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Critiques de Trevanian (487)
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Shibumi

Vraiment incroyable...

Je dois avouer que des personnages dotés d'un charisme pareil ne sont pas légion dans la littérature contemporaine. Personnellement, le seul qui m'ait autant frappé que Nicolaï Hel est Max Dembo dans Aucune bête aussi féroce d'Edward Bunker.

Mais revenons à notre roman. Nicolaï Hel est un ancien tueur, retiré dans son chateau du pays basque. Un beau jour, une jeune étrangère fait irruption dans son domaine pour lui demander son aide. L'agent reprend alors du service pour s'opposer à la surpuissante Mother Company, un conglomérat de grandes entreprises qui domine la CIA et presque tout l'appareil d'Etat américain.

Ce roman est vraiment très puissant. Au fil des pages, Trevanian construit devant nous la personnalité de son personnage principal, et ce dernier devient véritablement magnétique. Même les passages sur la spéléologie qui auraient pu faire quelques longueurs ne m'ont pas ennuyé une seule seconde.

Shibumi est d'une force hallucinante, et est probablement à mon sens l'un des meilleurs romans que j'ai jamais lu.
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L'été de Katya

Un roman qui se veut gentiment désuet. D'une plume élégante l'auteur décrit une idylle naissante dans un environnement bucolique.

Mais tout cela n'est que façade ; un secret, une tension psychologique se tapissent en arrière plan.

J'ai aimé cette histoire.

Le rythme lent qui permet à l'intrigue de s'installer, le mordant des dialogues, la fête basque colorée, la chaleur de l'été et bien sûr le dénouement.

Le style de Trevanian m'a comblée.

Ce roman vaut le détour.
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L'expert

Il s'agit de la suite de la sanction, un roman mettant en scène un amateur d'art qui travaille pour les services secrets à l'occasion afin d'assouvir sa passion des tableaux de maître.

J'apprécie la plume de TREVANIAN et son roman la sanction m'a beaucoup plu. Aussi, qu'elle ne fût pas ma déception à la lecture de l'expert. Ça parle, ça parle, peu d'action, un héros bien terne par rapport à mon souvenir. Pourtant le méchant en face n'est pas un enfant de choeur mais là aussi, ça ne va pas, la fin se règle vite fait bien fait, et voilà c'est fini.

J'avoue ma déception, heureusement il me reste encore d'autres romans à découvrir.
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L'été de Katya

Un roman qui se déroule entièrement dans le pays basque si cher à Trevanian et que j'ai aperçu dans Shibumi.

Un bel hommage aux basques, à leurs caractères et à leurs traditions.

Un roman d'ambiance au cours de l'été 1914, à la veille de la grande guerre, une ambiance qui alterne légèreté et tension, sauf qu'au fur et à mesure c'est la tension qui prédomine et la légèreté qui s'éloigne.

L'auteur souffle le chaud et le froid, il passe de la bonne humeur aux mises en garde, de l'ironie à la bienséance, de l'amour naissant aux fins de non recevoir. Et les rumeurs qui courent sur cette famille parisienne les Treville, "en vacances " dans le village n'offrent pas la sérénité recherchée.

Les dialogues sont toujours aussi piquants, tout en finesse entre les parisiens, surtout le frère, imbu de lui-même, et notre pauvre héros, médecin d'origine basque, qui a tout fait pour cacher son accent lors de ses études à Paris. de belle joutes verbales que j'avais déjà appréciées dans Shibumi.

La tragédie s'annonce lentement mais sûrement, elle ne viendra pas de là où on l'attend mais elle sera bien là.

Une très belle histoire sur fond de pays basque, peut être pas le roman le plus connu de l'auteur mais je continue ma découverte avec plaisir.
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Incident à Twenty-Mile

Je découvre enfin Trevanian avec ce roman western plutôt explosif ! Si la première partie est plutôt calme, on découvre Twenty Miles et ses quinze habitants au côté de Matthew, jeune homme hyper attachant, qui vient d'arriver. Dans la deuxième partie, la tension monte crescendo lorsque Lieder et ses deux acolytes, échappés de prison, débarquent dans la petite ville. Un huit-clos commence pour les habitants, livrés au bon vouloir de ces anciens détenus alors qu'une tempête arrive. Lieber est un sacré personnage, il me faisait un peu penser à Negan de Walking Dead. On ne sais jamais ce qu'il va se passer, qui va mourir et les surprises et rebondissements s'enchainent, jusqu'à la dernière page, nous laissant le souffle court, la gorge un peu nouée. Le genre de récit qui reste en tête un petit moment. Une réussite !

