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Citations de André Gorz (249)


Chaque acte autonome de décision est un acte de pouvoir, et l'absence de possibilité de décision est une absence de pouvoir.

Il Manifesto
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Le capitalisme est contraint de prendre en compte les coûts écologiques sans qu’une attaque politique, lancée à tous les niveaux, lui arrache la maîtrise des opérations et lui oppose un tout autre projet de société et de civilisation. Car les partisans de la croissance ont raison sur un point au moins : dans le cadre de l’actuelle société et de l’actuel modèle de consommation, fondés sur l’inégalité, le privilège et la recherche du profit, la non-croissance ou la croissance négative peuvent seulement signifier stagnation, chômage, accroissement de l’écart qui sépare riches et pauvres. Dans le cadre de l’actuel mode de production, il n’est pas possible de limiter ou de bloquer la croissance tout en répartissant plus équitablement les biens disponibles.

Tant qu’on raisonnera dans les limites de cette civilisation inégalitaire, la croissance apparaîtra à la masse des gens comme la promesse — pourtant entièrement illusoire — qu’ils cesseront un jour d’être « sous-privilégiés », et la non-croissance comme leur condamnation à la médiocrité sans espoir. Aussi n’est-ce pas tant à la croissance qu’il faut s’attaquer qu’à la mystification qu’elle entretient, à la dynamique des besoins croissants et toujours frustrés sur laquelle elle repose, à la compétition qu’elle organise en incitant les individus à vouloir, chacun, se hisser « au-dessus » des autres. La devise de cette société pourrait être : Ce qui est bon pour tous ne vaut rien. Tu ne seras respectable que si tu as « mieux » que les autres.

Or c’est l’inverse qu’il faut affirmer pour rompre avec l’idéologie de la croissance : Seul est digne de toi ce qui est bon pour tous. Seul mérite d’être produit ce qui ne privilégie ni n’abaisse personne. Nous pouvons être plus heureux avec moins d’opulence, car dans une société sans privilège, il n’y a pas de pauvres. (pp. 18-19)
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Tu vas avoir 82 ans. Tu as rapetissé de six centimètres, tu ne pèses que quarante-cinq kilos et tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait cinquante-huit ans que nous vivons ensemble et je t’aime plus que jamais. Je porte de nouveau au creux de ma poitrine un vide dévorant que seule comble la chaleur de ton corps contre le mien. […]
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« La richesse d'une nation – c'est une réponse à Adam Smith – ne réside pas dans le volume des richesses produites mais dans le fait qu'au lieu de produire les richesses dont cette nation a besoin en 8 heures chaque jour, on en utilise seulement 4. Autrement dit, la mesure de la richesse, c'est le temps disponible – 'disposable time'. »
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« Si vous voulez permettre une qualité de vie meilleure, il faut changer non seulement de technique mais de paradigme ; c'est-à-dire qu'il faut réorienter le système économique de façon à maximiser la valeur d'usage des produits – donc leur longévité, leur qualité intrinsèque – au lieu de chercher à maximiser leur valeur d'échange, c'est-à-dire ce que ça rapporte à chaque entreprise ou à la croissance économique en général. Et vous ne pouvez pas imaginer une reconversion écologique, c'est-à-dire une restructuration de l'appareil de production en vue d'avoir non pas « plus et moins bien » mais « moins mais mieux » – consommer moins tout en vivant mieux – […] sans engager une politique globale au service d'un autre paradigme écologique, et pas seulement vous occuper de la préservation de l'environnement. Une politique écologique est nécessairement une politique anticapitaliste. »
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Aussi loin que je me souvienne, j'avais toujours cherché à ne pas exister. Tu as dû travailler des années durant pour me faire assumer mon existence. Et ce travail, je crois bien, n'a jamais été achevé.
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L’Occident est victorieux ; il n’existe pas d’autre système économique que le capitalisme. Les pauvres gens d’Europe centrale et orientale l’ont appelé de leurs vœux pendant des décennies. Ils croyaient qu’avec l’effondrement du « socialisme réel », ils allaient entrer dans le royaume de la liberté, de la prospérité, de la sécurité et de la justice. Ils s’étaient empressés de voter à droite, pensant que la droite représentait le conservatisme, la sécurité, le bien-être individuel, l’ordre social et moral fondé sur les valeurs traditionnelles. Mais non, la droite représente le marché, la compétition, les contraintes productivistes, la passion du profit et l’amour du gain, l’écrasement des plus faibles, le démantèlement de la Sécurité sociale et des services publics, le chômage pour un tiers, bientôt peut-être pour la moitié des actifs de l’ex-RDA, entre autres. Ils ont été délivrés de l’ordre totalitaire ? C’est bien. Et maintenant, « la liberté pour quoi faire ? ».

