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Critiques de Trevanian (499)
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L'été de Katya

Nous voici emmenés en juillet 1914, à la veille de la première guerre mondiale. Jean-Marc Montjean est à Salies, ville de cure thermale dans le pays basque. Il y seconde le médecin de la ville. C'est là qu'il fait la rencontre troublante de Katya Tréville, jeune femme libre, qui vit avec son frère jumeau, Paul, et son père. Le jeune homme vient souvent leur rendre visite. Il sent un secret derrière leur présence ici mais il a bien du mal à démêler les fils du mystère. L'ambiance s'alourdit peu à peu jusqu'à la révélation finale.

Un roman assez lent que j'ai apprécié pour la mise en place de cette atmosphère de mystère. J'ai bien aimé aussi le moment de fête dans le pays basque. On sent arriver le dénouement mais je n'avais pas réuni tous les éléments donc j'ai été un peu surprise quand même.
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Shibumi

Nicolaï Hel est un personnage bien singulier qui a tout pour qu’on le déteste : beau (même à la cinquantaine, athlétique (il est un maître en spéléologie), intelligent (il maîtrise plus de 5 langues dont le basque appris en autodidacte), riche, séduisant, et en plus c’est un dieu au lit (il maîtrise les pratiques érotiques japonaises) . Le seul problème : c’est un tueur à gages.



Oui mais voilà, moi j’ai un peu d’empathie pour l’homme. Il faut dire que son parcours n’est pas banal : fils d’une aristocrate russe et d’un Prussien, il naît à Shanghai en 1935. Son enfance se passe dans un environnement un peu trouble avec des relations tendues entre la Chine et le Japon. À la mort de sa mère il se retrouve apatride. Un général japonais le prend sous son aile et le voilà qui découvre la culture nippone et le jeu de go. Des lors sa vie va se régler sur deux choses : les règles du jeu de go et la quête du shibumi. C’est quoi le shibumi ? Pour faire simple je dirai que c’est un équilibre de vie reposant sur l’esthétisme, l’équilibre et la simplicité. Donc le petit Nicolaï se retrouve seul au Japon à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et c’est là que ça va mal tourner pour lui, à cause du grand méchant Satan et son bras armé : la CIA. Je vous passe les détails pour ne pas divulgacher, mais on comprend rapidement que Nicolaï a toutes les raisons de détester les représentants de l’Oncle Sam. Alors quand ils réapparaissent alors qu’il savoure une retraite tranquille dans son château du Pays Basque, il va lui être difficile de rester zen.



« Shibumi » n’est pas un roman d’espionnage classique. Peu d’action en fait (moins de 100 pages sur les 513 que compte le livre). L’auteur s’attache beaucoup plus à l’enfance et à l’adolescence de son héros (près de la moitié du roman dont une grande partie sur l’histoire de ShanghaI et du Japon). Puis il le place dans son environnement alors que sa carrière de tueur est terminée, et nous le décrit longuement dans l’une de ses activités favorites : la spéléologie (un quart du roman). Tout cela est entrelacé de courts chapitres qui font du livre le « roman d’espionnage » avec les sbires de la Mother Company (les maîtres de l’énergie fossile) qui voient en Nicolaï une menace à éliminer.



Derrière le tuer froid se cache pour moi un être sensible motivé par sa quête d’équilibre, lequel passe par la défense de l’environnement. L’auteur en fait un tueur aux motifs nobles. S’il paraît extrêmement égoïste il n’en est pas moins fidèle en amitié et le sera dès l’enfance. Alors quand on s’attaque à sa tranquillité ou à ses amis, il sort de sa réserve et règle ses comptes.