Challenge Mauvais genres 2022
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Shibumi

Titre : Shibumi

Auteur : Trevanian

Editeur : Gallmeister

Année : 1979

Résumé : Nicholaï Hel mène une vie tranquille, retiré dans son château du pays basque. Cet apatride aux allures débonnaires est pourtant un tueur implacable, un homme élevé dans le japon d'après guerre, initié aux techniques d'assassinats les plus raffinées, les plus efficaces. L'irruption de Melle Stern, rescapée d'une tuerie récente, va mettre le feu aux poudres.

Mon humble avis : En cette période de grande disette littéraire, l'irruption de ce roman original a été pour moi une grande bouffée d'air frais. Alors que les bouquins se succédaient, les uns après les autres, sans provoquer de réel intérêt, sans même déclencher l'envie d'en parler, ni en bien ni en mal, je tombais sur ce Shibumi. Une histoire d'espionnage à priori, un texte considéré par beaucoup comme le chef d'oeuvre de Trevanian. Sans grande conviction je me plongeais alors dans ce texte et là, ô miracle, j'étais happé dès les premières pages de ce roman inclassable. Trevanian, de son vrai nom Rodney William Whitaker, fut un auteur mystérieux, refusant les photos et les interviews, un homme vivant reclus dans sa propriété du pays basque français, tout comme Hel, le héros de ce roman. Un héros inclassable, maître de GO et expert en arts martiaux, nourri de culture chinoise et japonaise et fils d'une comtesse russe. Ce tueur aux dons exceptionnels, cet homme qui vécut mille vies, est un héros marquant, un personnage en recherche de perfection, d'excellence personnelle : le fameux Shibumi. Roman protéiforme, roman d'apprentissage, roman d'espionnage, roman engagé, philosophique, ce patchwork d'idées et de réflexions est d'une liberté folle et même si la seconde partie, plus centrée sur l'intrigue mêlant la CIA et la Mother company, m'a paru bien moins convaincante, l'humour et certains personnages, comme celui du cagot - un tartarin basque, poète et fort en gueule - , emporte l'adhésion. Shibumi est un roman libre, et ce n'est pas si courant. L'auteur peut s'égarer dans des grottes basques pendant plusieurs chapitres - pas les meilleurs - puis nous faire partager son avis tranché sur les traits de caractère qui différencie un américain d'un français - hilarant et d'une acuité certaine - puis basculer dans le roman d'espionnage pur et dur avec des meurtres, de l'action et des rebondissements. Inclassable vous dis-je. Inclassable et marquant, comme toute la première partie se déroulant en Asie, avec de superbes descriptions, une analyse très fine et passionnante de l'esprit japonais, et l'éclosion d'un personnage tellement marquant qu'il fut repris des années plus tard par un des meilleurs auteurs de polars américain, j'ai nommé l'illustre Don Winslow.

J'achète ? : Les yeux fermés. Un bouquin d'une originalité folle, une charge sans concession contre l'occident matérialiste, un roman rare, libre, magnétique. Shibumi, retenez bien ce titre et surtout, surtout, ne passez pas à côté de ce texte.
Lien : https://francksbooks.wordpre..
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Shibumi

Imiter les filles du roi Danaos et vouloir combler plus rapidement mes lacunes en classiques US en doublant mes lectures du genre : si ça ne ressemble pas à de la bonne vieille résolution de début d’année, je ne sais pas ce que c’est !



Ainsi, après Nabokov, voilà donc Trevanian, dont j’avais quasiment tout lu sauf le cultissime Shibumi – traduit par Anne Damour et ici révisé par Mathilde Gallmeister - qui attendait depuis longtemps son tour en Totem mais qu’une édition collector superbement illustrée par Qu Lan fit remonter en tête de mes priorités.



