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EAN : 9782315008858
Max Milo (20/06/2019)
2/5   2 notes
Résumé :
Eugene O'Neill, un dramaturge novateur tente de lever le voile sur un créateur aux esthétiques variées, en présentant son parcours biographique et créatif. Cela permettra aux amateurs de théâtre d'aborder les drames O'Neilliens avec une bonne connaissance du père fondateur du théâtre états-unien. La diversité esthétique et la force scénique des pièces font l'objet d'une attention particulière, illustrant pourquoi ce récipiendaire du prix Nobel de littérature en 1926... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Avertissement : si vous ne connaissez pas encore le théâtre d'O'Neill, n'ouvrez surtout pas ce livre, car il est fort probable qu'il vous enlèverait toute envie de découvrir ce dramaturge novateur (d'après Thierry Dubost), dont il semblerait que deux tiers des pièces (d'après Thiery Dubost) n'ont pas d'intérêt. du moins c'est l'impression qui m'est restée en tête depuis que j'ai refermé l'ouvrage dont je vais vous parler. Ca me rappelle bizarrement et furieusement l'intervention de Dominique Jean sur France Culture, qui avait dirigé la publication des oeuvres des Brontë en Pléiade et passait son temps à dire à Matthieu Garrigou-Lagrange que, bon, les Brontë, hein, c'était pas si terrible que ça.


Alors, voyons cela de plus près. J'ai cherché en vain des ouvrages sur O'Neill en français, j'ai cherché à savoir pourquoi ses premières pièces n'avaient pas été traduites en français, et j'en étais réduite à quelques supputations qui sont aujourd'hui confirmées : O'Neill a renié ses premières pièces, et, surtout, il n'existait à ce jour aucun ouvrage en français, essai ou biographie, concernant O'Neill et publié par une maison d'édition française ou francophone. Même pas de traduction d'un ouvrage en anglais. Alors oui, il y avait bien un ou deux articles dans des revues plus ou moins confidentielles, mais allez les trouver ! Et allez savoir pourquoi certaines collections consacrées au théâtre ou à la littérature américaine l'ont complètement ignoré (en même temps, O'Neill n'a rien fait pour être sympathique aux Français, on y reviendra).


Thierry Dubost avait donc déjà commis un essai sur O'Neill - en anglais. Poussé par des amis chercheurs, selon ses dires - que je n'ai aucune raison de mettre en doute -, il s'est donc attaqué à un ouvrage de vulgarisation pour le public français, qui, semble-t-il, boude O'Neill depuis toujours (on verra que lorsque ledit public français ne l'a pas boudé, il n'en a guère été récompensé). Ce qui paraît à première vue, et même en y regardant à deux fois, une excellente idée. Bon, le petit format choisi fait forcément craindre un survol trop superficiel du sujet. La collection Voix américaines de Belin a certes opté pour un petit format également, mais de 128 pages, donc l'équivalent en gros d'un Que sais-je ?, et pour autant que je m'en souvienne, les titres que j'ai pu lire dans cette collection étaient plutôt bons. Ici, on est sur une cinquantaine de pages, avec une espèce de bonus à la fin, et même avec un texte écrit en tout petits caractères, ça fait peu : nos craintes étaient malheureusement fondées.


La quatrième de couverture annonce que Thierry Dubost va nous présenter le parcours de dramaturge d'O'Neill. Et c'est le cas, le parcours professionnel étant assorti du parcours biographique. On a donc une idée générale des errances d'O'Neill en tant qu'homme, ainsi que de son évolution en tant qu'auteur. Mais voilà : pour être franche, si vous recherchez une analyse même relativement succincte du théâtre d'O'Neill - comme c'était mon cas -, vous ne trouverez pas votre bonheur ici. Manque de contexte : on n'a qu'une très vague idée de ce à quoi ressemble le théâtre américain quand O'Neill débarque (on comprend vaguement que les vaudevilles occupent le devant de la scène). Absence d'étude des influences d'O'Neill, comme Ibsen (dont il n'est pas question), Strindberg et le théâtre antique. Alors évidemment, on va repérer les influences du théâtre antique ou de Strindberg dans les résumés des pièces - pour Strindberg, c'est on ne peut plus simple, il suffit que le sujet de la pièce soit misogyne ou parle d'un conflit au sein d'un couple... Mais ça, c'est le lecteur qui le devine, car Thierry Dubost n'explore pas la thématique. Il est cependant légèrement plus disert en ce qui concerne la tragédie grecque... et encore. Et pas d'analyse sérieuse, en conséquence, du caractère novateur du théâtre d'O'Neill. Mince.


