AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Jean-Claude Masson (Traducteur)
EAN : 9782253047940
Le Livre de Poche (01/12/1988)
3.69/5   27 notes
Résumé :

Miguel Littín est chilien et metteur en scène de cinéma. Il fait partie des 5 000 Chiliens qui sont interdits de séjour dans leur pays. Au début de l'année 1985, pourtant, Miguel Littín est rentré clandestinement au Chili. Pendant six semaines, grâce à la résistance intérieure, il a réussi à diriger trois équipes de nationalités différentes pour filmer clandestinement... >Voir plus
Que lire après L'aventure de Miguel Littin, clandestin au ChiliVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ce bouquin, écrit par Gabriel Garcia Marquez, est le résultat d'une entrevue que lui a accordée le metteur en scène Miguel Littin. Au Chili, sous le régime de Pinochet, un grand nombre d'intellectuels, d'artistes en tous genres l'avaient dure. Malmenés, battus, emprisonnés… exécutés. Certains eurent la chance d'être exilés. Miguel Littin est l'un de ces derniers, interdit de séjour dans son propre pays. En 1985, il rentre au Chili après douze ans d'absence, sous une fausse identité, avec trois équipes de tournages de trois différents pays, pour réaliser des documentaires sur la vie sous le régime autoritaire : la répression, les conditions de vie diminuées, la résistance. Six semaines à risquer sa vie, à toujours surveiller ses arrières, sans chercher à renouer avec ses amis ni revoir sa famille. Ouf! Garcia Marquez a condensé en moins de deux cent pages plus de six heures d'entrevue. Aussi, il a tenté de respecter autant que possible la narration de Littin et son langage, qui est très différent de la sienne. Amateurs du prix Nobel de Littérature, vous ne retrouverez pas son style unique. Puisqu'il s'agit d'une transcription (romancée, mais quand même), le bouquin met l'accent sur les faits et gestes de Littin, ses réflexions, ses sentiments. Sa nostalgie, puis sa désillusion. Surtout, son inquiétude d'être découvert, la peur constante. Enfin, la satisfaction du travail accompli. Quel exemple de courage et de détermination! Ce bouquin permet de se faire une idée de l'histoire moderne du Chili, du combat de l'intelligentsia (qui n'est pas toujours aussi représenté et salué que celui des résistants armés). Ce fut une lecture intéressante.
Commenter  J’apprécie          290
C'est en refermant «L'aventure de Miguel Littin. Clandestin au Chili» de Gabriel Garcia Marquez que j'abhorrai davantage l'exil. Ce livre relate comment Miguel Littin, metteur en scène chilien de père palestinien, retrouve clandestinement son pays après douze années d'absence forcée. Un exil qui date d'un certain 11 septembre 1973, un autre 11 septembre qui vit le palais présidentiel de la Moneda (Monnaie) bombardé par les sbires du futur dictateur de la junte militaire, un certain général Pinochet, décédé sans avoir été jugé pour ses crimes à l'encontre de son peuple.

Littin qui rappelle, par la plume de Marquez, que «le miracle militaire a rendu plus riche un très petit nombre de riches et beaucoup plus pauvres tous les autres Chiliens» du fait que le régime issu d'un coup d'Etat a importé plus de produits en cinq ans que durant les deux cents années antérieures ; au milieu de l'«exaspération sénile de la dictature», Littin fait provision d'une «moisson de nostalgies» comme pour conjurer l'exil.

L'exil. Vocable voué aux gémonies. Synonyme de souvenirs cruels et de remords. Au goût de malédiction. Honni par des générations entières d'immigrés, et pourtant expérimenté par des candidats innombrables. Jusqu'à mettre en péril leur propre vie sur de frêles embarcations, les harraga. Rejoindre l'eldorado rêvé les yeux ouverts via les images charriées par les chaînes satellitaires. Et par des revues aux photos aguichantes, souvent sous les traits de minois de filles angéliques. Egalement par des produits de consommation inaccessibles au commun des mortels.

L'exil, apanage de circonstances. Les unes autant pernicieuses que les autres. Quotidien implacable reconduit au jour le jour : chômage et misère ambiante, célibat indéfiniment et involontairement prorogé, scolarité bâclée et insuccès professionnels réitérés, mille et un métiers pour une louche de chorba, absence du droit à l'expression et hogra, délit d'opinion et frustrations en cascade, pieuses prières et saouleries occasionnelles, espoir vain et résignation à l'infini…

Voilà ce qu'est l'exil. Imperturbable destin aux contours incertains, à la froideur certaine. Soleil troqué contre de la grisaille. Commerce de sa jeunesse pour de l'espérance. Semailles inutiles de ses années d'insouciance. Indomptable désir de se surpasser, au-delà des efforts habituels. Consommation effrénée de ses énergies décuplées par l'envie de jauger ses capacités et de mesurer l'étendue de ses talents supposés ou réels. Mais aussi simple besoin de vendre sa force de travail outre-mer, le chômage endémique ayant gagné de larges pans de la société d'origine, contrainte à une paresse angoissante se muant parfois en suicide.