Pur bonheur que ces heures passées en compagnie de Nicholaï Hel, espion hors du commun, apatride nourri de la multiplicité de ses cultures japonaises, soviétiques et basques, esthète autant qu’ascète ayant suffisamment cultivé les facultés de ses sens, pour atteindre la grâce de l’état de Shibumi.



Paraphrasant à nouveau Clouzot, un bon livre c’est une bonne histoire, une bonne histoire et encore une bonne histoire. Shibumi fait le job dans une intrigue d’espionnage international à la fin des années 70, où la grande histoire se mêle à celle un peu plus romancée : l’attentat des JO de Munich, Septembre noir, le jeu trouble entre les pays arabes, l’OLP et les USA, avec la CIA pour arbitre et la Mother Company en Big Brother. Les équilibres sont changeants ; les proches des cinq de Munich crient vengeance ; elle aura lieu, dans le sang et la dualité.



Un bon livre c’est un personnage et quel art du portrait chez Trevanian, retraçant à coup de flash-backs de très haut niveau le parcours de Nicholaï et semant un à un, patiemment comme au Go, les indices de compréhension de son implication dans la bataille d’espions.



Un bon livre c’est une atmosphère, en trois dimensions ici : tendue et rythmée dans l’action ; drôle (très drôle) et efficacement sarcastique quand Trevanian se paye (à peu près pendant tout le livre) ses compatriotes américains ; extrêmement poétique et délicate, quand il évoque les paysages naturels asiatiques, son Pays Basque d’adoption ou la seule grâce d’un jardin peu fleuri et pas fini.



J’ajouterais qu’un bon livre enfin – et en ce qui me concerne - c’est un objet éditorial abouti, et que cette édition collector au papier soyeux et aux illustrations noir et blanc épurées donc très évocatrices, est un régal de contenant pour aborder un tel contenu !
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The Main (Le flic de Montréal)

Entre la réalité complexe de la vie d'un quartier, celui du Maine, et des lois politiciennes qui mettent un violeur, un trafiquant de drogue ou un assassin sur le même plan que leurs victimes, le policier Claude LaPointe à vite choisi : ce sera l'adaptation au terrain et aux criminels, les mettant dos au mur par des moyens politiquement incorrects mais o combien efficaces. Très mal vu par ses supérieurs LaPointe est un policier intègre admiré par ses pairs et respecté par la pègre mais quelque peu retors et parfois violent. Et ça marche ! Ou plutôt ça marcherait si sa hiérarchie lui fichait la paix. Hélas....

Chargé de former un apprenti policier, LaPointe va lui montrer la vie telle qu'elle est et non telle qu'on la voudrait, et la façon d'y survivre.... Quelque peu choqué par ses méthodes, le jeune homme modifiera cependant ses idées sur le métier et sur le genre humain mais refusera d'y laisser son âme.

Ce roman, réaliste sans être brutal, et davantage societal que policier, confrontant sans cesse les idées à la réalité, est profondément humain, plutôt gris que tout blanc ou tout noir et sonne très juste.

C'est le monde des petits, des humbles qui apprennent à survivre au jour le jour, qui est décrit ici, face à celui des "grands",des faiseurs d'idées et des donneurs de leçon, de ceux qui croient faire le monde. Et LaPointe, meurtri par la mort de sa femme, cardiaque, coincé entre les deux, suivra son chemin sans céder à aucune pression, mais en s'ajustant à ce qui se présente avec intelligence, pragmatisme et conviction de ce qui est mal et de ce qui l'est moins mais avec lequel on peut s'accommoder.

Un grand livre, admirablement bien écrit et d'une grande profondeur.
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Shibumi

Aucun doute : cinq étoiles pour Shibumi. Une lecture dont le plaisir est doublé par le sentiment de sortir de sentiers mille fois parcourus. Un récit que je ne lâche pas et qui m’emmène dans des endroits surprenants et inconnus.

Ce texte date de 1979. Il évoque quelques évènements réels mais m’a semblé complètement intemporel.

