Citations de André Velter (375)
Sans être surannée, celle que j'aimerais aurait un certain âge.
Elle serait revenue de tout et ne croirait à rien.
Point jolie, mais persuadée qu'elle ensorcelle tous les hommes.
sans en excepter un seul.
On ne l'aurait jamais vue rire.
Sa bouche apâlie arborerait infréquemment le sourire navrant de ses désabus.
Alphonse Allais
Pour l'enseigne, Salis, qui se voulait désormais "gentilhomme cabaretier", hésita entre plusieurs dénominations pompeuses : le Grand Pélican, l'Aigle d'or, et ainsi de suite. En choisissant le Chat Noir, il eut une intuition qui tenait du coup de génie.
Après trois jours de marche dans les solitudes arides, après avoir traversé une vallée surplombée de grottes et de sépultures, surgirent les ruines les plus étonnantes. Protégées par le désert qui les séparait du monde, et par la sécheresse, une multitude de colonnes dressées s'étendaient à perte de vue en files parallèles, telles des avenues. Ville fantôme qui venait du fond des temps. Des temples debout, d'autres encore à demi écroulés, de toutes parts des débris de corniches, de chapiteaux, de fûts, d'entablements, de pilastres, jonchaient le sol.
Le soleil se couchait dans un grand lit bordé de rouge, teintant de sang les abayas blanches, les pierres, les visages. Ils pénétrèrent dans l'enceinte d'un vaste édifice dédié jadis au Soleil, accueillis sur le parvis par des Bédouins sédentaires.
PALMYRE
Ghislaine SCHOELLER - Lady Jane
Celui qui a écrit ce livre n'existe pas. C'est-à-dire qu'il se manifeste partout : Partout, nulle part ; nulle part et en tout. Tout est rien ; rien est tout : Toutou. Pauvre chien !.
Il offre ce livre au public. Pourquoi ?
Pour rien. Rien du tout. C'est son genre. Genre humain, masculin ; disons mieux : genre divin. Genres égaux : tous deux créent. Différence : quotité, quantité : même qualité. Disons encore : nullité. Nullité partout, dans tout, et surtout en celui qui est tout. Je coupe : Atout !
Lui
(André Gill)
(Blaise Cendrars )
Apprenti horloger à Saint-Pétersbourg,étudiant tous azimuts en médecine, philosophie, littérature et musique à Berne, figurant au théâtre de la Monnaie à Bruxelles, avant de transiter par le Quartier latin de Paris,de retourner à Saint-Pétersbourg,de passer un été sur le golfe de Finlande, puis de s'embarquer pour New-York où il compose -Les Pâques, son poème vraiment inaugural,il semble n'être lui-même que dans les navires ou les wagons qui le conduisent ailleurs.(p.55)
Voici la description de cette ville. Elle se trouve dans une vaste plaine et forme un carré de cent vingt stades de côté, ce qui fait une enceinte de quatre cent quatre-vingts stades au total. Telle est l'étendue de la cité de Babylone ; pour l'ordonnance, aucune des villes que nous connaissons ne pouvait lui être comparée. Elle est entourée, d'abord, d'un fossé profond, large et plein d'eau, puis d'un mur large de cinquante coudées royales et haut de deux cents. [...]
La ville elle-même comprend deux quartiers ; un fleuve la coupe en deux, l'Euphrate, un grand fleuve profond et rapide qui vient d'Arménie et se jette dans la mer Érythrée.
BABYLONE
HERODOTE - L'Enquête, Livre I
L'ouverture du cabaret eut lieu en décembre 1881. La présence de quelques poètes fit éclore le journal Le Chat Noir en janvier 1882.
Planisphères
À Jean-Christophe Victor
Extrait 3
Je fais tourner le globe et garde la tête chaude,
quel raid nous allons mener Gengis !
quelles merveilles nous allons conter Messire Polo !
quelle chimère nous allons forcer plus à l’Est Csoma !
partout nos courses à l’estime sont exactes
nous avons nos chamans, la science du vide au ras du sol
et ces zones sans fin où ranimer nos âmes mortes.
La route va où elle veut
et je ne déroute que moi par instinct ou caprice,
comme on prend le premier train qui part
le premier bus qui klaxonne au matin
le premier bateau qui frémit au bout de l’embarcadère,
comme on s’offre un nouveau destin sur le papier
et la chance d’être plus que soi, ailleurs.
