AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Alain Lance (Traducteur)Renate Lance-Otterbein (Traducteur)
EAN : 9782213625881
530 pages
Fayard (11/01/2006)
4/5   1 notes
Résumé :

En 1935, Maxime Gorki avait invité les écrivains du monde à raconter une journée de leur vie, la même date pour tous : le 27 septembre. L'idée avait été reprise en 1960, et une nouvelle génération s'était alors essayée à l'exercice. A cette date, Christa Wolf eut envie de relever le défi, elle tint donc la chronique de cette journée du 27 septembre 1960, puis, prise par le jeu, s'a... >Voir plus
Que lire après Un jour dans l'année 1960-2000Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« En 1935, Maxime Gorki avait invité les écrivains du monde à raconter une journée de leur vie, la même date pour tous : le 27 septembre ; l'idée avait été reprise en 1960 et une nouvelle génération s'était alors essayée à l'exercice. Christa Wolf eut envie de relever le défi, elle tint donc la chronique de cette journée du 27 septembre 1960, puis, prise par le jeu, s'astreignit à cette discipline jusqu'à aujourd'hui, soit pendant plus de quarante ans » (Quatrième de couverture)

Un sorte de journal du quotidien dans la RDA, d'avant le mur construit par les staliniens, jusqu'à l'aube d'un nouveau siècle. Mais beaucoup plus que cela, la voix d'un(e) des plus grand(e)s écrivain(e)s allemand(e)s de la seconde moitié du XXème siècle.

A lire, non comme un simple témoignage mais comme un récit d'une vie d'écriture, de réflexion dans un pays transformé en grisaille et en manque.

Ni uniformité, ni absence d'espérance, un monde complexe, loin des simplifications présentées à l'ouest. Les silences, les retraits les impuissances face au resserrement de la bureaucratie et la surveillance de la Stasi et les regards vers le passé, son passé. « Fait preuve d'un esprit assez souverain pour inclure également dans son présent les dérives, voir les crimes de son passé récent, comme un signe du destin, comme un apprentissage ? »

Et cette écriture, cette force des mots dans les actions les plus domestiques, les plus banales. L'engagement vis à vis des proches, de Gert, le compagnon et les manieurs de mots de l'est, de l'ouest, des livres qui nous font vivre. « Toujours la vieille question : comment rendre justice aux êtres humains, avec le scalpel ou avec le regard compréhensif de quelqu'un qui connaît et intègre ses propres points faibles ? »
Commenter  J’apprécie          70

