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EAN : 9782070328765
192 pages
Gallimard (25/05/2006)
3.51/5   606 notes
Résumé :
Catherine, dont la vie s'organisait autour du travail avec la haine des dimanches, le secours de la télévision, l'affection d'un chat et l'usage fréquent de somnifères, tourne le dos à la France pour s'installer au Brésil. Dépassant sa condition de touriste, elle quitte l'univers des agences de voyages pour celui des favelas. La violence avec laquelle les gens se traitent entre eux ne lui est alors plus épargnée. Dans ce récit d'un parcours absolu, Jean-Christophe R... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (77) Voir plus Ajouter une critique
3,51

sur 606 notes
Après m'avoir enthousiasmée avec son Rouge Brésil, Jean-Christophe Rufin me ramène à nouveau au pays de la samba avec La Salamandre. Ce court roman offre encore une autre facette du romancier qui, décidément, a l'art et la manière de me surprendre. Même si, en l'occurrence, la surprise laisse un goût d'amertume et de malaise. Non à cause d'un manque de qualité ou d'intérêt mais par la nature de son intrigue.

Tout tourne autour de Catherine, secrétaire anonyme dans l'anonymat parisien. Sur la pente descendante de la quarantaine, elle vit seule au milieu de livres précieux et meubles anciens. Elle s'est sortie de la glèbe parentale et s'est efforcée de construire autour d'elle un cocon matériel, sûr et solide. Pourtant, ces murs si protecteurs l'enferment toujours plus dans une solitude absolue où la perspective du dimanche est devenue terrifiante.
Lors d'un sursaut de conscience, Catherine s'envole pour Recife au Brésil, rejoindre une amie de longue date. Là commence une nouvelle vie pour elle. Si tomber amoureux est sans aucun doute une chose merveilleuse, encore faut-il qu'il s'agisse de la bonne personne.

Rufin emporte son héroïne dans un maelström de sensations, de sentiments nouveaux pour elle et dans lesquels elle se plonge corps et âme. Cette longue descente passe de Charybde en Sylla, apportant dans son sillage un malaise croissant au fil des pages. Car il s'agit ici d'un portrait âpre d'une femme qui se perd et s'abaisse volontairement. La carapace de glace de l'Occidentale psychorigide fond sous le chaud soleil équatorial, sous les pulsions d'une terre où la violence sévit sur tous les plans. Brésil, puissance émergente où la misère enjoint de jouer des épaules ou du couteau pour se faire une place.

L'auteur narre ce douloureux récit dans une langue toute en nuance et d'une belle richesse. J'ai fait provende de mots inconnus tels que cabocle ou immarcescible. Certes pas facile à replacer entre le fromage et le dessert mais j'aime ces mots rares et précieux qui ouvrent autant de perspective dans mon univers lexical.
Pour autant, la beauté des mots n'enlèvent rien à la rudesse de l'histoire où chaque page apporte à Catherine un surcroît d'épreuve et d'humiliation. Il est difficile de pleinement appréhender le caractère de l'héroïne. Pourtant, j'ai ressenti son désarroi, sa profonde détresse, son impression de gigantesque néant, et ce besoin de se sentir vivante. Aimée et aimant.

Sa vie brésilienne apportera certes des réponses à ses questions non posées. Comme souvent pour les choses essentielles, le prix à payer pour apprendre est lourd et source de souffrance. Ainsi résonne la destinée de la salamandre qui doit traverser les flammes pour vivre
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Parce que j'avais beaucoup aimé « le parfum d'Adam », je m'étais promis de lire dès que l'occasion s'en présenterait, d'autre livres de cet auteur, d'ailleurs j'ai bien en attente « Rouge Brésil » dans mes étagères, mais son poids me fatigue d'avance et je sais que nous nous rencontrerons lui et moi le moment voulu.
Et voilà que, dimanche passé, dans un vide grenier, je « tombe » sur une Salamandre pour 50 centimes…. (bin voui, faut ne pas croire que tous les retraités croulent sur un matelas d'or…).
Quoi qu'il en soit, je ne sais pas comment il s'est débrouillé ensuite celui-là pour ne pas atterrir dans l'étagère « pal » et se trouver ce matin, dès potron-minet sur mon chemin et se faire choper…. Bref, je l'ai englouti.
De prime abord, je n'ai été ni convaincue ni même attristée par cette sordide histoire, vraie semble-t-il. Comment peut-on être aussi stupide, aussi aveugle surtout quand on a su préalablement se sortir de la mouise sociale, quand on sait ce que coûte le prix de la liberté… quelle cruche ! et à 50 ans tout de même, incroyable de sottise !
Et puis quel intérêt pouvait bien présenter cette histoire, l'histoire d'une victime, de plus, qui n'a pas compris que le monde est impitoyable, cruel, que les prédateurs, les nuisibles sont légions, partout à l'affut des faibles ?

