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sur 734 notes
Quel grand roman ! Un roman initiatique s'il en est, un roman sur la découverte de l'identité sexuelle, des erreurs d'aiguillages amoureux, de la différence. Dans le Vermont des années 1960, dans un collège de garçons, comment définir cette attirance amoureuse pour la bibliothécaire aux petits seins mais également la même attirance pour le professeur de théâtre qui n'est autre que le nouveau mari de sa mère ?

William, dit Billy, nous fait traverser cinquante ans d'évolution des moeurs aux États-Unis.

En mêlant théâtre, travestissement, littérature et aventures sexuelles, l'auteur nous raconte ce combat pour la tolérance, pour le respect de la différence, sans jamais tomber dans la facilité caricaturale.

La première partie, l'éducation du jeune William, est absolument magistrale. On entre de plein pied dans les doutes, la construction chaotique de la personnalité, dans les interrogations et les regards sur sa famille, ses congénères, ses expériences. Le récit est maîtrisé, malgré une chronologie chaotique elle aussi, la langue est belle et emporte complètement le lecteur. On est dans l'ambiance. C'est jamais sombre, l'humour guette toujours au coin d'une phrase, c'est épique et cocasse. Un régal.

Puis on entre de plein fouet dans le revers de la médaille : la maladie, l'épidémie, celle qui va décimer plus que toute autre la communauté gay à l'aube des années 1980. Quelle tristesse ! le ton du roman change alors, mais la qualité littéraire se maintient. La lecture devient plus difficile, la gravité l'emporte sur l'insouciance du début.

