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EAN : 9782070144419
96 pages
Gallimard (06/03/2014)
3.81/5   246 notes
Résumé :
Un vieux criminel de guerre et sa fille dînent dans une auberge au milieu des Dolomites et se retrouvent à la table voisine de celle du narrateur, qui travaille sur une de ses traductions du yiddish. En deux récits juxtaposés, comme les deux tables de ce restaurant de montagne, Erri De Luca évoque son amour pour la langue et la littérature yiddish, puis, par la voix de la femme, l'existence d'un homme sans remords, qui considère que son seul tort est d'avoir perdu l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (81) Voir plus Ajouter une critique
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Deux hommes et une femme.

L'un, écrivain, a appris l'hébreu pour lire la Bible, et le yiddish, bouleversé par une visite au ghetto de Varsovie reconstruit et à Auschwitz-Birkenau, en mémoire de ces onze millions de personnes qui le parlaient dans les pays de l'Est avant la Seconde Guerre mondiale. L'autre, citoyen autrichien, s'est lancé dans l'étude de la kabbale, après une rencontre fortuite, pour comprendre la défaite du Troisième Reich. La femme découvre, à vingt ans, que son père est un criminel de guerre, nazi sans remords, masqué sous une fausse identité, facteur de métier, quasi muet en public pour que sa voix ne soit pas reconnue par d'anciennes victimes des camps.

La kabbale est au centre du récit.
L'auteur aime l'esthétique des lettres hébraïques et la sonorité des mots qu'il murmure. le criminel de guerre les décortique pour saisir pourquoi les chefs allemands n'ont pas désintégré le livre sacré, noyau du judaïsme, alors que l'éradication du peuple élu par la destruction des corps, a été un échec.

L'un traduit en italien des oeuvres en yiddish d'auteurs peu connus dans son pays.
L'autre associe les chiffres aux lettres pour donner sens, son sens, aux Sephiroth. Il découvre que tout y existe que la persécution des Juifs est annoncée, que la vengeance y est inscrite. Il se sent traqué depuis son retour à Vienne, non pas par ceux de son pays mais par « eux ». Il veut savoir pourquoi le nazisme a échoué et pourquoi, lui, soldat obéissant, doit errer à travers le monde.

Après le départ de sa femme, il trouve un appartement plus proche de son lieu de travail, tout près de l'Institut Wiesenthal où il dépose chaque jour du courrier, croyant prendre à revers ses poursuivants. Sa fille accepte de rester à ses côtés, sans complicité et sans conflit. Elle a reçu son père en héritage à un âge où elle aurait pu recevoir un fils. C'est un poids dont elle ne sent aucune culpabilité, aucun besoin de retrouver des enfants de nazis, aucun besoin de connaître l'identité réelle de son père. Elle pose comme modèle à l'Académie des beaux-arts. Elle se sent « faite pour le métier de statue ».

Lors de quelques jours de vacances au Tyrol, le père et la fille s'arrêtent dans une auberge. C'est là qu'a lieu la rencontre avec l'auteur, revenu d'une journée d'alpinisme.

L'un lit un texte en yiddish tout en remuant les lèvres comme à son habitude ; l'autre y voit un signe, il croit qu'il a été rattrapé, que la vengeance est proche, que sa défaite est consommée.

Ce livre comporte deux parties : la première narrée par un écrivain qui a appris l'hébreu pour lire la Bible et le yiddish par devoir de mémoire, qui ressemble tellement à son napolitain « deux langues de grande foule dans des espaces étroits ». Il brosse avec délicatesse les victimes de la Shoah.

La deuxième partie est racontée par la fille du criminel de guerre. Son enfance innocente bercée par un mensonge sur sa filiation. Sa vie d'adulte auprès d'un père qu'elle ne veut pas renier mais pas accréditer non plus.

Erri de Luca sait, en peu de mots et avec sobriété, donner de la profondeur et de l'épaisseur à ses personnages, comme il sait à merveille manier des conceptions contraires sans juger, sans prendre parti tant il connaît la complexité humaine.

Une grande humilité pour aller à l'essentiel. La classe.