En fait, c'est la fin du livre, qui, aussi parce qu'elle m'a agacée, m'a fait comprendre où Rufin avait voulu nous mener en nous racontant ce « fait divers » atroce. Car en m'insurgeant contre son entêtement à aimer toujours ce voyou, j'ai pu comprendre qu'elle avait découvert une part essentielle d'elle-même et de la vie, qu'elle se découvrait capable de donner, d'aimer, sans quête d'un retour, et accepté de payer cette victoire un prix exorbitant !
D'ailleurs, il est beaucoup question d'argent finalement dans cette histoire, à commencer par la rencontre et l'affrontement de deux pôles l'un riche, l'autre pauvre, et chacun des deux protagonistes représentent ces mondes et incarnent les déchirements de notre monde d'aujourd'hui. Chacun est riche de quelque chose mais va chercher ailleurs ce qu'il n'a pas, lui est pétrit de sa culture, sa musique, mais en quête d'un mieux-être matériel, elle, comme beaucoup, est en quête de ce que notre monde a perdu de richesse intérieure et de racines culturelles, tribales presque…
Et puis il y a cette relation de l'argent au sexe, si elle peut paraître plus familière aux hommes en général, au moins culturellement, elle n'est pas quelque chose d'évident pour une femme. Pour toutes ces raisons, il semble que cette Catherine, en donnant tout semble désorientée, et semble aussi vouloir réparer une dette d'injustice.
Si tout cela la mène à la ruine, n'est-ce pas aussi pour nous dire que finalement la richesse, l'amour, n'est peut-être pas où on l'imagine, d'ailleurs ne l'a-t-elle pas trouvé in fine, ailleurs, en elle-même, même si elle a dû le payer le prix fort.
Car le bonheur et l'amour existe en soi indépendamment de toute possession « On aime la mer, pensa-t-elle, pourtant la mer ne nous aime pas »
…et c'est peut-être le plus joli message de cette histoire, retrouver en nous la capacité d'aimer…cadeau de Catherine.

Et puis bien sûr, l'auteur nous amène au passage à réfléchir sur l'image que l'on peut avoir de l'autre habitant du bout du monde et pourquoi pas au passage à se regarder soi-même, ne sommes-nous pas capable en effet, nous aussi de nous enfermer dans des relations tragiques ou autodestructrices….
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D'abord, on ne critique pas une histoire d'amour, on a déjà du mal à gérer la sienne! Ce n'est pas pour aller la ramener sur celles des autres et notamment sur celle de Catherine, au demeurant une gentille fille qui, dans sa jeunesse s'est dévoué à ses parents et, qui est passée à coté de sa vie affective. Au pire, on peut échanger entre-nous et dire que dès sa rencontre lors de vacances au Brésil, avec Gil, un Apollon des « favelas » on sent venir les gros soucis. Quand elle lui donne tout son argent on se doute que ça va surement se passer bien plus mal. Ce roman se lit en 3 heures et, à ce stade on pense l'oublier en 6 ! C'est sans compter sur la grande et belle expérience romanesque de M.Rufin car effectivement tout bascule... « La liberté, c'est le choix de ce qui va vous asservir » pense Catherine. Elle sera libre. Et vous ne l'oublierez pas de si tôt.
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J'ai d'abord détesté ce livre, il m'a dérangé, et puis finalement
j'y repense très souvent, il m'a profondément marqué.
Le thème en est la solitude, un sentiment de néant immense, qui vous pousse dans une relation vouée à la déchéance pour sentir le sel de la vie.
C'est l'histoire d'une française, à l'existence triste et banale, qui lors d'un voyage au Brésil, fait la connaissance d'un jeune voyou. L'idylle commence, elle y retourne, (comme d'autres femmes de nos jours) y retourne encore, quitte tout, lui donne tout, lui voue sa vie jusqu'à la destruction physique, sans rien regretter de son choix.
Drame terrible, en premier par l'effroi qu'on a à lire le destin accepté de cette femme, et d'autre part , par le sujet qui traite d'un des maux de notre société moderne, la solitude, source d'existences meurtries.
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Avec ce roman, inspiré malheureusement d'un fait réel, je vous propose de partir pour le Brésil, un peu avant que toutes les caméras du monde ne soient braquées sur ce pays pour raison footballistique. Vous allez peut-être y retrouver la chaleur et le carnaval mais vous allez très vite en oublier le côté paradisiaque souvent décrit par ailleurs, car comme l'héroïne, vous allez vous perdre corps et âme dans les ruelles des favelas.
Catherine, célibataire, 46 ans, n'a pas vraiment trouvé d'autre sens à sa vie que le travail. Décidant de faire un break, la voilà partie en voyage au Brésil, chez un couple d'amis. La rencontre de Gil, sur une plage, va bouleverser son destin. Consciente que le jeune homme est un gigolo, elle apprécie malgré tout d'attirer l'attention de quelqu'un et tant pis si c'est grâce au peu d'argent qu'elle possède. Catherine va rapidement être prise dans un engrenage et pour s'accomplir enfin, elle va aller jusqu'à se détruire.