Le contexte : Après la prise d’otages et du meurtre de onze athlètes israëliens, les tensions géopolitiques et les enjeux économiques liés au pétrole sont au maximum. La Mother Company, entité secrète cherche, avec son bras armé la CIA, à maintenir les intérêts financiers américains qui se soucient peu de morale.

Les personnages en présence : Diamond, de la Mother Company, chargé par le président de cadrer les activités de la CIA au moyen orient. Quelques bras cassés de la CIA ayant laissé s’échapper une jeune femme d’une opération de nettoyage. Nicholaï Hel, ancien mercenaire retiré, impliqué malgré lui par ladite jeune femme dans un enième combat dont il se serait bien passé.

Avec le parcours de Nicholaï Hel, personnage déroutant, fascinant, l’auteur nous immerge dans l’histoire du Japon avant et pendant la seconde guerre mondiale, pour ensuite migrer dans les montagnes Pyrénéennes basque. Ma lecture m’a emmenée en voyage dans la simplicité des jardins japonais, à travers les stratégies de jeu de Go, en passant par la spéléologie, quelques-unes des facettes du concept philosophique du Shibumi.

Caustique, très caustique : la CIA en prend pour son grade, les ‘imbéciles’ en prennent pour leur grade (c’est-à-dire à peu près tout le monde), le cynisme s’y déploie dans toute sa splendeur. Il faut aimer. J’aime.

Voici comment un coup de cœur surgit d’un étal Gallmeister comme il en fleurit de plus en plus chez nos libraires préférés. Un bandeau qui attire mon attention. Une quatrième de couverture qui enfonce le clou. Comme quoi, des opérations de marketing bien menées peuvent aboutir à de vrais moments de plaisir.

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La sanction

J’aime bien les livres « entre-deux », ces classiques à rattraper que tu lis entre deux nouveautés, entre deux pavés, ou entre deux monuments de la littérature. Encore faut-il que ces « entre-deux » remplissent parfaitement leur rôle : courts, rythmés, dépaysants… bref, reposants. La sanction de Trevanian, traduit par Jean Rosenthal, a parfaitement rempli ce rôle entre les fêtes.



Jonathan Hemlock, agent secret de la CII, remplit sa dernière mission punitive et nous entraîne des gratte-ciel de New-York aux parois suisses de l’Eiger, en passant par le désert de l’Arizona. N’ayant d’autre valeurs morales que son attachement à la loyauté et la nécessité de gagner l’argent nécessaire à l’élargissement de sa collection privée de grands tableaux de maîtres, Hemlock – officiellement enseignant – dézingue plus vite qu’il n’écrit, sans état d’âme, ni main qui tremble.



Tour à tour pastiche du Saint, de Brett Sinclair, Jason Bourne ou Malko Linge, Hemlock est une caricature au second degré de l’espion de roman : distingué tendance Laphroaig, drôle tendance répartie toujours prête à être dégainée, macho tendance mufle même si ses partenaires semblent apprécier. On sourit au début, puis on s’habitue et on finit même par s’attacher.



Un livre en deux temps, celui de la ville qui pose l’histoire, puis celui de la montagne qui la fait monter en puissance, avec notamment ces jours d’attentes à l’hôtel où l’atmosphère est délicieusement intrigante.



Une deuxième rencontre avec l’écriture élégante et efficace de Trevanian, qui en appelle rapidement d’autres !

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Incident à Twenty-Mile

Whaou le chouette western que voilà !

Un vrai régal !



Dans la marmite bouillonnante du sieur Trevanian (qui apparemment n'est même pas un habitué du genre !), que des ingrédients de premier choix !

On a la petite bourgade poussiéreuse perdue dans les montagnes du Wyoming, la mine d'argent bientôt décrépite, le justicier mystérieux et son énorme fusil, le gros méchant vraiment méchant, la jeune vierge innocente, le saloon-hotel-tripot-bordel et ses prostituées au grand coeur, le détestable homme d'église (brillamment interperté ici par le révérend Hibbard, qui "à lui seul suffit à te faire regretter que l'arche de Noé ait pas coulé corps et biens !") et toute la galerie de personnages forts en gueule qu'on s'attend forcément à trouver dans un patelin de cet acabit : en bref il ne manque rien !