Ode à la tolérance, homophobie ordinaire, brimades, quête d'identité, questionnements, finalement à travers quelques personnages shakespeariens c'est toute la palette de la peinture d'une société en mouvement qui éclate dans les 600 pages de ce roman magnifique.
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largement critiqué déjà sur Babelio ou dans la presse, je n'aurais surement rien de plus pertinent à dire.
Il s'agit pour moi d'un grand cru de Mr Irving, étrangement dans l'air du temps car traitant de façon très intelligente du " genre " . Mais c'est avant tout une grande histoire comme sait nous en conter John Irving, un long fleuve agité et complexe mais tellement enrichissant. du même niveau que le monde selon Garp. le même engagement.
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Tout ce que vous avez voulu savoir sur la bisexualité sans jamais avoir osé le demander. John Irving détaille avec des descriptions réalistes, naturelles et crues les pensées et relations de personnages à la sexualité différente. Mais, si certains lecteurs pourront être choqués, ce roman est bien davantage qu'un éventail de désirs et amours inavouables.
Le narrateur, Bill ou William, est aujourd'hui un écrivain célèbre de soixante dix ans et il raconte sa jeunesse et son éveil des sens. Elevé chez ses grands-parents jusqu'à l'âge de quinze ans, Il revient vivre chez sa mère et son nouveau beau-père Richard Abbott. Si il adore ce grand-père Harry, toujours prêt à se déguiser en femme pour les pièces de théâtre, il craint davantage les femmes Winthrop, sa grand-mère Victoria, sa mère et sa tante Muriel.
Grâce à Richard qui l'inscrit à la bibliothèque, il découvre la littérature et la sculpturale bibliothécaire, Miss Frost.
" Nos désirs nous façonnent : il ne m'a pas fallu plus d'une minute de tension libidinale secrète pour désirer à la fois devenir écrivain et coucher avec Miss Frost- pas forcément dans cet ordre, d'ailleurs."
Dans la littérature, Bill cherche à comprendre les "erreurs d'aiguillage amoureux" et découvre Dickens (De grandes espérances) et Baldwin ( La chambre de Giovanni). Car si Bill est un adolescent normal qui se découvre, il s'interroge sur son attirance pour son beau-père ou pour Kittredge, étudiant et lutteur de la Favorite River Academy ou pour les femmes aux petits seins telles Miss Frost. Son expérience avec son amie Elaine ne sera pas concluante mais elle restera à jamais sa meilleure amie et confidente.
" Nous avons grandi à une époque où nous étions plein d'aversion pour notre différence sexuelle, parce qu'on nous avait fourré dans le crâne que c'était une perversion."
En Europe, Bill pourra assumer sa sexualité, notamment grâce à la rencontre de l'écrivain Lawrence Upton surnommé Larry ( il n'y a sans doute aucun lien avec le vrai poète anglais du même nom) à Vienne dans les années 60. C'est lui qui lui fera prendre conscience, dans les années 80 de sa neutralité face aux malades du sida. Car la seconde partie du livre traite davantage de l'homophobie de la société et inévitablement des affections liées au sida. Une fois encore, c'est avec une grande précision que l'auteur détaille les signes, maladies et traitements.
" En 1995, pour la seule ville de New York, le sida a tué plus d'Américains que la guerre du Vietnam."
Si Mr Hadley comptabilisait tous les anciens étudiants tués à la guerre, l'oncle Bob fera la nécrologie des amis de Bill morts du sida.
John Irving, en remarquable conteur, nous attache à cette histoire par la densité de ses personnages, le mystère de leur réelle nature et ce fil conducteur de la littérature et notamment du registre de Shakespeare. le titre du roman est bien entendu une phrase de Richard II de Shakespeare mais on découvre au fil des pièces de théâtre mises en scène par Richard Abbott, les personnages et thèmes de l'auteur anglais.
" Est-ce une fille ou un garçon, telle est la question ?"
Le jeune William apprécie ces adultes qui l'ont guidé dans sa jeunesse. Il aime profondément son grand-père pour sa tolérance, son amitié fidèle et son goût des vêtements féminins. Il reconnaît en Richard un guide notamment vers la littérature. Il est reconnaissant à la mère d'Elaine de l'avoir aidé à s'assumer et à guérir ainsi son défaut de langage. Et bien évidemment, il sera éternellement amoureux de Miss Frost, cette énigmatique bibliothécaire qui l'a préparé à affronter les éventuelles attaques des hommes.
Comme tous les livres de John Irving, c'est un roman dense, captivant parce que j'avais envie de connaître le mystère des parents de Bill, la réelle nature des personnages énigmatiques comme Miss Frost ou Kittredge. On y trouve de l'humour, de la rage et énormément d'émotions.
Alors que se célèbrent en France les premiers mariages homosexuels, le roman d'Irving va faire couler beaucoup d'encre. Je vous en recommande la lecture car c'est aussi un plaidoyer pour la tolérance, le respect des différences.
Lien : http://surlaroutedejostein.w..
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Livre à oublier !
Jusqu'ici, je prenais de confiance les "John Irving", et ne le regrettais pas...
Là, pendant 471 pages, le narrateur bisexuel se demande à quel étage il doit "prendre" les hommes, par quel côté il doit "prendre" les femmes, et pourquoi il n'a pas "pris" le SIDA qui emporte ses amis un à un.
Je n'aime pas abandonner un bouquin avant la fin, mais j'ai mis 2 mois avant d'arriver à la page 471, sans avoir rencontré les délires habituels chez cet auteur.
A se demander si ce n'est pas une "oeuvre" purement alimentaire, sur un sujet à la mode.
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Roman d'apprentissage, A moi seul bien des personnages semble s'enliser, dans un premier temps, dans les tergiversations amoureuses du narrateur et dans les analyses littéraires tortueuses des grands classiques du théâtre anglophone.
Le lecteur se sentira tout d'abord désoeuvré et découragé devant ces longueurs inutiles qui n'apporteront, finalement, rien à l'intrigue. Cette mise en abîme, néanmoins, m'a vite rappelé l'univers d'Une Prière pour Owen dans lequel le moindre détail prend tout son sens à la fin du roman et vient se placer délicatement au sein d'un puzzle que l'auteur semble avoir densément travaillé. Ici, néanmoins, il n'en est rien et la « révélation » finale à laquelle je m'attendais n'a pas eu lieu.
Néanmoins, on retrouvera avec plaisir ce regard critique grinçant porté par Irving sur l'Amérique puritaine des années 60, à travers cette galerie de personnages qui constituent l'univers familial du jeune William. C'est d'ailleurs avec beaucoup de justesse que l'auteur décrypte le processus de l'attirance physique et des choix amoureux.
Nous qui avons vécu de plein fouet la vague du SIDA dans les années 80, ne sommes pas insensibles à la dernière partie du livre qui prend à bras le corps cette épidémie que nous avons suivie sur nos écrans de télévision ou qui nous a touchés de près ; mais, maladresse de l'auteur ou mauvaise compréhension du lecteur que je suis ( ?), ce « mal du siècle » apparaît comme la punition à la déviance sexuelle ou à son acceptation. Seul le narrateur est épargné, dont la bisexualité apparaît peut-être, aux yeux de la société, comme une hésitation excusable entre homosexualité et hétérosexualité.

