AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Julien Hervier (Traducteur)
EAN : 9782268032672
221 pages
Les Editions du Rocher (14/04/1999)
3.93/5   7 notes
Résumé :
L'Orient et l'Occident ont constitué les deux horizons de lumière que Hermann Hesse a tenté d'atteindre dans son évolution spirituelle, les deux sources de tradition auxquelles il a puisé l'essentiel de son inspiration littéraire.
En lui se rencontraient cet Orient " qui n'était pas seulement géographique ", visité au cours du Voyage en Orient ou de Siddhartha, et ce Moyen Age occidental qui était bien plus qu'historique : origine d'une civilisation et porteu... >Voir plus
Que lire après Histoires médiévalesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ces histoires médiévales choisies par Hermann Hesse ont été tirées du "Dialogus miraculorum" de Caesarius de Heisterbach, un moine cistercien né à Cologne à la fin du XIIème siècle, des "Gesta Romanorum" qui puisent leur inspiration dans la matière antique, et des "Vieilles histoires allemandes en vers". Ces récits sont certes édifiants, dans un monde à la fois naïf et violent, où le surnaturel et les arts de la magie étaient omniprésents, où la nature, à travers ses immenses forêts, était encore pleine de puissance et de mystère : il s'agissait de montrer non sans facétie et truculence les excès de l'avarice et de l'orgueil, de la luxure, etc. Mais, sur bien des aspects, ils appartiennent aussi à un registre profane et débordant d'imagination, celui du récit amoureux ou d'aventure avec ses longs voyages en mer le plus souvent périlleux et rocambolesques.
Commenter  J’apprécie          371