Le capitalisme ne s’accommode pas d’un ordre social stable. Cette constatation se trouvait déjà dans le Manifeste communiste : « Tout ce qui est solide se dissout dans l’air » ; ce qui résiste au changement sera impitoyablement balayé. La sécurité, la stabilité, le salut ne peuvent avoir d’existence qu’imaginaire, mythique, religieuse. La nation, le sentiment national, le nationalisme remplissent le vide qu’a laissé la disparition de l’ordre social-communautaire enraciné dans la tradition. L’« identité » disparue avec cet ordre ne peut plus exister que sous la forme d’une auto-affirmation vide de contenu, d’un « nous c’est nous » : le Bien c’est nous, le Mal vient d’eux, ils sont coupables, eux, de la perversion des mœurs, de la décadence de la nation, de la disparition de la cohésion national-communautaire. Protégeons-nous contre eux, faisons de notre identité les murs d’une forteresse imprenable.
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Nous étions l'un et l'autre des enfants de la précarité et du conflit. Nous étions faits pour nous protéger mutuellement contre l'une et l'autre. Nous avions besoin de créer ensemble, l'un par l'autre, la place dans le monde qui nous avait été originellement déniée.
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J’étais arrivé à l’âge ou on se demande ce qu’on a fait de sa vie, ce qu’on aurait voulu en faire. J’avais l’impression de n’avoir pas vécu ma vie, de l’avoir toujours observé à distance, de n’avoir développé qu’un seul côté de moi-même et d’être pauvre en tant que personne. Tu étais et avais toujours été plus riche que moi……. Tu étais de plain-pied dans ta vie tandis que j’avais toujours été pressé de passer à la tâche suivante, comme si notre vie n’allait réellement commencer que plus tard.
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Je me suis dit que nous devions enfin vivre notre présent au lieu de nous projeter toujours dans l’avenir.
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Tu avais une connivence contagieuse avec tout ce qui est vivant et m’a appris à regarder et à aimer les champs, les bois et les animaux. Ils t’écoutaient si attentivement quand tu leur parlais que j’avais l’impression qu’ils comprenaient tes paroles. Tu me découvrais la richesse de la vie et je l’aimais à travers toi.
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Je déteste l'expression "mon livre" : j'y vois le propre d'une vanité par laquelle un sujet se pare des qualités que lui confèrent les autres en tant qu'il est lui-même un Autre. (p.49)
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Ce n'est pas ce qu'il écrit qui est le but premier de l'écrivain. Son besoin premier est d'écrire. (p.32)
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Le politique est le lieu d'affrontement entre l'exigence morale et les nécessités extérieures.
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Au bout de notre troisième ou quatrième sortie, je t'ai enfin embrassée.
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Je ne savais pas quels liens invisibles se tissaient entre nous. Tu n'aimais pas parler de ton passé. Je comprendrai petit à petit quelle expérience fondatrice nous rendait d'emblée proches l'un de l'autre.
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Nous n’étions pas pressés. J’ai dénudé ton corps avec précaution. J’ai découvert, coincidence miraculeuse du réel avec l’imaginaire, l’Aphrodite de Milos devenue chair. L’éclat nacré de ta gorge illuminait ton visage. J’ai longtemps contemplé, muet, ce miracle de vigueur et de douceur. J’ai compris avec toi que le plaisir n’est pas quelque chose qu’on prend ou qu’on donne. Il est manière de se donner et d’appeler le don de soi de l’autre. Nous nous sommes donnés l’un à l’autre entièrement.
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" Le chapitre devait marquer le tournant majeur de ma vie. Il devait montrer comment mon amour pour toi, mieux, la découverte avec toi de l'amour, allait enfin m'amener à vouloir exister; et comment mon engagement avec toi allait devenir le ressort d'une conversation existentielle. Le récit s'arrête donc avant la rédaction du Traître, avec le serment de ne jamais me laisser séparer de toi. [...] L'ennui, c'est qu'il n'y a aucune trace de conversation existentielle dans ce chapitre, aucune trace de ma découverte de l'amour, ni de notre histoire. Mon serment reste formel. Je ne l'assume pas, ne le concrétise pas [...] Je prétends parler de toi comme de la seule femme que j'ai aimée d'amour et de notre union comme la décision la plus importante de nos deux vies. "
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Nous aimerions chacun ne pas avoir à survivre à la mort de l'autre. Nous nous sommes souvent dit que si, par impossible, nous avions une seconde vie, nous voudrions la passer ensemble.
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Au lieu de se demander comment faire pour qu'à l'avenir tout le monde puisse travailler beaucoup moins, beaucoup mieux, tout en recevant sa part des richesses socialement produites, les dirigeants, dans leur immense majorité, se demandent comment faire pour que le système consomme davantage de travail- comment faire pour que les immenses quantités de travail économisées dans la production puissent être gaspillées dans des petits boulots dont la principale fonction est d'occuper les gens.
Et, comme il devient évident que les petits boulots ne suffiront pas à rétablir le plein emploi à plein temps, on nous présente maintenant la réduction de la durée du travail non comme une émancipation possible, mais comme un sacrifice nécessaire et une contrainte : celle d'un partage du travail et des salaires, ceux-ci devant diminuer dans la même proportion que la durée de celui-là
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