Je découvre Christophe Royer avec ce roman. La quatrième de couverture m’a intriguée et j’attendais vraiment de savoir où il allait emmener son lecteur avec tous ses éléments.
Ce thriller met en scène le commandant Nathalie Lesage qui vient en aide à un de ses amis, Samir. Le but : retrouver la sœur de ce dernier qui a disparu. L’enquête l’amène à Albi et va la pousser de découvertes en découvertes : une école de magie, des disparitions inquiétantes, des collègues peu coopératifs et une vieille dame très obligeante.
Tout d’abord, ce thriller se lit très facilement. Je l’ai lu en deux jours, presque sans m’en rendre compte. L’écriture est fluide, efficace, même si certains traits de langage un peu trop modernes et relâchés à mon goût ne m’ont pas toujours plu. L’enquête est rythmée, il n’y a pas ou peu de temps mort, si bien que je ne me suis pas ennuyée.
L’enquête détonne à plusieurs niveaux. L’enquêtrice, Nathalie Lesage, fait ici ce que bon nombre de ses homologues masculins font dans les récits policiers. Elle outrepasse ses attributions, enquête dans une autre ville, sans en informer sa hiérarchie et court-circuitant volontiers les collègues sur place. C’est assez peu crédible, mais plutôt jouissif car pour une fois, c’est une femme qui ne se laisse pas démonter et affronte vents et marées pour venir en aide à ceux auxquels elle tient. Nathalie est un personnage que l’auteur humanise très bien : son lien avec Samir, à la fois douloureux, trouble et puissant s’entremêle à l’enquête, son amitié avec ses collègues de Lyon en font une personne sympathique, sa relation avec Lucie est très émouvante aussi, enfin, les allusions à son passé et à sa propre famille en font un être hanté et expliquent certaines de ses réactions.
De plus, cette enquête est envahie par l’étrange, par une magie malsaine. Cela donne une originalité certaine et offre aussi une atmosphère poisseuse. J’ai réellement frémi à plusieurs reprises – parfois à tort car l’auteur nous entraîne sur des fausses pistes aussi glaçantes que dérangeantes. Certaines scènes sont réellement malaisantes et font cristalliser un monde de turpitudes humaines. Dans ce roman, nous trouvons des hommes avides de pouvoir, prêts à tout pour avoir l’impression de dominer le monde, nous côtoyons des êtres au délire de démiurge et d’immortalité, des hommes mus par une folie qui les pousse à commettre des atrocités toutes plus sordides les unes que les autres. Ce délire révolte, choque et indigne le lecteur mais aussi les enquêteurs, mais surtout, le lecteur se trouve cueilli car il ne peut pas imaginer un tel dénouement. Il y a donc une réelle complexité dans la structure narrative et une progression dans l’horreur qui surprend.
Certains passages sont un peu plus convenus à mon sens. J’ai assez vite compris ce qu’il se passait avec le lieutenant Champignol, j’ai eu un peu de mal à saisir les deux aspects de la personnalité de monsieur Etienne – parfois plein de self control et à d’autres moments, ne sachant plus se retenir, la figure de l’enquêteur qui agit comme un chevalier blanc ne m’a pas non plus emballée, mais cela reste un avis personnel et cela ne retire rien à l’originalité des autres versants du roman, cela ne m’a absolument pas empêchée de dévorer le livre en un temps record.
Ainsi, Néréides est un roman étonnant et détonant. Il sort un peu des sentiers battus et propose une enquête trépidante aux accents magiques et ésotériques. Cela peut intriguer ou repousser, mais seuls vous pourrez décider si vous voulez plonger au coeur de cet univers.
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