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EAN : 9782246787433
308 pages
Grasset (07/11/2012)
3.57/5   14 notes
Résumé :
Au matin du 23 février 1942, près de Rio de Janeiro, on retrouve les corps enlacés de Stefan et Lotte Zweig, suicidés. Fuyant le nazisme, ils avait quitté l'Autriche pour s'exiler en Angleterre dès 1933. Puis, en 1941, l'auteur d'Amok est invité en Amérique, où il est reçu en héraut de l'humanisme et de la paix. Les Zweig vont parcourir tout le continent nord et sud-américain, de New York au Brésil, terre d'asile rêvée, d'où ils envoient à leurs amis et surtout à le... >Voir plus
Que lire après Lettres d'Amérique : New York, Argentine, Brésil, 1940-1942Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
« Lettres d'Amérique » n'est ni un roman, ni un recueil de nouvelles pour lesquelles l'auteur excelle, juste quelques lettres qui, mises bout à bout, apportent son ressentiment vis-à-vis de son exil, de sa patrie et de ce qui se passe en Europe, jusqu'à la date fatidique, celle de son suicide.

Je te propose d'abord une petite biographie. Cela ne fait pas de mal, cela enrichit tes connaissances sur l'auteur que tu pourras ressortir au prochain cocktail mondain. Peut-être un peu longuet pour certains esprits, comme toute biographie, certains aspects sont assez rébarbatifs. Mais, ce n'est pas vraiment un problème puisque tu es sous le soleil du Brésil à attendre aux abords d'une plage de sable fin qu'une serveuse, une plume sur la tête, t'apporte une pina colada, un parasol en papier dans le verre. Donc, en attendant d'avoir ton doucereux lait de coco, tu te replonges de nouveau dans le contexte de l'époque, celui de l'avant-guerre, et les explications des différents voyages de l'auteur autrichien. D'ailleurs, se sent-il encore autrichien à cette époque-ci ?

Aout 1940 – Janvier 1941. La première expédition du couple Zweig en Amérique du Sud. Ils s'installèrent au Brésil, Stefan fit conférence sur conférence, jusqu'à l'épuisement presque. Avec un peu de tourisme. Pas assez à son goût, ni à celui de Lotte encore moins du mien. J'aurais aimé partir un peu plus, aller à la rencontre des indigènes, découvrir de nouveaux territoires vierges, sentir la moiteur de mon corps… J'émets donc un bémol sur cette seconde partie que j'ai trouvé un poil trop long (je ne parle pas de ma barbe ; restriction budgétaire, il faut que j'attende le mois prochain pour m'acheter de la mousse à raser). La correspondance du couple est souvent sommaire et fortement répétitive. Fallait-il les réunir toutes ici ? Je me pose la question. Il est évident que cette répétition me fait sentir que le couple n'apprécie que modérément cet exil forcé, que les conférences sont devenues une obligation presque « forcée » ne serait-ce que pour remercier toutes les personnes et les états qui aident les Zweig. Mais dans ces lettres, j'y perçois de l'ennui. Il fait beau, il fait chaud, c'est le paradis et nous avons honte d'être là-bas, alors que la guerre sévit en Angleterre. Une fois, je le crois, dix fois je le conçois, cinquante fois, je trouve cela presque chiant. Enfin, ce n'est que mon avis. Mais puisque l'éditeur ne me l'a pas demandé, j'aurais quelque peu édulcoré le nombre de correspondances de cette période pour gagner en rythme et m'éviter de demander à la serveuse un nouveau cocktail avec une tranche d'ananas frais dedans.

Aout 1941 – Février 1942. Finis les cartons, je me pose dans la cambrousse, Petropolis. Pas de bibliothèque à disposition, ni de plages de sable fin ou de joueuses de beach-volley. Juste du calme, du repos, de la verdure et des joueurs d'échec. Malgré cela, cette partie est beaucoup plus intéressante. Car lorsque l'esprit n'est plus occupé avec ces incessantes conférences, il a le temps de cogiter. Et lorsque l'esprit cogite, il est rare que cela procure du bien. Dans ces dernières lettres, je perçois l'épuisement – physique d'abord, puis mental ensuite. Cette situation européenne chagrine le couple, l'attriste. Ils sont là sous un soleil paradisiaque, mais leur famille est à l'autre bout de la planète, sous les bombes et le joug des barbares. Stefan n'a plus la fraîcheur d'antan, ni même la passion. D'ailleurs, il n'écrira pas beaucoup durant cette dernière période. Mais petit à petit, je sens que la pression monte et que la fatigue use, jusqu'à un point fatidique. La fatigue, mais aussi ce déracinement et cet exil forcé. Il n'est plus autrichien, ne sera jamais américain, et si le Brésil apporte une part d'exotisme et de fruits paradisiaques, il ne sera jamais non plus sa patrie. Et un homme sans patrie, alors qu'un monstre sévit ailleurs, n'est plus grand-chose…
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Ce passionnant recueil ne se limite pas à présenter les lettres écrites par Stefan et Lotte Zweig durant leur périple sur le continent américain. Les auteurs livrent un véritable travail biographique. Dans une excellente introduction de plus de 70 pages sur les quelques 300 de cet ouvrage extrêmement documenté, ils situent précisément le contexte historique et biographique du couple, livrant une véritable étude de cette correspondance et rendant à Lotte sa place auprès de son illustre époux.

