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Critiques de Assia Djebar (94)
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Nulle part dans la maison de mon père

Dès son plus jeune âge, Assia Djebar prend conscience de la différence de statut entre les filles de colons français et les jeunes algériennes.



À l'adolescence, tout en respectant les traditions musulmanes, elle aspire à la liberté des jeunes françaises qu'elle côtoie en pension et déplore qu'elle, une fille d'apparence européenne sans l'être, doive dans la rue réfréner tous ses gestes. La lecture des grands auteurs ne va pas améliorer ce sentiment d'injustice.



Par la suite la brillante élève qui intègre normale sup et deviendra la première auteure nord africaine admise à l'Académie française, tout en étant soucieuse toute sa vie du sort réservé aux femmes, revient constamment sur la valeur des traditions transmises par son père. Une position entre deux cultures qui l'amène plusieurs fois au bord du gouffre.



Un très beau témoignage, bien écrit, très structuré, quelquefois même au détriment de la spontanéité, qui éclaire sur la position difficile des femmes algériennes éduquées, déchirées entre la respect des traditions et la volonté de s'en affranchir.
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La femme sans sépulture

"La femme sans sépulture" est ,un roman de l 'écrivaine

algérienne ,Assia Djebar .L 'héroïne est une femme au

caractère bien trempée .Elle a un rêve et un idéal .Cette

femme , Zoulikha , voulait participait à la Révolution et

prendre les armes contre le colonisateur .Elle rejoint le

maquis au printemps 1957 .Deux ans plus tard , elle est

arrêtée par l 'armée française . Ce qui est sûr ce qu 'elle fut atrocement torturée .Elle mourra des sévices inhumains qu 'elle a subi .Dans les archives de l 'armée ,coloniale ,elle fut portée disparue .Aucune trace ni aucun indice sur les lieux où l 'on pouvait trouver les restes de son corps .

En écrivant ce roman , Assia Djebar , a voulu témoigner sur la participation de la femme à la lutte de libération .Les femmes qui ont participé avaient autant de courage que les hommes .Elles ne craignaient pas le sacrifice suprême c 'est à dire la mort .Ce roman doit être considérer comme un témoignage à Zoulikha et la faire

sortir de l 'oubli où on a voulu l 'enterrée .Les anciens et

ses trois filles peuvent être fière de cette mère qui restera

toujours vivante dans leurs esprits !Reposes en paix Zoulikha

Ton âme restera à jamais vivante parmi les nobles Algériens et merci à Assia Djebar pour ce sincère

témoignage !







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Nulle part dans la maison de mon père

"Ce récit est-il le roman d'un amour crevé ? Ou la romance à peine agitée d'une jeune fille, j'allais dire "rangée"- simplement non libérée- du sud de quelque Méditerranée ? (p. 419)



Un récit autobiographique d'Assia Djebar...prise dans un milieu familial constitué de deux cultures, difficilement conciliables : un père algérien, instituteur et une mère, "européenne"...Un couple très uni, mais n'échappant aux contraintes, conditionnements sociaux, aux préjugés d'une société patriarcale !



La petite fille, Assia, adore ses deux parents, vénère totalement son

père, tout en se rendant très vite compte des différences et inégalités

insupportables entre les filles"indigènes" et les françaises !...



On ressent aussi très fort, en dépit de deux amies présentes dans la vie de ( l'auteure)- petite fille, successivement,une grande solitude de l'enfant tiraillée entre les filles "européennes" et "les musulmanes",; déchirement entre les deux mondes, les deux cultures, les deux langues... !



La figure omnisciente de ce texte très personnel reste la personnalité

du Père, omniprésent...qui induit parallèlement le problème de la

séparation des sexes en Algérie, et les comportements masculins, trop fréquemment, à la limite du "pathologique" envers leurs "soeurs,leurs femmes "!...



Lucidité précoce accentuée par la passion aussi précoce pour la poésie,

les livres...le Savoir ,qui ouvrent les "vannes " et les horizons...



Rappelons qu'Assia Djebar sera la première étudiante algérienne à intégrer

l'Ecole Normale de Sèvres, en 1955, et la première femme du Maghreb

à entrer à L Académie Française, en 2015... La Langue française aura été un fil conducteur et constructeur, en commençant par avoir un coup de

coeur lorsqu'une de ses professeurs de français "déclame" des vers de

Baudelaire [ sic. Beau de l'Air !!!]



"(…) Je pressentis dès cette année de sixième, dès ce premier poème lancé vers moi par madame Blasi en don de lumière – par son phrasé, sa théâtralisation, sa liturgie -, oui, je compris qu'au-dessus de nous planait un autre univers, que je pourrais l'approcher par les livres à dévorer,

par la poésie encore plus sûrement – du moins, quand, inopinément, tel un vol d'oiseau à l'horizon, elle se laisse entrevoir. Moi qui allais être une interne farouchement solitaire, cet espace-là devenait soudain un éther miraculeux – zone de nidification de tous les rêves, les miens comme ceux

de tant d'autres…"



Des évocations de souvenirs de la très petite enfance de l'auteure jusqu'à ses débuts à l'Université, en 1953... sans chronologie stricte... Des analyses très captivantes sur la langue française, et la langue arabe, avec ce que chacune apporte de spécificité et de musique particulières..



