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Critiques de André Malraux (272)
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Le Temps du mépris

Je trouve tout à fait incroyable d'être le premier à écrire une critique de ce livre magnifique d'André Malraux.

En février 1933, après l'incendie du Reichstag, Hitler frappa le parti communiste : près de 4000 de ses militants furent alors arrêtés, dont son chef, Thaëlmann. Tous les partis furent successivement dissous à l'exception du parti national-socialiste qui fut érigé en parti unique le 14 juillet 1933. Voilà le décor dans lequel s'inscrit ce roman injustement oublié de Malraux.

Son héros, Kassner, échappe à la prison et à la mort grâce à un détenu communiste qui prétend être Kassner pour préserver un cadre important du parti.

Dans un très beau passage où le véritable Kassner retrouve la femme qu'il aime, Anna, celle-ci lui demande : "ils ont accepté la fausse identité ?

- Quelqu'un a déclaré qu'il était Kassner.

Elle leva les yeux dans un silence si précis qu'il put répondre :

- Non, je ne sais pas qui ...

Elle s'assit sur le divan, près de la fenêtre. Elle se taisait et le regardait comme si une part de lui même était restée dans la mort avec celui qui s'était livré."

Peu de femmes laissent une empreinte forte dans les romans de Malraux. Anna fait exception. Sans doute ce personnage de femme lui est-il inspiré par celle dont il était alors très amoureux, Josette Clotis.

Comme dans tous les romans de Malraux (ou presque) la politique est bien présente ; mais je vois aussi dans ce livre une relation d'amour qui me rend son auteur plus proche et plus attachant.







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Lazare

Selon Marcel Arland, l'un des vieux amis de Malraux, Lazare est le plus beau de ses livres, le plus sincère. Je ne suis pas loin, moi aussi, de le penser. Malraux raconte là sa confrontation avec la maladie après l'attaque qui l'a conduit à être hospitalisé 15 jours. Sur son lit de malade, face à la mort, il note ce qu'a été pour lui cette proximité : " Je ne rencontre pas plus le bilan de la vie que le vertigineux passé de la noyade. Aucun attendrissement pour ce qui doit disparaître avec moi. Peu de souvenirs de sentiments, même d'amour....Des images, pas d'évènements, sauf si je les cherche." Et plus loin, considérant les fleurs qu'on lui a offertes, il note :" il y a des cyclamens et j'aime leurs pétales charnus comme j'aime les champignons. Quel Japonais m'a dit : si vous regardiez les fleurs de la même façon que vous regardez les chats, vous comprendriez honorablement la vie."

J'aime ses discussions avec le médecin qui le soigne. le voyant rire, Malraux remarque : "Le rire dévoile dans les hommes leur visage d'enfant. le professeur devient à la fois un praticien goguenard et un gamin à bouclettes, malgré le front sérieux." Mais la conversation devient grave. À Malraux qui lui demande ce qui aide les malades, le professeur répond que les sceptiques sont plus déprimés que les croyants. Malraux avait déjà évoqué ce qu'il appelle l'aquabonisme, c'est-à-dire le sentiment qui vous fait dire à quoi bon vivre, dans ses Antimemoires. le médecin lui rappelle son ami Jacques Méry, ce professeur du Lycée de Saïgon dont il dresse la figure dans plusieurs de ses oeuvres antérieures. "L'aquabonisme dit le professeur nous le soignons, maintenant.

- Auriez-vous guéri Lawrence (Laurence d'Arabie, d'après Malraux qui s' était intéressé à cet aventurier de legende, aurait été un aquaboniste) ?

- Qui sait ? Je vous soigne bien. Mais aurait-il accepté d'être soigné ?



Il faut lire Lazare, récit d'une résurrection qui donnera à Malraux deux à trois ans de répit, avant son décès en 1976. Il faut le lire comme un long poème incantatoire où l'on retrouve la plupart des thèmes qui parsèment son oeuvre.
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Romans : Les Conquérants - La Voie royale - L..

Le premier livre que j’ai lu de La Pléiade. C’était en 1977. La condition humaine de Malraux. Ce n’est pas qu’un récit, c’est l’Histoire vue de l’intérieur, ici celle de la révolution (ratée) en Chine en 1927. Des passages sont superbes : le premier meurtre perpétré par Tchen, le partage de la capsule de cyanure… En le relisant 45 ans plus tard, je suis toujours ému par l’héroïsme et l’engagement des personnages mus par la conscience de faire l’Histoire et par la conscience d’avoir une mission. C’est d’ailleurs cela la condition humaine : être capable de donner du sens à sa vie, à son existence, à ses actes, à ses choix.
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La Voie Royale

Je me demande pourquoi je n’ai pas abandonné.



Quelle plaie à lire - aucune profondeurs de personnages, pillage et colonialisme banalisé. Aventures qui s’en sont pas.

Deux hommes blancs qui s’apprêtent à voler gaiement des parts d’histoires au Vietnam, des descriptions lunaires de scène sur les quelles un insomniaque retrouve le sommeil.