L'auteur décrit parfaitement la confrontation de ces deux mondes même si parfois il se laisse emporter dans des envolées lyriques qui tournent à la réflexion psychologique assez ampoulée. Mais peut-on assister à cette ascension de violences que l'héroïne va accepter de subir, sans éprouver un certain malaise ? Certainement pas moi. Ce drame de la solitude, cette longue descente aux enfers, m'a dérangée. J'espère que, du même auteur, "Rouge Brésil" qui m'attend dans ma PAL me présentera une autre facette de ce pays ou une vue plus optimiste du sentiment amoureux. 8/20
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Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
La compagnie des hommes et des femmes illustres du passé lui plaisait. En pensée, elle évoluait au côté de Catherine de Médicis et de Frédéric II. Elle n'aurait pas voulu vivre réellement parmi eux mais elle appréciait à titre posthume leur noblesse, leur gloire et leurs petits travers. Le récit de leur vie lui donnait de bonnes raisons de ne pas frayer avec ses contemporains, qu'elle jugeait en comparaison si médiocres.
Les dépouilles de ces héros étaient enfermées dans les reliures riches qu'elle achetait à un éditeur de luxe et réglait par traites. En vérité, Catherine ne lisait guère. Son travail la fatiguait trop. Mais elle aimait sentir ces ouvrages près d'elle, bien alignés dans sa bibliothèque vitrée, à côté de la télévision. Certains dimanches, elle sortait deux ou trois lourds volumes et les cirait. C'était un peu comme si elle eût caressé la joue tannée de ces grands personnages.
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De toute façon, son observation l'avait convaincue qu'il était inutile, pour un étranger lucide, de vouloir se mêler aux danses des Brésiliens. Elles leur appartiennent en propre.
Parfois, un enfant de cinq ou six ans, échappé des cuisines où sa serveuse de mère l'avait traîné, se joignait aux danseurs sur la piste. Il reproduisait d'instinct les pas les plus complexes en rythme et avec naturel, et révélait le lien profond de cette danse avec un peuple et une terre dont elle naît comme le végétal. Tout apprentissage est vanité pour qui ne s'enracine pas dans cet humus-là.
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Le gosse était en larmes. C'étaient de petites larmes concentrées par la chaleur, évaporées sitôt sorties de la paupière et qui formaient sur son rebord une ligne de cristaux blancs. Les enfants pauvres ne demandent rien avec leurs pleurs. Par prudence, ils les cachent. Car ils n'attendent le secours de personne et redoutent au contraire que cet aveu de faiblesse n'incite quelque voisin à faire assaut de sa force.
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Avec le temps, elle finit par juger presque beau cet état qui la contraignait à ne rien attendre, enfin, du dehors. Elle se sentait délivrée du besoin de possession qui l'avait conduite à vouloir se donner toute. Sortie de cette prison mentale, il lui restait l'amour, l'amour pur, celui que l'on offre et qui n' attend rien.
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Sur la plage où les chairs jouaient avec le soleil, mais prudemment, au point de s'en faire caresser mais non mordre, la brûlure de Catherine aurait fait scandale, comme une prostituée dans un bal de débutantes.
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