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Jean Freustié (Préfacier, etc.)Sylvie Luneau (Traducteur)Boris de Schloezer (Traducteur)
EAN : 9782070366224
310 pages
Gallimard (09/12/1974)
3.83/5   267 notes
Résumé :
Pendant un voyage en train, un homme se confie et raconte comment, après plusieurs années de mariage, sa femme, déçue, a pris un amant. La jalousie s'est alors emparée de lui pour le conduire jusqu'au meurtre.
Peinture de la vie conjugale et de ses frustrations, récit d'une descente aux enfers et drame de la jalousie, une nouvelle d'une rare intensité dramatique.
Que lire après La Sonate à Kreutzer - Le bonheur conjugal - Le Diable.Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
3,83

sur 267 notes
Les trois nouvelles réunies ici explorent le thème de la possibilité (ou de l'impossibilité) du bonheur conjugal. C'est d'ailleurs le titre que porte la première d'entre elles, dont le ton est pourtant très différent des deux suivantes, bien plus sombres.
La sonate à Kreutzer, sans doute la plus connue des trois, est une condamnation sans équivoque de l'amour charnel, sous toutes ses formes, donc même au sein du mariage. On peut se demander si Tolstoï était sincère quand il prônait la chasteté, alors qu'il était lui-même père de treize enfants. Cela fait immanquablement penser à Rousseau qui dissertait sur l'éducation des enfants peu après avoir confié les siens à l'assistance publique ! Sans disqualifier complètement leurs propos, il faut quand même reconnaître que ce genre de contradiction n'aide pas à les prendre au sérieux. Je pense d'ailleurs que la morale de l'histoire, avec laquelle chacun s'accommodera comme il l'entend, n'est pas forcément ce qu'il y a de plus intéressant dans ce texte. En revanche, le constat d'origine que fait Tolstoï au sujet de l'inégalité des droits en fonction du sexe est toujours d'une actualité brûlante. Il critique avec force la société de son temps qui considère que seule la sexualité masculine a le droit de s'exprimer avant le mariage, ce qui rend indispensable l'existence de la prostitution, considérée comme un mal nécessaire. Encore ne s'agit-il pas de tous les hommes, car ce sont surtout ceux qui possèdent un rang social élevé qui peuvent s'y adonner. Tout le corps social encourage cette débauche tout en se couvrant les yeux pour ne pas la voir. de leur côté, les femmes sont ravalées au rang d'objet de séduction ou d'instrument de plaisir, à la merci de n'importe quel mariage arrangé. Depuis leur plus tendre enfance, elles se doivent de cultiver leur charme et leur beauté afin de trouver le meilleur parti possible, au prix évidemment de l'abandon de leurs personnalités et de leurs intérêts véritables. Elles réussissent si bien dans leur entreprise que les hommes sont bien souvent trompés par leur beauté, au point de ne pas voir que l'amour peut n'être qu'une illusion. En se montrant préoccupé par la situation des femmes en général, et des prostituées en particulier, Tolstoï était clairement en avance sur son temps. Il prônait l'émancipation des femmes pour mettre fin aux rapports conflictuels engendrés par cette double hypocrisie, allant même jusqu'à condamner toute activité sexuelle, l'humanité dût-elle en périr ! La troisième et dernière nouvelle, intitulée le diable, reprend ce thème de l'impossibilité de rapports conjugaux normaux du fait d'une libido masculine effrénée. Elle se conclut d'une façon tout aussi inattendue, et ce alors même que l'événement à l'origine du drame peut nous sembler parfaitement anodin. On est là face à une sorte de « saut », qu'on ne peut comprendre sans admettre que, pour atteindre au fond des choses, l'auteur aille au plus court.