Livre choisi et débuté en 2016 - Relecture complète février 2019
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L'amour, la fantasia

"L'amour ,la fantasia',est un roman de l'écrivaine algérienne,Assia Djebar .Cette dernière fait avec brio ,oeuvre de romancière et d'historienne .Elle fait débuter le roman à l'année 1830 ,date de l'invasion de l' Algérie par la France .Les faits historiques sont fidèles et avérés .Cette occupation est dévastatrice pour le peuple Algérie du fait de l'inégalité de la puissance de feu . C' est tout un cortège de massacres sans pitié ,des viols , des déportations ,des déplacements que rien ne motivent .Les Algériens sont dépossédés de leurs terres ,de leurs troupeaux , de leurs bétails et de leurs biens .Mais l'auteur insiste sur un point qui a toute son importance : ce que malgré toute l'atrocité subie ,ce peuple est fier et demeuré debout . Il résiste .

Tout ça est le côté historique mais l'auteur insère de temps à autre ce que fut sa vie à elle . Sa fréquentation de l'école et sa progression dans la vie de tous les jours .Elle raconte sa vie quotidienne .

Livre intéressant pour comprendre la colonisation française en Algérie .
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La soif

La Soif est le premier roman d 'Assia Djebbar .Il fut publié en

1957 .Le roman fut comparé à "Bonjour tristesse"de Françoise Sagan .La Soif est un roman qui a fait scandale à sa publication .Les nationalistes et les intellectuels algériens

sont outrés par ce livre hédoniste qui évoque à peine la guerre d 'Indépendance de l 'Algérie alors qu elle fait rage dans tout le pays .L auteure qui décrivait bien les parties sensuelles de la principale protagoniste ,Nadia ,omet

de mentionner la misère , la faim , le chômage , les maladies

l 'expropriation , les humiliations et tout ce que subit la grande majorité des Algériens et oublie que ses compatriotes

sont régis par l 'infâme code de l 'indigénat .

Je n 'ai pas aimé ce livre vu le contexte historique et le vécu des Algériens à cette époque .
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Loin de Médine

La romancière algérienne, Assia Djebar , en écrivant ce beau roman, a fait oeuvre d' historienne et de romancière car elle a mêlé à des faits historiques,

la fiction .Ce roman est fort , dense et puissant par sa substance et son contenu !

Avec ce roman , l' auteur nous montre que la femme arabe de l' époque de la " Révélation" n' est pas la femme voilée, ignorante, n' a pas de volonté et qu' elle subit tout . Non, nous dit Assia Djebar . Parmi ces femmes, il y avait celles qui étaient indépendantes, fortes de caractères et intelligentes .

On apprend, aussi que dans un milieu et environnement hostiles ces femmes ont su s' imposer et arriver à imposer leur autorité sur des hommes rudes et qui considèrent la femme comme un objet de désir pas plus .

En conclusion, " Loin de Médine" est un très bon livre que j' ai lu avec passion et beaucoup de plaisir et que je pense relire une autre fois !

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Les enfants du nouveau monde

Assia Djebar était l’une des écrivaines remarquables d’Afrique du Nord. Ses écrits portaient sur la prose, la dramaturgie et le journalisme. L’un des romans célèbres de cet écrivaine est Les Enfants du Nouveau Monde. Ce livre révèle le statut des femmes dans la société musulmane, sujet interdit à la majorité des écrivains arabes depuis des décennies. Le roman est consacré à la description de la guerre d’Algérie. En particulier, le livre montre le rôle joué par les femmes pendant le conflit militaire face aux infirmières, aux révolutionnaires, aux messagers, et ainsi de suite. Le texte montre également un large contexte social, ethnographique et historique afin de recréer pleinement le mode de vie traditionnel dans le pays. Le lecteur peut observer les spécificités nationales de l’État et comprendre les complexités de la vie des femmes à cette époque. Dans cette lecture, l’accent est mis sur une reconstitution du portrait psychologique d’une génération qui a réussi à réaliser une percée sociale.



Le livre a été publié en 1962 alors que la lutte pour l’indépendance était presque terminée. Par conséquent, la chronologie et les événements dans le livre reconstituent de façon réaliste les circonstances de la guerre. Tous les événements se déroulent dans le sud-ouest du pays (dans une petite ville nommée Blida). En raison du temps et du lieu choisis, l’écrivaine a habilement mis en avant les problèmes des femmes algériennes vivant à l’époque de l’indépendance.