Donc, tout ce qu'on va retirer de ce livre, en plus d'avoir appris qu'O'Neill a eu plein de femmes (mais pas plus que Henry VIII, je pense) , des enfants dont il n'avait que faire et qu'il a beaucoup déménagé ici, et aussi ici, et aussi là, et encore là (je sais pas vous, mais moi je m'en fous, surtout que je sais même pas situer la plupart des endroits où il a vécu...) donc, tout ce qu'on retient, disais-je, c'est d'abord l'adéquation entre la vie d'O'Neill et son théâtre, et ensuite que seules quelques pièces valent vraiment la peine : En route vers Cardiff, Empereur Jones, Désir sous les ormes, le Deuil sied à Electre, Long voyage vers la nuit. J'ai dû en oublier quelques-unes, mais ça fait quand même pas des masses... Surtout sur une cinquantaine de pièces ! Et sans compter que lorsqu'il est question des "meilleures" oeuvres, leur présentation par Thierry Dubost ne fait pas plus envie que ça. Pièce expressionniste, pièce complexe, pièce expérimentale : voilà qui reste très vague et, du coup, fait plus peur qu'autre chose - mais bon, c'est peut-être dû à un traumatisme de jeunesse qui n'affecte que moi ; j'ai eu ma dose de mises en scène "expérimentales" et/ou nulles (j'ai déjà dû vous en parler, j'ai bossé dans un festival où j'ai vu certains trucs prétentieux, ennuyeux et inintéressants au possible).


Arrivons-en aux deux dernières choses qui m'ont fâchée : pas de bibliographie du théâtre d'ONeill (une chronologie de ses pièces n'aurait pourtant pas été de trop!) et vingt pages, oui, vous avez bien lu, VINGT pages consacrées à la correspondance d'O'Neill datant des trois années pendant lesquelles il a vécu en France. Des extraits de lettres qui parlent des maisons qu'il loue (oui, oui, encore, c'est à se demander si l'auteur n'a pas été sponsorisé par une agence immobilière), et de son immense mépris pour le théâtre français. Les Pittoëf veulent monter ses pièces ? Quelle blague !!! Bon, on avait de toute façon compris qu'O'Neill n'était pas un type sympa (ce qui ne me pose pas de problème pour lire son oeuvre), et qu'il n'ait appris que trois ou quatre mots de français en trois ans ne saurait nous étonner. Bref, vingt pages (je ne m'en remets pas) pour dire pas grand-chose, qui auraient pu être résumées en quelques lignes, et qui par conséquent bouffent de l'espace pour rien. le seul intérêt, mais absolument pas exploité par Thierry Dubost, c'est qu'on a peut-être là une clé pour comprendre pourquoi O'Neill est peu prisé en France : il a tout fait pour ça !


Donc voilà : 16 euros pour 50 pages d'un texte en format poche qui survole un sujet pourtant passionnant, et qui de plus n'est pas très bien écrit. C'est pas la première fois que je tombe sur un universitaire qui s'exprime assez mal (on a tout de même quelques phrases grammaticalement incorrectes), et ça, ça me gonfle carrément.



Masse critique Non fiction
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Prix Nobel de Littérature en 1936, considéré souvent aux Etats-Unis comme le père du théâtre de son pays, Eugène O'Neill, peut-être, aurait pu ici s'attendre à plus d'égards.
C'eût été la moindre des choses !
Le dessein affiché du biographe était de susciter l'intérêt pour le théâtre d'O'Neill et de contribuer à son rayonnement.
Malheureusement, après lecture de l'opuscucule en question, j'ai bien peur que Thierry Dubost n'ait manqué son but.
Le livre est court, guère plus d'une cinquantaine de pages.
De son propre aveu, l'auteur a limité l'approche biographique pour des raisons d'espace.
Pourtant, là n'est pas le plus grave défaut du livre.
En effet, pour ne parler d'abord que de la forme et du style, il n'est pas écrit de manière très aboutie.
Le texte est linéaire, morne et sans relief.
Son rythme souffre d'une mauvaise ponctuation et d'un manque de prise de souffle offert au lecteur.
Et, si le tout souffre effectivement d'aridité, c'est, je crois, plus du fait d'une écriture un peu jetée à trac que par un manque supposé d'illustration.
Le fond du propos, lui, n'est pas très approfondi.
Le théâtre n'y apparaît pas comme un des motifs prépondérants de l'étude.
Les pièces sont juste citées, et additionnées pour la plupart d'entre elles d'un entrefilet d'une ou deux lignes les résumant.
De plus, la tentative d'expliquer l'oeuvre d'O'Neill par les péripéties de son existence est maladroite, et répétitive.
La correspondande française ajoutée n'offre que peu d'intérêt et ne parvient pas à relancer la fin de lecture du petit ouvrage.
Au final, ce dernier ressemble à un piètre cours de littérature, et n'atteint à aucun moment son but affiché de susciter l'intérêt pour l'oeuvre d'O'Neill.
Le rendez-vous que je m'étais promis avec ce grand dramaturge est manqué.
Dommage ... une autre fois peut-être ...

