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René de Ceccatty (Traducteur)
EAN : 9782070419869
283 pages
Gallimard (31/05/2002)
3.36/5   7 notes
Résumé :
«Pasolini aurait pu être un nouvelliste comme son ami Moravia. Santino dans la mer d'Ostie aurait presque pu être écrit par ce dernier. Mais leurs pessimismes étaient différents. Tous deux dotés d'une vitalité exceptionnelle, ils n'avaient pas le même sentiment de solitude. Moravia voulait encore convaincre. Son esprit batailleur ne perdait pas l'espoir d'être entendu. Pasolini savait sa propre voix trop isolée. C'est cette certitude qu'expriment, sous diverses form... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Souvent, le réalisme littéraire est lié à la représentation du peuple dans le roman ou la nouvelle, au point que réalisme et sujet populaire sont devenus presque synonymes. La France a eu son Naturalisme, l'Italie son Vérisme, à peu près à la même époque, et dans la lignée des grands auteurs véristes, Pasolini a composé ses Nouvelles Romaines, textes brefs, peu narratifs, destinés le plus souvent à la presse romaine des années cinquante. Les nouvelles du recueil proposées ici en édition bilingue prennent place dans le quartier pauvre du Trastevere, et parfois dans quelques cités populaires au bord de la mer comme Terracina. L'auteur raconte peu, mais excelle à retracer une atmosphère, une silhouette, une relation humaine, et le destin de ce sous-prolétariat romain, dont les membres naissent déjà marqués et dont les vies sont soumises à d'implacables déterminismes économiques et sociaux : la rareté des événements et des surprises narratives s'explique par là.
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L'édition bilingue aidera le lecteur à mesurer à quel point l'italien littéraire est une langue difficile, d'autant plus ardue que l'auteur y insère de nombreux passages en dialecte romain (romanesco), dialogués ou non. C'est un élément qui différencie le réalisme italien de son parallèle français : l'Italie a toujours eu deux niveaux de langue (diglossie), la langue officielle écrite et établie depuis Dante et Pétrarque, et les multiples dialectes locaux auxquels le cinéma de Pasolini a habitué nos oreilles. Il y a toujours eu une riche littérature dialectale en Italie, à l'opposé de la France. Cette dimension double de la langue ne passe bien évidemment pas en français, où la séparation entre langue officielle et langues locales était doublée d'une barrière de classes infrangible, tandis que la situation littéraire et linguistique en Italie a toujours été plus souple. Pasolini nous échappe donc, à nous Français, par les jeux subtils de sa prose à travers tous les étages de la langue.
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Enfin, qui dit réalisme pensera, à l'école de Zola ou mieux, de certains auteurs du Nouveau Roman, objectivité et distance du sujet par rapport à son objet. Rien n'irait plus mal à Pasolini, nouvelliste réaliste et lyrique, dont les récits vibrent d'un amour profond et secret pour les gens et les lieux qu'il décrit. Ce lyrisme discret mais prenant, joint à la brièveté des textes et au cadre urbain, m'ont fait penser plus d'une fois à certains petits poèmes en prose du Spleen de Paris de Baudelaire, à quelques pages de prose poétique de Huysmans ou de Jacques Réda.
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La Feuille Volante n° 1260
Racconti romani (Nouvelles romaines) Pier Paolo Pasolini – Folio.
Traduit de l'italien par René de Ceccatty. (édition bilingue)

Ce recueil de nouvelles écrites par Pasolini (1922-1975) dans les années 50 et publiées dans la presse puis initialement sous le titre « Histoires de la cité de Dieu, nouvelles et chroniques romaines » sont des textes épars qui constituaient la première partie du volume édité en 1998, c'est à dire vingt ans après l'assassinat de l'auteur. Il s'agit donc d'un recueil posthume qui retrace l'itinéraire de Pasolini dont certains textes ont été publiés dans la presse de l'époque ou repris en partie dans d'autres écrits. Quand il arrive à Rome en 1950 venant du Frioul, il est pauvre comme le sont les personnages de ces textes et découvre cette ville qui comptera tant pour lui. Il s'attache d'ailleurs à la décrire et notamment le quartier du Trastevere, pittoresque, vivant populaire et même malfamé à cette époque, ce qu'il ne n'est évidemment plus aujourd'hui. C'est en tout cas une balade dans cette partie de Rome, favorisée par la consultation de mon vieux « guide bleu » des années 50 . Il n'est pas encore le critique littéraire, et le cinéaste célèbre qu'il deviendra quelques années plus tard mais a déjà publié des poèmes et la société dans laquelle il vit reste pour lui une occasion unique de réflexion.