Tout ça mijote à parfaite température pendant 350 pages, l'impayable écrivain-cuistot ajoute ici une pincée d'ironie mordante, là une bonne louche de fusillades pétaradantes, il touille il touille, jongle habilement avec tous les codes du western ... et le résultat est absolument savoureux !



Et pourtant c'était pas gagné !

Faut dire qu'a priori, Twenty-Mile ne fait pas rêver...

Pour s'en convaincre, suffit d'écouter le bon B.J. Stone, ex-instituteur et doyen de la petite communauté : « la ville est moribonde. Ses habitants sont la lie de l'humanité : les paresseux, les poissards, les perdants, les perdus, les piteux, les péteux, les petits. Et là, je te fais que les P, nom de Dieu ! ».

The place NOT to be, quoi.



Eh ben contrairement à toute attente, ça le fait !

Ça le fait grave, même !

Oh qu'il fut bon d'arpenter "main street" sous un soleil de plomb, de palper l'atmosphère délétère qui règne dans ce bled en déclin, de renifler cette bonne odeur de poudre, de sentir la tempête se lever au loin, d'assister tremblant à l'arrivée en ville du vilain Lieder (j'avais rarement croisé un dingue aussi dingue !) et de ses tristes acolytes, et de voir enfin la résistance s'organiser jusqu'au règlement de compte final !



Et quel panard, surtout, de lire les mots fleuris que l'auteur met dans la bouche de ses personnages ! Les dialogues, nombreux et pleins d'humour, sont sans conteste l'un des gros points forts de ce roman (dont Sergio Leone ou Quentin Tarentino, par exemple, n'auraient sans doute rien trouvé à redire).



En fin d'ouvrage, Trevanian avoue s'être inspiré des mémoires d'un vieil épicier rencontré au hasard d'un vagabondage sur le flanc nord des Medicine Bow Mountains.

L'écrivain lui adresse les remerciements suivants, auxquels on ne peut que souscrire : "je lui suis reconnaissant d'avoir retranscrit les paroles des anciens verbatim, capturant ainsi les idiomes goûteux et les métaphores épaisses qui donnaient à la parlure de l'Ouest son inimitable piment avant qu'elle ne meure sous les coups de boutoir de l'anémique homogénéisation télévisuelle de notre culture."

J'aurais pas dit mieux.



Si t'es comme moi, ami lecteur, si t'aimes les bons, les brutes et les truands, les portraits un peu grand-guignolesques et les aventures trépidantes du grand Ouest (où affleurent quand même par moment des thématiques plus larges : étiolement du rêve américain, fin d'un certain âge d'or, replis identitaires et dérives du patriotisme à outrance), alors charge ton colt et remonte donc à ton tour la vieille voie ferrée jusqu'à Twenty-Mile, pour voir ce qu'il en reste.

Crois moi, tu ne seras pas déçu du voyage !
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L'été de Katya

Que la langue de Trevanian est belle... Et heureusement ! Car L'été de Katya traîne un peu en longueur.



Au coeur du Pays Basque, à l'aube de la Grande guerre, les vies de Jean-Marc, jeune médecin remplaçant et de Katya, Parisienne débarquée en province vont se croiser le temps d'un court été.



Il est conquis, amoureux, prêt à ferrailler contre Paul le frère de Katya, imbu de lui-même, condescendant et méprisant, qui s'oppose à ce rapprochement annoncé. Elle est belle, légère, insouciante, mystérieuse, gaie et, a priori, prête à se donner.



Sauf que les choses apparaissent rapidement plus compliquées et qu'un secret semble plomber cette famille Tréville, dont la fuite régulière semble être inéluctable.



Dire que l'intrigue m'a passionné serait exagéré : c'est assez lent, assez long, assez convenu et même le twist final ne fait plus effet. Dommage...



Mais l'atmosphère récréée par Trevanian, tout comme la langue maniée à propos - mention particulière à la traduction d'Emmanuèle de Lesseps - sauvent cette lecture jusqu'à la rendre plaisante. Trevanian vient ici puiser dans la culture française, celle de Proust et de Flaubert, pour recréer l'atmosphère désuète de la province de la belle époque, où l'on fait la cour, discute et médit au café, danse à la fête, pique nique sur l'herbe au cours d'une excursion en cabriolet... Insouciance délicieuse et décalée alors que les canons s'affutent dans les pays voisins.