Fuyez tant qu’il est temps



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La condition humaine

Émettre une critique sur un tel classique a bien peu de sens. Bien sûr, ce roman est une merveille d’écriture, avec des personnages très touchants. Bien sûr, les réflexions philosophiques qui en découlent sont infinies. Mais cela tombe sous le sens. Je pense plus intéressant d’expliquer rapidement ce que j’y ai trouvé.

Les personnages m’ont semblé extraordinaires, notamment Kyo et Gisors. Leur réflexion sur le sens de la vie, le sens de la lutte mais aussi sur l’amour ou la mort m’ont passionné. J’ai trouvé un côté un peu socratique à Gisors et cela me l’a rendu passionnant.

Malraux nous présente des personnages très divers, certains odieux (comme Ferral) et d’autres avec bien plus de valeurs. Mais ils nous sont présentés avec beaucoup d’humanisme, ce qui fait que notre investissement est total (on compatit par exemple avec Tchen, jeune garçon perdu avec des idées extrémistes).

Cependant, un élément a fortement entravé ma lecture, c’est le contexte historique. L’histoire de déroule au début de la révolution chinoise, avant l’arrivée de Mao au pouvoir. J’ignorais tout de cette période et il a fallu que je me renseigne pour bien tout comprendre. Je vous encourage fortement à faire de même !

Bref, un immense classique, avec une très grande portée philosophique, à lire et à relire absolument !

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La condition humaine

Je ne sais vraiment pas quoi penser de ce roman. Heureuse de l'avoir découvert durant mes études, une analyse de l'incipit qui m'a intriguée, j'avais hâte de me plonger dans ces pages.

C'est indéniablement un grand roman. Une écriture puissante, des personnages forts.

Mais je n'ai pas du tout accroché à l'histoire. Cette révolte, toute cette brutalité et cette fureur ne m'ont pas atteinte. Je suis restée en retrait. Je n'ai sans doute pas les connaissances nécessaires pour avoir pu en apprécier toutes les nuances.
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La Voie Royale

Pas facile à lire. Ses phrases sont longues et demandent souvent une relecture. Le lisant comme un récit d'aventure, vite, on passe au travers des réflexions sur la mort. Et la souffrance intolérable avant cette mort.

Par ailleurs, ce qui se passe là, aller chercher des œuvres d'art dans un pays qui n'est pas le leur et les emporter pour en tirer une "fortune" , ce n'est pas vraiment contre l'ordre établi. Celui-ci pillant allègrement tous les pays qu'il colonisait. Nos musées sont là pour en témoigner.



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La Voie Royale

Que dit le Sphinx quand il parle ?

ET

Que faire de ses paroles ? Sont-elles trop peu humaines pour être compréhensibles, ou ne le sont-elles que trop ?



L’immensité. L’horreur devant cette immensité. L’immensité de l’horreur

Et les actes que l’on commet pour conjurer l’une et l’autre. Toute culture serait un système, souvent décousu, pour conjurer l’immensité de l’existence, l’énormité de son mystère, l’horreur de l’inadéquation entre les espérances de l’homme, et ses moyens propres. Inadéquation qui se montre sous les traits de la souffrance et de la mort. Tout système - surtout décousu - a ses exceptions, et c’est de ces exceptions que Malraux veut nous parler ici. Des êtres marginalisés par leur refus du système qui permet aux autres de vivre, d’éprouver la joie ou l’amour, l’espoir même, malgré la souffrance et la mort qui rôdent autour de la vie, la contraignent, et la pénètrent.



Claude et Perken sont aventuriers. Par choix, non par contrainte. Ils veulent faire de leurs vies un acte dé défi, faire un éclat, laisser une trace. Avec toute l'effronterie d’un tag sur un mur de villa bourgeoise. Perken a une longue expérience de ce type d’existence et veut “ tracer une cicatrice sur la carte” : se construire un petit royaume parmi les tribus insoumises au Haut-Laos. Pour cela, il faut des armes, et pour les acheter, des fonds. Claude débute, peut-être ne sait-il pas encore très bien ce qu’il veut, mais un raid en territoire cambodgien parmi les tribus encore sauvages, pour voler des oeuvres d’art de temples encore à découvrir, puis les revendre, c’est déjà l’aventure, c’est déjà l’excès. Ils font connaissance sur le bateau qui les mène en Indochine…



L’affrontement entre ces êtres atypiques - héroïques ? - et la réalité de l’existence, prend la forme d’une lutte avec la forêt tropicale, grouillante de formes de vie hostiles ou terrifiantes, et avec les tribus insoumises, dont le mode de vie n’est pas reconnu comme culture, mais appellé “sauvagerie”, terme indifférencié, qui recouvre peut-être l’incompréhension envers des peuples qui ne se sont pas encore détachés de leur milieu naturel, pour s’y opposer et le contraindre. Affrontement qui apporte la mort ou la gloire, tous deux soldant le compte de l’intéressé, car les morts retournent au silence.