Pour Travanian ce roman est le prétexte à une critique assez acerbe des États-Unis, nation marchande et sans cœur, prête à tout pour protéger ses intérêts. Au cynisme états-unien l’auteur oppose la quête de l’équilibre et de l’esthétisme du tueur solitaire. Face aux ravages de l’industrie pétrolière Travanian propose la beauté sauvage du Pays Basque et la sérénité des jardins japonais. À la trahison et la violence des hommes de main de la Mother Company Nicolaï propose la fidélité en amitié et la recherche du plaisir de sa partenaire. La sagesse ancestrale de la civilisation japonaise s’oppose à la brutalité et l'arrivisme vénal de la jeune nation américaine née de la lie de l'Europe. Ceci dit les Français en prennent également pour leur grade, tout comme les Anglais, les Italiens, les Australiens…



Par contre, comme dans tous les romans d’espionnage les femmes sont la portion congrue. Elles sont belles, parfois nunuches, parfois intelligentes, en tout cas c’est bien pour leur physique qu’elles sont là où elles sont.



Vous l’avez deviné, l’écriture est bavarde. Les longues pages sur l’histoire du Japon, le jeu de go et la spéléologie ont eu du mal à me passionner, et sans les échanges en LC avec Laurent81 je ne sais pas si je serai allée au bout. Je me suis raccrochée à l’humour de l’auteur, notamment avec le personnage de Bénât le Cagot, le poète du Pays Basque ou le Volvo bashing.

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L'expert

L’EXPERT de TREVANIAN

Les journaux titrèrent ce matin là: « Un homme empalé à St Martin des Prés », en plein Londres. Jonathan Hemlock s’y trouve justement pour des conférences qu’il donne sur l’art. Toujours passionné par les tableaux bien qu’il n’en achète plus faute de moyens, il ne travaille plus pour les services secrets et n’a donc plus de revenus annexes. Il rend visite néanmoins à McTaint, sympathique voleur de tableaux avec lequel il fit affaire dans des temps anciens…Il y rencontre une charmante et délicieuse personne prénommée Maggie et s’il a délaissé l’achat d’œuvres d’art il n’a pas renoncé aux femmes pour autant. En la ramenant chez lui il se rend vite compte qu’il est suivi et quand il rentre dans son appartement avec elle il découvre un cadavre dans les wc ce qui est, il faut le dire, d’un goût douteux. Le lendemain à la fin d’une de ses prestations sur l’art, il improvise une conférence sur le cinéma et se fait enlever. Ses ravisseurs se font appeler « Le Siège » et semblent assez proches de l’organisation gouvernementale qui l’employait occasionnellement. Il doit éliminer un certain Maximilien Strange qui aurait des vidéos compromettantes sur des membres du gouvernement proches de la Reine.

On retrouve l’homme de la « Sanction »avec grand plaisir et le style de Trevanian bien sûr mais la mise en route des opération est très longue, presque 150 pages avant que l’action ne démarre. L’Expert se situe 4/5 années après la Sanction et Jonathan va avoir besoin de toute ses qualités pour se dépêtrer du mauvais pas où il s’est mis. Un ton en dessous des autres Trevanian pour moi.
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L'été de Katya

Toi qui voyages si tu la croises un jour

Reviens me dire

Reviens me dire

Dis-moi un peu si elle porte toujours

Dans les cheveux ses essences d'amour

Et tous mes rêves sur ses lèvres

Mais promets-moi, ne t'approche pas trop

Si tu poses tes doigts au bronze de sa peau

Tu délires, tu délires

Sans me méfier, je l'ai serrée très fort

Aujourd'hui encore

J'en ai les yeux qui brûlent, qui brûlent



Si tu la croises un jour - Francis Cabrel





J’ai d’emblée été séduit par l’écriture de Trévanian, par l’intelligence des échanges entre les protagonistes de cette curieuse histoire. Un jeune médecin, Jean-Marc, retourne dans sa région natale, le Pays Basque, on est à la veille de la première guerre mondiale. Il va faire connaissance avec la belle Katya, Paul, son frère jumeau et leur père. Une famille qui cache de lourds secrets. La mystérieuse Katya, toujours vêtue de blanc et d’un charme fou attire irrésistiblement le jeune médecin. Mais le frère jumeau veille au grain, met en garde, menace celui qui s’approche de trop près.



Que s’est-il passé dans cette famille parisienne venue se cacher au fin fond du Pays Basque ? Quel mal y-a-t-il à aimer Katya ? Et elle tantôt si enjouée, tantôt si sombre, quelle est son histoire ? Et quel sera le prix à payer pour Jean-Marc s’il vient perturber le fragile équilibre psychique de cette famille si particulière.