A moi seul bien des personnages, déroutant et savoureux, est avant tout un témoignage en faveur de la tolérance la plus absolue, pour l'acceptation de l'autre, quel qu'il soit, et, en cela, le théâtre de Shakespeare en toile de fond est un hommage des plus spirituels au dieu du théâtre et de la mise en abîme.
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John Irving est un fabuleux conteur. Il nous le prouve une nouvelle fois avec son dernier roman, À moi seul bien des personnages, parfaitement à la hauteur de sa réputation.

Dans une petite ville du Vermont, durant les années 50, le jeune William grandit au sein d'une famille de doux dingues amateurs de théâtre. Comme toutes les familles de romans qui se respectent, celle-ci renferme bien des secrets, à commencer par celui qui entoure le père de Will, un jeune soldat qui les abandonna lui et sa mère. La mère de Will se remarie quelques années plus tard avec un professeur, le beau Richard Abbott, qui intègre la troupe de théâtre familiale. Très vite, William a le béguin pour ce beau-père. La découverte de la sexualité s'accompagne chez William de la découverte de la littérature. Celui-ci l'emmène à la bibliothèque, là, il fait la connaissance de Miss Frost, au physique particulier dont il tombe sous le charme. Lecteur passionné, William nourrit l'ambition secrète de devenir écrivain une fois adulte.

Dans ce récit à la première personne, nous suivons les errances sentimentales de William. Ni hétéro, ni homo, préférant les transsexuels, William est un personnage d'une extrême tolérance, cherchant à percer le mystère de la sexualité et de l'écriture, qui revient toujours vers ses obsessions d'adolescent.

Le thème du roman n'avait pas franchement de quoi me séduire au départ, pourtant, Irving a su m'embarquer dans cette histoire jubilatoire. On s'attache très vite au narrateur, à cet adulte qui fait le bilan de sa vie, de son apprentissage, qui découvre au fil du temps que le désir ne se commande pas, que les rapports à la sexualité sont multiples mais qu'on a le choix de les assumer ou de les cacher. le regard porté sur les personnages secondaires est bienveillant, non dénué d'humour. En effet, comment ne pas tomber sous le charme du grand-père de Will, bûcheron féru de théâtre, aimant tout particulièrement se travestir pour jouer des rôles féminins ?

Will est confronté aux ravages du Sida, les transformations sexuelles sont aussi évoquées, cela pourrait faire basculer le roman dans le glauque, mais Irving a su trouver le ton juste. Il rend aussi un bel hommage à la littérature, en évoquant Shakespeare, Dickens, Ibsen, et Flaubert « qui peut changer une vie ».

C'est un roman avec un supplément d'âme, une densité rare, que nous livre Irving, il nous surprend et nous enchante chaque fois un peu plus.
Lien : http://bene31.canalblog.com/..
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J'aime l'univers de John Irving !



C'est un livre d'actualité… A l'heure où certains condamnent l'homosexualité, la bisexualité et tout sexualité différente c'est-à-dire qui ne ressemble pas au schéma classique (un papa, une maman, deux enfants), ce livre est une vraie bulle d'air ! Un magnifique message de tolérance teinté d'une bonne dose d'humour !

Je m'y suis amusée, je me suis régalée !



Et pour qui connaît bien les romans de John Irving, et bien rassurez-vous, on retrouve l'Autriche, les ours, l'université, la lutte… tous ces thèmes récurrents dans son oeuvre et qui font qu'on se retrouve vite en terrain connu. On lit les premières pages et on se sent bien !



La littérature, le théâtre en particulier, a une place de choix dans ce roman. Shakespeare, Ibsen forment le fil conducteur de cette histoire et permettent à l'auteur de donner à ses multiples personnages une profondeur qu'ils n'auraient pas eue sans le théâtre.

Et la relecture de Madame Bovary… (sous un angle étonnant) est tout simplement succulente.

C'est un auteur qui possède un véritable don narratif, il emmène son lecteur dans les dédales de la vie de son personnage sans jamais le perdre (ni le lecteur ni le personnage…). C'est enivrant !