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Me jetant à corps perdu dans l'écriture riche et dense d'Erri de Luca, je me suis retrouvé vite hésitant quand aux intentions de l'auteur. Au départ, j'ai cru à un roman autobiographique mais plusieurs indices contradictoires m'ont fait hésiter et reprendre ma lecture. Il m'aura fallut quelques pages pour, dans le doute, consulter la quatrième de couverture et comprendre qu'il n'en était rien (bien que celle-ci puisse induire en erreur) et pourtant je m'y suis mépris tant cela semblait logique dans le texte. Mais cette probable proximité entre l'auteur et le personnage a peut-être pour objectif de rapprocher la fiction de la réalité...

En retraçant l'histoire de ces personnages qui ont un point commun dans leurs préoccupations pour les évènements de la seconde guerre mondiale et pour la place centrale qu'y a occupé le peuple juif, il offre des portraits de personnages aux idées bien divergentes. C'est donc dans un étrange ballet de jeux de coïncidences que le hasard réunis ses personnages aux destin si différents. Mais il n'y a pas de jugement dans les lignes d'Erri de Luca, il y a de l'humilité, il y a sorte une lumière blafarde projetée sur les évènements qui dessine les contours hésitants et indécis de la réelle volonté des hommes.

Alors que l'un est passionné par la langue et la littérature Yiddish dont il se fait le traducteur, l'autre est un ancien soldat allemand traqué est obsédé par la défaite. Chacun tente de comprendre, à sa manière.

Et il y a la jeune femme, celle qui semble être le trait d'union entre les deux hommes, les deux mondes qui se diluent en sa présence l'espace d'un instant, et qui peu après reprennent leur attributs passés. Erri de Luca a t'il voulu faire passer un message d'espoir pour l'avenir à travers ces liens invisibles et intergénérationnels?

Quand déjà une génération avance, une autre apparait avec un regard nouveau sur le monde présent, car si la mémoire est essentielle, tous les souvenirs ne le sont pas.
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« le tort du soldat est la défaite. La victoire justifie tout. »

L'officier nazi qui déclare cela se sent traqué, perpétuellement, où qu'il aille. Sa femme beaucoup plus jeune que lui l'a quitté. Sa fille apprend à ce moment qu'il est son père, et non son grand-père comme on lui avait fait croire. Elle perd une mère en même temps qu'elle accepte son père. Non ses exactions, non ses crimes, mais son père.
Durant son enfance, elle a supporté le silence lourd de ses parents, mais elle a expérimenté également la légèreté des mains d'un garçon sourd-muet ouvert à la douceur du monde. Jeune fille, jeune femme, elle a offert au regard des élèves des Beaux-Arts son corps hermétique et parfait.
Tandis que son père étudiait la kabbale et la symbolique des nombres. Tandis qu'il était taraudé par l'essence du judaïsme, hanté par les Juifs.

D'un autre côté, il y a l'écrivain napolitain hanté par le yiddish qui « ressemble au napolitain, deux langues de grande foule dans des espaces étroits. Expertes en misères, émigrations et théâtres ». Chargé par son éditeur de traduire des manuscrits d'Israel Josuah Singer, il s'immerge dans ces textes et en retire une jouissance extrême.

Le couple père-fille et l'écrivain se retrouvent fortuitement dans une auberge des Dolomites. La montagne pesante et majestueuse au soleil couchant accentue l'atmosphère d'incompréhension, de souvenirs, de nostalgie, de peur et de jouissance.

Tout cela, oui, tout cela rassemblé dans une atmosphère qui m'a subjuguée et m'a appris la plénitude.
J'aurais voulu tout noter, j'aurais voulu tout retenir. Chaque mot est pesé, chaque phrase forme un collier de sagesse. Je quitte ce livre riche de tout ce que j'ai lu. Je me sens pleine.

Lumière, profondeur.
Regard hanté, regard traqué.
Cri.
Apparence intime.
Jouissance des mots. Secret des nombres.
Silence. Mystère, toujours.

