Oran, langue morte est un recueil de cinq nouvelles, un conte et un récit, paru en 1997, il met en scène la femme, son histoire, son combat, son pays - l'Algérie - celui qu'elle veut fuir à tout prix.
Djebar retranscrit la violence de l'Algérie, la violence que subit l'Algérie, la violence que subit la femme qui y vit, cachée, oppressée, étouffée dans ses villes lessivées à la mémoire blanchie, cités désertes aux façades tatouées de nostalgie, devenues mémoires gelées et langue morte.
Tous les personnages sont des femmes : Yacouth, Isma, Annie, Atyka, Félicie, Ourdia, elles racontent, à différentes époques, leurs itinéraires, occultées par ce silence ancestral, leurs histoires déchirantes et révoltantes.
Assia Djebar a ce talent de porter haut cette voix féminine, longtemps restée dans le silence, dans la peur, cette voix qui se réveille et raconte.
Elle raconte l'histoire d'une exilée qui revient à son pays et se remémore la perte de ses parents assassinés par l'OAS, la vie d'une Roumia mariée avec un Algérien, enterrée comme une reine dans un cimetière musulman, l'assassinat d'une malheureuse fille par sa mère pour l'honneur du père, une professeure d'arabe qui raconte l'assassinat de son mari Mourad, celui qui n'avait pas peur de dénoncer l'intégrisme par sa plume, ou encore l'histoire de Atyka, la Shérazade moderne, amoureuse de la langue française, assassinée sous les yeux de ses élèves par les sanguinaires.
Vous l'avez compris, il s'agit de sang, de meurtres, de raconter une Algérie d'angoisse et de peur, des effrois saisi sur les lèvres de ces femmes. Pourquoi ? pour essayer d'atteindre ce lecteur qui permettra à cette écriture de libérer l'ombre de cette voix féminine qui palpiterait jusqu'à l'horizon...
Mais je me le demande : existe-t-il encore aujourd'hui du rose, au soleil couchant, au soleil sanglant, dans le ciel Algérien ?
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