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Il n'y avait pas en français de biographie d'Eugène O'Neill. C'est chose faite. On la doit à Thierry Dubost, universitaire à Caen, sous forme d'un petit ouvrage facile à lire de moins de cent pages, dans un petit format analogue à ce que l'on pouvait trouver il y a quelques années à l'Arche (de Sophocle à Strindberg) et plus récemment chez un autre éditeur sur les dramaturges contemporains. Ceci est à mettre en écho avec la collection Actes-Sud Papiers sur les grands metteurs en scène contemporains, dans le même format. On ne peut que se réjouir de voir le théâtre honoré par de tels ouvrages surtout s'ils sont dus comme celui de Thierry Dubost à des spécialistes de l'auteur dramatique (la bibliographie en témoigne). Il reste qu'ils sont d'une lecture un peu aride, sans illustration, et que l'auteur doit s'accommoder d'un nombre de pages limitées pour présenter comme ici la biographie (1888-1953), l'étude des pièces (une cinquantaine), et la place de l'auteur dans l'histoire du théâtre. L'ouvrage est complet pour les deux premiers développements, en citant et analysant les pièces à l'intérieur de la biographie. L'intention est légitime puisque la vie d'O'Neill a été surtout dans les premières années de la maturité marquée par de nombreux drames familiaux qui ont inspiré son oeuvre et en particulier :(décès précoce de l'un de ses frères, dû à une rougeole, relation ambiguë avec son père qui était acteur, alcoolisme ,drogue ,tuberculose, divorces ,errance sentimentale et géographique de l'Est à l'Ouest des Etats-Unis, suicides…)qui ont inspiré son oeuvre et en particulier à la fin de sa vie : « Une lune pour les déshérités »(1953) et « Long voyage vers la nuit ».(1956) .On ne saurait citer toutes les autres pièces antécédentes dont l'argument est succinctement résumé dans l'ouvrage ,et qui ont valu à l'auteur quatre prix Pulitzer et surtout un prix Nobel en 1936.On peut citer les pièces qui ,en France sont le plus connues car ayant été présentées par de grands metteurs en scène :Empereur Jones (Gaston Baty), le Singe Velu (George Pitoëff), Hugie (Laurent Terzieff), le Désir sous les Ormes (Mathias Langhoff), le deuil sied à Electre…

La nouveauté du théâtre d'Eugène O'Neill n'apparait pas très clairement, ni sa place dans la continuité de l'histoire du théâtre. Il est d'ascendance Irlandaise et quelque part héritier de l'Abbey Theater, en même temps qu'il se reconnait influencé par Tchekhov et Strinberg, et lui-même inspirateur des grands dramaturges américains ; Arthur Miller, Tennessee Williams, Edward Albee …On aurait aimé voir développées ces filiations, à la fois dans le choix des sujets et dans le style d'écriture.

L'ouvrage enfin consacre les vingt dernières pages à de la correspondance en particulier lors de son séjour de plusieurs années en France à Paris et en Indre et Loire. Ces lettres témoignent de son peu d'estime pour le théâtre français : « le théâtre en France est mort… ; je n'ai jamais vu un théâtre aussi indigent que le théâtre français…, » alors qu'il a pu connaitre le grand Pitoëff et avoir de l'amitié pour un proche : Henri Lenormand

Au total, un livre de style universitaire, un peu contraint par un nombre limité de pages, ce qui est dommage compte tenu de la maîtrise du sujet par l'auteur.

Hugues Rousset
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Couronné par un prix Nobel de littérature, universellement considéré comme le père du théâtre états-unien, Eugene O'Neill constitue une figure incontournable parmi les dramaturges du vingtième siècle, et pas uniquement dans le monde anglophone. Auteur de cinquante pièces, il se voit désormais paré de tous les attributs de la respectabilité littéraire, récompense parfois ambivalente accordée aux grands créateurs. À l'occasion, cette reconnaissance institutionnelle met sous le boisseau quelques thématiques provocatrices de sa jeunesse. Aux État-Unis notamment, la dimension politique des pièces est souvent passée sous silence, ou transparaît indirectement lorsqu'il lui est fait reproche de n'avoir écrit qu'une seule comédie. Autre transgression sacrilège, un pessimisme en décalage avec les valeurs du Nouveau Monde, en particulier sur le plan de la recherche du bonheur, concept états-unien fondateur de la nation, régulièrement mis en question dans les œuvres, où ses possibilités d’occurrence américaines sont minimalistes.
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[Clayton Hamilton] ôta quelques illusions au dramaturge en herbe, lequel s'imaginait que les maisons d'édition attendaient avec impatience l'envoi de ses manuscrits. Il lui suggéra de se tourner davantage vers la mise en scène d'aspects de la vie dont il était plus proche. Suivant ce conseil, Eugene écrivit Children of the Sea, qui devint plus tard En Route vers Cardiff, pièce située à bord d'un navire et qui, aujourd'hui encore, reste une oeuvre forte. Il composa ensuite un drame en trois actes, Servitude, sans intérêt si ce n'est celui de dresser un portrait idéal de l'écrivain selon lequel son épouse devait se préparer à se sacrifier corps et âme, contrepartie naturelle du privilège octroyé, celui de vivre avec un homme exceptionnel.
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Au cours de sa carrière vagabonde d'alcoolique en quête d'oubli, Eugène avait néanmoins maintenu un lien personel avec la littérature, en écrivant des poèmes ...
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