Le livre de Djebar est un reflet des changements fondamentaux qui ont eu lieu dans la société. Ce roman révèle comment un sentiment d’estime de soi et le besoin de prouver leur valeur humaine a été éveillé chez les femmes. Chacune des héroïnes comprend qu’elle est une personne qui peut prendre des décisions indépendantes. Grâce à cette compréhension, les héroïnes ressuscitent et se libèrent des chaînes de l’oppression.
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Nulle part dans la maison de mon père

Dans ce roman autobiographique, Assia Djebar s’attarde à ses souvenirs d’enfance. C’était mignon, l’évocation de la vie en à Alger, au temps de la colonie. Du haut de ses cinq ans, elle découvre ses premières lettres, les livres qui constituent rapidement une passion pour elle (c’est une époque remplie d’émerveillements, peu importe le pays ou la culture), puis le monde des adultes qui l’entourent. Celui de sa mère, plus intérieur, et celui de son père, instituteur. Deux figures qu’elle vénère. Puis, elle grandit, elle va au pensionnat. Les amies, la majorité étant des Françaises, les confidences entre fillettes, le regard jeté sur le monde des Européens. Presque un monde étranger. Puis, le reflet de son propre monde à travers le regard des Européens. Elle prend conscience des différences entre ces deux univers et des injustices qui en découlaient. Donc, très tôt, c’est comme si elle s’était construite deux identités, l’une arabe et l’autre française. Cette évocation de la vie de jeune fille était bien mais, après une centaine de pages, je me suis demandé si le bouquin n’allait constituer qu’une succession de jolis moments enfantins, aussi mignons soient-ils, aussi bien écrits soient-ils.



Heureusement, une histoire d’amour pointe à l’horizon. Un garçon montre son intérêt, une correspondance s’ensuit, puis quelques rencontres. Rien de déplacé, évidemment. Les deux jeunes gens ne font que parler, mais même cela est mal vu et pourrait causer des complications. Assia Djebar arrivait à me faire sentir la joie mêlée d’anxiété à chacune de ses rencontres, des lettres reçues, et tous les subterfuges nécessaires pour éloigner les soupçons. Cette idylle naissante arrive à temps, évite que le roman ne s’enlise dans la nostalgie. Elle fait basculer le roman dans quelque chose de plus mature. Elle expose surtout le dilemme qui attendait les femmes éduquées (plus exposées aux libertés des Européennes, à la mode), tiraillées entre la volonté de s’affranchir et les traditions. Cette contradiction laisse sa marque et on peut la percevoir dans plusieurs des autres romans (et les prises de positions) de l’autrice qui, éventuellement, choisit la liberté, le combat des femmes pour l’égalité. En effet, Djebar se permet d’explorer les sentiments amoureux qui la tenaillaient et cela rend son témoignage très pertinent et encore d’actualité, plus de cinquante ans plus tard. Cependant, il faut noter que ce roman fut écrit tard dans la vie de l’autrice, avec la plume claire, concise et (trop?) habile d’une académicienne auquel échappait un peu la spontanéité d’une lycéenne amoureuse.
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Les nuits de Strasbourg

'Les nuits de Strasbourg' raconte les faits et gestes, les pensées, les discussions et les amours de quatre femmes, installées à Strasbourg ou de passage, sur une période de 10 jours. Unité de temps et de lieu, mais diversité des situations et des ressentis, où se mêlent leur histoire et l'histoire. Drôle de résumé ? Oui, et ça donne un livre aussi surprenant qu'agréable.



Je ne pensais pas avoir (trop) de préjugés, mais apparemment si. En tout cas, je ne m'attendais pas à ce qu'une Algérienne, née en 1936 et membre de l'Académie Française de surcroît, écrive un livre où l'amour charnel occupe une telle place. Ni à ce qu'elle évoque aussi justement les blessures particulières de l'Alsace dans la seconde guerre mondiale. Et pourtant, elle le fait, avec beaucoup de talent !



J'ai été déroutée aussi par le nombre d'histoires et de thèmes qui s'entremêlent : le destin hier et aujourd'hui de Thelja, l'évacuation de Strasbourg en 1939, les amours débutantes, fécondes ou désespérées, la guerre d'Algérie, Antigone, les promenades dans la ville, l'abbesse du Mont Sainte-Odile, Irma et les enfants secrets, l'amitié entre femmes... Cela participe à la richesse du livre, mais c'est un peu déroutant car on peut avoir du mal à retrouver le fil après une pause.



C'était aussi un plaisir pour moi de lire sur ma ville, à la fois de reconnaître des endroits familiers (moi aussi, comme François, je travaille au Port du Rhin... et je connais presque tous les hôtels des neuf nuits de Thelja !), d'entendre une autre voix sur l'histoire torturée de l'Alsace ou même de lire quelques mots d'alsacien...