Et même si la campagne est belle, le drame n'y est pas pour autant absent.
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Shibumi

J’avais beaucoup de craintes en ouvrant ce roman étant totalement hermétique à la plus simple histoire d’espionnage.

Seule l’insistance d’une amie m’a incitée à franchir le pas et c’est tant mieux, car bien que certains passages m’aient semblé obscur, j’ai aimé découvrir la vie de ce héros hors norme, à la fois joueur de Go, spéléologue et tueur professionnel.



J’ai par contre déploré certaines longueurs, principalement le passage concernant la spéléologie qui m’a profondément ennuyée.



En conclusion, « Shibumi » est un rendez-vous à demi raté, mais je n’ai pas de déception car je m’y attendais.





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Shibumi

Trevanian réussit une prouesse : nous faire aimer un tueur, nous le rendre sympathique et vierge de toutes opprobres. Comment y parvient-il ? En le dotant d’une philosophie de la vie, inspirée de la tradition orientale : le shibumi.

Le shibumi « implique l’idée du raffinement le plus subtil sous les apparences les plus banales. (…) shibumi est compréhension plus que connaissance. Silence éloquent. Dans le comportement, c’est la modestie sans pruderie. Dans le domaine de l’art, où le shibumi prend la forme de sabi, c’est la simplicité harmonieuse, la concision intelligente. En philosophie, où shibumi devient wabi, c’est le contentement spirituel, non passif ; c’est exister sans l’angoisse de devenir. Et dans la personnalité de l’homme, c’est… comment dire ? L’autorité sans la domination ? Quelque chose comme cela ».

Hel (on appréciera le nom de famille), le héros, ne tue pas sans raison mais toutes les raisons sont bonnes pour tuer un terroriste, quel qu’il soit. On le suit donc depuis sa jeunesse jusqu’au dénouement final, riche en émotions. J’ai particulièrement aimé sa jeunesse japonaise, un peu moins ses aventures spéléologiques. Ce qui rend ce roman irrésistible, c’est l’opposition fascinante entre une organisation globale, froide et cynique et la personnalité d’un homme qui perpétue le crime avec élégance et réflexion. On peut seulement reprocher à l’auteur ses considérations plus ou moins caricaturales sur les diverses nations représentées et certains passages un peu clichés dans l’amour et la violence qui ne feraient pas rougir un bon vieux SAS de gare. Un roman qui ne se lâche pas, avec suffisamment de « marqueurs de mémoire » (le héros, le shibumi, le pays basque, les personnages) pour ne pas disparaître de votre mémoire au bout de quelques jours.
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La sanction

Une réédition du célèbre polar - abusivement attribué ici à Don Winslow - mais il s'agit bien de l'oeuvre du mystérieux Trevanian, comme l'indique on ne peut plus clairement la première de couverture!



Un mix entre le roman d'espionnage, la satire et le thriller de montagne.



Une mise en bouche un peu longuette, pour présenter Jonathan Hemlock, le héros- un espion cynique et l' exécuteur des basses oeuvres du CII , chargé de ces "sanctions" radicales commanditées par un chef de service albinos et doucement psychopathe.



Jonathan vit dans une église au milieu de ses toiles impressionnistes - fruit de son dur labeur- C' est un Don Juan à sang froid, un ami inconditionnel, un collectionneur compulsif, un assassin impeccable et un as de la grimpette...Il est chargé d'une mission qui met en jeu ces multiples talents mais on a du mal à se passionner pour cette "sanction" qui ne se met vraiment en place que dans le dernier quart du récit.



Quelques pages formidables- moins ironiques, très techniques et parfaitement stressantes - sur l'ascension du Nordwand, la face nord de l'Eiger, cet Ogre vorace et sanguinaire qui a déjà dévoré tant de valeureux alpinistes...



L"humour et le "non sense " vont difficilement de pair avec le suspense: heureusement que la montagne tend la corde de nos angoisses à craquer...ce qu'elle ne manque pas de faire, d'ailleurs..