J'ai adoré
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Est-il possible de commenter ce livre si court – 90 pages –, au contenu si dense et si épars ? Comment extraire l'essentiel, quand tout est essentiel ? Qui suis-je pour juger la justesse et la grâce des mots d'Erri de Luca, cet homme napolitain, ouvrier, intellectuel, poète, alpiniste, écrivain, traducteur (de la Bible), provocateur altermondialiste, exégète reconnu de la langue et de la littérature yiddish ?

Une salle d'auberge, à la montagne, une belle fin d'après-midi d'été. Brève rencontre de trois personnages : l'auteur soi-même, dans une première partie largement consacrée à un récit autobiographique ; un vieil autrichien, ancien criminel de guerre nazi ; une femme d'une quarantaine d'années, autrichienne elle aussi, narratrice de la seconde partie du livre.

Erri de Luca revient sur un parcours personnel engagé à Varsovie, où il assista au cinquantenaire de l'insurrection du ghetto ; il en arpenta les rues en quête de signes de mémoire introuvables. Un périple poursuivi à Auschwitz ; il y explora de fond en comble les installations, s'attardant sur des vestiges qu'il identifiait à partir de témoignages qu'il avait lus. A son retour, il décida de redonner la parole au yiddish, langue muette depuis la destruction totale de ceux à qui elle appartenait. « le yiddish a été mon entêtement de colère et de réponse », dit-il.

Une langue dont il a appris à maîtriser l'écrit, ce qui lui vaut d'être sollicité pour traduire en italien les écrivains ashkénazes, comme les frères Singer, Isaac Bashevis et Israël Joshua. Une langue dont les lettres – hébraïques – le fascinent au point d'en voir partout autour de lui, dans les feuillages des arbres, dans leurs racines qui dépassent du sol, dans une tache sur une nappe, ou même dans un vieux boulon tordu ramassé à Auschwitz sur l'ancienne voie ferrée. Une langue qu'il lit sans pouvoir s'empêcher d'en prononcer les mots – longtemps enfermés et étouffés, dit-il – et qui sortent de ses lèvres comme le « battement d'aile d'un moineau confié de nouveau à l'air ».

En cavale depuis des décennies, le vieil Autrichien nazi se dissimule pour échapper à ceux qui le recherchent pour crimes de guerre. Il se sent traqué mais n'a jamais ressenti la moindre culpabilité. Son seul tort, à lui ancien soldat, c'est d'avoir perdu la guerre. le tort du soldat, c'est la défaite, ressasse-t-il : « Je suis un soldat vaincu. Tel est mon crime, pure vérité ».

Un jour, il tombe incidemment sur un livre de la kabbale juive, auquel il prête intérêt par simple curiosité ; une curiosité qui basculera dans l'obsession. La kabbale, cette matière de lettres et de nombres, contiendrait-elle les secrets du peuple juif ? N'y trouverait-on pas la chronique d'une défaite annoncée du nazisme ? Comment a-t-il pu échapper aux grands chefs nazis que le combat contre les Juifs aurait dû se mener sur ce terrain mystique, où l'égalité des valeurs numériques des lettres ouvre le champ de tous les possibles ?... La force cachée de la kabbale avait inversé le destin du peuple allemand !... Il en est certain : c'est la « pure vérité ».

La pure vérité ! Comme s'il suffisait de l'affirmer ! En yiddish, on dirait èmet. C'était le mot inscrit au front du Golem et cela ne suffisait pas à en faire un être humain. A méditer en ces jours où certains imaginent et diffusent des vérités dites alternatives, alimentant toutes sortes de théories complotistes.

La femme raconte. Elle avait vingt ans quand elle apprit que le vieil homme était son père et qu'il était recherché pour crimes de guerre. Un statut qu'elle assume avec une neutralité affective revendiquée : il est son père, point barre. Mais cette neutralité lui interdit toute aspiration sentimentale, comme toute sensation, jouissance ou émotion, à l'exception de quelques « digressions » dont elle croit curieusement devoir s'excuser. Immobile et silencieuse telle une statue, elle flotte en apesanteur sur sa vie, comme jadis sur la mer, quand elle apprenait à faire la planche, à peine soutenue par deux doigts d'un jeune garçon sourd-muet.