Bref, je croyais connaître les nuits de Strasbourg, mais celles d'Assia Djebar ont été pour moi une belle découverte, faite dans le cadre du challenge 'Vivent nos régions' de l'Oiseau-Lyre : http://loiseaulyre.canalblog.com/archives/2013/07/08/27593518.html
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Loin de Médine

Les musulmans (et probablement un bon nombre de non-musulmans) connaissent le Prophète et plusieurs de ses compagnons, Abu Bekr, Omar, Khalid ibn el Walid, Othmann, Ali… De valeureux guerriers, de grands chefs religieux. Mais qu’en est-il des femmes de cette même période? Plusieurs pourraient nommer Khadidja ou bien Fatima. À peine plus. Pourtant, elles ont été nombreuses à jouer un rôle, petit ou grand, dans ces premiers moments de l’islam. Qu’elles aient été des proches, des épouses ou même des opposantes. Trop longtemps, leur histoire a été occultée, oubliée. Eh bien, l’auteure Assia Djebbar s’est donnée comme mission de les faire connaitre, ces deux-là mais aussi plusieurs autres : Aïcha, Oum Keltoum, Esma, Yemama, une reine et même une prophétesse auto-proclamée. Pour ne nommer que celles-là. Quel beau travail de mémoire que l’auteure a livré avec son bouquin Loin de Médine! Il se lit comme plein de petites histoires, certaines de quelques paragraphes, d’autres de plusieurs pages. Chacune avec sa protagoniste aux motivations propres : son amour, sa foi, ses convictions, sa frustration…



N’étant pas moi-même musulman, tous ces noms à retenir me donnaient parfois le tournis, d’autant plus que certaines de ces femmes portaient le même (par exemple, Esma bent Abou Bekr et Esma bent Omaïs). Tâcher de retenir qui a fait quoi pouvait constituer un défi mais on finit par s’y faire. À la fin de l’ouvrage se trouve une liste des principaux noms cités mais, pour les mêmes raison, il n’était pas aussi utile que je l’aurais espérer. Quoiqu’il en soit, ce recueil (si je puis appeler ainsi cet ensemble) se lit facilement. Et cela malgré le sujet! En effet, plonger dans l’histoire médiévale, avec en plus un thème religieux, cela aurait pu s’avérer lourd. Mais non. Cela a quelque chose à voir avec la plume d’Assia Djebbar, simple et légère, précise mais aussi rigoureuse. C’est très recherché, fouillé. Elle mentionne à quelques reprises ses sources, des historiens arabes des deux ou trois premiers siècles de l’islam (Ibn Hicham, Ibn Saad, Tabari). Bref, une lecture agréable et instructive à la fois.
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Le blanc de l'Algérie

Pour rédiger le commentaire sur « le testament français » d’Andreï Makine, je me suis intéressée d’un peu plus près à sa vie et à son accession à l’Académie française au fauteuil n° 5, occupé précédemment par Assia Djebar. J’y ai vu un signe, il fallait que j’évoque, aussi, cet écrivain lors de notre prochain club littéraire consacré au thème « ils ont choisi d’écrire en français ».

Relecture de cet ouvrage « Le Blanc de l’Algérie » découvert y a une vingtaine d’années.

Décennie noire, engluée de haine, pétrie de violence, ensanglantée par les assassinats, celle des années 90, tristement évoquées par les vocables « de braise », de « plomb », guerre civile funeste au cours de laquelle plus de cent mille personnes furent massacrées par les terroristes islamistes en Algérie, dont bon nombre d’ intellectuels.

C’est dans ce contexte poignant qu’Assia Djebar rédige « le blanc de l’Algérie », « une liturgie » consacrée , d’abord, à trois de ses amis intimes tragiquement disparus : Mahfouf Boucebbi (54 ans) psychiatre, assassiné le 15 juin 1993, M’Hamed Boukhoba,(55 ans), sociologue tué sauvagement le 27 juin 1993, Abdelkader -Kader- Alloula, auteur dramatique oranais, (55 ans) lui aussi assassiné.

Elle organise une cérémonie mémorielle où vont être invités à défiler, tour à tour , ses trois amis, d’autres inconnus , hommes femmes, abattus pendant ces années de terreur , mais aussi les écrivains, nés en terre algérienne , ceux offerts en victimes propitiatoires, ceux morts depuis plus longtemps et jamais oubliés et qui font partie intégrante de l’histoire de l’Algérie : Camus, Sénac , Mouloud Feraoun, Anna Greki, Kateb Yacine…

Ils apparaissent , un à un, « dans une lumière de blanc diaphane » dans la "lumière délavée, épurée du jour d’autrefois" .

Car le blanc c’est la couleur de l’Algérie , le blanc glorieux qui claque au vent , celui de son drapeau, le blanc des asphodèles si chères à Camus qui illumine les champs au printemps , le blanc virginal des voiles qui habillent les femmes, le blanc moussu qui farde le sommet des vagues sur les plages algériennes, Alger la Blanche , le blanc du linceul, le blanc de « saignée à blanc », le « blanc de l’écriture », le blanc qui se pointe après une nuit envahie par les ténèbres , le blanc de l’aube promesse d' un jour nouveau, mais jamais « le blanc de l’oubli » …

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Les nuits de Strasbourg

Alsagérie.



Neufs nuits, voici le temps que vont durer les amours de Thelja et François à Strasbourg.



Ce roman est un bijou injustement méconnu. Il s'ouvre sur l'évocation, à la fois magnifique et déchirante, de l'évacuation de Strasbourg en 1940. La ville est représentée vide, déserte, sans vie. Seul la peur et le désespoir subsistent.