La Condition Humaine avait conté l’histoire d’hommes enragés par la misère et l’injustice. Des hommes n’ayant rien à perdre, pour qui la mort serait une forme de délivrance. Qu’ils se jettent dans l’aventure d’une lutte même désespérée était plus que compréhensible. Que certains le fassent par un choix calme et délibéré me parait plus problématique. Doit-on étendre son emprise sur la vie des autres pour arriver à une renommée qui permettrait de résister un peu plus longtemps à l’oubli, au silence du tombeau ? Tous les dictateurs, tous les conquérants n’ont ils pas nourri ce rêve, et si certains échappent partiellement à la renommée de bouchers et de monstres ( Alexandre le Grand ou Napoléon) n’est-ce pas grâce à quelques coups d’encensoir dispensés par l'Éducation Nationale ? Qu’y a t-il de glorieux, d’enviable à une telle mémoire ? L’Homme, se mesurant directement à l’Immensité, ou au Néant, devient cette Horreur qu’il espère pacifier.

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La condition humaine

Croyant à un chef-d'œuvre, je me suis profondément ennuyé. Aucune empathie, aucun lien ne s'établit. J'en ai abandonné la lecture après que j'ai reçu l'absolution par une amie professeure de littérature et lectrice émérite de livres qui en valent l'effort.
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La condition humaine

Ce grand classique me laisse sur un sentiment un peu mitigé, proposant des phrases magnifiques qui viennent servir une intrigue en dents de scie où s’intercalent de façon assez bizarre de grands raisonnements métaphysiques assez troubles.



L’œuvre se fonde sur des éléments historiques, mais donne lieu à de nombreuses digressions d’ordre philosophiques et politiques. L’histoire se situe dans un Shanghaï en pleine révolution communiste contre un gouvernement chinois inféodé aux puissances occidentales et japonaise au début du XXe siècle. Menés par des leaders idéalistes, les travailleurs chinois se révoltent et s’emparent de la ville pour chasser les troupes gouvernementales. L’arrivée des troupes nationalistes, alliées de circonstance, parachève la victoire, mais vient poser un problème de conscience aux chefs de l’insurrection, sommés par Tchang-Kaï-Chek et par leur propre parti de rendre leurs armes alors que le retournement imminent des nationalistes contre les communistes ne fait aucun doute.



Résumé comme cela, on reste évidemment à la surface de l’œuvre en ne voyant que le concret, tandis que le livre est éminemment abstrait. Il est d’ailleurs assez déstabilisant de voir les personnages développer à quelques heures du signal du combat des réflexions métaphysiques sur le communisme comme véhicule d’une aspiration universelle qui le dépasse, sur l’amour, sur les liens terrestres, sur le fait de donner la mort, là où l’on pourrait légitimement s’attendre aux préoccupations très terre-à-terre des derniers préparatifs d’une opération désormais décidée. Il n’y a pas vraiment de personnage principal, le point de vue change d’un chapitre à l’autre en se focalisant sur sept ou huit personnages différents qui sont tous l’incarnation d’un rapport à leur cause, de valeurs humaines et d’une échelle d’action. On peut se trouver à un moment en présence de Tchen menant ses hommes à l’assaut d’un poste alors que rien ne le distingue a priori de tous les autres chefs qui combattent en même temps dans la ville, et à un autre en présence de Ferral défendant le renflouement du Consortium chinois par les banques dans le bureau d’un ministre français. Il y a ainsi un mélange délibéré des perspectives, des plans futiles sur le référentiel historique mais significatifs sur le référentiel intérieur, et inversement. Il y a néanmoins une focalisation plus évidente sur Tchen, jeune révolutionnaire qui fait l’expérience du meurtre et développe, de façon consciente, une forme d’addiction, et sur Kyo, vu comme étranger par toutes les classes et toutes les communautés, qui entend concrétiser l’enseignement marxiste d’un père éternel théoricien.



Paradoxalement, on compte un peu les Chinois sur les doigts de la main dans cette ville perpétuellement dans la nuit où plus d’un personnage sur deux est un Occidental ; les Chinois ne sont en général désignés que comme des masses anonymes. L’atmosphère festive de la ville, incarnée par le personnage haut en couleurs de Clappique qui apporte la seule touche d’humour, dissimule mal la colère larvée qui se déchaîne, d’abord pour rejeter l’ordre occidental, ensuite pour survivre à l’ordre nationaliste. Cette atmosphère évolue peu à peu vers l’angoisse : les attaquants deviennent les assiégés, la tête pensante du parti communiste abandonne ses partisans à une mort certaine pour d’obscures raisons stratégiques à long terme, et l’on atteint un point culminant avec le célèbre chapitre de la chaudière de locomotive, véritablement excellent, où il est impossible de ne pas participer comme si l’on y était à une attente effroyable qui est déjà, en soi, une torture. Alors que le roman voit des masses s’affronter au nom d’idéaux qui les englobent, l’image extrêmement pessimiste de l’homme qui est renvoyée est celle d’une perpétuelle solitude, d’une impossibilité de faire confiance à l’autre, d’une méconnaissance fatale au-delà de l’échelle individuelle, que ce soit dans la relation de camaraderie, dans la relation de hiérarchie, ou dans la relation amoureuse.



Un livre pas forcément évident pour tout le monde, très peu orthodoxe sur la forme (ce qui n'est pas une critique), très hétéroclite dans ses registres et ses thématiques, qui donne assez souvent une impression de discordance ou d’invraisemblance qui peut déstabiliser.
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Les chênes qu'on abat...