Un roman psychologique à l’ambiance lourde, très freudien, remarquablement écrit mais que j’ai eu hâte de terminer car j’y ai trouvé quelques longueurs.



Challenge Multi-Défis 2023.

Challenge Totem.
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Shibumi

Shibumi est un roman inclassable. On peut le considérer comme un roman d'espionnage puisqu'il évoque les affaires douteuses de la CIA et les attentats de l'OLP dans les années 70. Cependant, il prend les allures d'un roman initiatique pour conter les jeunes années du héros – Nicholaï Hel – et son éducation japonaise. Il se situe aussi dans la lignée des romans d'aventures puisqu'il nous emmène à Shangai au moment de la guerre sino-japonaise, au Japon pendant la seconde guerre mondiale et le protectorat américain et, comble de l'exotisme, au pays basque avec quelques détours par les États-Unis et l'Angleterre. Trevanian qui a préservé son anonymat pendant plusieurs décennies, centre son intrigue sur un personnage mystérieux, joueur de Go, expert en arts martiaux, polyglotte et esthète, poussé vers le métier de tueur à gages par les manoeuvres impitoyables de la CIA. Nous découvrons Nicholaï quand la redoutable Mother Company, en cheville avec l'OPEP, a étendu sa toile sur la plupart des pays occidentaux et voit l'un de ses projets contrecarrés par une équipe maladroite de justiciers israéliens. En raison d'une vieille dette, Nicholaï – pourtant à la retraite – va reprendre du service pour sortir une jeune fille, Hannah Stern, du guêpier dans lequel elle s'est fourrée.

Trevanian tisse adroitement le passé et le présent de son héros, dénonce la cruauté et le cynisme des services secrets et mène la charge contre les États-Unis gangrenés par le profit et leur volonté de puissance. En revanche, la culture japonaise est présentée sous un jour flatteur frisant souvent le dithyrambe. L'auteur n'est pas avare de préjugés culturels qui feront sourire. La description des Basques est un concentré de folklore et d'images d'Épinal, ce qui surprend quand on sait que Trevanian, de son vrai nom Rodney Whitaker, s'était établi au pays basque. Faut-il y voir du second degré ? Un détournement humoristique d'une culture qu'il appréciait ? Peut-être, mais entre poivrots, mémés confites en dévotion, militant aux allures de Tartarin de Tarascon et population superstitieuse et méfiante, la sympathie est vacharde et la caricature jamais loin.

Il faut apprécier Shibumi pour ce qu'il est : un roman de genre foisonnant au suspense efficace.

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L'été de Katya

Gallmeister a encore frappé.

Et pour une fois, on n'est pas dans les grands espaces américains, mais dans une petite ville de cure dans le Béarn. Il est indiqué partout Pays Basque, mais les puristes vous feront remarquer que c'est toutefois très différent.

On est plus dans les terres, plus dans les contreforts de la montagne, plus proche de Mauléon, la patrie des espadrilles.

Et ce roman a le charme d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre. Il est le plus doux souvenir, le premier amour d'un homme qui revient sur cette période de sa vie après avoir traversé la guerre. C'est comme se remémorer une journée d'été au jardin, en plein coeur de l'hiver.

Ah ça elle est belle Katya. Elle est envoutante. Elle affiche une liberté qui secoue les certitudes étriquées du jeune énamouré. Sa vie avec un père perdu dans le Moyen Age et son frère jumeau surprotecteur dans une vieille maison décatie est entourée d'un voile de mystère. On sait qu'il s'est passé des choses. On sait qu'il va se passer des choses...on est au milieu de ce gué avec le narrateur.

Le narrateur conte cet été 1913, dernier avant la Grande Guerre, en 1938. Il revient sur cet épisode de sa vie avec une grande lucidité quant aux travers de sa jeunesse et une nostalgie teintée d'une grande tendresse. Le dernier rayon de soleil avant la tempête.

En parallèle, il porte un jugement sur lui-même que je trouve particulièrement sévère, avec le style d'une personne beaucoup plus âgée.

