Matthieu Brin, écrivain sur le tard, vient de publier son premier roman, qui a un certain succès. Malgré cela, il continue de mener sa vie de famille (marié, deux enfants) et professionnelle (rédacteur dans une agence de pub) comme auparavant.
Un soir de décembre, il découvre une lettre d'une de ses lectrices, une lettre qui ne ressemble pas à toutes les autres, une lettre d'une femme qu'il a connue et quittée dix ans auparavant,
un soir de décembre... Cette lettre est la première d'une série de cinq. S'ouvre alors en lui une brèche, qui l'amène à remettre en question son petit train-train tranquille. Il finit en dépression, s'isole et s'enferme en lui. Sa femme, ses enfants, son travail ne lui donnent plus l'envie, le désir...
Dans ce petit roman de 192 pages, on peut suivre les différentes étapes par lesquelles passent Matthieu, dans les méandres de sa pensée, au fil de ses questionnements intérieurs. On peut observer ses états émotionnels qui vont de mal en pire, puis le voir sortir la tête de l'eau petit à petit. Delphine de Vigan le fait de manière fort délicate, tout en sensibilité, sans jamais tomber dans le mélo. Et même sans avoir ressenti la moindre empathie pour Matthieu (je ne plussoie pas son rapport avec les femmes), j'ai malgré tout apprécié ma lecture.
L'histoire, somme toute banale, évoque l'être perdu de vue, qui réapparaît dix ans plus tard. Il évoque le désir de le retrouver sans jamais vouloir y succomber. C'est cette résistance que l'on vit avec Matthieu, cette résistance qui va chambouler sa vie de couple, sa vie de famille, qui va l'entraîner dans les tréfonds de son mal-être.
Peu de dialogues. Tout est dans la description des événements et les retranchements intérieurs de Matthieu. Pourtant narré à la troisième personne, on est toutefois proche de lui. C'est soigneusement réussi, surtout en même pas 200 pages.
Si je n'ai pas toujours su apprécier les livres de Delphine de Vigan, sa plume a en revanche toujours su me charmer. C'est encore le cas ici, la belle plume de l'autrice, doucereuse et sensible, m'a enchantée. Certains passages sont très beaux, certaines phrases m'ont parlé et touchée. Elle a même réussi à ne pas me faire détester Matthieu, alors qu'il est le genre de bonhomme qui me taperait vite sur les nerfs en temps normal ! J'ai donc passé un agréable moment.