Bel ouvrage de Malraux, où il rend compte d'entretiens peut-être parfois en partie embellis avec le Général, dans sa retraite de Colombey, en 1969 ou 1970. Ce qui est beau, c'est la personnalité du Général, les sujets incongrus que Malraux lui fait traiter, l'entente, voire la complicité entre les deux hommes, la confusion savamment entretenue par son interlocuteur sur l'auteur des propos, et surtout, son idée de la France, avec cette question qui hante toutes les lignes : comment cet homme seul a pu à lui seul représenter la France ? Cependant, la forme de cet ouvrage, qui a l'avantage de permettre de brasser des sujets nombreux, a le gros désavantage de le rendre un peu décousu, voire confus par moments. Même s'il se laisse porter par la verve du Général, Malraux laisse par moment folâtrer sa belle plume.
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L'Espoir

J’avais acheté ce roman pour un séminaire de Master auquel je n’ai pas pu assister. La première fois que j’avais entendu parler de ce roman j’étais en cours d’histoire en classe préparatoire et nous étudions (ou plutôt on nous racontait) la guerre d’Espagne. Bien loin de la curiosité que j’ai pu avoir ensuite pour l’histoire quand j’ai compris que cela me permettait de comprendre le contexte de production des oeuvres et leur environnement culturel et donc d’entrer plus profondément à l’intérieur d’elles, de m’imprégner réellement de toutes leurs richesses, je n’écoutais qu’à moitié le cours, le prenant machinalement en notes (parfois je ne faisais même pas semblant, ce cours est l’un des seuls où je me suis permise de dormir). Les événements s’accumulaient sur la page, une longue liste de dates accompagnée d’une aussi longue liste de partis politiques que les acronymes rendent anonymes et mystérieux. Le tout a dû faire l’objet d’une évaluation, une colle ou un devoir sur table, mais je ne me rappelle même plus si j’ai fait l’effort d’apprendre le contenu du cours. Cependant, je connais les dates essentielles, le pourquoi du comment dans les grandes lignes, les forces majeures qui s’opposèrent et les conséquences pour l’Europe. Cela n’était apparemment pas suffisant pour lire l’Espoir.



André Malraux ne nous prend pas par la main pour nous guider à travers les événements. Il y a rarement des dates tout au long du récit, si bien que pour les ignorants comme moi, la chronologie devient très vite floue. Le temps n’est défini que par les victoires et les défaites qui ont presque l’air anecdotiques dans l’aveuglement que l’auteur nous impose : il nous fait porter des sortes d’oeillères en nous donnant presque jamais l’accès à une vue d’ensemble qui nous permettraient d’organiser, de trier et de hiérarchiser les événements. A cela s’ajoute que les indices d’une avancée dans l’Histoire sont cachés dans des discours toujours tronqués, soit parce que nous n’avons pas tout le dialogue des personnages, soit parce qu’ils parlent entre eux par allusions comme le feraient des personnes vivant la même expérience. On peut louer ce réalisme des dialogues mais cela n’avance pas plus le lecteur qui n’aurait pas la même expérience. Cette manière de mimer l’intimité des soldats, de faire communauté à travers un dialogue d’initiés, est à l’origine des chefs d’oeuvre d’Apollinaire — entre autres — mais c’est de la poésie, on peut tout de même apprécier l’ouvrage car sa puissance évocatrice n’en est pas ruinée pour autant. Dans un roman, il s’avère que c’est un peu moins supportable.



Comme bien souvent Malraux privilégie pour conter les faits l’échelle de l’individu. Les faits sont alors fragmentés comme l’existence des personnages. A cause de la grande confusion de cette fragmentation et parce que Malraux multiplie les points de vue en inventant des personnages correspondant à toutes les positions politiques et hiérarchiques, il est difficile de garder en mémoire les informations essentielles sur les personnages. Cela gêne en grande partie l’identification et l’empathie. Il y a bien un ou deux personnages qui sortent du lot, mais cet afflux de personnages est difficile à suivre parce qu’on les perd un moment pour les retrouver ensuite, demandant donc à la mémoire de reprendre les éléments du passé alors que cette dernière est déjà en panique car elle n’a pas beaucoup de branches bien solides auxquelles se raccrocher, comme elle ne comprend pas grand chose dans la confusion des moments saccadés. Je finissais par confondre les personnages entre eux, surtout quand leur évolution dans les hiérarchies implicites était au coeur de leurs actions et de leurs relations.



A cela s’ajoute ma méconnaissance des titres dans l’armée, des figures historiques que l’auteur cite comme des personnalités connues de tous, qui se passent de présentation, et surtout des différents mouvements politiques fortement liés à une origine sociale qui semblent pour l’auteur suffire à définir certains traits des personnages, à expliquer leurs comportements et leur implication dans le conflit. Alors bien sûr, il y a les prénoms, deux trois caractéristiques physiques et psychologiques, mais j’étais tout de même perdue et bien souvent mon cerveau se contentait de se souvenir vaguement de tel personnage, au lieu de chercher dans les pages précédentes d’un roman dont j’avais bien du mal à suivre la chronologie (et sans chronologie établie, comment retrouver efficacement une information ?).