Les personnages ont en revanche des personnalités bien savoureuses, notamment le docteur qui lui sert de mentor. On a envie de s'installer sous les platanes avec un verre de Jurançon pour l'écouter parler de tout et de rien.

Le rythme m'a paru un peu lent quand même. Comme quoi le charme n'a pas agi complètement sur moi. Certes, prenons le temps de prendre son temps, mais là j'ai trouvé que certains passages souffraient de longueurs.



Alors, faut-il le lire ? Oui. C'est pas mal. Juste pour tenter de prononcer le nom de cette flute basque : le txistu. Et si vous aimez le Béarn, je vous recommande aussi Les Demoiselles de Anne-Gaëlle Huon, très charmant. A lire en espadrilles de préférence.





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Incident à Twenty-Mile

Défi ABC 2021-2022

Encore une fois, merci à ma librairie préférée ... et sa table surchargée de trésors, avec un petit bristol griffonné qui donne envie de plonger dans un roman que ne je n'aurais jamais ouvert. parce que, bêtement, la couverture m'avait rebutée, avec l'ombre d'un homme au révolver et chapeau de cow-boy sur un fond orange de montagnes et ligne de chemin de fer. Parce que cet Incident-là, c'est un trésor. Une intrigue implacable, un dénouement parfait et, chose rare, un épilogue qui éclaire le roman. L'histoire se déroule un siècle avant la publication: 1898, une ville quasi-abandonnée, qui survit grâce aux mineurs d'un filon, un peu plus loin. Un gamin , un peu inquiétant, beau parleur, un rien hâbleur, dont on devine qu'il a vu plus que ce qu'un gamin peut supporter. Est-il dangereux? peut-être, peut-être pas. Ailleurs, une prison, un détenu, dangereux, beau parleur, manipulateur, un gardien, jeune: violence inéluctable, évasion. Et bien sûr, les deux histoires convergent et Twenty-Mile devient le théâtre d'un incident, d'un drame plutôt.

L'intrigue vous prendra sans crier gare, et fait écho aux démons toujours vivants, racisme, complots, cruauté, trahisons. Et, aussi, à l'humanité de quelques uns, quoi qu'il survienne, à la faiblesse et au courage, à l'amour et à la beauté du monde. Un livre plein de bruit et de tempêtes, de soleil et de poussière, de terreur et de lumière: un livre plein de vie(s).
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Incident à Twenty-Mile

Un western jouissif, noir et décalé.



A ne pas manquer si on veut découvrir le genre (passer d'abord par la case "Lonesome Dove" de Larry McMurtry, un incontournable!), et au passage se régaler de la plume de l'étrange et talentueux Trevanian.



Pas étonnant que Tarantino ait adoré : on retrouve l'atmosphère de "Incident à Twenty Miles" dans tous ses films!
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L'expert

Ame sensible s’abstenir, ai-je envie de dire. Certaines scènes, certaines évocations sont particulièrement sanglantes, et même si tout n’est pas décrit (encore que… une bonne partie le soit), il faut avoir le coeur bien accroché. Le ton est donné avec la scène d’ouverture. A vous de voir si vous souhaitez poursuivre – ou pas.

Il faut aussi composer avec un héros étonnant – ce qui m’a bien plu, justement, car il ne rentrait pas dans le cadre strict des gentils héros de roman, même d’espionnage. Hemlock est un tueur, un assassin quasi officiel, chargé de se débarrasser des espions qui ont trahi leur camp. Il effectue ses missions sans état d’âme, même si la précédente semble l’avoir éprouvé, puisqu’il a raccroché depuis quatre ans. Il effectue pourtant ses missions "proprement", contrairement à d’autres personnes que cette affaire l’amène à rencontrer. Prendre plaisir à tuer, et faire durer ce plaisir ne sont pas dans ses goûts, et agir ainsi ne peut qu’entraîner son ire.

L’action se déroule presque toute entière dans le charmant quartier de Saint Martin in the Field, que je connaissais surtout pour son orchestre. Charmant, sauf l’envers du décor. Et si ses adversaires sont capables de tout, Hemlock, lui, se surpasse – être là où on ne l’attendait plus est sa devise, quitte à provoquer quelques chocs salutaires.