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Ce qui suit, je le sais par les multiples récits de notre chenu frère Conrad, qui aura tantôt cent ans d’âge. Comme il venait lui-même de Thuringe et exerçait le métier des armes avant sa conversion, il en savait fort long sur l’histoire du landgrave Louis. Celui-ci laissa à sa mort deux fils comme héritiers : Louis qui tomba dans la première croisade sous les ordres de l’empereur Frédéric, et Hermann qui exerça le pouvoir après lui et mourut il y a peu. Or Louis, qui était homme fort rangé et humain et, pour mieux dire, moins mauvais que d’autres tyrans, publia un jour l’appel suivant : « S’il se pouvait trouver quelqu’un qui sût me dire en toute garantie la vérité sur l’âme de mon père, il recevrait de ma main une superbe maison. » Cela vint aux oreilles d’un pauvre chevalier qui avait pour frère un clerc fort expert en magie noire. Lorsqu’il lui eût rapporté les paroles du prince, son frère lui dit : « Mon cher frère, j’avais autrefois accoutumé de conjurer le diable par des formules magiques et je lui demandais ce que je voulais, mais il y a beau temps que j’ai renoncé à son entretien et à ses tours. » Le chevalier le pressa de toutes les façons, lui rappela sa pauvreté et le don promis sur l’honneur, et en fin de compte le clerc céda à ses prières et évoqua un malin esprit. Ce dernier obtempéra à l’évocation et lui demanda ce qu’il voulait. Le clerc répondit : « Je regrette de m’être tenu si longtemps loin de toi. Je te conjure de me dire où séjourne l’âme de mon seigneur, le landgrave. » Là-dessus, le démon : « Si tu veux m’accompagner, je te le montrerai. » Et l’autre : « Je le verrais volontiers, si je pouvais le faire sans danger pour ma vie. » Le démon dit : « Je te jure par le Très-haut et son terrible jugement que si tu te confies à moi, je t’emmènerai là-bas et t’en ramènerai ici sain et sauf. » Le clerc s’en remit à lui pour l’amour de son frère et monta sur le dos du diable. Ce dernier l’emporta en un rien de temps devant la porte de l’enfer. Le clerc y risqua un œil et aperçut d’effroyables lieux et des châtiments de toutes sortes, et aussi un diable d’aspect terrifiant, assis sur un trou fermé par un couvercle. À cette vue, le clerc trembla de tout son corps. Ce diable demanda à celui qui portait l’homme : « Quel est donc celui que tu portes sur tes épaules ? » Il lui répondit : « C’est un ami à nous. Je lui ai juré par ta haute puissance de lui montrer l’âme de son landgrave et de le ramener indemne afin qu’il puisse proclamer auprès de chacun ton incommensurable puissance. » Aussitôt le second diable souleva le couvercle incandescent sur lequel il était assis, entonna une trompette d’airain dans le trou et y souffla si puissamment qu’il sembla au clerc que le monde entier vibrait et retentissait. Après une longue heure qui lui sembla interminable, l’abîme cracha des flammes de soufre, et au milieu des étincelles qui montaient en crépitant, le landgrave apparut et se montra au clerc jusqu’au cou. Il lui adressa ces paroles : « Regarde, me voici, pauvre landgrave qui fut autrefois ton seigneur. Mais je préférerais pour lors n’être jamais né. » Le clerc : « C’est votre fils qui m’envoie, afin de lui rapporter dans quel état je vous aurai trouvé ; et si l’on peut vous aider en quelque manière, vous devez me le dire. » Celui-là de répondre : « Mon état, tu le vois sans peine. Mais il faut que tu le saches : si mes fils acceptaient de rendre telles et telles possessions, dont je me suis injustement emparé, à telles et telles églises (il les nomma par leur nom), et de les leur laisser en héritage, ils procureraient un grand apaisement à mon âme. » Et quand le clerc opina : « Seigneur, ils ne voudront pas me croire », il lui dit : « Je vais te dire un signe que personne ne connaît, sinon moi et mes fils. » Il lui révéla le signe et s’abîma sous ses yeux dans le gouffre ; quant au clerc, le démon le ramena sur terre. Il n’avait pas perdu la vie, il était cependant si pâle et si affaibli que l’on pouvait à peine le reconnaître. Il rapporta aux fils les paroles de leur père et leur montra les signes, mais il apporta peu d’avantages au damné. Les fils ne voulurent rien savoir pour rendre les possessions. Pourtant le landgrave Louis répondit au clerc : « Je reconnais les signes et ne doute pas que tu aies vu mon père ; que la récompense promise ne te sois pas refusée injustement. » Mais celui-ci dit : « Seigneur, gardez votre maison ; je ne penserai plus désormais qu’au salut de mon âme. » Et il abandonna tout et se fit moine cistercien.
Commenter  J’apprécie          10
Un certain moine me raconta, lorsque j’étais novice, l’histoire d’un frère. Il était un jour étendu en prière devant un autel, et le Seigneur le gratifia si largement du don des larmes qu’il en mouilla tout le sol. Il naquit alors en son cœur (c’était, comme il s’avéra par la suite, sous l’influence du diable) un vain sentiment de gloriole, au point qu’il se disait à lui-même intérieurement : « Ah, si seulement quelqu’un pouvait voir quelle grâce m’est échue ! » Aussitôt celui qui lui avait inspiré cela se montra, se tint de côté près de lui, et contempla ses larmes avec la plus grande sympathie. Or il apparut sous la figure d’un moine noir. Levant les yeux, à cause de son effroi intérieur, tout autant qu’en raison de la noirceur de l’habit, le moine en prière reconnut que c’était un diable, l’instigateur de son mouvement d’orgueil ; et alors, celui qu’il avait appelé par sa vanité pécheresse, il le chassa par la vertu et à l’aide du signe de la croix. En raison de dangers de cet ordre, il est enjoint par Dieu à ceux qui prient d’aller dans leur cellule et de refermer la porte derrière eux, en d’autres termes, de se tenir à l’écart de la louange humaine.
Commenter  J’apprécie          10
Un abbé d’un ordre noir (les bénédictins), excellent homme d’une moralité à toute épreuve, avait des moines bien étranges et relâchés dans leurs mœurs. Certains d’entre eux, un beau jour, s’étaient procuré force victuailles et vins fins. Craignant leur abbé, ils n’osèrent faire ripaille dans une des salles du couvent et se retrouvèrent tous dans une énorme tonne à vin vide où ils apportèrent leur provende. Or l’abbé en eut vent et, tout affligé, il accourut aussitôt, jeta un regard dans le tonneau, et son arrivée transforma la gaieté des buveurs en tristesse. Il vit bien leur effroi, joua le bon compagnon, entra auprès d’eux et leur dit : « Oh ! Oh ! mes frères, on voudrait donc goinfrer et biberonner sans moi ! C’est fort mal à vous. En vérité, je veux être de la fête ! » Et il se lava les mains, mangea et but avec eux et donna si bien l’exemple qu’ils retrouvèrent leur bonne humeur. Le jour suivant – non sans avoir auparavant prévenu et instruit le prieur – l’abbé se rendit au chapitre devant le prieur, en présence de ces moines, et il implora humblement son pardon, jouant la crainte et le tremblement, et il s’écria : « Seigneur prieur, je vous confesse à vous et à tous mes frères ici assemblés que j’ai, pauvre pécheur, succombé au vice de gloutonnerie et qu’hier, en secret, caché dans un tonneau, j’ai mangé de la viande contre les ordres et la règle de mon saint père Benoît. » Ce disant, il se jeta à terre et se prépara à recevoir sa pénitence. Comme le prieur voulait l’en empêcher, il lui fit cette réponse : « Faites-moi donc donner les verges ; mieux vaut expier ici-bas que dans la vie future. » La punition reçue et la pénitence faite, il revint à sa place. Mais les moines coupables craignirent alors qu’il ne les dénonçât s’ils cachaient leur méfait ; ils se levèrent donc aussi et confessèrent la même faute. L’abbé leur fit administrer une sévère correction par un moine qu’on en avait chargé à l’avance, il les traita sans douceur et les menaça des pires punitions afin qu’ils n’y revinssent plus. C’est ainsi, comme un médecin habile, qu’il guérit le mal qu’il ne pouvait soigner par des paroles, en donnant lui-même l’exemple.
Commenter  J’apprécie          00
Un abbé de notre ordre me narra sur saint Thomas de Canterbury, qui fut martyr en notre époque, une histoire fort divertissante que l’on ne trouve à lire ni dans sa passion ni dans les livres de ses miracles.