Egalement audace d'une jeunesse oubliée et vouée à un perpétuel sacrifice autant absurde qu'inutile, face à l'impérieux et vital souhait de se soustraire à la mort lente distillée par la morosité des campagnes jetée en pâture à l'oubli et des villes vouées à l'inculture organisée par un pouvoir central vorace qui est relayé par des potentats locaux. Leur enjeu principal et commun ? Préservation de leurs intérêts gargantuesques à travers l'accaparement de la rente provenant des hydrocarbures, la recherche du plus grand patrimoine foncier possible et les comptes et résidences en Suisse et ailleurs.

L'exil intérieur. Qu'il est dur d'être les victimes du sadisme du pouvoir dans son propre pays. Surtout face à notre fatalisme légendaire qui fait de nous des citoyens soumis chez qui on exploite à satiété les sentiments patriotiques. Face aux injustices innombrables générées par la politique de nos tyrans, les candidats à la harga meurent à petit feu. La dérision, cette thérapie de l'heure, n'est plus de mise, d'autant que souvent privés de notre droit le plus élémentaire à l'expression. de l'exil intérieur la société court un grave danger : devenir un vaste univers cellulaire. Une sorte de réserve où nous serons parqués. Nos bourreaux cherchent à empoisonner en nous toute forme d'espoir et à polluer nos mentalités par leur propagande à bon marché. Face à nos assassins, réels ou en puissance, l'indignation n'est plus l'ultime secours. Il est vrai que les prostitués du pouvoir, les nouveaux harkis et autres spécialistes ès flicage et magouille en tout genre craignent la subversion par-dessus tout.

Rien n'est plus dangereux que de devenir les béni oui-oui de ces clowns en mal d'inspiration qui ont fait de l'Etat une vaste machine à briser les volontés saines du pays. Leur tendance à la malveillance appelle notre répulsion, non notre perplexité. Ils ont semé une mauvaise graine : le népotisme tribal. Nous effacer et exécuter leurs ordres. Voilà l'attitude qu'ils nous dictent pour gagner notre pain… ou l'exil. Devant notre stupeur et notre engourdissement, leurs consciences séniles jubilent de frénésie destructrice. Ils veulent créer leur vérité. Une vérité à leur image. Pour nous, la réclusion de l'exil.

Leurs discours sont de véritables somnifères. Chaque soir, ils anesthésient nos esprits. Leurs dîners et rencontres sont les occasions pour eux de jeter leur dévolu sur une carrière, ciblée de longue date. Un marketing durablement établi. Ils sont tous membres d'un réseau et ont un bon carnet d'adresses. Aucun d'eux n'ignore les habitudes des autres. Les mensonges ? Leur spécialité préférée. Cela leur sert à fabriquer une mentalité dans l'opinion de chacun de nous. Ils cultivent l'arrogance et l'ostentation. Ils n'ont dans leurs bouches que les menaces et les intimidations. En plus, ce sont des bigots hors catégorie. Sans oublier qu'ils sont fiers de la logomachie de leur presse. Devant la rancoeur et le désarroi que nous affichons, ils bâtissent une République qui devient, de jour en jour, leur fonds de commerce…

Dans l'exil, la vie ressemble aux sables mouvants. Et j'ai le devoir de clamer l'amertume du monde, la perte d'identité, l'opacité de la douleur. Sous le ciel maussade de Paris, les nuages qui pèsent lourd sur la ville où nous avons laissé nos idées fermenter au soleil pour les semer dans les consciences à venir. La banlieue ? Des réverbères à la lumière vaporeuse. Un petit café situé à l'angle d'une rue. Une heure assez tardive de la nuit. Quelques clients éméchés dissertant. Une lumière blafarde. Un café devenu tribunal où se déroule un procès. Nous servons de décor à cette civilisation. Depuis des années, les gens de ce pays nous considèrent comme des éléments accessoires de leur paysage social. Monde inextricable. Paris, ville aussi belle que l'inconnue rencontrée sur le quai d'une gare. Comme une main qui se pose sur l'épaule, moineau en quête d'une graine. de l'exil, tous les Pasteur du monde ne pourraient guérir ma rage. On ne cède pas facilement à l'engouement ambiant, à l'aliénation tissée d'année en année. Dans cette ville, chacun vit dans sa tête.
Commenter  J’apprécie          90
Critique ingénieusement élaborée contre la dictature de Pinochet au Chili, L'aventure de Miguel Littin, clandestin au Chili est une chronique journalistique romancée de Gabriel García Márquez qui a entamé dès les années 1975 grâce à ses succès littéraires, une période d'intense activité de journaliste engagé au service des grandes causes politiques de gauche et de la défense des droits de l'homme.