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Nuit torride en ville

Prêts pour une ou deux nuits torrides en ville avec un inconnu ?



Trevanian prouve une fois de plus son talent sur format court.



Pas l'temps ni la foi pour vous plonger dans Shibumi car le pavé est trop hypé ? Le western ça sent trop les d'ssous d'bras et la poudre à canon ? Vous détestez les anti-héros de romans d'espionnage ?



Lisez-donc ce recueil croustillant. Les nouvelles y sont variées et permettent de découvrir tout l'habileté de l'auteur tant en terme de style que de rythme.



Servi par une superbe traduction de Fabienne Gondrand qui rend largement honneur au style mordant, malin et affûté de l'auteur, ce recueil est un plaisir renouvelé à chaque nouvelle qui le compose.



Vous allez en découvrir des belles. Un petit tour le long des voies en compagnie d'un vieux roublard rusé comme pas deux, une nuit dans la chaleur étouffante d'une petite ville américaine, une précipitation qui mène à de curieuses surprises ou encore un flirt avec la vie d'un écrivain à succès. Et si les mondanités ce n'est pas votre truc, venez donc vous régaler à l'ombre d'un grand arbre sous le cagnard du Pays Basque, observer ces deux mégères se disputer un pommier, sortez l'pop corn car ça le spectacle régale.



Trevanian c'est un peu le VTT tout suspendu sur vitaminé : ça roule toujours, c'est agile, surprenant d'aisance peu importe le terrain et fonctionne à tous les coups.



Tres heureux que Gallmeister nous propose ces nouvelles dont je n'avais pas connaissance, un rab de Trevanian, ça a un côté providentiel, il régalera ses lecteurs avertis et ceux qui le découvriront par la même occasion.
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L'été de Katya

Attirée par la magnifique couverture de cet ouvrage, publié par les éditions Gallmesteir (édition que je connais finalement assez peu), j’ai eu l’opportunité de découvrir ce roman d’un auteur américain, Trevanian, mais qui se déroule en France et plus précisément, à Salies, village typique du Pays Basque.



Eté 1914. Alors que la menace de la guerre plane sur la France, Jean-Marc Montjean est un jeune médecin fraîchement diplômé de Paris qui, le temps d’un été, décide de retourner dans sa région natale, pour exercer en tant qu’associé du Dr. Gros. Rêveur, romantique, ayant l’âme d’un poète, Jean-Marc voit sa vie basculer lorsqu’une jeune femme, Katya, fait appel à lui pour soigner son frère blessé. Cette rencontre signe un tournant dans le quotidien plutôt oisif du médecin : en intégrant « à sa manière » la vie des Tréville, Jean-Marc tombe fou amoureux de Katya, tout en percevant un mystère dans cette famille…



Si les critiques évoquent une ambiance à la Daphné du Maurier (en particulier, de son roman le plus célèbre, « Rebecca »), à mes yeux la comparaison s’arrête là. Effectivement, mystère, ambiance pesante, folie et drame caractérisent ces deux romans, mais L’Eté de Katya évolue inexorablement vers une conclusion glaçante, voire effrayante, à laquelle le lecteur ne s’attend pas, là où Rebecca présente une note d’espoir.



Ce que je retiendrais de cette œuvre, c’est avant tout son ambivalence ; ambivalence se reflétant aussi bien dans les descriptions que dans la personnalité des protagonistes. En effet, d’une plume raffinée, Trevanian évoque la chaleur d’un dernier été en temps de paix, la beauté des fleurs des champs cueillies au cours d’un pique-nique bucolique, la vie tranquille d’un village basque, une nuit de fête particulièrement animée, ou encore les rêveries d’une jeune femme insouciante, tout en décrivant avec force les effets de la peur, une personnalité aux différentes facettes, une violente bagarre, les raisons d’une fuite précipitée ainsi que d’un crime effroyable…



L’Eté de Katya m’a donc incroyablement marquée : je lui ai trouvé une puissance, un souffle romanesque, une touche de tragédie dignes des plus grands romans, servis par une écriture d’une grande beauté.



Une œuvre que je ne regrette pas d’avoir lue !