C’est à regret que j’ai refermé ce livre. Heureusement, il me reste d’autres romans de Trevanian à découvrir.
Lien : http://deslivresetsharon.wor..
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Incident à Twenty-Mile

Pour aller à Twenty-mile suffit de passer Destiny, de remonter le long de la voie ferrée en faisant bien gaffe que ce soit pas le jour où le train de minerai redescend vers la ville, parce que voyez, y'a pas forcément grand place sur la voie et si vous avez eu le malheur de remonter vers Twenty-Mile un lundi, bah y'a de grandes chances que vous n'y arriviez jamais, rapport au train de la mine qui apporte son minerai d'argent vers Destiny et qui prend toute la place sur la voie. Bref, lorsque vous aurez fait vingt miles depuis Destiny, vous serez arrivé à destination, et vous pourrez vous asseoir et contempler une ville qui n'a poussé que pour mieux retomber. Une sorte de soufflet urbain. Sans doute que là, vous aurez déjà envie de repartir.

Twenty-Mile est une ville minière qui n'est sortie de terre que pour servir de distraction aux mineurs leur jour de congé. Vous y trouverez donc un grand magasin tenu par M. Kane et sa jolie fille Ruth Lilian, une auberge, place gardée de la famille Bjorkvist, l'Hôtel des Voyageurs avec son maquereau, son barman et ses trois putes Frenchy, Chinky et Queeny, le Palais du rasoir du Pr Murphy et un relais tenu par B.J. Stone dont l'activité réside surtout dans l'entretien des ânes de la mine.

Voilà pour Twenty-Mile le jour où le Ringo Kid, non, Matthew Dubchek débarque en ville, fuyant l'on ne sait quoi depuis son lointain Nebraska. Comme y'a pas de travail à Twenty-Mile, Matthew va devoir déployer des trésors d'imagination pour se rendre indispensable aux citoyens de la ville.

Déjà d'une rare richesse de ton, le roman de Trevanian prend une toute autre ampleur à l'arrivée en ville de trois desperados fraichement échappés de la prison de Laramie. Incident à Twenty-Mile va devenir le théâtre d'une pièce en trois actes jusqu'au dénouement forcément fatal. Le roman est drôle, excellemment écrit, Trevanian prenant toujours tout son temps pour faire monter le climax comme il le souhaite et fournir à son lecteur un dernier western.
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Shibumi

Ce vrai-faux thriller est un pur divertissement très réussi. Sans se prendre trop au sérieux, Trevanian, alias Rodney Whitaker, utilise son intrigue principale comme prétexte à de nombreuses considérations sur le jeu de go, la culture et la pensée japonaises, la spéléologie et sa technique, les paysages et le climat basques, la gastronomie et j'en passe. Tout ça est fort bien documenté sans pédantisme. On y ajoutera une saine vision des relations consanguines entre capitalisme et violence d'état et leur influence sur la vacuité du jeu diplomatique, mais toujours sans trop se prendre au sérieux, sans dénonciation démonstrative ou trop lourde. Un peu comme le personnage de Beñat Le Cagot -- nom qu'il a aussi utilisé comme pseudonyme, ce qui n'est surement pas un hasard -- Trevanian dissimule ses qualités par l'outrance : ici, c'est une vraie érudition qui, systématiquement déformée car placée sur le devant de la scène, permet d'éviter un côté trop didactique et de masquer une belle finesse. Je finirai par évoquer cet ouvrage, écrit par le héros, Nicolaï, sur le jeu de go, en apparence sérieux, profond, poétique et cryptique, encensé par les "connaisseurs", mais que les vrais initiés reconnaîtront comme un canular élaboré. Le message me semble clair, et nous ramène à ma première phrase...



