Franz-Olivier Giesbert : au premier abord, son parcours professionnel et ses prises de
positions médiatiques m'incitaient à une certaine réserve.
Son parcours professionnel d'abord. journaliste puis directeur de la rédaction au Nouvel Observateur (hebdo de gauche) dans les années 80, puis directeur des rédactions et membre du directoire du Figaro (quotidien de droite) dans les années 2000, enfin actuellement directeur du Point (hebdo classé au centre), cette vie professionnelle basculant entre gauche et droite m'a toujours paru un peu suspicieuse. Ses relations d'amitié avec Mitterrand et Chirac également.
Ses prises de position médiatiques ensuite. Comment expliquer en effet les couvertures du Point ces derniers mois ? Les quelques semaines précédant les présidentielles de 2012, les Unes du Point étaient critiques vis-à-vis de la droite et de
Sarkozy, et partisanes vis-à-vis de la gauche. Une fois l'élection acquise à Hollande, les Unes du Point changeaient de camp, plutôt accommodantes pour la droite et sévères pour la gauche. Suspicieuses également ces volte-face.
En fait, la lecture de son dernier livre «
Dieu, ma mère et moi » m'a fait découvrir la face cachée du personnage et me l'a rendu d'autant plus sympathique que je me retrouve étrangement dans le sujet abordé. Il y a des moments où l'on regrette amèrement de manquer de lettres et de ne pouvoir coucher par écrit les idées que l'on a dans la tête ! C'est tout le bonheur de la lecture quand on a la chance de rencontrer des auteurs érudits et accessibles. FOG en est indéniablement un.
Dans l'avant-propos de son livre, FOG annonce la couleur dès la première page : « Je n'ai jamais eu à chercher Dieu : je vis avec lui. Quand maman a accouché de moi, j'étais déjà, je le sais, rempli d'un plein bon Dieu de joie qui, depuis, ne m'a plus quitté ». FOG a la foi, une foi de charbonnier. Faisant fi des ricanements des « grosses poules du nihilisme contemporain, celles qui ont décidé que tout valait mieux que la religion, celles qui ne supportent pas la vue de croyants en train de prier à genoux parce qu'elles ne peuvent imaginer qu'ils s'élèvent en s'abaissant », FOG clame son ralliement au christianisme, tout en se retrouvant dans les philosophes grecs, le bouddhisme, l'indouisme, le judaïsme, le soufisme, le taoïsme, l'épicurisme et bien d'autres choses. Pourquoi chaque religion devrait rester emprisonner dans ses frontières ? Après tout, l'homme est bien en quête du même Dieu.
« Croire me donne la joie » revendique FOG. Il n'y a, selon lui, qu'à ouvrir les yeux pour être confronté à l'évidence de Dieu. La foi n'a pas besoin de savantes démonstrations. Elle est naïve. Elle ne s'apprend pas dans les textes mais se découvre dans un ciel étoilé, un paysage grandiose, le mystère d'un temple perdu au fin fond de la Birmanie, l'humble vérité des saints.
FOG évoque avec conviction les personnalités qui l'ont influencé : les philosophes (
Plutarque,
Giordano Bruno, Pascal,
Spinoza,
Kant,
Simone Weil,
Jacques Derrida), les écrivains (
Julien Green,
André Frossard,
Jack Kerouac) les mystiques (Mani, saint Anselme, saint Augustin, saint
François d'Assise,
Sainte Thérèse de Lisieux).
Il y a de la joie dans ce livre. Et cela se ressent. J'ai goûté le même plaisir en lisant ce livre qu'en lisant celui de Jean d'Ormesson « C'est une chose étrange à la fin que le monde ». le livre de FOG parle de Dieu, celui de d'Ormesson de l'Univers. Les deux livres se retrouvent sur cette capacité à nous élever, à nous faire prendre de la hauteur. On ne peut pas y rester indifférent.