Ce souvenir lointain émerge lorsqu'elle voit cet homme émacié et silencieux entrer à l'auberge et s'installer à la table voisine. Un homme qui pourrait ne pas être insensible à cette femme, qui lui sourit et dont le visage lui évoque aussi un souvenir... Ils se regardent...

Mais un détail alerte le vieux nazi : ils l'ont retrouvé ! Il faut partir, s'enfuir… pour un envol terminal au goût de vengeance. Tout est symbole dans cette histoire...

Quelle est la part du romanesque dans le tort du soldat ?... C'est un terrain où Erri de Luca, un homme solitaire, laisse le lecteur en plan, un peu à la manière de Patrick Modiano...

Inspiré par une passante qui lui avait jeté un coup d'oeil prometteur mais fugace – « un éclair… puis la nuit ! » –, Baudelaire avait lâché, sans illusion : « Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais ! »
Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Pour ce récit, sans le mentionner, Erri de Luca a pris la place du narrateur. En effet, lorsqu'il mentionne l'âge du narrateur c'est le sien et, comme lui il lit couramment le yiddish.
Dans cette histoire, le narrateur dîne dans une auberge ; il s'installe à la table à côté de celle occupée par une jeune dame lorsqu'elle est rejointe par un homme plus âgé qui s'avère être son père. le narrateur lit des documents en yiddish, en silence mais laisse échapper un mot èmet, mot qui signifie liberté. Entendant ce mot le père de la jeune dame se lève brusquement, renverse sa bière et sort ; en fait cet homme est un criminel de guerre recherché. Dans la partie suivante, le narrateur donne la parole à la femme.
Erri de Luca, toujours de sa belle écriture, se dévoile.
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critiques presse (4)
LaLibreBelgique
07 juillet 2014
Erri De Luca réunit, par hasard, dans une auberge, un criminel nazi et un traducteur du yiddish. La langue et l’Histoire du monde.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Culturebox
10 avril 2014
L'attachement à des géographies (la montagne, la mer), le yiddish, la sensualité des premiers émois du corps et du coeur à l'adolescence dans une île baignée de soleil, la littérature… toutes les obsessions du romancier italien sont concentrées dans ce bref et magnifique roman.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LesEchos
27 mars 2014
Le tort du soldat, c’est d’avoir abandonné son humanité en revêtant l’uniforme nazi. Mais, pour Erri De Luca, il n’y a pas de doute : elle aura le dernier mot.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LeFigaro
07 mars 2014
Dans les Dolomites, un traducteur italien du yiddish et la fille d'un vieux nazi se croisent.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (154) Voir plus Ajouter une citation
[incipit]
« Comme vous le savez sûrement, les droits d’auteur de l’écrivain Israel Joshua Singer, frère aîné du Prix Nobel Isaac Bashevis Singer, tomberont dans le domaine public en 2014. Notre maison d’édition a l’intention de publier un choix d’œuvres en yiddish de cet auteur inconnu des lecteurs italiens. Nous voudrions donc vous charger de sélectionner dans sa vaste production de récits ceux qui vous semblent les plus intéressants. Nous vous confierons la traduction et la direction de ce recueil. Nous savons que vous êtes un lecteur passionné de littérature yiddish et que vous avez traduit le dernier chapitre du roman Die Familie Mushkat d’Isaac Bashevis Singer. Si vous acceptez notre proposition, nous vous enverrons les photocopies en yiddish des récits d’Israel Joshua Singer… »
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Le yiddish ressemble à mon napolitain, deux langues de grande foule dans des espaces étroits. Elles sont donc rapides, composées de mots apocopés, capables de se faire de la place au milieu des cris. Elles ont la même quantité de mendiants et de superstitions. Elles sont expertes en misères, émigrations et théâtres. Elles utilisent des proverbes identiques et railleurs : « Mieux vaut apprendre le métier de barbier sur le visage des autres. »
Elles disent du progrès : « Un coup de pied dans le derrière est aussi un pas en avant. »
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La dernière année, il continuait à me répéter les détails de l'enlèvement d'Eichmann. Son fils aîné était tombé amoureux d'une fille. Elle était juive, ce qu'elle ne savait pas elle-même. Son nom de famille, Hermann, n'était pas juif. Elle vivait avec son père qui, après six mois de captivité à Dachau, avait réussi à se rendre en Argentine pendant la guerre. Il s'était installé dans le quartier de Buenos Aires où Eichmann avait emménagé ensuite avec sa famille, sous le faux nom d'un habitant du Haut-Adige.
La rue était bien choisie, calle Garibaldi, quelques maisons isolées, où les présences étrangères étaient faciles à contrôler. Le père de la jeune fille ne lui avait pas raconté son histoire, c'était un homme en fuite aussi. Les deux jeunes gens se fréquentaient dans leurs maisons respectives. Il arrivait au garçon de prononcer de violents discours antisémites, que la jeune fille écoutait et rapportait sans leur accorder d'importance. Une fois, dans un élan enthousiaste, le fils d'Eichmann lui révéla son vrai nom de famille. La jeune fille le dit à son père, qui avertit les services secrets d'Israël.
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En juillet, je m’installe dans les Dolomites. J’escalade des montagnes, je dis tout juste quelques bonjours, j’écris si j’ai de quoi. L’écriture reste pour moi une fête, pas une obligation.