"Sans prétentions historiques" précise-t-il, Gabriel García Márquez retrace dans ce livre l'histoire vraie mais romancée de Miguel Littín réalisateur et scénariste chilien exilé que l'auteur a rencontré et interviewé en Espagne. Si García Márquez donne à ce récit le titre "d'aventure", c'est que le témoignage du cinéaste relève d'une l'épopée dans l'univers pinochetiste.

Miguel Littín, politiquement engagé à gauche, a dû s'exiler après le coup d'État militaire qui renverse Allende et met au pouvoir Pinochet en 1973. Littín se réfugie d'abord au Mexique puis en Espagne, avec l'interdiction de revenir dans son pays. Après douze ans d'exil, le réalisateur décide d'entrer clandestinement au Chili pour tourner un documentaire sur la réalité de la vie quotidienne sous Pinochet : six semaines de séjour en danger permanent et des heures de tournage, passant du complot policier à la rencontre d'activistes résistant au régime, de cachettes en dissimulations et de couverture en faux-semblants.
Narré à la première personne dans un style journalistique enlevé, limpide et fluide, très proche du style des articles que García Márquez écrivait déjà des années plus tôt dans Cronica ou El Espectador, l'intérêt de ce récit, au-delà de l'acte de résistance très courageux de ce cinéaste, est l'évocation du sentiment de l'exil, expérimenté par tant d'intellectuels latino-américains : douleur de l'éloignement, éparpillement identitaire, sentiment d'étrangeté permanent, et dans le cas de Miguel Littín, dédoublement du protagoniste inventant une couverture pour rentrer au Chili, et étouffement de son identité profonde car interdit d'être lui-même sur sa terre natale.
Cet exil, décidé ou contraint, politique ou culturel, est au coeur même de la littérature latino-américaine
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
Commenter  J’apprécie          190
Excellent livre relatant le retour clandestin de Miguel Littin pour le tournage de son documentaire "Acta General de Chile", sur la vie au Chili sous la dictature de Pinochet. le livre est court et narré à la première personne pour transcrire au mieux les dix-huit heures d'entretiens entre les deux hommes et donner force au témoignage.

L'aventure est incroyable, les moyens mis en oeuvre et les risques pris pour permettre le tournage sont sidérant. Je découvre également un pan de l'histoire du Chili au delà du nom de son dernier dictateur. Malgré mon ignorance complète sur ce pays, tant son histoire que sa géographie, le livre est écrit de sorte qu'on puisse suivre l'aventure sans avoir à chercher des informations sur internet pour comprendre ce qu'il se passe. J'en ai cherché quand même car Gabriel Garcia Marquez m'a donné soif d'en savoir plus sur le Chili.
Commenter  J’apprécie          110
L' AVENTURE DE MIGUEL LITTÍN CLANDESTIN AU CHILI de GABRIEL GARCIA MARQUEZ
Miguel Littín est un cinéaste chilien interdit de séjour, qui va néanmoins revenir clandestinement en 1985 pour évaluer l'état du Chili après ces 12 années de dictature de Pinochet. Il reviendra avec 600 pages de notes que Marquez compressera en 300 et le récit se fera à la première personne. Pour revenir dans son pays il va modifier son visage, ses cheveux, sa physionomie, se maquiller et transiter par plusieurs aéroports. Pas inquiété à son arrivée, il va rencontrer ses contacts, utiliser des mots de passe, entre paranoïa et réalité. Il filmera la vie quotidienne des chiliens de Santiago puis partira vers le centre du pays, à Conception où il croisera sa tante et sa belle mère qui ne le reconnaîtront pas. Visite de la maison de Pablo Neruda à Isla Negra et rencontre avec des responsables du Front Patriotique. Sa mère ne le reconnaît pas non plus. Il pourra finalement filmer sous sa couverture d‘homme d'affaire uruguayen tout ce qu'il avait prévu et repartira sous escorte de carabiniers qui n'auront rien soupçonné.
Initialement paru en 10 épisodes dans un journal, puis deux films seront produits ultérieurement.
Un document intéressant sur ces très sombres années pour les chiliens.
Commenter  J’apprécie          00


Videos de Gabriel Garcia Marquez (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gabriel Garcia Marquez
Troisième épisode de Dans les pages avec la romancière américaine Joyce Maynard. Elle est venue nous parler des livres qu'elle aime, de Gabriel Garcia Marquez, du Petit Prince et de musique.
Bon épisode !
"L'hôtel des oiseaux" est publié aux éditions Philippe Rey, Arthur Scanu à la réalisation
#librairie #joycemaynard #danslespages #millepages #books @editionsphilipperey1918
Dans la catégorie : Biographie des artistesVoir plus
>Biographie générale et généalogie>Biographie: artistes et sportifs>Biographie des artistes (292)
autres livres classés : chiliVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (75) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz sur Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez

Comment s´appelle la famille dont l´histoire est contée dans le roman

Buenos Dias
Buendia
Bomdia
Banania

8 questions
679 lecteurs ont répondu
Thème : Cent ans de Solitude de Gabriel Garcia MarquezCréer un quiz sur ce livre

{* *}