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EAN : 9782226084576
280 pages
Albin Michel (19/01/1996)
4.03/5   20 notes
Résumé :
Convoquer les morts, ces " chers disparus ", et restituer leurs derniers instants, l'horreur de leur mort, la douleur de leurs proches, comme un cérémonial dans un pays en proie à la guerre, où l'écrivain est offert en victime propitiatoire, tel est le propos de ce récit qui répond autant à une exigence de mémoire immédiate qu'à un désir de lire autrement l'histoire de l'Algérie.

Qu'il s'agisse d'écrivains célèbres - Albert Camus, Jean Amrouche, Fran... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Pour rédiger le commentaire sur « le testament français » d'Andreï Makine, je me suis intéressée d'un peu plus près à sa vie et à son accession à l'Académie française au fauteuil n° 5, occupé précédemment par Assia Djebar. J'y ai vu un signe, il fallait que j'évoque, aussi, cet écrivain lors de notre prochain club littéraire consacré au thème « ils ont choisi d'écrire en français ».
Relecture de cet ouvrage « le Blanc de l'Algérie » découvert y a une vingtaine d'années.
Décennie noire, engluée de haine, pétrie de violence, ensanglantée par les assassinats, celle des années 90, tristement évoquées par les vocables « de braise », de « plomb », guerre civile funeste au cours de laquelle plus de cent mille personnes furent massacrées par les terroristes islamistes en Algérie, dont bon nombre d' intellectuels.
C'est dans ce contexte poignant qu'Assia Djebar rédige « le blanc de l'Algérie », « une liturgie » consacrée , d'abord, à trois de ses amis intimes tragiquement disparus : Mahfouf Boucebbi (54 ans) psychiatre, assassiné le 15 juin 1993, M'Hamed Boukhoba,(55 ans), sociologue tué sauvagement le 27 juin 1993, Abdelkader -Kader- Alloula, auteur dramatique oranais, (55 ans) lui aussi assassiné.
Elle organise une cérémonie mémorielle où vont être invités à défiler, tour à tour , ses trois amis, d'autres inconnus , hommes femmes, abattus pendant ces années de terreur , mais aussi les écrivains, nés en terre algérienne , ceux offerts en victimes propitiatoires, ceux morts depuis plus longtemps et jamais oubliés et qui font partie intégrante de l'histoire de l'Algérie : Camus, Sénac , Mouloud Feraoun, Anna Greki, Kateb Yacine
Ils apparaissent , un à un, « dans une lumière de blanc diaphane » dans la "lumière délavée, épurée du jour d'autrefois" .
Car le blanc c'est la couleur de l'Algérie , le blanc glorieux qui claque au vent , celui de son drapeau, le blanc des asphodèles si chères à Camus qui illumine les champs au printemps , le blanc virginal des voiles qui habillent les femmes, le blanc moussu qui farde le sommet des vagues sur les plages algériennes, Alger la Blanche , le blanc du linceul, le blanc de « saignée à blanc », le « blanc de l'écriture », le blanc qui se pointe après une nuit envahie par les ténèbres , le blanc de l'aube promesse d' un jour nouveau, mais jamais « le blanc de l'oubli » …
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Le blanc de l'Algérie - Assia Djebar - 1996
Pas le blanc tapissant les murs, ni les haiks
pas le blanc des nuages qui couvrent le ciel azuré
Pas le blanc de l'écume de la mer
Le blanc du dueil
Pas le blanc de l'oubli que Djebar refuse obstinément mais
Le blanc inaltérable de leur présence - ceux qui sont parti trop tôt- qu'elle réussit à nous faire sentir au travers de cette oeuvre. 
Une oraison jaculatoire dans ce récit court de 245 pages ressuscitant de belles âmes, les belles plumes de l'Algérie.
Un cri du coeur, de la conscience, un déroulé historique du pays de la période coloniale,  post indépendante et de la décennie noire.
J'ai adoré ce récit, qui m'a chamboulée, attristée.
Qui a fait revivre une douleur au creux de mon être profondément tapie. Une saignée qu'on a vécu y a pas si longtemps.
Une plume engagée, rageuse en mémoire des disparus: Albert Camus, Abdelkader Alloula, Mahfoud Boucebci, Mhamed Boukhobza, jean Senac, Jean et Taous Amrouche, Tahar Djaout, Anna Greki, Said Mekbel ... et tant d'autres
Pour que nulle n'oublie...