Un prêtre un peu niais de son diocèse ne savait pas d’autre messe que celle de notre sainte Vierge Marie qu’il célébrait chaque jour. Aussi plainte fut-elle portée contre lui auprès du bienheureux évêque, et par respect pour le sacrement, celui-ci lui interdit dorénavant de dire la messe. Quelle ne fut pas la détresse et la misère du prêtre, et comme il implorait instamment la sainte Vierge, celle-ci lui apparut et dit : « Va trouver l’évêque et dis-lui en mon nom qu’il doit te rendre ton office. » Le prêtre opina : « Notre Dame, je suis un pauvre homme de rien, il ne m’écoutera pas, je n’obtiendrai même pas accès à lui. » La sainte Vierge dit : « Ne te soucie de rien, je te frayerai un chemin. » Mais lui de répondre : « Notre Dame, l’évêque n’en croira pas mes paroles. » La Vierge dit : « Tu n’auras qu’à lui dire ce signe : jadis, à telle et telle heure et tel et tel endroit, il a raccommodé sa haire et je lui suis venue en aide, en la lui tenant d’un côté. Il te croira aussitôt. »

Au petit matin suivant, le prêtre trouva sans encombre accès auprès de l’évêque et lui transmit le message de la sainte mère de Dieu. « Comment saurais-je que tu es vraiment son envoyé ? » lui demanda-t-il, et le prêtre lui raconta comme signe l’histoire de la haire. Lorsqu’il entendit cela, le bienheureux évêque s’écria avec étonnement et effroi : « Vois, je te rends ton office et te prescris de ne chanter et de ne célébrer que la messe de Notre Dame ; et pour mon âme je te demande de prier. »
Commenter  J’apprécie          00
Dans le Librum miraculorum Claraevallis, nous lisons l’effroyable histoire de deux joueurs. Comme l’un d’eux perdait au jeu et enviait l’autre que la chance favorisait, il se mit à accabler le Bon Dieu de blasphèmes pour montrer sa colère. Et son camarade, possédé du même esprit malin, s’écria : « Tais-toi donc, tu n’es même pas capable de jurer convenablement ! » Et il se mit à blasphémer et à outrager Dieu de façon pire encore. Mais alors qu’il commençait même à outrager et à insulter la mère de Dieu, une voix d’en Haut se fit entendre : « Les outrages envers moi, j’ai encore pu les supporter, mais ceux qui s’adressent à ma mère, je ne saurais les tolérer. » Et sur-le-champ, à la table même où il était assis, le blasphémateur fut transpercé par une force invisible d’une blessure invisible ; en écumant, il rendit l’âme.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Hermann Hesse (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hermann Hesse
Les arbres dans l’œuvre d'Hermann Hesse
Dans la catégorie : Divers écritsVoir plus
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature des langues italiques. Littérature latine>Divers écrits (25)
autres livres classés : contesVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (28) Voir plus



Quiz Voir plus

Hermann Hesse

Choisissez les bonnes dates ..

3 juillet 1977 - 8 août 1962
2 juillet 1877 - 9 août 1962
2 juillet 1876 - 9 août 1967

10 questions
75 lecteurs ont répondu
Thème : Hermann HesseCréer un quiz sur ce livre

{* *}