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La sanction

Poursuite pour moi de la découverte de Trevanian avec son premier roman, pastiche déclaré des romans d'espionnage. Un style alerte, une intrigue prenante, des personnages intéressants, du rythme, tout est là pour une bonne lecture distrayante. Les séquences d'alpinisme sont superbement décrites et donnent le frisson. La fin est intéressante, et on ressent un peu de nostalgie aussi. Déjà ici l'auteur imprime sa patte, même si on n'est pas pour moi encore au niveau de Shibumi.
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Shibumi

J’ai adoré ce roman, il m’a fait rire de nombreuses fois malgré la dureté du propos. J’ai aimé le mystérieux personnage japonisant de Hel, les critiques acerbes sur les habitants des différentes nations, les analyses politiques et la découverte du pays basque. Aventure, espionnage, enquête policière, spiritualité, sexe, fait réels tout y est pour passer un bon moment. Et pour une fois pas de langue de bois, ce qui est totalement jubilatoire. Les personnages secondaires sont tout aussi intéressants et certains m’ont fait penser à la série de mon enfance « Les mystères de l’ouest ».



J’ai un peu moins aimé les pages sur la spéléologie que j’ai trouvé un peu longues. Écrit en 1979 et terriblement d’actualité, je vous le conseille.

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Incident à Twenty-Mile

Il y a de tout dans ce livre, tout ce que l'on aime quand on aime les western mais beaucoup plus. On y retrouve aussi la verve de Trevanian mais ne cherchez pas dans ce livre son humour tres british...Ici, peu d'humour,...que du brut américain ....du brut sévère ! La pression monte , page après page et le plaisir de la découverte de la complexité du personnage principal est remplacé à mi livre par l'angoisse de la découverte du dénouement violent inévitable. Petit bonus assez fabuleux; les 10 dernières pages qui rendent tout simplement le livre encore plus réel et les personnages ( les bons!) tout à fait attachants . A déguster un verre de bourbon à la main
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L'expert

Vraiment un vrai régal ! et quel talent a ce mystérieux Trevanian! C'est mon quatrième et "l'Expert "fait écho à" la Sanction" ! C'est vrai que cela fait évidemment pensé à James Bond mais juste ...En beaucoup mieux et beaucoup plus fin et drole! Jonathan , le héros , a une culture , une sensibilité, un humour de tous les instants , une fragilité aussi , qui le rendent attachant.

Je suis un peu surpris que ces livres et cet auteur n'aient pas eu plus d'echo!

Je recommande chaudement et méfiez vous.....quand vous lisez ce livre, un petit sourire risque d'illuminer votre visage! vous pourriez avoir des questions! bonne lecture!
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Shibumi

— Shibumi est-il un grand roman ?

— Une vache lécherait-elle la femme de Loth ? Oui, pas les couilles traitresses et perfides de Judas !



Bon, on va se calmer un peu, monsieur Le Cagot, Beñat de son prénom, même si dans le fonds, vous avez tout à fait raison !



Si vous voulez profiter pleinement de ce roman, faite abstraction de tout et immergez vous totalement dedans.



Car nous sommes face à 525 pages écrites avec une plume mordante, faites d’un habile mélange entre le roman d’espionnage et une critique acerbe de l’Amérique, tout en se baladant de Washington au Pays basque en passant par la Chine et le Japon d’avant et d’après guerre.



Ma partie préférée reste celle du Japon d’avant guerre, durant la guerre et après. Là, j’ai bu du petit lait, du petit Jésus en culotte de velours, un café noir, sombre, intense qui m’a brûlé la langue pour mon plus grand plaisir.



Quant à la partie basque, elle est magique, un peu folle et le seul moment où j’ai un peu sauté des lignes, c’est avec l’exploration de la grotte.



Ce roman est une critique sociale des États-Unis, de sa société, de sa CIA, de son gouvernement, bref, tout le monde est rhabillé pour les 10 prochains hivers !



La plume de l’auteur est dure, intransigeante, sans concessions aucune, mais terriblement vraie, hélas. Les Français, Japonais, et les Basques aussi en prendront pour leur grade, mais moins que les yankees et l’américanisme.