Mon corps s’en va sur les parois, déplaçant ses quatre points de contact, et il passe sur la page ouverte de la roche. Je l’appelle ainsi car elle est ouverte et vide, mais le corps n’écrit pas dessus, et ne laisse aucune trace sur la surface traversée.

Escalader est le lent déplacement du corps humain. Le poids sur chaque prise est une syllabe pensée, en gagnant des centimètres.

La peau de la pierre change selon le vent et la température. Elle change quand le nuage s’accroupit sur la montagne et s’effrite en une poussière de gouttes. Elle change au bruit du tonnerre qui avertit de loin et s’approche.

Parfois, je répète des voies déjà escaladées, je les refais en sachant où le passage est plus aisé, où la séquence des mouvements est plus serrée. Les mains ouvrent le chemin, goûtent la tenue de la prise, appellent le corps à le suivre.

A la fin d’une journée sur la paroi, je regarde mes mains qui m’ont guidé. Je pense qu’elles sont sourdes, muettes, aveugles, et pourtant elles avancent. Elles n’ont besoin que du toucher, le système de communication du corps le plus diffus. (p. 25-26)
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Celui qui passe une journée à fouiller les rochers à quatre pattes a du temps à revendre pour s'inventer des histoires. En rentrant, il lui est salutaire de s'asseoir et de s'en faire raconter par un livre de bonne facture. Je me tiens compagnie avec l'écriture que je fais, mais quand je me mets à lire j'ouvre grand les yeux et je me retrouve dans une chambre de Montedidio.
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Vidéo de Erri De Luca
Rencontre animée par Olivia Gesbert
De la bibliothèque paternelle à l'ombre de laquelle il a grandi jusqu'aux chantiers où il a été ouvrier, Erri de Luca a noué avec la lecture, puis avec l'écriture un rapport particulier pour bâtir une oeuvre double, celle d'une fiction romanesque aux forts accents autobiographiques et celle d'une réflexion sur l'Écriture. Depuis trente ans, c'est une oeuvre foisonnante et protéiforme qu'il bâtit, caractérisée par un style limpide, poétique, épuré. Ponctués de pensées, de métaphores, d'aphorismes, ses récits endossent souvent la forme d'une fable, d'une parabole empreinte d'une touche de merveilleux, dans une langue unique. Pour cette édition Quarto, ont été retenus une dizaine de textes publiés auxquels s'adjoignent cinq textes inédits, qui portent en eux la puissance de l'écriture d'Erri de Luca dans des genres littéraires variés, sa réflexion sur l'appartenance et l'identité, le poids du passé et l'importance de l'histoire, sur la fragilité et l'importance des relations humaines.
« Nous apprenons des alphabets et nous ne savons pas lire les arbres. Les chênes sont des romans, les pins des grammaires, les vignes sont des psaumes, les plantes grimpantes des proverbes, les sapins sont des plaidoiries, les cyprès des accusations, le romarin est une chanson, le laurier une prophétie. » Trois chevaux, Erri de Luca
À lire – Erri de Luca, Itinéraires, Gallimard, coll. « Quarto », 2023.
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