Ne me restait alors plus que l’expression pure des sentiments, d’apprécier l’exploration par l’auteur de l’horreur, de la détermination, de la camaraderie. Ou bien les dialogues sur la condition humaine et sur sa nature (mais l’auteur alors emploie le ton mystérieux des philosophes qui ne veulent pas révéler les conclusions de leur sagesse mais seulement suggérer des éléments d’une réflexion au lecteur – fausse profondeur ?). Me restait aussi le destin d’un personnage qui par la force des choses prend le rôle de leader et de tout ce que cela signifie pour un individu en terme de responsabilité mais aussi d’isolement. De remarquables scènes de combats aériens qui même dans la confusion des enjeux m’ont fait ressentir une certaine trépidation et de l’inquiétude. J’ai de vagues souvenirs d’une scène de siège ou d’un combat de tanks, des moments forts qui me sont restés car la narration s’était alors suffisamment ralentie pour que je puisse me plonger dans le contexte de l’instant décrit en faisant fi de certaines données contextuelles plus larges.



A force d’en parler, je me demande même maintenant si la confusion n’est pas un des objets de la narration où les détails peuvent prendre plus d’ampleur que dans l’organisation bien structurée et claire du récit de l’Histoire qui pour cela est bien obligée d’élaguer, d’aplanir les aspérités du terrain et du vécu pour ne garder que les grands mouvements au mépris souvent de la réalité. Cela n’empêche pas que L’Espoir n’est pas un roman à lire si on n’y connait rien et que je suis bien triste de ne pas avoir pu assister au séminaire qui m’aurait peut-être permis de mieux l’apprécier.
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La condition humaine

La condition humaine. Quel sujet. Quel titre !



L’homme naît immensément vulnérable, et dépendant de la bonté, de l’amour de ses parents. Il ou elle n’est pratiquement que potentiel. Et le travail de l’éducateur consiste à soutenir, à éveiller, à aider à réaliser ce potentiel. Avec l’infinie patience que seul l’amour confère. La vulnérabilité d’un être social qui ne peut croître, ou vivre, qu’en compagnie de ses congénères.



Cette sociabilité a donc été vécue sur le mode de la dépendance. Et peut-être qu’un jour elle le sera à nouveau. Nous souvenons nous ? Craignons-nous le futur ( encore ?) lointain ? Est-ce pour cela que nous voulons diminuer notre vulnérabilité en rendant nos relations asymétriques, en rendant les autres plus dépendants de nous, et nous-mêmes libres de répondre à cette dépendance selon nos intérêts ou nos humeurs ?



Shanghai, 1927. L’empire du milieu achève de se désagréger en tant qu'État et en tant qu’ensemble géographique. L’armée des nationalistes, menée par Tchang Kaï-Chek, et les communistes, soutenus par l’Internationale, essayent de couvrir ce qui fut un immense empire afin de récupérer le pouvoir. Ni l’un ni l’autre ne sont déjà assez forts pour le faire, et il faut tenir compte des puissances étrangères établies en Chine. Alors, on s’est alliés, temporairement, contre ce qui reste d’empire. C’est ici, à ShangaÏ, que se déroule une étape de ce gigantesque marathon dont la ligne jaune se trouve à des milliers de kilomètres de Shangaï, à Pekin.



Les communistes ont organisé les ouvriers des usines et du port. Fort mal armés mais déterminés, ils prennent la ville. L’armée nationaliste s’approche de Shangaï, selon ses dires pour en chasser les partisans de l’empire. Et l’Internationale, prise en main par Staline, décide que le moment n’est pas opportun pour soutenir la révolution chinoise. Les camarades sont priés de remettre leurs armes aux nationalistes. Qui les passeront à la mitrailleuse.



Dans ce climat de misère, de lutte, d'héroïsme, de trahison, et de mort, chacun se (re)trouve confronté à son vécu de la condition humaine. Vulnérable, menacé, à qui, à quoi s’en remettre ? Pour quoi vivre, ou mourir? Comment et pour quoi vivre, quand l’on a survécu à la perte d’êtres chers, ou de ses idéaux ? Quelle mort justifierait une vie ? Quel travail ou quelle lutte justifierait de continuer à vivre ?



Autant de réponses que de personnages. Kyo, Katow, préfèrent lutter à mort. Vologuine suit aveuglément l’internationale. Tchen, qui ne peut lutter que seul, choisit la mort du terroriste isolé. Clappique, une sorte de clown en smoking, vivant de commissions touchées sur des affaires louches, ne peut ni vivre ni mourir, et se réfugie dans l’humour absurde en attendant la folie. König, chef de la police politique de Tchang KaÏ-Chek, lui-même torturé naguère par les communistes, ne vit plus que pour en torturer et en exécuter un maximum. Gisors, le père de Kyo, ne peut maintenir son lien au monde en l’absence de son fils. Il s’en désintéresse, et devient un homme absent.



A qui ou à quoi se vouer, pour quoi vivre ou mourir, comment combattre cette peur viscérale de l’absence, de la souffrance, de la mort ? Questions universelles, auxquelles ce livre ne prétend pas répondre. Mais il aimerait bien vous les proposer.