Le bonheur conjugal est une nouvelle que Tolstoï semble-t-il détestait. Peut-être voulait se dédouaner d'avoir publié un texte qui ne fût pas aussi radical que les autres, ou dont le dessein social ne fût pas aussi clair. C'est pourtant son ambiguïté qui, à mon sens, fait tout l'intérêt de cette nouvelle. Un homme déjà trentenaire tombe amoureux d'une toute jeune fille, qui ne connaît absolument rien de la vie ni des sentiments. Il sait fort bien que s'il l'épouse il devra accepter qu'elle vive comme elle l'entend, de la même façon qu'il a lui-même profité de sa jeunesse quelques années auparavant. C'est un risque qu'il prend, avec le secret espoir que cela ne durera qu'un temps et que leur amour en sortira grandi. Et, en effet, l'engouement des premiers jours, la candeur des premiers instants, le bonheur de l'intimité partagée laissent rapidement place aux premières déceptions. Peu à peu, Maria Alexandrovna se lasse de la vie mesurée et tranquille de la campagne et Serge Mikhaïlovitch l'emmène à Saint-Pétersbourg où elle fait son entrée dans le monde. La capitale, les bals, les compliments et les flatteries, l'attention qu'on lui porte font tourner la tête de la jeune femme. L'amour peut-il résister à une telle crise ? Maria finit par ressentir de l'indifférence à l'égard de son mari et les conjoints commencent à s'éloigner l'un de l'autre. Après avoir traversé toutes les tentations, elle doit se rendre à l'évidence et admettre que la vie de couple ne ressemble en rien à son rêve de jeune fille. Son mari essaie de lui expliquer que l'amour a ses propres périodes, qu'il l'aime toujours autant et que la force antérieure de ses sentiments ne pourra jamais lui être rendue. Comprendra-t-elle que personne ne l'a jamais aimée autant que lui ?
Tolstoï, dans cette histoire, nous montre-t-il que l'amour ne disparaît pas d'un coup, qu'il a des hauts et des bas, que la force du sentiment amoureux peut s'estomper, mais que l'amour lui-même ne disparaît jamais ? Ou bien nous montre-t-il l'inéluctabilité de l'affaiblissement de l'amour, qui n'est qu'une attirance sexuelle momentanée, le mariage une convention sociale destinée à se déliter et à se terminer en crime conjugal ou en simple communauté de vie sans passion, dans le meilleur des cas ? En résumé, le bonheur conjugal existe-t-il ? Pour être honnête, on est bien embarrassé pour répondre à cette question après la lecture de la nouvelle et chacun pourra en tirer sa propre conclusion. En ce qui me concerne, je veux croire que Tolstoï, même s'il s'est renié par la suite dans La sonate à Kreutzer ou le diable, a vraiment envisagé la possibilité du bonheur conjugal. On ne peut que se réjouir de voir que le vieux sage, l'ermite impitoyable des dernières années, ait pu concevoir, dans la force de l'âge, que le secret du bonheur résidait dans une tendresse réciproque. Les époux du Bonheur conjugal ne traversent qu'une crise passagère, que symbolise parfaitement l'averse qui tombe au beau milieu du printemps, bientôt remplacée par un flot de lumière. L'idéal d'un amour permanent, comme au premier jour, nous est inaccessible. Est-ce un aveu de faiblesse que d'y renoncer ? Non, ce qu'il nous faut, ce n'est pas un idéal, mais une conduite accordée à nos forces. Serge l'a bien compris. Sa grande sagesse me touche. C'est un homme magnanime qui ne se souvient pas du mal, quelqu'un de reconnaissant pour tout (le bonheur que nous accorde le destin est trop fragile et parfois fugace), capable de pardonner et de ne pas se souvenir des mauvaises choses, d'aimer pour rien, juste pour aimer. Sa jeune épouse finit par comprendre qu'il est vain de chercher à retrouver l'amour fou des premiers jours. L'amour passionnel doit nécessairement entrer dans une nouvelle phase, fondée sur le respect réciproque et l'amour des enfants. Est-ce avouer sa faiblesse que de substituer une infinie tendresse à cet amour originel ? Je ne crois pas et sans doute beaucoup de gens autour de nous éprouvent ce sentiment, bien heureux de vivre avec celle ou celui qui partage leur vie, dans un amour à notre mesure. Je le prends comme un texte sur la générosité et la tendresse qui sous-tendent toute union profonde.
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Au cours d'un long voyage en train, ce mode de déplacement jouant un rôle essentiel dans l'oeuvre de Tolstoï, le narrateur se trouve dans un compartiment avec trois personnes: Une femme déjà âgée, un ami à elle qui se révèlera être un avocat et un homme sans âge aux cheveux blancs.