L'exil de Stefan Zweig débuta en 1933 lorsqu'il quitta l'Autriche pour l'Angleterre où il rencontra Charlotte Altman en 1934 qui fut et demeura son assistante et compagne de voyage. Ils se marièrent en 1939.

Dès 1935, Stefan Zweig voyage sur le continent américain ( se rendant à plusieurs reprises à New-York, il est reçu dans une trentaine de villes ainsi qu'au Canada ). En 1936, Stefan Zweig fait une première tournée de conférences sud-américaine mais reste résolument tourné vers l'Europe où se poursuivent ses voyages jusqu'en 1938, attaché à sa vie anglaise, à sa résidence à Bath, station thermale du Somerset. La nostalgie de cette maison suivra le couple lors de leur seconde expatriation vers le Brésil. Stefan et Lotte Zweig, naturalisés en 1940, détenteurs d'un passeport britannique, ainsi libres de voyager à nouveau, quittent l'Angleterre cette même année, répondant à de nouvelles invitations américaines. Il est frappant de constater que pour les époux Zweig, la vie en Amérique du Sud n'est pas perçue comme un départ définitif de l'Europe mais bien comme un long voyage.

Cet ouvrage, foisonnant et dense, présente une correspondance à sens unique, c'est-à-dire les lettres écrites par Stefan et Lotte, principalement à Hanna et Mandfred Altman, le frère de Lotte et son épouse, installés à Londres, disposant à la demande des Zweig de leur maison de Bath, ainsi que les lettres envoyées à Friderike Zweig, première épouse de Stefan avec laquelle ils conservèrent des relations amicales.

Ces lettres sont proposées en trois parties pour trois périodes : – l'Argentine et le Brésil d'août 1940 à janvier 1941 – New-York de janvier à août 1941 – le Brésil d'août 1941 à février1942. Chacune de ses périodes sont à nouveau présentées avec précision par les auteurs de l'ouvrage. En fin de recueil, ce sont les lettres d'adieux de Stefan et Lotte Zweig à la veille de leur suicide le 23 février 1942, en postface le courrier de Ernst Feder adressé à Manfred Altman en témoignage des derniers mois du couple Zweig. Enfin, si nécessaire ( car des notes en bas de pages se chargent de préciser au fil de la lecture tous les lieux, les circonstances, les évènements, les liens avec les personnes citées ), les dernières pages proposent une notice biographique de toutes les personnes citées dans la correspondance.

Toutes ces analyses précédant les lettres, on les lit finalement comme des documents, ce qui ne gâche en rien la rencontre, compte-rendu détaillé de la vie au quotidien du couple malmené par le rythme des manifestations et mondanités auxquelles ils participent, à la fois contraintes et opportunités, par son angoisse pour la famille et les amis restés en Europe, miné par la culpabilité d'une vie protégée, socialement suractive et pourtant solitaire, souffrant de réelles fatigues physiques et psychologiques, de ne pouvoir envisager l'avenir, de leur difficultés à s'adapter à l'Amérique du Sud.

Ces lettres racontent leur impatience des nouvelles d'Europe, les multiples démarches qu'ils effectuent pour obtenir des visas à leur famille et amis, le soutien financier qu'ils leur apportent, les sollicitations ( Lotte autant que Stefan ), les conférences qui assurent la sécurité financière des Zweig en exil, cette sécurité vécue comme honteuse, comme frustrante tant elle dévore le temps à consacrer au travail de recherche et d'écriture. On y lit l'aspiration à (re)trouver la paix, l'horreur de ce qu'ils apprennent de la guerre, les soucis de santé de Lotte victime d'un asthme sévère que le climat humide et chaud sud-américain aggrave alors que son époux est accablé par la chaleur. Étonnamment, on n'y lit pas d'intérêt particulier pour l'histoire et la culture sud-américaines mais une vision » vieille Europe » idéalisée de cette société métissée, comme en témoigne le livre de Stefan Zweig « Brésil, une terre d'avenir « . On y lit surtout le déracinement qui se traduit – c'est bien le mot – par le parcours linguistique des Zweig, l'allemand, l'anglais ( langue dans laquelle les lettres furent écrites pour que leur distribution ne soit pas ralentie par les services de contrôles britanniques ) mêlant les mots yiddish et français, l'apprentissage de l'espagnol puis du portugais; des lettres d'immigrants, de réfugiés, si renommés soient-ils.