Quant à moi, intrigué, séduit, fasciné par la voix qui porte ce roman et qui parle à travers lui, je n’en ai pas fini avec André Malraux.

















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La condition humaine

Un livre surprenant qui questionne sur la nature profonde de l'être humain. L'écrivain dans son ouvrage aborde au travers de cet écrit la thématique de la moralité. Quelles limites morales l'être humain est-il capable de s'affranchir pour défendre ses convictions ? Un livre qui résonne avec l'actualité de notre époque contemporaine.
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La Voie Royale

J'avais un vague souvenir de ce roman lu une première fois il y a longtemps. Je me souvenais ne pas avoir été embarquée dans les aventures d'un jeune homme à la recherche d'oeuvres d'art en Indochine. Et à la relecture, j'ai bien vite compris pourquoi. Ce cadre semble être presque un prétexte à la description d'aventuriers, d'hommes menant leur vie de façon non conventionnelle. Finalement le roman laisse très peu de place à l'Indochine, à l'art khmère. Et c'est sans doute là que réside ma déception. Seules les relations occidentaux/peuples indigènes ont éveillé mon intérêt.
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La condition humaine

Prix Goncourt 1933.

En mars 1927, l'Armée révolutionnaire du Kuomintang sous le commandement de Tchang Kaï-Chek est en marche vers Shanghai. Afin de faciliter la prise de la ville, dont le port représente un important point stratégique, les cellules communistes de la ville préparent le soulèvement des ouvriers locaux. Mais inquiet de la puissance de ces derniers et gêné dans sa quête de pouvoir personnelle, Tchang Kaï-Chek se retourne contre les communistes. Aidé en cela par les Occidentaux occupant les concessions qui espèrent l'éclatement du Kuomintang et les milieux d'affaires chinois, il fait assassiner le 12 avril 1927 des milliers d'ouvriers et dirigeants communistes.

La Condition humaine relate le parcours d'un groupe de révolutionnaires communistes préparant le soulèvement de la ville de Shanghaï. Au moment où commence le récit, communistes et nationalistes préparent une insurrection contre le gouvernement.

Pour s'emparer de sa cargaison, Tchen poignarde un trafiquant d'armes. Kyo et Katow, soutenus par le baron Clappique, peuvent alors distribuer le fret aux combattants clandestins. L'insurrection a lieu le lendemain : le 22 mars. Le capitaliste Ferral convainc le milieu des affaires de se rallier au général Tchang Kaï-chek, sur le point d'envahir la ville. La victoire remportée, ce dernier se tourne contre les séditieux. En réaction, Kyo consulte le Komintern, mais Moscou préfère rester neutre. Tchen, pour sa part, envisage l'assassinat.

Au milieu de la répression, Clappique apprend qu'il est recherché par la police. Cherchant à prévenir Kyo et ne le trouvant pas, il lui fixe rendez-vous. Après un premier essai infructueux, Tchen tente un attentat suicide. Vainement : Tchang Kaï-chek n'est pas dans sa voiture. Tchen grièvement blessé dans cet attentat et abbatu. Clappique en retard au rendez-vous, Kyo et May se font arrêter. Hemmelrich, après avoir découvert le meurtre sauvage de sa famille, se joint à Katow pour lutter contre le général. Si Clappique intercède auprès de la police pour libérer Kyo, il ne parvient qu'à aggraver la situation.

La fin du récit voit Kyo et plusieurs de ses compagnons emprisonnés. Kyo se suicide au cyanure. Cependant, Katow décide d'affronter la torture et offre sa dose de cyanure à d'autres captifs. May, Clappique, Ferral, Gisors, ainsi que Hemmelrich parviennent quant à eux à s'en sortir. Le corps de Kyo sera remis à son père, on ne retrouvra jamais le corps de Katow...
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La condition humaine

Classique de la littérature française du XXe siècle ce livre était depuis trop longtemps dans ma bibliothèque. J'en ai profité pour le lire, enfin ... Globalement, ça peut paraître un peu daté, mais c'est plaisant tout de même d'être transporté dans la Chine des années 1920 avec les luttes entre les communistes et les partisans du Kuomintang. Le livre propose surtout - en lien avec le titre - une réflexion sur l'engagement, les choix que nous faisons, le bien et le mal, la mort et la vie etc ...

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L'Espoir

Ce livre me laisse un sentiment mitigé. Il est indéniablement très bien écrit. Mais cependant, il me laisse assez froid. C'est à cause de plusieurs éléments. D'une part, la multiplication des personnages, sans lien apparent entre eux. Cela rend très dur le passage des chapitres. Le point de vue, très extérieur, n'aide pas non plus. Enfin, les discussions parfois très didactiques, où l'auteur veut opposer des idées et des façons d'être plutôt que de dérouler le fil narratif, contribuent à éloigner le lecteur. L'absence de femmes, de passion d'amour, enfin, qui a été noté par beaucoup bien qu'elle puisse aider à concentrer le propos, le refroidissent également beaucoup. Ce que je note là n'est pas un défaut, c'est la contrepartie des immenses qualités que recèle le livre, qui par cette distance qu'il instaure, nous éclaire, certes de plus loin, mais avec plus de précision aussi, sur les motivations des hommes, sur les changements qu'elle génère en eux, sur l'idéal, sur la mort. Je n'ai pas été déçu d'avoir vaincu ma réticence initiale.
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La condition humaine

La Condition humaine

André Malraux / Prix Goncourt 1933

Une œuvre majeure du XXe siècle.