La femme et l'avocat parlent des relations homme-femme et de l'augmentation du nombre de divorces, l'homme aux cheveux blancs qui était jusque-là réservé se joint à la conversation et prétend que l'amour n'existe pas, qu'il s'agit tout au plus d'une attirance physique qui ne dure pas. Puis il se présente, il s'appelle Pozdnychev et il a tué sa femme.
Il va confier ensuite ce qui l'a amené à tuer sa femme.
Il s'agit d'un drame de la jalousie.
Comment est venue cette jalousie?
Tout d'abord il est clair que l'union de Pozdnychev avec sa femme est un échec, l'indifférence va succéder aux disputes. Devant l'état dépressif de sa femme, le héros va lui présenter un violoniste, Troukhatchevski, qui va accompagner sa femme au piano.
La jalousie de Poznydchev va éclater clairement lorsque les deux musiciens vont interpréter en duo la célèbre sonate de Beethoven, sonate n°9 en la majeur pour piano et violon, dite "sonate à Kreutzer", et qui va donner le titre de l'ouvrage.
Le drame va vite éclater.
Drame qui selon Tolstoï aurait pu être évité si le personnage principal avait reçu une éducation plus appropriée.
Et c'est justement l'objet de la postface écrite par Tolstoï lui-même devant la multitude de correspondances qu'a déclenché son oeuvre.
Il va ainsi exprimer sa condamnation des travers de la société russe de l'époque (et notamment la trop grande indulgence, pour ne pas dire l'encouragement donné aux jeunes hommes à avoir une vie sexuelle intense, entraînant ainsi un développement de la prostitution, véritable fléau social)
Tolstoï se montre très concerné par la situation des femmes et notamment des prostituées ce qui à l'époque était clairement avant-gardiste.
Il en vient à donner les clés de ce qu'il appelle une civilisation idéale, mais que l'on pourrait trouver totalement utopique, voire dangereuse et totalitaire, avec notamment le contrôle de toute activité sexuelle, et la limitation de celle-ci à la reproduction, l'éducation des jeunes sans "trop de mollesse", pour ne pas les assimiler à des animaux de compagnie...!!
Tolstoï va très loin dans ses recommandations.
Il est clair qu'il ne vaut pas mieux tout prendre au premier degré.
Quoi qu'il en soit, cette oeuvre est très intéressante et sort des "sentiers battus" et de ce que l'on peut imaginer de la littérature classique russe du 19ème siècle.
Un autre visage de Tolstoï à découvrir ou redécouvrir...
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J'ai lu (ou plutôt dévoré) La Sonate à Kreutzer y a deux ou trois ans, chef d'oeuvre absolu bien trop peu connu de ce cher Tolstoï... Une merveille du romantisme et de la littérature russe. C'est avec cette nouvelle que je fis la connaissance du maître, et je me demande si Anna Karénine ou Guerre et Paix sont aussi poignants et passionnés.

Tout commence par une scène pour le moins singulière : un vieillard reclus dans un train, se mêle aux conversations conjugales des passagers, et livre un raisonnement qui surprend autant ses compagnons que le lecteur : l'amour tel qu'on le conçoit n'existe pas, il n'y a qu'attirance sexuelle et le mariage est une farce menée à s'étioler ou à finir en crime passionnel. Vient alors le récit détaillé de son expérience, où son ménage fut détruit par le temps, l'arrivée d'un rival, et l'effet de la fameuse Sonate à Kreutzer que jouaient ensemble sa femme et le bellâtre, devenu hymne de cet adultère musical, qui rend fou notre doyen appelé Pozdnychev. Vous devinez le dénouement, dans le sang, le final d'opéra tragique, bref, tout ce qu'on aime dans le XIXème romantique... L'image de fin est des plus émouvantes, et on se souvient longtemps de ce court récit pourtant relativement mineur dans l'oeuvre de Léon Tolstoï... D'autant plus quand on le découvre ainsi! Un régal, qui s'adresse autant aux connaisseurs qu'aux initiés!

J'ai bel et bien dans mon édition le Bonheur conjugal et le Diable, mais je n'ai jamais pu trouver le temps de les lire... Je publierai ma critique augmentée quand ce sera le cas!
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« La Sonate à Kreutzer » est un roman de Léon Tolstoï publié en 1889. L'auteur a alors 61 ans. le titre fait référence à la « Sonate pour violon et piano n°9 » de Beethoven qui avait bouleversé Tolstoï. Elle symbolise d'abord « la puissance dépravante de la musique », mais évoque surtout le noeud dramatique du récit, son point d'orgue.

