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EAN : 9782851812636
142 pages
L'Arche (13/06/1997)
5/5   1 notes
Résumé :
Parmi le petit monde des tisserands vénitiens, des couples se forment au gré des repas et des jeux de cartes, des feintes et des nécessités. Dans l’atmosphère drôle et nostalgique d’Une des dernières soirées de carnaval se chamaillent demoiselles et jouvenceaux, barbons et rombières.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Partir, c'est mourir un peu...

Carlo Goldoni, battu en brèche par ses rivaux, Carlo Gozzi  en tête, envisage d'aller en France, le pays de Molière et de l' Illustre Théâtre,  porter ses comédies enlevées et joyeuses,  modernes et raffinées pour s'y sentir apprécié à sa juste valeur, y être vraiment reconnu.

Il faut quitter Venise....

 Comme Anzoletto, brillant dessinateur qui fournit ses motifs aux meilleurs tisserands de la Sérénissime, et qui la laisse pourtant pour Moscou,  il voudrait savoir si son mérite et son talent sont reconnus hors de sa mère Patrie pour pouvoir revenir, mieux formé,  rassuré sur lui même,  partager un peu de cette nouvelle gloire avec sa ville natale chérie.

Mais Goldoni, lui,  ne reviendra jamais à  Venise.

Dit comme ça, et avec son titre un peu nostalgique,  la pièce de Goldoni semble  teintée d'une mélancolie  que ses autres comédies  n'avaient pas. Une des dernieres soirées de carnaval est en tout cas la dernière  pièce  vénitienne de Goldoni. 

Mais accorder toute la place au motif autobiographique serait en déplacer le sujet : les adieux envisagés par  Anzoletto n'interviennnent qu'après un long préambule qui laisse tout le loisir d'installer la présentation et l'entrée en jeu de tous les personnages .

 Car il s'agit avant tout d'une fête, avec ses préparatifs, ses préliminaires, ses jeux, son repas et son bal.

Le départ d'Anzoletto et ses amours avec la jeune Domenica, fille du maitre de maison n'en sont pas le sujet principal. Juste l'élément légèrement perturbateur, le petit grain de poivre..Tous les invités de la fête  ont part égale dans cette comédie chorale, sociale, et de caractères, qui se passe quasiment en temps réel:  celui d'une petite fête amicale et sans prétention d'une douzaine de vénitiens et vénitiennes  tous artisans drapiers-  calandreur, brodeuse, dessinateur, soyeux, marchand, commis..- . dans le grand salon d'un tisserand veuf,  Zamaria,   qui veut sceller amicalement,  avec ses amis et partenaires proches, cette dernière soirée de carnaval.

 Voilà une pièce dont tous les personnages sont les héros à part égale. 
Comme dans une tarentelle , dans un choeur. Ou dans une partie de minouchette.

 Les rires se mêlent aux inquiétudes, les plaisirs aux désenchantements,  les jeunes aux vieux, les valets aux maitres, les charmants aux ridicules,  comme dans la vie.

Ne serait-ce pas la vie même que l'étonnant Goldoni a tenté de saisir,  avec son  temps si lent dans les préparatifs et son  temps si court dans le  plaisir?

 Une tranche de vie vénitienne, un regard sur un petit microcosme d'artisans, avec toute la palette des caracteres: le roué, le père généreux, la fille douce et soumise mais que l'amour affranchit, la ( française) coquette plus très fraîche, l'ambitieux timide, les jeunes époux jaloux et fusionnels , l'hypocondriaque par ennui,  l'entremetteuse intuitive et fine mouche, le lubrique fauché,  et j'en passe...Tout ce petit monde joue , mange, danse dans les salons du brave Zamaria au son de la musique -magnifique et qui fait partie intégrante de l'intrigue - qui ponctue leurs ébats et qu'ils chantent eux mêmes avec talent.

La scénographie subtile et précise  de Clément Hervieu Léger  donne à  des décors  simples et élégants  des allures de tableaux vénitiens par le simple rappel d'un panneau de bois, d'une robe bleue, d'un plancher de danse, d'une grande nappe damassée et de quelques chandeliers. On voit littéralement un de la Tour- la partie de carte- et surtout un Guardi.

Pendant près de deux heures et demie, nous sommes invités à cette dernière soirée de carnaval. Privilège,  plaisir et petit pincement au coeur.

Partir, oui, c'est mourir un peu.

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Pièce relativement peu jouée de l'auteur, elle a été écrite et jouée en 1762 à Venise, c'est la dernière pièce de l'auteur créée dans cette ville avant son départ pour Paris, sous les coups de ses adversaires, et tout particulièrement de Carlo Gozzi et de ses satires mordantes. Goldoni a en quelque sorte perdu l'espoir de voir ses conceptions du théâtre triompher à Venise et en Italie, et tente l'aventure à l'étranger. Ce qui rend en partie cette pièce, dans laquelle un des personnages principal est sur le point de s'exiler, émouvante.