La CIA s’en prendra plein les dents aussi et l’auteur nous démontrera par A+B ce qui se passe comme conséquences lorsqu’on laisse ses émotions gouverner ses actes. La stupidité des uns déclencheront le feu du ciel…



Nicholaï Hel est un personnage que l’on devrait détester, c’est un assassin, un tueur à gage d’un niveau excellent, mais c’est impossible, on l’apprécie malgré tout. Son personnage est taillé au cordeau, bien décrit, avec ses zones d’ombres, ses pensées, ses certitudes, sa vision des américains et des japonais depuis l’invasion des mêmes américains.



Nikko excelle dans des tas de choses, d’ailleurs : que ce soit dans les techniques érotiques japonaises qu’il pratique avec sa maitresse Hana, la spéléologie qu’il pratique dans les grottes du pays Basque ou les langues qu’il parle (il parle couramment le russe, l’anglais, le français, le chinois et le japonais).



De plus, je lui ai trouvé des petites ressemblances avec Holmes, notamment lorsqu’il joint ses doigts devant ses lèvres.



Les autres personnages qui gravitent dans le roman sont eux aussi bien esquissés, bien détaillés et certains sont même haut en couleur, notamment Beñat Le Cagot, l’ami basque de Nicholaï qui a une manière de jurer bien particulière, comme celle de répondre par des métaphores au lieu de dire « oui » tout simplement.



Voilà donc un roman qui n’a sans doute pas usurpé son titre de « le chef-d’œuvre de Trevanian ».



Il possède de l’intelligence, du suspense, de l’humour noir, une plume acide et mordante, des personnages bien travaillés (dont certains sont hilarants), une critique acerbe sur la société américaine, un dose d’espionnage, de meurtres, de jeu de Go, le tout en vous faisant voyager dans différents pays, à différentes époques, le tout pour une somme modique !



Ce roman a beau avoir été écrit vers la fin des années septante (soixante-dix), il n’en reste pas moins d’actualité !



Un roman puissant dont je suis contente de ne pas être passée à côté !



(4,5/5)


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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La sanction

Un classique ! Et comme je n’ai jamais vu l’adaptation cinématographique (1975) réalisée par Clint Eastwood, c’est sans aucun a priori que j’ai abordé la personnalité de Jonathan Hemlock, un professeur d’histoire de l’art, esthète, amateur de peinture impressionniste, beau, ultra viril, alpiniste émérite, implacable, performant. Mais ses goûts et ses envies en ont fait un tueur à gages, responsable des sanctions pour un organisme secret mais officiel. Là également, sans aucun état d’âme, il remplit chacun de ses contrats afin d’acheter une église qu’il transformera en domicile, ou acquérir une toile de Camille Pissarro. Mais, sans qu’il le sache, il présente une importante faille : il est profondément narcissique. Si bien qu’il suffit de jouer sur cette corde sensible pour le manipuler.

L’action se déroule en 1969 (l’alunissage d’Apollo 11 est évoqué dans les dernières pages). Si bien que le roman devient un constat de la société occidentale de l’époque, de la libération sexuelle, des tensions politiques entre différents blocs, etc. Il explique également, un peu comme dans les romans de John le Carré, les ressorts des affaires d’espionnage mais le personnage de Jonathan est bien plus proche du héros de Ian Fleming, pas trop complexe, ne faisant pas preuve d’empathie avec ses cibles, pas très discret non plus. Un héros typique des Seventies !

L’intrigue elle est menée par des étapes de plus en plus resserrées sur le dernier contrat, jusqu’à la révélation des dernières pages (que j’avais éventée par simple logique) mais très bien amenée. Donc cela reste un classique, même pour moi qui ai lu bien des romans d’espionnage.
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L'expert

Suite, sans l'être vraiment, de "la sanction", ce livre présente une nouvelle aventure de notre James Bond alpiniste spécialiste d'art (ou l'inverse). J'ai trouvé ce second opus un poil moins bon que le premier, peut-être pour une intrigue un peu trop convenu. Mais le style reste alerte, le rythme du livre est excellent, on dévore pour en savoir la fin et au final on a passé un très agréable moment. La description des divers organismes d'espionnage / contre espionnage / contre contre espionnage est encore jouissive ici. Seul bémol: pourquoi est-il si difficile et dangereux d'être amoureuse de Jonathan?
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Incident à Twenty-Mile

Mazette, combien d'auteurs devraient se montrer humbles, et admirer le talent de Trevanian, un vrai écrivain. Ce livre est en effet admirable, dans la précision de ses descriptions, dans une écriture qui fait suinter les émotions, sans cesse. Des vagues et des vagues... Chaque personnage a une personnalité, un langage, propre et Trevanian écrit tout ça sans faille, c'est fluide. Trevanian est un jongleur. L'histoire est puissante, juste psychologiquement, et... tout ça est terrible, et émouvant.