Une lecture à faire et à refaire.
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Dans le Blanc de l'AlgérieAssia Djebar nous fait part de l'horreur que traverse son pays, en effet dans ce dernier Assia Djebar commence par évoquer la mort de trois amis les plus proches M'Hamed Boukhobza, Mahfoud Boucebsi, Abdelkader Alloula, trois intellectuels algériens morts au cours des années noirs qu'a connu l'Algérien et se retrouve progressivement à traiter de la même manière la mort d'intellectuels morts dans le passé : FANON, KATEB, MAMMERI, DIB, FERRAOUN, DJAOUT….
A travers ce dernier elle nous offre une nouvelle carte de la réalité algérienne tout cela à travers une plume magnifique poétique, parfois les scène décrites sont troublantes bouleversantes poignantes.
Un pur chef d'oeuvre de la littérature algérienne, à travers ce plaidoyer Assia Djebar nous offre une vraie réflexion sur l'histoire algérienne, sur la mémoire de ce pays dans un contexte assez douloureux et tragique.
Mon coup de coeur de cette année livre est aussi un hommage a la richesse culturelle, linguistique….

Je vous le conseille fortement, un voyage à travers ce pays si riche
Lien : https://biblibook11.wordpres..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Moins de quarante ans après, on tue des journalistes, des médecins,
des instituteurs, des femmes professeurs ou infirmières, on tue des
« diplômés » quand ils ne sont pas au pouvoir, qu’ils ne veulent pas se
protéger ou n’y songent pas, quand ils vivent dans les quartiers populaires,
quand…
[…] Viser celui qui parle, qui dit « je », qui émet un avis, qui croit
défendre la démocratie. Abattre celui qui se situe sur le passage : de la
pluralité de langues, de styles de vie, celui qui se tient en marge, celui qui
marche, insoucieux de lui-même ou inventant chaque jour sa personnelle
vérité.
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Dernières paroles publiques, donc, d’Albert Camus venu en personne au centre même de l’arène :
« Mon appel sera plus que pressant. Si j’avais le pouvoir de donner une voix à la solitude et à l’angoisse de chacun d’entre nous, c’est avec cette voix que je m ‘adresserais à vous. En ce qui me concerne, j’ai aimé avec passion cette terre où je suis né, j’y ai puisé tout ce que je suis et je n’ai jamais séparé de mon amitié aucun des hommes qui y vivent ; de quelque race qu’ils soient. Bien que j’aie connu et partagé les misères qui ne lui manquent pas , elle est restée pour moi la terre du bonheur et de la création. Et je ne puis me résigner à la voir devenir la terre du malheur et de la haine » C’était le 22 janvier 1956 à Alger.
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Jean Sénac qui signait ses poèmes, ses missives, par un soleil à cinq rayons, vivait ses amours - de la terre natale, de la vie, des garçons – dans un éblouissement qui fit ombre soudain violente à une société où l ‘homosexualité si prégnante pourtant, évite de se dire haut.
Jean aimait parfois se nommer Yahia el-Ouah-rani : Jean l’Oranais, est mort de sa vérité dite, écrite, parfois criée.
Et le poète Salah Guermriche de s’exclamer :
Ecoutez-moi, gens des rues, écoutes-moi en vérité, je vous le dis,
Yahia n’est pas mort assassiné
Yahia est mort
Achevé !

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En épigraphe à ce livre Assia Djébar a choisi une phrase d'Albert Camus :

"Si j'avais le pouvoir de donner une voix à la solitude et à l'angoisse de chacun d'entre nous, c'est avec cette voix que je m'adresserais à vous ".
(Alger, Conférence le 22/01/1956)
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(…)C’est justement Camus le premier qui a senti la fissure étrange, au cœur même d’une guerre pourtant coloniale, de vivre celle-ci comme une guerre civile, comme un déchirement dans la poitrine.
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Videos de Assia Djebar (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Assia Djebar
L'écrivain prix Goncourt 2015 pour "Boussole (Actes Sud) Mathias Enard et l'écrivaine Kaouther Adimi ("Au vent mauvais", Seuil, 2022) rejoignent le Book Club pour parler de littérature algérienne : l'incontournable "Nedjma" de Kated Yacine, Assia Djebar, Mohammed Dib... L'occasion de partager avec les auditeurs et auditrices des lectures fondatrices de leur rapport à l'écriture et à l'Algérie.
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