« Tchen tenterait-il de lever la moustiquaire ? Frapperait-il au travers ? L’angoisse lui tordait l’estomac …fasciné par ce tas de mousseline blanche qui tombait du plafond sur un corps moins visible qu’une ombre… »

Nous sommes le 21 mars 1927 à minuit trente, en pleine scène de crime, dans une chambre d’hôtel de Shangaï, une ville en état de siège, la plus grande ville de Chine. Son acte commis, poignarder un trafiquant d’armes, Tchen, activiste communiste, rejoint Kyo son camarade qui depuis plus d’un mois prépare l’insurrection. Il n’a pas oublié le document récupéré sur le mort, trafiquant d’armes, et qui permettra de s’approprier une cargaison d’armes d’un bateau ancré dans le port, armes qui manquent cruellement aux insurgés. Pour réaliser cette opération, Tchen et Kyo vont bénéficier de la complicité du baron de Clappique, un personnage trouble et multiface.

Après l’échec des émeutes de février, le comité central du parti communiste chinois a chargé Kyo de la coordination des forces insurrectionnelles. Le groupe de révolutionnaires communistes qui prépare le soulèvement de la ville comporte comme organisateurs outre Tchen et son maître à penser Gisors le père de Kyo, Kyo lui-même et un certain Katow, russe dévoué par idéalisme à la cause communiste chinoise, ancien militant de la révolution de 1917.

Tchen se confie à Gisors et lui avoue sa fascination pour le sang et la mort : il se sent l’âme d’un terroriste. Il n’aspire à aucune gloire, à aucun bonheur. Il sait qu’il n’est pas de ceux dont s’occupe le bonheur. Il est capable de vaincre mais non de vivre dans la victoire. Il n’attend que la mort. Et il veut lui donner le sens que d’autres donnent à la vie. La souffrance du monde, il aime mieux la diminuer que d’en rendre compte. Il n’aime pas une humanité qui est faite de la contemplation de la souffrance. Mourir le plus haut possible, telle est son ambition, mais assez lucide pour mépriser même les objets de son ambition et son ambition même. Ses idées jusque-là l’avaient fait vivre, maintenant elles pouvaient le tuer.

Les armes sont distribuées à travers toute la ville aux combattants clandestins sous la surveillance de Kyo.

Le 22 mars commence l’insurrection. On peut voir aussi des manifestants porter des banderoles : « Plus que douze heures de travail par jour », « Plus de travail des enfants au-dessous de huit ans », « droit de s’asseoir pour les ouvrières ». Les troupes de Tchang Kaï Chek sont attendues en renfort. Ferral, le président de la chambre de commerce française persuade les milieux d’affaires de soutenir Tchang Kaï Chek. Ses intérêts commerciaux avant tout !

Alors que la situation est très favorable aux insurgés, Tchang Kaï Chek s’oppose aux révolutionnaires, pactise avec les forces modérées et exige que les insurgés rendent les armes. Kyo alors décide de se rendre à Han Kéou, le siège du Komintern (Internationale communiste) afin de rencontrer le délégué Vologuine pour savoir s’ils peuvent garder les armes. Vologuine est partisan de jouer le temps. Tchen arrive à Han Kéou à son tour et confirme que pour lui la seule solution est d’assassiner Tchang Kaï Chek, et il tient à le faire lui-même, car pour lui ce serait l’extase avec sa propre mort en point d’orgue. L’Internationale est dubitative, et Kyo et Tchen ne sont pas du même avis.

Le 11 avril l’insurrection bat son plein. Tchen aidé de deux complices échoue dans son premier attentat contre Tchang Kaï Chek. Il prépare un second attentat en décidant de se jeter avec sa bombe sur la voiture de Tchang Kaï Chek. La chance n’est pas avec lui ce jour-là et pour jamais.

Puis Kyo et May sont arrêtés et Kyo jeté en prison. Hemmelrich, communiste belge activiste voit sa famille assassinée. Avec Katow il décide de se venger contre Tchang Kaï Chek. Gisors tentera alors de sauver son fils avec l’aide de Clappique. Les prisonniers torturés sont ensuite brûlés vifs dans la chaudière d’une locomotive. Kyo se suicide au cyanure et Katow marche en héros au supplice avec courage en offrant sa dose de cyanure à deux jeunes chinois. Clappique parvient à s’échapper grâce à un subterfuge. Un chapitre bouleversant de ce roman ou le tragique le dispute au grandiose.

La fin du livre se termine à Paris où Ferral ne peut sauver le consortium français en Chine, et à Kobé où May retrouve Gisors et sa pipe à opium et la méditation.

Voilà résumés brièvement les temps forts de l’histoire.

