J'ai emprunté «
Théâtre » de
Pier Paolo Pasolini parce que je voulais absolument lire le texte de la pièce «
Affabulazione » que je suis allée voir au
théâtre dans une mise en scène de Stanislas Nordey.
J'ai découvert à cette occasion que
Pasolini n'est pas seulement un grand cinéaste italien mais qu'il est aussi poète, romancier et qu'il a écrit six pièces dans les années 1970 qui restent peu connues : "
Calderón" ; "
Affabulazione" ; "Pylade" ; "
Porcherie" ; "
Orgie" ; "
Bête de style".
Avec
Affabulazione,
Pasolini propose un «
théâtre de parole » direct, poignant, tendu entre visions oniriques et confrontations radicales ce qui peut donner un côté bavard à ses textes. Tout en s'ancrant concrètement dans son époque, il veut renouer avec la tragédie grecque, sa violence, sa charge mythique.
Sous le signe du spectre de
Sophocle,
Affabulazione inverse le meurtre fondateur d'Oedipe : tout y naît de la hantise qu'un fils – trop beau, trop désirant - inspire à son père, industriel milanais terrifié par cette image inversée de son propre déclin. Et si le désir de “tuer le fils” était le vrai refoulé de notre société ?
C'est un texte époustouflant dont le rythme, la puissance, rend inquiétant le questionnement générationnel de
Pasolini.