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Année 1977
(...)
Pourquoi avoir ainsi perdu tout ce temps ? Cela serait une cause de tristesse, de remords aussi. Mais ma réserve de tristesse et de remords semble épuisée pour l'instant, il doit y avoir quelque chose comme une économie de l'âme qui, un jour, quand on lui en demande trop, vous fait cette surprenante réponse : ça suffit !
(...)
Ce programme que je m'étais fixé, d'affirmation de moi-même, révèle en même temps le revers de la médaille ; je m'avoue moins qu'avant ces rechutes, cette peur déclenchée par un petit article ridicule, les fantasmes - masochistes - qui s'y rattachent immédiatement et me découragent, font surgir tout de suite la tendance auto-destructrice contre laquelle je veux quand-même lutter systématiquement. J'ai bien conscience qu'il me faudra vivre avec cette tendance - mais vivre, justement : elle ne doit pas me limiter. Peut-être que certains de mes tests de courage sont motivés par la décision inconsciente de ne pas me laisser limiter par ma peur. Et pourtant, après cette année (où c'en était vraiment trop, mais Gerd a bien entendu raison : il faut le prendre autrement, cette époque est ainsi et je suis comme ça en elle, et je ne suis pas tenue de l'endurer, mais d'en prendre acte et de la traverser), j'éprouve avant tout une terrible et irrépressible envie de repos. De trouver un recoin où l'on me laisserait tout simplement vivre, sans soupçons, sans insultes, sans être constamment obligée de me justifier, vis à vis de moi-même ou des autres, d'être ainsi ou de le devenir. (...) Ce recoin n'existe pas. Il n'y a que ce champ de tension, que ce soit ici ou là, dans lequel des gens comme moi se retrouvent entre les fronts, sans-cesse obligés d'encaisser les attaques des deux côtés, et doivent s'attendre à se transformer, sous ce poids : ils deviennent trop susceptibles, voire injustes, et offrent donc des angles d'attaque, ce qui encourage la campagne qu'on mène contre eux.
(...)
Quel prix est-ce que je paie inconsciemment chaque jour, un prix qui s'évalue ainsi : détourner le regard, ne pas entendre ou au moins se taire ? Souvent je pense qu'on nous présentera la facture de notre vivant. Sinon il me faudra me la présenter à moi-même. Je ne sais pas si j'aurai jamais assez de force pour faire preuve de la rigueur qui serait nécessaire.
Commenter  J’apprécie          00
Toujours la vieille question : comment rendre justice aux êtres humains, avec le scalpel ou avec le regard compréhensif de quelqu’un qui connaît et intègre ses propres points faibles ?
Commenter  J’apprécie          40
Fait preuve d’un esprit assez souverain pour inclure également dans son présent les dérives, voir les crimes de son passé récent, comme un signe du destin, comme un apprentissage ?
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Christa Wolf (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christa Wolf
Christa Wolf (1929-2011), dans le puits du temps : Une vie, une œuvre (2013 / France Culture). Production : Matthieu Garrigou-Lagrange. Par Christine Lecerf. Réalisation : Charlotte Roux. Diffusion sur France Culture le 9 novembre 2013. Photographie : Christa Wolf im Jahr 1971. (dpa / picture alliance). Née en 1929, en Prusse orientale, aujourd’hui territoire polonais, Christa Wolf est précipitée dès l’origine dans le paysage tourmenté de l’histoire allemande. Comme beaucoup d’enfants, elle s’enthousiasme pour le Führer. Comme beaucoup d’adolescents, elle participe avec fierté à la naissance de la nouvelle Allemagne de l’Est. Et comme bon nombre d’intellectuels antifascistes qui croient à l’idéal socialiste, elle s’engage au parti communiste dès 1949. Mais Christa Wolf n’est pas tout à fait comme tout le monde. Elle écrit : sur la déchirure de l’Allemagne dans “Le ciel partagé” (1963), sur ses propres dénis dans “Trame d’enfance” (1976). Elle creuse l’oubli, rumine un passé qui ne passe pas. À partir de 1976, à la suite de son soutien au chanteur Wolf Biermann, Christa Wolf n’est plus une femme libre. La Stasi l’espionne. On refuse qu’elle quitte le parti. Plus on cherche à la museler et plus l’écrivaine s’échappe par l’écriture dans les strates du temps. Elle trouve refuge auprès des premiers romantiques allemands qui, comme elle, n’avaient “Aucun lieu. Nulle part” (1979). Dans “Cassandre” (1983) ou “Médée” (1996), elle s’inspire de ces « femmes sauvages » de la mythologie grecque qui avancent comme elle, tête haute, la parole vibrante. On se presse à ses lectures. On rêve l’esprit éveillé. Peu après la chute du mur, l’icône de la littérature est-allemande est injustement accusée d’avoir travaillé pour la Stasi. Dans “Ce qui reste”, elle écrit : « N’aie pas peur, dans cette langue, que j’ai dans l’oreille, pas encore sur les lèvres, j’en parlerai aussi un jour. » Brisée mais non vaincue, Christa Wolf entreprend alors dans “Ville des anges” (2011) une lente et ultime descente au « fond du puits ». Le corps perpétuellement en alerte, Christa Wolf luttait depuis des années contre la maladie. Elle est morte à l’âge de 82 ans.
Avec : Jana Simon, journaliste, petite-fille de Christa Wolf Nicole Bary, traductrice et éditrice de la revue “LITERALL” Pierre Bergounioux, écrivain Günter Grass, écrivain (Archives) Marie Goudot, auteur de “Cassandre” Alain et Renate Lance, traducteurs de l’œuvre de Christa Wolf Erika Tunner, germaniste, spécialiste du romantisme Irving Wohlfarth, germaniste
Et la voix de Christa Wolf
Textes lus par Blandine Molinier et Aurélia Petit. Avec la voix de Jean-François Néollier.
Extraits de films : “Le ciel divisé”, de Konrad Wolf, adaptation de Christa et Gerhard Wolf, DEFA, 1964 “Le tambour”, de Volker Schlöndorff, 1979 “Christa Wolf. Ein Tag, ein Jahr, ein Leben”, de Gabriele Denecke et Gabriele Conrad, ARTE, 2004
Source : France Culture
+ Lire la suite
>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Biographie générale et généalogie>Biographie des écrivains (238)
autres livres classés : journalVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (10) Voir plus




{* *}