Des ces quatorze textes, il cherche à dire ce qu'il voit, à rendre compte de la pauvreté de cette époque et de la débrouillardise des petites gens pour survivre et son style est plutôt descriptif que poétique en ce sens qu'il souhaite avant tout témoigner de l'environnement social qu'il côtoie sans cependant négliger les images oniriques. Comment en effet, gommer le lyrisme de son écriture ? Parfois, comme dans « Roma allucinante », il laisse parler son âme de poète et cela donne un texte aux accents surréalistes, plein d'images, de couleurs et de sons qu'il faut lire à haute voix pour apprécier toute la musicalité de cette langue. Plus tard il se penchera sur la société dans laquelle il vit, cherchera à la décrypter pour, peut-être, l'améliorer ou à tout le moins y imprimer sa marque.
Ce recueil comporte aussi des idées de films, futurs scénarios écrits sans recherche poétique, un style plus ordinaire et haché mais qui sont autant de pistes de réflexion sur la ville de Rome qu'il aime tant mais aussi sur ceux et celles qui la peuplent (I morti di Roma – Donne di Roma). Il y parle du quotidien des vivants mais aussi de la violence qui en est indissociable, du côté transitoire et dur de la vie, de la mort qui guette chacun parce que c'est notre condition à tous. Pour souligner ce trait, il prendra plus volontiers dans ses films des acteurs amateurs plutôt que des comédiens professionnels connus. Il prend l'image des ponts parce que, à cette époque, le Tibre est encore une frontière dans cette ville. D'un côté la richesse et de l'autre la misère. Ce sont certes des points de passage mais aussi des instants dans la vie des Romains de toute condition, aristocrates, prolétaires, petites frappes ou prostituées.
Pasolini était un personnages atypique a bien des titres, homosexuel revendiqué, communiste marginal et dont l'assassinat lui-même reste, encore aujourd'hui, une énigme, ce qui épaissit le mystère mais aussi la passion que peut inspirer un tel personnage. J'ai, en tout cas, découvert ici, et avec intérêt, un écrivain que je ne connaissais pas.


© Hervé Gautier – Juillet 2018. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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De formidables nouvelles centrées sur Rome, ses quartiers, sa misère, qui démontrent le sens de l'observation si aigu de Pasolini. Mais également des idées de films (ébauches de scénarios). Un réalisme sans concession et des images très fortes, qui font de ces nouvelles des petits poèmes en prose.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
[Note du traducteur de "Rievocazioni del Riccetto"]
Tout ce chapitre, tiré de Ragazzi di vita originairement, est écrit en dialecte. La traduction doit donc être considérée comme une adaptation visant à préserver la forme et le sens, mais ne donnant qu'une faible idée de l'effet produit sur le lecteur italien, qui n'est pas en présence d'un langage argotique, comme en français, mais d'un langage local avec ses particularités syntaxiques autant que lexicales.
p. 190
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Les ponts sont au nombre de vingt et un et, comme le Tibre, tel un long serpent traversant tout Rome, on aura vingt et un coeurs, vingt et un centres, vingt et une strophes, dans lesquelles décrire les différents aspects de la ville où la vie est si complexe, où les niveaux sociaux ont une stratification d'anarchie et de proxilité, où tout devient grandiose, baroque, misérable ou riche, solaire.
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PIER PAOLO PASOLINI / UNE VIE VIOLENTE / LA P'TITE LIBRAIRIE
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