Il est des hommes qui dansent
La bouche pleine de silex
Et des hommes qui meurent
Sans baisser les yeux.
Ce sont danseurs d'alarme vive
Qui préfèrent courir que tenir.
Loups somnambules
Qui se frottent à la Voie lactée.
Amour et poésie
Tu es la voix
qui répond à ma voix,
sans elle aucun poème
ne peut fasciner l’écho
qui mêle la rumeur des amants
à la poussière des siècles.
Tu es celle
avec qui je vais
mot à mot enlacé
donner corps à notre chant,
prendre langue et mesurer
la démesure inaltérable
d’une magie mortelle
qui ne peut pas mourir.
Tu es pour moi
comtesse de Tripoli
autant que louve de Pennaurier
et je m’en vais pèlerin
par les chemins d’Antioche
ou ménestrel changé en loup
dans les pierres de Provence.
Tu es l’énigme
qui me voit venir de loin
mais se dévoile sans façon :
amour et poésie obligent…
Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j'adore l'Angleterre.
Je lâcherais tout, même la proie, pour Londres.
Alphonse Allais
Et déjà la beauté avait toute la place.
Il n'est pas de fleurs
pas de pierres
pas de ciels
où je ne t'ai cherchée
Il n'est pas d'océans
pas de déserts
pas d'horizons
où je ne t'ai rêvée
Chaque jour je rends grâce à cet amour qui m’envahit,
Qui d’un même élan m’exile et me sauve. Rien ne lui échappe :
Aucun lieu, aucun être, aucun sentiment, aucun projet, aucune récréation.
Prisonnier sur parole qui ne fait plus la part de la chance ni celle de la malédiction, j’explore une commotion féroce que je n’entends pas apprivoiser. Je garde la rage au corps, et pas seulement aux dents et au cœur. Je vais sans doute l’âme à l’envers.
Nomade est la cendre des morts
par tous les chemins de grand vent
Je dirai
Je dirai qui est mon amour
dans le présent ruiné, je dirai
sa beauté et son rire,
sa lumière et sa force,
je dirai comme elle va
toujours au-dessus d’elle-même,
comme elle danse au-delà du dernier pas,
je dirai ce qui ne se dit
qu’aux anges et aux fées,
aux vagabonds et aux amants, je dirai
le midi de nos corps en bataille,
le vertige de nos yeux,
cette évidence dans nos âmes
qui brûlait sans brûler,
qui criait sans crier, qui était de pure merveille et de grâce incarnée,
je dirai ta vie lèvre à lèvre
et tes secrets sur ma bouche,
la bascule de tes cheveux
l’éclat de ta voix soudain qui tutoyait les dieux.
Caravane des caravanes
Ô tous les égarés
Trappeurs bergers danseurs exilés fortes têtes Portefaix hors-la-loi devins ou funambules
Pèlerins transparents amoureux et ascètes
Ô vous les incertains
Les à peine apparus les tout juste partis
Une trace pour un songe
De l'air dans la doublure et personne
C'est de l'os c'est du sang
Du roc et des litières une ronde frontière
Un mouvement d'encens
D'un coup la fièvre puis rien
Poussière fille des larmes poussière autre ferment Poussière poussière oui le feu sur les lèvres
La prière aux absents et l'absence de prière
Ô tous les égarés
Amants du ciel qui tenez des miroirs
Au creux des mains
Ô vous les incertains
De la ligne de crête ou des marges du Temps
On dit l'épopée blanche
Caravane des caravanes
(extrait de " Une Fresque peinte sur le vide II ") - pp. 74-75
Quand je ne pense pas à toi, je pense à toi. Quand je parle d'autre chose, je parle de toi. Quand je marche au hasard, j'avance vers toi.
Je quitte les livres où tu n'entres pas. Je jette les poèmes qui ne trouvent pas tes lèvres. J'efface les tableaux qui n'attirent pas tes yeux. J'éteins les chansons qui n'éveillent pas ta voix.
Il y a
des brassées d'étoiles dans nos bras,
des poignées de rêves dans nos poings,
de la poussière d'ange à tes paupières,
du rouge d'amante à tes joues,
de l'imprévu toujours,
de l'inconnu n'importe où ,
des rendez-vous partout,
et puis encore le souffle au large,
et puis encore la fièvre au front,
et puis encore l'amour sans fin.
J'étais à toi peut être avant de t'avoir vu...