Nous sommes dans la société d'aisés marchands et fabricants. Zamaria, un tisserand, a invité quelques amis et relations pour un dîner suivi d'un bal. Sa fille Domenica, prépare la soirée, d'autant plus minutieusement qu'elle guette l'arrivée d'un charmant jeune homme, dessinateur pour les créations de tissus. Mais le bel Anzoletto est sur le point de partir à Moscou, une opportunité de travailler dans un autre cadre, loin des critiques dont il semble avoir été la cible dans son pays, le tente. Mais il aime Domenica, et il est prêt à l'épouser et à l'amener avec lui. le père de la jeune fille ne l'entend pas de cette oreille : il ne veut pas se retrouver seul (il est veuf), loin de sa fille chérie. Les différents invités de la fête, vont chacun jouer un petit ou grand rôle dans l'affaire.

Sur un canevas très simple, Goldoni donne une pièce à la fois drôle et émouvante. Les différents personnages ont tous leurs caractéristiques et personnalités, opposées et donc complémentaires pour donner un tableau riche de la société qu'ils représentent. Les deux jeunes mariés exclusifs et jaloux, l'insupportable épouse et son mari aux petits soins, le couples élégant et ironique etc forment un tableau riche et chatoyant, dans lequel s'insère le motif central amoureux. Toutefois une mélancolie discrète mais persistante nimbe l'ensemble : il s'agit de partir, et celui qui part dit son amour pour la ville qu'il quitte, même s'il espère la revoir, revenir auréolé d'un succès extérieur, qui pourrait lui donner une légitimité dans son pays natal. Goldoni met ses plus belles phrases dans la bouche d'Anzoletto, et il est difficile de ne pas donner une dimension autobiographique à ses mots. L'auteur n'aura malheureusement pas l'opportunité de réaliser le projet de son personnage : revenir dans la ville après un exil temporaire, et il est difficile de suivre la pièce sans y penser, ce qui donne un côté émouvant et sensible aux répliques de son personnage. Malgré tout, la soirée se finit par le bal projeté, et par trois projets de mariage, nous sommes dans une comédie, et la tristesse cède aux plaisirs de la fête. Simplement, pour le lecteur qui connaît la suite de la vie de Goldoni, cette fête prend les couleurs des adieux, c'est une dernière occasion de se réjouir, d'être ensemble, de faire des projets communs, avant la séparation définitive.

A la fois drôle et tendre, émouvante et réjouissante, c'est une pièce d'une grande finesse et élégance, qui sous des allures anodines d'une soirée entre amis, effleurent des thématiques importantes, sans en avoir l'air.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Anzoletto: "Je vous avoue, et je jure sur mon honneur, c’est le cœur brisé que je pars... Aucun succès, s’il devait y en avoir, ne pourra compenser la douleur d’être loin de ceux qui m’aiment. »
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Momolo : Je vous dirais que j’ai vu là-haut sur le métier un velours de
soie… je n’en ai jamais vu de plus beau. Le dessin de M. Anzoletto est un
enchantement, il n’a rien à envier aux plus beaux motifs français.
Bastian : Que voulez-vous, nos tissus, quand on veut qu’ils soient réussis,
sont réussis. On a les hommes, on a les soies, on a les couleurs, on a tout.
Lazaro : Qu’est-ce que vous dites, monsieur Bastian, des tissus qui sont
sortis de mes métiers cette année ?
Bastian : Superbes ! On me les a arrachés des mains. Vous vous rappelez
ce satin avec la fourrure en trompe-l’œil ? Tout le monde le croyait
français, ils l’auraient même parié ! Mais grâce au ciel, de la marchandise
étrangère, dans ma boutique il n’y en aura jamais !
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Anzoletto : « On veut voir si une main italienne qui dessine sur place,
selon le goût des moscovites, peut créer un mélange capable de plaire aux deux nations. Ce n’est pas facile, mais ce n’est pas impossible. »
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Videos de Carlo Goldoni (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Carlo Goldoni
C'est aujourd'hui une de nos plus fortes, plus puissantes et audacieuses comédiennes, une de nos plus actives et fécondes metteuses en scène, aussi. Au Petit Saint-Martin, à Paris, Catherine Hiegel se retrouve pour la première fois de sa carrière seule en scène dans un monologue signé du défunt Jean-Luc Lagarce et monté par Marcial di Fonzo Bo, Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne. Elle y excelle de distance ironique et mélancolique à la fois. L'ex-doyenne de la Comédie-Française – dont elle fut violemment et injustement remerciée après quarante ans d'admirables services – incarne à merveille les mille nuances et détours d'un texte, d'un auteur. Si elle reste une des plus subtiles interprètes (et metteuse en scène) de Molière et Goldoni, elle sut encore s'embarquer, après l'éviction du Français, chez les meilleurs dramaturges contemporains, de Bernhardt à Minyana, de Noren à Koltès, via Zeller. Et elle y rayonne comme personne de son énergie blessée, de sa vitalité insubmersible. Elle nous dit ici un peu de ses secrets de fabrication, de ses passions théâtrales, de son enfance merveilleuse, de la Comédie-Française qui la façonna et la fit souffrir, de la misogynie au théâtre, de sa fille qui accuse d'inceste son père Richard Berry, son ex-compagnon. de ses forces et de ses faiblesses. Elle est magnifique.
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