Quatre personnages se trouvent dans un train pour un voyage de plusieurs jours. le narrateur n'est pas présenté. Il joue le rôle de facilitateur. Un homme sans âge aux cheveux blancs se confie. Il s'appelle Pozdnychev et raconte sa tragédie conjugale. C'est la confession d'une brute, rongée par la jalousie, et qui a tué sa femme.
Pozdnychev entame alors un long monologue contre l'institution du mariage, sur les leurres de l'amour, contre les femmes et leur don de manipulation. Jeune il était dépravé et menait une existence dissolue. Devenu trentenaire, il a cherché un pur amour et s'est marié.
Le narrateur, tel un psy bienveillant, l'interrompt parfois brièvement pour mieux le relancer.

Pozdnychev se lance dans une diatribe enflammée contre sa femme, contre la société, contre l'institution du mariage, avec des positions nihilistes et antinatalistes. Il cherche constamment à se défendre et à se justifier.
Il apparaît vite que ce couple était décalé. Deux êtres qui n'ont jamais pu synchroniser leurs aspirations, tant ils étaient dissemblables. Dans ses invectives, Pozdnychev se révèle misogyne, égoïste, tyrannique et ombrageux.

Arrive ce moment fatidique, inévitable, où il surprend sa femme en harmonie dans « la Sonate à Kreutzer » avec un autre homme, elle au piano, lui au violon. Persuadé d'être trompé et ne supportant pas de voir sa femme lui échapper, il commet son geste fatal.

Un livre très controversé dès sa parution. Tolstoï traverse une crise spirituelle et préconise la chasteté absolue comme seule voie vers le salut, comme idéal. Roman sur la séduction et la jalousie qui exprime une religiosité envahissante et pas mal de préjugés. Il assimile la femme à la tentation et la chair au vice. Il suffit de lire la postface qu'il a écrite en réponse aux nombreuses réactions pour s'en convaincre.
Il reste intéressant de lire ce qu'il se disait en 1889 en Russie tsariste sur le mariage arrangé, le mariage d'amour, sur les revendications féminines. Et cette lecture nous révèle que la mentalité n'a malheureusement pas beaucoup évolué en plus d'un siècle en matière de féminicide.

À noter aussi que Sophie Tolstoï, épouse de l'auteur et fidèle lectrice a répondu à ce qu'elle estimait être un violent réquisitoire contre l'amour charnel la visant directement en écrivant son propre roman « À qui la faute, roman d'une femme. » Celle qui vécut à l'ombre de l'écrivain avait néanmoins persuadé le tsar Alexandre 1er de ne pas interdire le roman de son mari.

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Tolstoï est l'un de mes auteurs préférés. Guerre et Paix notamment me paraît toujours inégalé. La Sonate à Kreutzer est un roman écrit beaucoup plus tard en 1889 par Tolstoï, à l'époque où, influencé par la philosophie de Schopenhauer, il entame une profonde réflexion philosophique, idéologique et mystique qui fera de lui un modèle pour Romain Rolland comme pour Gandhi.
Dans La Sonate de Kreutzer, son héros Pozdnychev raconte à son interlocuteur comment et pourquoi il en est arrivé à tuer son épouse, la mère de ses cinq enfants. Dans le cours de son récit, il se livre à une remise en question du mariage, de la fidélité, de l'amour, de la sexualité. En même temps, il reconstitue avec une précision extrême ce qui l'a conduit au crime et même les détails de ce crime. La Sonate de Kreutzer de Beethoven et en particulier son premier mouvement joué devant lui par son épouse et celui qu'il prend pour l'amant de son épouse constitue ainsi aux yeux de Pozdnychev une étape essentielle de son inexorable avancée vers le crime.

Pozdnychev est-il un sage ? Est-il un fou? Pour son interlocuteur comme pour le lecteur, cela semble impossible à déterminer. Cette interrogation entretenue par le narrateur principal qui note sans cesse les changements de physionomie de Pozdnychev contribue à tenir en haleine le lecteur ou l'auditeur.
Je remercie BABELIO de m'avoir fait découvrir cette édition du roman aux Editions Thélème, en un CD de 3 h 09 composé de 28 MP3. La lecture est de Guillaume Rivoire, un extrait, l'évocation de la sonate est donné sur mon blog.