Ce besoin de calme, de trouver un lieu d'accueil frais et paisible les amènera à Petropolis, une retraite qui deviendra réclusion, où la mélancolie et le désespoir s'installeront définitivement.
Lien : http://www.lire-et-merveille..
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Première partie intéressante, dans cette correspondance d'Amérique, des commentaires situent les différents voyages, et les membres des familles de Stefan et Lotte. Ces lettres servent également à illustrer des thèmes comme l'aide aux juifs restés en Allemagne.

A travers ces lettres, on sent s'installer la dépression chez Stéfan ainsi que la pénibilité des crises d'asthme de Lotte.

Après 15 jours, je reprends ma lecture mais plus de commentaire, j'ai oublié qui est qui et ces lettres n'ont alors plus aucun sens.
J'abandonne le livre mais certainement pas le reste du répertoire de Mr Zweig
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Un livre instructif, il est toujours étonnant de lire une biographie car en entrant dans "l'intimité" de ces gens hors norme on se rend compte qu'il sont avant tout des êtres humains ayant les préoccupations de tout le monde.
Je ne connais pas encore grand chose de la bibliographie de Zweig (aujourd'hui), mais le peu que j'en ai lu m'a déjà impressionné et de fait, maintenant que je le connais un peu mieux je le lirai sûrement avec un oeil différent.
On ne soupçonne pas la célébrité qu'avait acquis Zweig de son vivant, même s'il s'agit d'un autre temps où la littérature avait un autre poids culturel qu'aujourd'hui.
L'ouvrage constitué de commentaires commentant les lettres dans leur contexte puis les lettres elles-mêmes était une lecture inhabituelle pour moi qui ne suis pas un grand lecteur de biographies, cela dit j'ai été captivé par les dernières années de cet homme.
Ayant lu "le joueur d'échecs", écrit dans ses derniers moments, on comprend finalement mieux et le contexte, et le désespoir qui se dégage de cette histoire.
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Cette correspondance à deux voix a permis de lire les derniers mots de Stefan Zweig, mais aussi de découvrir les lettres de Lotte, femme exceptionnelle, aussi courageuse que discrète, qui a joué dans la vie de Zweig un rôle jusque-là insoupçonné.
Ce voyage dans le passé, témoignage poignant d'un amour qui a uni le couple jusque dans la mort.
A découvrir
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critiques presse (1)
NonFiction
08 janvier 2013
De l’exil à la mort, deux destins tragiques : Stefan et Lotte Zweig [...] Les lettres rassemblées montrent deux exilés inquiets pour leurs familles, leurs amis et plus généralement pour les victimes de ce conflit, qu’ils considèrent aussi terrible que fou. Elles décrivent la vie quotidienne d’un intellectuel très sollicité et de sa “secrétaire” et complice
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Nous sommes là depuis trois jours, et tout ce que nous avons vu est vraiment merveilleux ; c’est la ville la plus pittoresque que j’ai jamais vue. Aujourd’hui nous avons assisté à la grande fête populaire du Lavagem de Bom Fim : une bonne partie de la ville, essentiellement des nègres, viennent laver l’église en l’honneur de leur saint, et ce nettoyage, qui commence comme une cérémonie religieuse, finit en orgie, avec des milliers de gens qui dansent, pleurent, lavent et deviennent complètement fous. Je n’avais jamais vu une telle hystérie religieuse, et tout cela dans un environnement on ne peut plus coloré, sans rien d’artificiel.
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En m'en allant ainsi, je n'ai qu'un souhait, que tu parviennes à croire que c'était la meilleure chose à faire, pour Stefan, qui a tant souffert, toutes ces années, aux côtés de ceux qui souffrent de la domination nazie, et pour moi, avec ces crises d'asthme incessantes.
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Par les temps qui courent, il faut savoir saisir le moindre instant de bonheur et l’apprécier – évitons de trop réfléchir, ça ne sert à rien.
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Nous suivons les actualités avec la plus grande attention et il semblerait que nous n’ayons pas traversé toutes ces terribles souffrance en vain. Si ce diable d’Hitler finit par être vaincu, alors aucune perte, aucun prix, aucune souffrance n’auront été trop élevés, ni trop longs.
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... et quoi qu'il arrive, un monde sans Hitler sera un monde meilleur.
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Vidéo de Stefan Zweig
Stefan Zweig, auteur à succès, se voulait citoyen d'un monde qu'unifiait une communauté de culture et de civilisation. Il n'a pas survécu à l'effondrement de ce «monde d'hier» qu'incarnait la Vienne impériale de sa jeunesse.
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