La Condition Humaine est un roman qui montre qu’outre l’irréductible échéance liée à la mort avec ses multiples et souvent indicibles souffrances il est donné à chacun de choisir son destin. La vie est une tragédie, reste à lui donner un sens. La Révolution au nom d’une foi en la fraternité en est un. C’est ce que les héros de la Condition Humaine ont choisi pour échapper à l’angoisse de n’être qu’un homme. L’amour aussi est présent dans ce livre pour adoucir cette condition et la solitude. Misère et héroïsme se conjuguent tout au long des chapitres de ce roman grandiose et d’une intelligence rare. De la dernière partie émane un parfum d’insoutenable.

Les héros de ce roman ont choisi pour combat de vaincre l’humiliation par le biais de la Révolution. Pour vaincre l’angoisse et l’absurdité existentielles, certains ont choisi l’amour, mais pas n’importe quel amour, un amour fusionnel et total, celui qu’éprouvent Kyo et May l’un pour l’autre et qui est susceptible de briser la profonde solitude des êtres. D’autres ont choisi de s’engager dans l’Histoire et d’agir pour influer sur le courant de leur destinée. Ce roman met en lumière la misère humaine, celle d’une humanité qui peut être héroïque et grandiose malgré l’irréductible et absurde échéance liée à la mort et les indicibles souffrances de la vie. Telle est la Condition humaine qui permet de choisir son destin à qui le veut. La vie peut être jugée tragique, mais il faut lui donner un sens. Ainsi la Révolution au nom d’une foi en la fraternité est une arme contre la misère qui enchaîne l‘homme et le prive de dignité. L’homme peut lutter contre sa condition. Ce roman est considéré comme le précurseur de la mouvance existentialiste dont Sartre et Camus seront les grandes figures.

Pour bien comprendre le roman, il faut retenir que le Kuomintang fut fondé en 1912 par SunYat Sen et domina le gouvernement central de la république de Chine à partir de 1928, jusqu’à la prise de pouvoir par les communistes en 1949. Dans le roman, en mars 1927, l’armée révolutionnaire du Kuomintang sous le commandement de Tchang Kaï Chek, marche vers Shangaï pour conquérir la ville où sur place les communistes préparent le terrain en soulevant le peuple. Cependant, Tchang Kaï Chek se méfie des communistes qui ont de plus en plus d’influence et décide de les trahir. Avec l’aide de l’Occident, il fait assassiner des milliers d’ouvriers et de dirigeants communistes le 12 avril 1927.

La technique d’écriture de Malraux est très particulière et d’aucuns l’ont comparée à des techniques cinématographiques en juxtaposant différents plans de façon discontinue, ce qui induit un style parfois heurté et haché, épuré et concis, le lecteur devant faire l’effort de reconstituer la réalité pour accéder à une lecture à plusieurs niveaux. Ipso facto la lecture n’est pas toujours aisée et une concentration certaine est requise. Toutefois un moment de stupeur passé, le lecteur vibre au fil des pages grâce à un style efficace et limpide et une analyse psychologique des personnages remarquable, qui eux-mêmes se questionnent constamment. Une bonne connaissance de l’histoire de la Chine après 1917 c’est à dire de la période de Sun Yat Sen et Tchang Kaï Chek, est requise pour bien comprendre tous les ressorts de cette Révolution qui se cherche.

Un roman majeur, fort, non engagé sur le plan politique, publié en 1933, classé en 5e position des 100 meilleurs livres du XXe siècle. Je l’avais lu à l’âge de 18 ans c’est à dire il y a 60 ans. Je n’en avais pas saisi toute la puissance, l’intelligence et l’humanité. Je pense que c’est à présent fait.

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La condition humaine

Première critique de livre sur Babelio, quelle angoisse! Je ne pensais pas faire un jour parti de l'excellent collège de critiques Babeliens. Et pourtant je me suis souvent imaginé me risquant à l'exercice, posant un commentaire élogieux sur une oeuvre qui m'aurait marqué. Finalement et sans que je ne puisse l'expliquer, c'est par une oeuvre qui m'aura fait souffrir que je commence.



Un ami fan inconditionnel de l'auteur après de nombreuses tentatives m'avait finalement convaincu d'entamer cette lecture. Je m'y plongeais donc avec plaisir de découvrir cet auteur qui fut objet de nombres de nos discussions. Malheureusement, j'ai assez vite étant décontenancé, d'abord par le cadre spatio-temporel que je ne maîtrisais pas du tout, mais également par le nombre de personnages aux noms confusants et pour lesquels je n'ai su trouver de réels repères me permettant de les différencier. Ce roman, je l'ai donc parcouru, parfois même survolé, avec un manque certain d'identification et donc de projection dans sa narration. Certaines critiques l'ont déjà evoqué avant moi, j'ai eu la sensation de passer à côté de ce monument de la littérature.



Toutefois, je note quand même que des thèmes intemporels y sont abordés, parfois avec brio, comme la relation face à la mort, la croyance, la dévotion et la recherche de soi. Certains dialogues glaciaux touchent du doigt ces questions universelles et confèrent au roman son titre de chef d'oeuvre. Une lecture que je recommencerai vraisemblablement dans quelques années.
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