L'histoire fait ensuite un bond dans le temps cinquante ans plus tard. Nous suivons Thelja, algérienne thésarde, et François, cinquantenaire veuf, pendant neuf jours et neufs nuits. D'autres personnages s'ajoutent au fur à mesure, tel Eve la meilleure amie de Thelja, aussi algérienne mais juive.



Douceur et sensualité font miroir à la solitude et à la souffrance. Alsace et Algérie sont deux terres riches mais convoitées. Exil et dépossession sont le lot de leurs populations. Alsace et Algérie semblent différentes mais sont proches par leur histoire.



La ville de Strasbourg est un personnage à part entière. Nous nous promenons dans ses rues, nous traversons ses ponts, nous dormons dans ses hôtels. Bref, nous sentons la ville vivre sous nos pas.



En conclusion, une découverte magnifique qui me marquera longtemps.
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La disparition de la langue française

Berkane, immigré et travailleur Algérien en France, décide de revenir au pays dans les années 90, et de faire valoir ses droits à une retraite anticipée. Sa pension ne sera pas bien importante, mais lui suffira pour vivre. Il renonce à son quart d'héritage, et en échange, s'installera à l'étage supérieur d'une villa familiale faisant face à la plage.

Un retour au pays dans lequel il devra d'une part, faire face à l'absence de Marise, qui, à la suite d'une rupture douloureuse, est restée en France et, d'autre part, retrouver, parler cette langue enfouie en lui, celle de son enfance.

Une douleur et un désir qui se mêlent

Marise sera dorénavant "l'absente"....Marise qu'il n'oublie pas, régulièrement il lui écrit de longues lettres pour partager avec elle ses souvenirs, ses impressions, longues lettres qu'il nous donne à lire.

Il lui parle de ses projets"Je vais me remettre à écrire ! J'aurai besoin alors de tout mon temps. Tout mon temps, avec la mer à mes pieds! Et le silence" Il n'a toujours pas renoncé à écrire son roman malgré "ses manuscrits refusés successivement par les éditeurs de Paris et même une autre fois, par un éditeur renommé de province".

Mais, avant, il va prendre le temps, le temps de retrouver son Algérie, celle de la langue de son enfance, en rencontrant Rachid, le pêcheur qui lui vend du poisson, qui est né après la guerre d'Indépendance, en parlant avec Nadjia, autre émigrée de retour au pays.

Il va les écouter et leur raconter l'Algérie de son enfance, ses souvenirs depuis les premiers mouvement d'insurrection face à l'armée français en 1952, le premier drapeau algérien qu'il a vu, les punitions à l'école....jusqu'à l'indépendance, les meurtres commis par le FLN, les tortures des soldats français, les camps d'enfermement des fellaghas ...

Une Algérie qu'il a contribué à bâtir, dans laquelle il est devenu aujourd'hui devenu un étranger : "Ils t’ont pris pour un coopérant, un riche touriste"

Il pensait retrouver sa Casbah, riche en couleurs, en sons, en images, celle qu'il nous décrit...mais les images de son enfance sont brouillées, elle est devenue sordide."Il s'est oublié dans ce passé d'images mortes. Depuis son retour, il se dit qu'il vit comme ensommeillé : tout se mêle, et tangue, et fluctue davantage d'ailleurs, le passé lointain, celui de sa première enfance, ou des années à l'école française."

La violence de son enfance, celle de l'émancipation d'un peuple est devenue la violence de l'enfermement, du repli sur soi : de nouveaux mouvements d'insurrection voient le jour, les fous de Dieu sèment la peur, la violence, la mort...prêchent et imposent leur religion, le silence, le vide culturel.

Le titre, le nom de cette auteure que je ne connaissais pas, m'avaient interpellé...J'ai passé de belles heures de voyage dans ces quarante ans de vie de l'Algérie, dans ces quarante ans de relation entre la France et l'Algérie, une Algérie qui tourne de plus en plus le dos à la France, quarante ans au cœur de cette âme algérienne, de ces occasions manquées de part et d'autre de rapprochement de nos peuples, dans cette Algérie qui dorénavant tue ses élites au nom de l'extrémisme religieux.

Un roman qui ne manquera pas d'émouvoir chacun de nous


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Femmes d'Alger dans leur appartement

Un recueil de nouvelles extrêmement bouleversantes.

Assia Djebar raconte des instants de vie, interminables ou fugaces, perçus par le prisme des femmes algériennes dans la période coloniale et post-coloniale.



On assiste notamment à un enterrement digne de la célèbre pièce de théâtre de Federico Garcia Lorca, La casa de Bernarda Alba. Lors de la veillée, les visiteuses, les pleureuses et les parentes commentent inexorablement la vie de la défunte et certaines n'hésitent pas à déverser leur venin sous forme de propos médisants et de messes-basses suffisamment audibles pour mettre à terre les vivants.



Assia Djebar donne la parole aux femmes qu'elles soient jeunes, vieilles, promises, mariées, veuves, divorcées ou orphelines. Toutes vivent en retrait, calfeutrées physiquement ou sont emmurées moralement et socialement.

