avis, le livre comme objet, la lecture comme fonction voient s’élargir la portée du rituel et ses limites. Tandis que leur relation se développe dans sa dimension pragmatique, celle qu’on peut considérer comme symbolique baisse d’un cran. Pour nous, de même que pour ceux qui nous ont précédés, les livres faisaient l’objet d’un engouement, nous ne les aimions pas seulement au seul motif qu’ils faisaient notre affaire, mais nous leur donnions, au-delà de leur dimension scripturale, un sens pour qu’ils remplissent leur fonction. La principale raison qui nous poussait à entrer dans une librairie d’occasion n’était pas simplement leur moindre coût car, en changeant de mains, chaque livre, loin de se réduire au texte qu’il contenait, gagnait en richesse. Nous attribuions secrètement au contenu du livre une forme d’expérience accumulée au fil de ses lectures antérieures.

Personne ne pourrait imaginer d’avance combien de livres ne seront jamais lus, ou resteront en sommeil dans les bibliothèques du monde. Ce n’est d’ailleurs un secret pour personne, de nombreux ouvrages restés sans lecteurs sont jetés, pilonnés et le moment venu recyclés. Cependant, cette évaluation n’est pas tout à fait juste. Alors que d’un côté de la balance on trouve des titres conçus selon des formules toutes faites pour répondre aux besoins d’un large public de consommateurs, de l’autre côté, on fait face à la profonde méfiance de lecteurs profonds, convaincus qu’il existe peut-être de nombreux livres promis au même destin que Les Chants de Maldoror. La fortune d’un livre est soumise à un cercle vicieux : seuls ceux qui ont consacré à la lecture une partie significative de leur vie sont capables de le comprendre et d’en saisir la portée.

N’ai-je pas affirmé que lire, c’était s’évader, se retirer en soi? Je suis sûr de l’avoir dit au moins une fois. Quand on lit, l’univers entier est tenu à l’écart. Lorsqu’on se plonge dans les pages d’un livre, les autres s’effacent avec leurs voix et leurs mots. On se projette sur une terre lumineuse, tempérée, à l’abri, et cela même lorsqu’on voit défiler sous ses yeux les caractères d’un texte sombre, dur et effrayant. Aussi sait-on, en éteignant la lumière et en posant la tête sur l’oreiller, que le monde réel qui nous entoure va laisser place à un monde plus réel encore. Celui qui n’a jamais lu de cette manière n’a pas encore vécu.

C’est pourquoi chaque lecteur aime avoir dans sa bibliothèque des livres qu’il n’a pas encore ouverts. Il se soucie des promesses qu’ils portent en eux. L’attente est un des moteurs les plus forts de la vie. Dommage qu’à côté de cela il reste une difficulté : si j’évaluais le nombre de livres que je pourrais lire, combien devrais-je laisser de côté? Lorsqu’il atteint un certain âge, le lecteur avisé apprend à renoncer. Nul ne boira jamais à la source qui étancherait toute soif.
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J'ai passé ma vie avec les livres, parmi les livres. J'en ai écrit quelques uns, comme éditeur j'en ai publié un bon nombre, j'en ai lu beaucoup plus, j'en ai acheté pour les lire, j'en ai manipulé pour les acheter, j'ai feuilleté leurs pages, et, avec le temps, en en couvrant les murs de ma maison, j'ai fini par acquérir au milieu d'eux une sorte de sécurité.

( p.45)
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Au bout de quelque temps, sans avoir eu l'occasion de comprendre comment cela était arrivé, on commençait à considérer la librairie comme ce que Virginia Woolf aurait appelé " un lieu à soi".
Il régnait en de tels lieux une paix particulière, générée par de nouvelles complicités. On pouvait y faire des rencontres insolites, très éloignées de soi, ou avoir la chance d'approcher des habitués totalement différents de tous ceux qu'on fréquentait.

( p.54)
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Nous ne pouvons pas savoir quel destin connaîtront le monde des livres ou le livre lui-même, bien que je sois d'accord avec Umberto Eco, qui dit : " Le livre est comme la cuillère, le marteau, la roue ou le ciseau. Une fois que vous les avez inventés, vous ne pouvez pas faire mieux"

( p.81)
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