Lien : http://krolfranca.wordpress...
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C'est Richard, le beau père de William (dit Bill) alors jeune adolescent, qui lui fait découvrir la bibliothèque de la ville. Il s'y rendra souvent car il est très attiré par Mrs Frost, la bibliothécaire. Cette dernière est d'une aide précieuse car elle lui conseille des lectures qui tiennent compte de ses demandes. Grâce à elle, il découvrira Dickens, les soeurs Brönte, Flaubert et pourra alimenter son amour des livres et de la littérature.

Ce beau père qu'il adore, professeur de lettres dans la petite ville où ils habitent, fait aussi partie du club théâtre où sa mère est souffleuse. C'est d'ailleurs ainsi qu'ils se sont rencontrés. Ils y répètent une pièce de Shakespeare, quasiment en famille puisque le grand-père de William y joue aussi, affectionnant particulièrement les rôles de femmes.

Mais ce qui préoccupe le plus notre jeune héros, outre le fait qu'il veut devenir écrivain (et qu'il deviendra un écrivain réputé) ce sont ses "penchants contre nature".A la fois attiré par des femmes, de préférence avec des petits seins, mais aussi par des garçons, notamment dans le lycée où il étudie, il va nous raconter son enfance, mais aussi son adolescence et son entrée dans la vie et la difficulté d'y cultiver sa "différence" .

du grand John Irving qui a décidément un formidable talent de conteur pour raconter des histoires à la fois banales et hors du commun. Avec un récit brillamment construit du début à la fin. Son livre est un beau roman sur la difficulté d'être soi, un formidable traité sur la tolérance et le respect de l'intimité de chacun.

John Irving donne toujours une grande place à la sexualité dans ses romans, il le fait ici encore sans tabou, sans pudeur, sans retenue mais aussi sans vulgarité. le sujet qu'il traite est difficile, il le fait avec intelligence, y mêlant de magnifiques portraits d'êtres humains. J'aime la façon dont il met en scène les relations entre les gens, que ce soit des relations d'amitié, de solidarité, d'amour ou de haine.

Il offre enfin de magnifiques pages sur la littérature et une dernière partie plus qu'émouvante sur le drame qu'ont constitué les milliers de personnes mortes du sida dans les années 1980.

A la lecture de ce roman, on comprend pourquoi les critiques sont si élogieuses.
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Je ne connaissais pas cet auteur, du moins je ne l'avais jamais lu mais ma copine Virginie m'en avait souvent parlé. Autour d'un dîner, je suis repartie avec plusieurs livres de ce John Irving. J'ai eu un tout petit peu de mal à rentrer dans l'histoire mais je me suis vite prise au jeu avec une grande envie de connaître la fin, et, malgré mon vif intérêt pour cette histoire, je m'attendais à une autre fin... Quoi qu'il en soit, j'ai bien aimé ce livre qui raconte l'esprit tourmenté de ce jeune garçon qui a su, tout au long de cette histoire, assumer ses attirances sexuelles sans en avoir honte. Je suppose que des tas de personnes, homme ou fille, vivent cette situation sans pour cela l'assumer pleinement et en être malheureux. Je conseille vivement ce livre... Merci Ninie !
Lien : http://malecturedumoment.wor..
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Le monde selon Billy...
William Abbott, écrivain bissexuel, la soixantaine bien tassée revient sur sa vie, ses expériences adolescentes, son apprentissage et ses questions sur l'identité et la sexualité.

Tout au long de la deuxième moitié du XXème siècle, du fin fond du Vermont en passant par New York, l'Europe ou San Francisco, John Irving traite de l'identité sexuelle à travers différents personnages plus ou moins proches de William : certains amis d'école ( sa meilleure amie/amante, le bel éphèbe lutteur, le timide admirateur...), la bibliothécaire (son premier amour et sa première amante transsexuelle), un grand père, un beau père et un père assez extraordinaires et beaucoup de secrets de famille.

Les personnages sont profonds, peu clichés, leur relation intéressante. Les évocations d'oeuvres théâtrales et littéraires sont nombreuses. le problème du sida et son épidémie des années 80-90 sont traités d'une manière crue mais subtile et touchante
De plus le rythme de narration est assez soutenu, les flash back et les propos assez peu linéaires rendent le récit très vivant.

Un pavé intéressant et agréable à lire.
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