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Pierre-Olivier Sanchez (Traducteur)
EAN : 9782914834094
236 pages
Passage du Nord-Ouest (08/03/2004)
4.6/5   5 notes
Résumé :

Revendiquant sa parenté avec le journaliste Pereira de Tabucchi, Vila-Matas nous offre, en 52 chroniques nécrologiques anticonformistes, sa carte du firmament des écrivains, son panthéon d'âmes sœurs que les suppléments littéraires, victimes consentantes de l'opportunisme éditorial, ne consacreront pas de sitôt. L'auteur se révolte contre le culte du temps, les mythes imposés, cette mode qui veut... >Voir plus
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Exercice d'admiration et guide portatif pour entrer dans l'oeuvre d'Enrique Vila-Matas.

Dans ce livre publié en 1997, traduit de l'espagnol par Pierre-Olivier Sanchez pour les regrettées éditions Passage du Nord/Ouest en 2004, avec une préface de l'auteur d'août 2003 écrite seulement quelques semaines après la disparition de Roberto Bolaño à qui elle rend hommage, Enrique Vila-Matas célèbre en 52 chroniques l'anniversaire d'écrivains disparus.

Il me semble que je n'exagère pas si je dis que, durant ces dernières années, personne ne fut capable, la nuit, d'arracher Bolaño à sa table de travail. L'intensité fébrile de ce parcours littéraire me rappelle précisément une table rongée par les vers que Perec, avec son mystérieux talent pour tirer parti de tout, sut transformer en objet fascinant : « C'est alors qu'il eut l'idée de dissoudre le bois qui restait, faisant ainsi apparaître cette fantastique arborescence, trace exacte de ce qu'avait été la vie du ver dans ce morceau de bois, superposition immobile, minérale, de tous les mouvements qui avaient constitué son existence aveugle, cette « obstination unique », cet itinéraire opiniâtre, […] image étalée, visible, incommensurablement troublante de ce cheminement sans fin qui avait réduit le bois le plus dur en un réseau impalpable de galeries pulvérulentes.» (Extrait de la préface)

S'élevant contre les célébrations imposées par les chiffres ronds, l'auteur célèbre cinquante-deux anniversaires poétiques à des dates arbitraires et chaotiques, du 99ème anniversaire d'Antonin Artaud aux 98 ans de Jorge Luis Borges, en passant par les 87 ans de Cesare Pavese, les 138 ans de Joseph Conrad, les 101 ans de Joseph Roth ou encore les 422 ans de John Donne.

La matière de ces cinquante-deux textes est légère, dans l'esprit shandy de l'«Abrégé d'histoire de la littérature portative» de leur auteur, évoquant, à la lumière d'une citation ou d'une anecdote, la difficulté de mener cette bataille perdue d'avance qu'est la vie, les suicides, exemplaires ou pas, de certains de ces écrivains et le génie de ces prédécesseurs admirés pour retranscrire l'expérience humaine en littérature et pour réussir à vivre grâce à celle-ci.

«Ils sont tous partis», disait John Donne. Mais sont-ils partis pour le Royaume de la Lumière ? Ce royaume existe-t-il ? Nous ne savons pas, nous ne le saurons peut-être jamais. Avec le vol mortel de Gilles Deleuze, avec son suicide pathétique de la semaine dernière, il ne reste plus aucun de ces penseurs français de café froid et de gauloises de la rive gauche de la Seine, aucun de ces penseurs qui ont tant marqué ma prime jeunesse et qui me manquent parfois énormément, surtout quand je réalise que presque tout est absence de pensée, qu'il ne nous reste plus que la joie inconsciente de l'anglo-saxon pour qui «penseur» est un mot à consonance étrangère. (Roland Barthes, Les penseurs de café froid)

«Perec, pour qui écrire c'était arracher des fragments au vide qui se creusait continuellement, laisser quelque part un sillon, une trace, une marque ou un signe.»

Esquissant la carte d'un univers littéraire, ces chroniques qui évoquent en quelques pages la vie et l'écriture de ces auteurs se révèlent être une formidable machine à donner envie de lire ou de relire l'oeuvre d'Enrique Vila-Matas, une oeuvre qui me colle à la peau comme une maladie littéraire, depuis mes premières découvertes émerveillées du «Mal de Montano», l'histoire de ce père qui ne peut penser le monde qu'à travers le prisme de la littérature (ce que fait précisément l'auteur dans «Pour en finir avec les chiffres ronds») et de son fils atteint d'agraphie et qui ne peut plus écrire, et de «Bartleby et compagnie», tourbillon d'érudition littéraire empreint de mélancolie sur les livres non advenus.

Retrouvez cette note de lecture sur mon blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/10/30/note-de-lecture-pour-en-finir-avec-les-chiffres-ronds-enrique-vila-matas/

Vous pouvez commander les livres d'Enrique Vila-Matas à la librairie Charybde ici :
http://www.charybde.fr/enrique-vila-matas/
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Vidéo de Enrique Vila-Matas
En dialogue avec Tiphaine Samoyault Interprète : Manuela Corigliano
Un narrateur en panne d'inspiration se remémore ses années de bohème à Paris. La dèche, la mansarde, les petits trafics d'herbe : l'attirail classique de l'écrivain romantique qui aspire à la gloire d'Hemingway. Paris est une fête, c'est bien connu… En proie au doute, il commence à observer des signaux qui le ramènent invariablement à l'essence de l'écriture. Depuis la mystérieuse chambre 205, du modeste hôtel de passe Cervantes à Montevideo, mise en scène par Julio Cortázar, les symboles se succèdent, reliant Paris à Cascais, Montevideo à Reykjavik et Saint-Gall à Bogota, qui tous témoignent de l'impossibilité de l'écriture à raconter la vie. En revanche, on peut entrer dans l'espace de fiction pour transformer la vie en littérature. de digression en digression, on est happé dans un vertigineux vortex, ébloui par l'intelligence du propos, la générosité de l'auteur envers ses pairs, la finesse de son humour et une autodérision à toute épreuve.
Immense écrivain, Enrique Vila-Matas est traduit dans une quarantaine de langues et s'est vu attribuer les plus prestigieux prix à travers le monde.
À lire – Enrique Vila-Matas, Montevideo, trad. de l'espagnol par André Gabastou, Actes Sud, 2023.
Son : Jean-François Domingues Lumière : Patrick Clitus Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
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