L'autrice ne donne pas la parole aux femmes pour les entendre entonner un lamento ou un chant d'opéra telles des cantatrices car il s'agirait encore d'une parole policée aux accents attendus. La souffrance contenue ne sort pas dans un filet de voix aussi talentueux et musical soit-il, mais dans des cris rauques et gutturaux assourdissants qui, pris séparément, ne feraient pas plus que des ronds dans l'eau, et qui, réunis, brisent la cage de verre dans laquelle chaque femme se consume, isolément.
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Nulle part dans la maison de mon père

Difficile de trouver son identité lorsqu’on est écartelé entre deux cultures. On connaît dans notre société actuelle les difficultés identitaires des jeunes issus de l’immigration considérés comme étrangers sur leur propre sol natal, et considérés comme français dans le pays d’origine de leurs parents. Comment trouver sa place dans un tel cas de figure ? Alors que pourtant la double culture devrait être une force et une richesse, elle devient finalement un handicap et un motif de rejet.



Dans ce roman d’Assia Djebar, son dernier jusqu’à maintenant, l’auteur nous retrace ses souvenirs. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une autobiographie mais plutôt d’une somme de moments qui ont marqué son enfance et son adolescence. Roman très intimiste donc dans lequel j’ai cru voir le pendant algérien du problème identitaire de cette génération dont j’ai parlé en introduction.

Nous sommes sous l’Algérie coloniale, peu avant la guerre. Fatima ( véritable prénom de l’auteur) est fille d’instituteur. A ce titre, elle est en rapport étroit avec la population européenne. Elle fréquente l’école des maîtres français, joue avec les enfants des colons. A la maison, on parle essentiellement la langue française. Malgré ça, l’empreinte de la tradition s’exprime à travers sa famille, les femmes voilées qu’elle croise dans la rue et au hammam, sa mère qui porte le haik ce grand voile blanc dont se couvraient les algériennes de l’époque. Mais c’est surtout le caractère rigoriste de son père qui la marquera le plus et un événement en particulier. Alors qu’elle essayait, en compagnie d’un petit garçon européen, d’apprendre à faire du vélo, son père la surprend et la fait rentrer sur le champ. Il lui reproche alors sévèrement d’avoir montré ses cuisses. Fatima n’avait que 6 ans …



A partir de cet instant, l’insouciance d’une petite fille fait place à la crainte et à l’incompréhension. Pourtant le père de Fatima n’est pas si strict et traditionnel que ça. Elle peut sortir sans le voile, elle peut porter des jupes. Elle peut se rendre à son internat sans chaperon. En revanche, pas question de se vêtir d’une robe laissant les épaules et le dos dénudés. Fatima ne comprend pas pourquoi ces françaises peuvent ainsi se promener en toute liberté, sans surveillance et en tenue légère et que les algériennes soient, elles, emprisonnées dans leurs voiles et dans leurs maisons. Pourquoi les algériens respectent ces mêmes françaises mais insultent l’algérienne qui ose se tenir comme elles ?

Fatima ne supporte pas cette injustice. Petit à petit, elle transgresse, fréquente des garçons en cachette, la crainte dans le cœur (« Si mon père le sait, je me tue »), une crainte telle qu’elle va jusqu’à commettre un acte désespéré.



Cette contradiction entre deux cultures, entre deux statuts de la femme, va marquer durablement Assia Djebar et imprègnera toute son œuvre.



J’ai beaucoup apprécié cette lecture.

- Par cette image qu’elle donne de la vie quotidienne sous l’Algérie coloniale du point de vue d’une petite fille puis d’une ado, bref à un âge où on se construit, où ce qui nous entoure forge notre personnalité.

- Par le style très travaillé de l’auteur. Un style plein de mouvement et de rythme, tout en variations tantôt lent tantôt puissant. Un style qui joue aussi avec les sonorités. J’ai vraiment été charmée par la plume d’Assia Djebar.



Roman catharsis, roman thérapie, Nulle part dans la maison de mon père est le témoignage d’une enfance passée dans la contradiction et l’affrontement entre deux tendances qui s’opposent et se déchirent. Ce roman est aussi l’expression d’un mal être, d’un étouffement dont les responsables sont des hommes, le père d’abord, figure omniprésente, puis le futur mari. On sent leur ombre planer tout au long de la lecture à l’image de cette société patriarcale qui laisse si peu de place à la femme. Un roman qui éclaire l’œuvre de l’auteur et sa prise de position dans le combat des femmes pour l’égalité. C’était d’ailleurs ce fait qui m’avait tenue à l’écart des romans d’Assia Djebar mais cette lecture m’aura fait comprendre l’origine de ces idées.






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Vaste est la prison

Dans cet ouvrage dense et complexe, "Assia Djebar" (Fatima Imalayène) raconte sa vie de femme algérienne. Dans un texte qui se fait plus confessionnal que romanesque, l'auteure se joue de la chronologie pour raconter ses ressentis, en tant que femme arabe, née arabe, de famille berbère, amoureuse de la modernité (française) et rattrapée par son passé et l'histoire de son pays.