Lien : http://aller-plus-loin.over-blog.com/article-tolstoi-leon-la-sonate-a-kreutzer-107226791.html
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
L'esclavage de la femme réside uniquement dans le fait que les hommes désirent et jugent bon d'user d'elle comme d'un instrument de jouissance.
Aujourd'hui on l'émancipe, on lui accorde tous les droits de l'homme, mais on continue à la considérer comme un instrument de jouissance, on l'éduque dans ce sens dès l'enfance et par l'opinion publique.
Aussi reste-t-elle une esclave, humiliée, pervertie, et l'homme reste un possesseur d'esclaves corrompu.
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Oui, je croyais que je romprais quand je voudrais, se disait-il. Je croyais que je prenais une femme saine et propre pour ma santé ! Et il se trouve que je ne pouvais jouer ainsi avec elle. Je croyais que je l'avais prise ; mais c'était elle qui m'avais pris. Elle m'a pris et ne me lâche plus. Je croyais que j'étais libre, et je n'étais plus libre, je me mentais à moi-même quand je me suis marié. Tout était illusion, mensonge. À partir du moment où elle devint ma maîtresse, j'éprouvais un nouveau sentiment, le vrai sentiment d'un mari. Oui, j'aurais dû vivre avec elle.

LE DIABLE, XIX.
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J'ai vécu tant de choses et je crois avoir trouvé à l'heure qu'il est le secret de mon bonheur. Une vie tranquille et retirée du monde à la campagne, avec la possibilité de me rendre utile pour les gens auxquels il est si facile de venir en aide et qui n’ont jamais étaient habitués à recevoir. Et le travail qui espérons-le peut avoir sont utilité; puis le repos, la nature, les livres, la musique, l’amour de son prochain, telle est ma conception du bonheur. Et enfin plus que tout le reste, toi pour compagne, et des enfants peut-être, que peut désirer de plus le cœur d’un homme ?
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LES RECITS DE SEBASTOPOL
Les médecins sont absorbes par une tache horrible mais bienfaisante:une amputation.Vous verrez un couteau tranchant et recourbe entrer dans une chaire blanche et saine,vous verrez lz blesse revenir soudain a lui avec un cri affreux,dechirant et des imprécations;vous verrez l'assistant du chirurgien jeter dans un coin la jambe coupee,vous verrez dans la meme piece,couche sur une civiere,un autre blesse qui,en regardant l'operation de son camarade,se tord et gemit moins sous l'effet de la douleur physique,que sous les souffrances morales de l'attente;vous verrez des spectacles terribles qui ebranlent l(ame;vous verrez la guerre non plus sous des dehors brillants,justes,seduisants,avec musique et roulements de tambour,drapeaux deployes et généraux caracolant,vous verrez la guerre avec son vrai visage:dans le sang,les souffrances,la mort...
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— Chose terrible que cette sonate ! Surtout ce presto ! Et chose terrible en général que la musique. Qu’est-ce ? Pourquoi fait-elle ce qu’elle fait ? On dit que la musique émeut l’âme. Bêtise, mensonge. Elle agit, elle agit ef-froyablement (je parle pour moi), mais non pas d’une façon ennoblissante. Elle n’agit d’une façon ennoblissante, ni abaissante, mais d’une façon irritante. Comment dirai-je ? La musique me fait oublier ma situation véritable. Elle me transporte dans un état qui n’est pas le mien. Sous l’influence de la musique, il me paraît en vérité sentir ce que je ne sens pas, comprendre ce que je ne comprends pas, pouvoir ce que je ne puis pas. La musique me paraît agir comme le bâillement ou le rire : je n’ai pas envie de dormir, mais je bâille quand je vois d’autres bâiller ; sans motifs pour rire, je ris en entendant rire. Elle, la musique, me transporte immédiatement dans l’état d’âme où se trouvait celui qui écrivit cette musique. Je me confonds avec son âme et avec lui je passe d’un état à l’autre. Mais pourquoi cela ? je n’en sais rien, mais celui qui a écrit la « Sonate à Kreutzer », Beethoven, savait bien pourquoi il se trouvait dans un certain état : cet état le mena à certaines actions et voilà pourquoi, pour lui, il avait un sens, mais pour moi aucun, aucun !
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