Si Shibumi est plus puissant dans sa construction et son suspense, ici c'est la fluidité d'émotions justes qui a le dessus. Trevanian est un connaisseur de l'humain, pas comme Balzac mais comme Balzac. Et ça fait du bien de constater cette force de la littérature.

Pas cinq étoiles parce que... comme l'impression qu'il aurait pu encore plus ramasser son travail le rendant encore plus puissant... Enfin, qui suis-je...
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Incident à Twenty-Mile

Bang bang !



En 1898, la bourgade de Twenty-Mile se meurt, seulement habitée d'une dizaine d'âmes (sauf quand les mineurs débarquent pour une nuit mouvementée une fois par semaine).

Jusqu'au jour où un gamin plein de débrouillardise et de gouaille débarque, prêt à travailler dur pour satisfaire tout le monde. Quel secret transporte-t-il avec lui, en plus de son antiquité de fusil ?

Et quand un tueur sanguinaire accompagné de deux brutes sadiques s'échappe de prison, leur chemin semblent les mener tout droit vers Twenty-Mile.

La tempête est alors prête à éclater sur la ville isolée.



L'auteur ne s'en cache pas, tous les éléments classiques d'un bon western sont présents ici : le kid qui débarque, le hors-la-loi évadé de prison, la vierge au cœur pur, les prostituées de saloon, le train et sa précieuse cargaison, le tout dans une ville fantôme paumée d'Amérique...

Ennuyeux ? Pas le moins du monde !



Car Trevanian leur amène un réel supplément d'âme, dans ses bassesses et ses bontés, sa malice et sa sauvagerie.

On s'attache immédiatement à certain·e·s, on en déteste aussitôt d'autres. La bourgade prend vie sous nos yeux à travers ses habitant·e·s. Nous immerge en elle. Touche en plein cœur.



La suite sera d'autant plus terrible.

On le sait, on le sent, la tempête approche. La pire des arracheuses, qui balaie tout sur son passage.

La tension monte lentement, l'auteur ménageant ses effets, jusqu'à en devenir suffocante.

Puis tout éclate dans un déchaînement qui nous emporte. Fracassant tout sur son passage, faisant encore moins de pitié qu'une balle grasse et cireuse tirée à bout portant.

Qu'en restera-t-il ?



L'histoire marque aussi la fin d'une époque. La fin d'une ville, la fin d'un siècle. La fin du western.

L'auteur glisse par ailleurs quelques messages, sur un patriotisme vicié et délétère, sur la religion instrumentalisée, qui participent à la fin de cette ère.



Prenant, captivant, ce western crépusculaire sous forme de huis-clos à l'échelle d'une petite ville sur le déclin est d'une maîtrise totale.
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UN tour en forêt ?? 🌳 🍂

Comme je descendais les allées impassibles ... Enfin, je marchais d'un bon pas dans ma campagne. Les vaches mâchent, les pies nichent, les chats chassent, les buis bruissent, les coucous couvent et voilà que j'arrive dans une forêt décidue. "Décidue" ???

la faune y est abondante et variée
les résineux y dominent et ça embaume
c'est une vraie symphonie de chants d'oiseaux
ah non ! il y règne un silence de cathédrale
pas du tout ! l'épais tapis de feuilles mortes crisse à chaque pas
d'accord, mais tous ces arbres tirés au cordeau, c'est monotone
faut bien ! la société de bûcheronnage les destine à la production de pâte à papier

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Thèmes : vocabulaire , botanique , arbres , feuillus , forêts , baba yaga , historiettesCréer un quiz sur cet auteur

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