C'est par sa relation à l'homme aimé, pleine d'envie et de pudeur, qu'elle commence ce texte (peut-on parler de récit ? je ne crois pas). L'amour est un des fils rouges de cet ouvrage qui la suit elle, la narratrice -auteure masquée, dans cet amour qui n'aboutira jamais, dans son mariage et son divorce, dans ses vies d'après le divorce, à peine esquissées. C'est aussi l'histoire des femmes arabes, pour qui le mari est l'Ennemi. A travers la famille de la narratrice, on découvre la culture familiale algérienne : les remariages, le hammam, mais surtout les libertés prises de plus en plus par les femmes de cette famille, qui amènent inexorablement à plus de modernité, plus d'émancipation.

C'est aussi une histoire d'amour et de haine avec la France, entre attirance pour les moeurs européenne, rejet de l'occupant (sa famille sera la première à faire appel aux médecins français) et rejet de la France qui ne parvient pas à accepter les arabes.



La prison est celle imposée à la culture algérienne par les occupants français, c'est celle imposée aux femmes par les hommes, c'est enfin celle que les femmes arabes s'imposent par tradition.
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Femmes d'Alger dans leur appartement

Je me replonge, un peu par hasard, dans mes notes de lecture et d’études de ce recueil de nouvelles d’Assia Djebar intitulé, en référence au célèbre tableau de Delacroix, Femmes d’Alger dans leur appartement…

Autour du rapport à l’Histoire, à la mémoire, à la question de l’identité des peuples colonisés ou encore à la langue, Assia Djebar met à l’honneur l’écriture féminine des voix des femmes.



La construction du livre est intéressante avec une « Ouverture », presque musicale, et une « Postface » plus littéraire qui se répondent autour de deux autres parties de longueur inégale dont les titres, « Hier » et « Aujourd’hui » marquent une opposition et une articulation. Deux nouvelles sont très longues, « Femmes d’Alger dans leur appartement » et « Les morts parlent » tandis que les plus courtes en sont comme des échos.

« La nuit du récit de Fatima » montre comment la parole peut sauver la vie. Fatima se fait l’alter ego de la célèbre Shéhérazade, personnage cadre avec cependant de multiples relais, dont un narrateur omniscient en italiques. Cette nouvelle met en abyme tous les thèmes du livres.

« Femmes d’Alger dans leur appartement » est structurée comme un morceau de musique avec interlude et « diwan », poésies lyriques chantées.

« La Femme qui pleure » est le récit d’une rencontre essentielle entre une parole et une écoute.

« Il n’y a pas d’exil » est centrée sur le mariage, sur l’absence de consentement de la femme, sur son silence. La nouvelle se déroule sur fond de deuil et de « thrènes », chants funéraires.

« Les morts parlent » insiste sur le rôle culturel de la parole féminine ; les femmes supportent l’enfermement grâce au chant et à la lamentation, seules voix possibles, d’où la fascination pour les pleureuses. La parole féminine lyrique n’est possible que lors des deuils et des mariages, hors de toute écriture et encadrée.

« Jour de Ramadhan » et « Nostalgie de la horde » surprennent des conversations de femmes, des confidences lourdes de sens.

En 1832, lors d’un voyage, Delacroix a eu l’occasion de pénétrer dans un intérieur et de voir ce que normalement, on ne donne pas à voir à un étranger et ce qu’il a ensuite représenté a marqué une rupture : la femme algérienne n’est plus vue comme une odalisque, mais dans sa réelle intimité. Il faut arriver à la fin du recueil pour retrouver cet épisode dans « Regard interdit, son coupé »… Cette nouvelle oppose la modalité inquiète de Delacroix, sa vision angoissée de l’invisibilité et du silence au travail de Picasso qui va, dans ses propres œuvres, briser l’interdit et libérer les prisonnières du harem, annonçant les porteuses de bombes de la bataille d’Alger.



L’écriture s’échelonne de 1958 à 2001. L’ensemble est très musical, comme un trajet d’écoutes : les voix et les sonorités, les chants, les « thrènes » des pleureuses sont des points de départ et d’aboutissement dans les nouvelles, des passerelles pour la mémoire et la transmission : « Je ne vois pour les femmes arabes qu’un seul moyen de tout débloquer : parler, parler sans cesse d’hier et d’aujourd’hui, parler entre nous, dans tous les gynécées, les traditionnels et ceux des H. L. M. »…

Assia Djebar a choisi d’écrire en français, la langue du colonisateur ; pourtant, elle pratique le berbère, l’arabe dialectal et a étudié l’arabe classique avant de poursuivre ses études en français puis d’enseigner dans cette langue à l’université. C’est chez elle un choix révélateur car elle considère la langue française comme un voile, avec toutes ses ambiguïtés : l’usage du français l’a, en quelque sorte, libérée, lui a permis de s’exposer, de se raconter, mais aussi de garder une distance avec le monde et avec ses propres mots. Elle utilise ce voile et s’en démarque en même temps, jouant de la diglossie pour transposer les voix arabes en français en se réappropriant la langue du colonisateur.