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La sanction

Un livre que j'ai apprécié car j'aime ce qui touche à la montagne. Bien que ce soit un policier, avec course poursuite, la montagne est bien présente.

On se demande qui est le tueur ?

Comment cela va se terminer ?

J'ai trouvé que le début était lent, comme beaucoup de livre de la collection Gailmeister.

C'est ce qui m'a gêné au début, mais au fur et à mesure la tension monte et nous tient en haleine jusqu'au dénouement.

Une belle écriture fluide. Les descriptions y sont très belles ce qui n'enlève rien à l'histoire.

Je lirai d'autres livres de cet auteur car ce roman m'a plu.

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Shibumi

J'avoue avoir été surprise par ce roman.

On débute dans le Japon de l'après-guerre avec Nicholaï, un jeune apatride, adepte du jeu de go et de son maître. Il se retrouve enfermé pour meurtre, torturé, sans procès, pendant des années. On le retrouve après, vieil homme au pays Basque, devenu assassin, chasseur de terroristes, et spéléologue affirmé aux prises avec une compagnie internationale secrète.

Ce roman est protéiforme. Art et honneur japonais, situation politique internationale, géologie et spéléologie, culture basque, érotisme... En réalité tous les aspects ont réussi à m'intéresser, même la spéléologie ! Il faut dire que le point central, la personnalité de Nicholaï Hel est fascinant. J'ai été entraînée dans cette lecture du début à la fin, sans perte d'attention, même en livre audio.

Un très très bon moment !
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Incident à Twenty-Mile

L'auteur de Shibumi a repris dans Incident à Twenty-Miles tous les codes du western en y ajoutant sa touche personnelle, un excellent sens de l'action et du rythme.



Twenty-Miles serait une ville fantôme si une poignée d'habitants n'y étaient accrochés comme des naufragés à un radeau. Se comptant sur les doigts des deux mains, et encore, des mains d'estropié, ceux-ci vivent au quotidien dans un isolement qu'on pourrait qualifier de spectral, jusqu'au retour, chaque samedi, des quelques dizaines de mineurs descendant du train après une semaine de labeur dans les entrailles de la montagne bientôt stérile, pour dépenser et brûler leur énergie entre l'alcool, un bain brûlant, et les trois prostituées de l'hôtel, l'ordre de ces « plaisirs » n'étant pas toujours respecté...



Passés ces deux jours de bombance, Twenty Miles retombe dans le morne quotidien d'une ville oubliée du monde. Mathew, récent orphelin de père et mère, a dérivé jusqu'ici et tel un oisillon tombé du nid tente de faire son trou en offrant ses bras et sa bonne humeur constante à qui lui fera l'aumône du gîte ou du couvert.



La torpeur qui baigne Twenty-Miles va se retrouver secouée par le passage d'un fléau, de loin pire que les tempêtes auxquels les habitants sont régulièrement confrontés. Lieder, qui s'est évadé de prison en entraînant avec lui deux brutes épaisses dont la sauvagerie est proportionnellement inverse à leur intelligence, est un véritable psychopathe qui s'est donné pour mission de régénérer une Amérique pourrissante. S'affranchissant de toute morale, Lieder va imposer sa folie meurtrière aux quelques résidents permanents.



Tout semble écrit en lettres de sang. Face au trio infernal, la petite société de Twenty-Miles semble vouée à disparaître ou à se soumettre à la perversion de ces âmes damnées, semblant tout droit sorties de l'enfer.



Que peut faire un jeune homme, apparemment bon comme le pain, pour s'opposer à des fous furieux ? Pour cela, il faudrait que Mathew ne soit pas qu'uniquement du bon grain, qu'il y ait une part d'ivraie en lui, qu'il y ait une autre face à sa personnalité. Que se passera t'il quand, fuyant une réalité qui fait peur, Mathew se réfugiera dans l'Autre Endroit ?



Ce livre est une véritable réussite, Trévanian déroule une histoire prenante, intense, au dénouement magistral. Ceux qui ont lu Shibumi ou la sanction ne sauraient être déçus par ce western parfaitement écrit. En ce qui me concerne, je l'ai même préféré à ces deux autres romans. Pour résumé, un western que l'on aimerait voir adapté sur le grand écran.
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