Cette posture est d’autant plus paradoxale que l’arabe est la langue des femmes. C’est encore plus complexe car, dans sa tribu berbère d’origine, les femmes utilisent un arabe clandestin et occulte, oral, un peu différent de l’arabe de la communauté, celui des hommes. Cette parole plurielle exprime le quotidien familial et religieux.



Ce recueil mérite d’être connu…

Personnellement, j’ai du mal à le dissocier d’un sujet d’études, même après quelques années. Je garde le souvenir d’une lecture un peu difficile, d’un intérêt surtout intellectuel.

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Oran, langue morte

Cinq nouvelles, un conte, un récit : sept textes sur la condition des femmes en Algérie et dans le monde musulman, femmes menacées par les islamistes, femme française aimée par un algérien, heureuse avec lui, enterrée comme une reine dans un cimetière musulman, femme de journaliste assassiné, fillettes enlevées …

Destins divers, heureux ou assassinés, depuis les années 40 jusqu’à nos jours en passant par les combats de la guerre d’indépendance. Des pages qui nous font voyager entre l’Algérie -Oran, Alger -, l’Europe – Paris, la Hollande, la Normandie, la Sardaigne, Verdun, l’Alsace, Monte Cassino, l’Allemagne et le Moyen Orient Bagdad, Alep, le Kurdistan….

Un commun dénominateur : La femme, sexe faible et opprimé, sexe fort aussi.

Une violence au quotidien.

Une écriture fouillée, précise, percutante, difficile parfois
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La femme sans sépulture

15 ans après les Accords d'Evian, rendant son indépendance à l'Algérie. Une documentariste trouble la paix de 2 sœurs : elle veut en savoir plus sur leur mère, qui a prit le maquis pour finalement mourir sous les coups et la torture de l'armée française. Son corps ne fut jamais retrouvé, et elle devint une légende : Zoulikha.

Ce roman choral ressuscite une figure de femme libre, passionnée et déterminée, qui a mené la vie qu'elle voulait. Jusque dans son sacrifice pour une cause qui lui tenait à cœur : libérer son pays de l'oppression et de l'arbitraire. Pour rendre leur dignité à ses concitoyens. Que son corps ait disparu rajoute encore à sa légende : cela empêche le deuil de ses 3 enfants, mais en même temps, elle plane au-dessus d'eux comme une ombre protectrice. C'est de parler de leur mère qu'elles arriveront à se libérer de leur tristesse et pour la plus jeune des sœurs, à commencer à vivre.
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Femmes d'Alger dans leur appartement

Ce recueil de nouvelles est intéressant au niveau anthropologique puisqu'il nous permet de découvrir la vie de différentes femmes, jeunes ou plus âgées, en Algérie au XXème siècle. Nous voyons tout un pannel de femmes : celles émancipées (elles conduisent, travaillent et ne portent pas le voile), tout comme celles restant chez elles, mariées de force très jeunes, avec plusieurs épouses etc. Il faut savoir que les Algériennes présentes dans ce recueil, quelle que soit leur conditions, me paraissent fortes et je dirais même presque indomptables (positivement).

Connaissant très mal ce pays, j'ai apprécié découvrir un peu de sa culture, ou du moins celle de l'époque : l'importance de la religion, le respect, le "devoir" d'avoir un garçon, chose primordiale pour les hommes, même si certains pères vouaient un amour inconditionnel pour leurs filles et leurs permettaient d'avoir une éducation.

J'ai également aimé le fait que l'auteure ait abordé certains pans de l'histoire, notamment la colonisation française, les tortures et exécutions. Même si les choses sont dites assez pudiquement, nous en avons un petit aperçu, par exemple avec une femme ayant fait partie de la résistance et ayant connu la prison et la torture.



Cependant, je ne suis pas tout à fait conquise, il me manque un petit quelque chose. Il est indéniable que l'auteure à une belle écriture, mais je n'y ai pas toujours adhéré. Le thème (les femmes et leurs conditions) m'a bien sûr plu, mais je me suis parfois un peu perdue dans une ou deux nouvelles, ne comprenant pas toujours les enchaînements. De plus, j'aurais aimé m'attacher plus aux personnages, ressentir de la compassion pour ces femmes et vibrer avec elles, or cela n'a pas été le cas.
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Ils ont écrit sur des écrivains....

Ronsard a écrit trois volumes de vers pour trois femmes différentes. La première et la dernière, Cassandre et Hélène, ne l’approchèrent point ; l’une parce qu’elle était trop belle et l’autre parce qu’elle était hideuse. C’est du moins ce qu’en disent ceux qui les ont connues ; mais Ronsard, ne voulait rien d’elles que leurs noms à mettre en sonnets, fit Cassandre plus belle encore que Cassandre, et daigna donner à Hélène tout ce que Dieu lui avait refusé. Aussi nous les voyons toutes deux incomparables.

Emile Zola
Jules Barbey d’Aurevilly
Pierre Louÿs
Charles Baudelaire
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