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Critiques de Emmanuel Bove (150)
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Armand

C'est à travers la voix de Christian Dousset sur le site de littérature audio.com que je viens de découvrir ce roman.

Quatre personnages se côtoient dans un récit à la première personne où art du détail, observations psychologiques et analyse des tourments créent un univers propre à l’auteur.

Tout le long de ce récit j'ai ressenti un malaise persistant et savamment entretenu par l'évocation d' Emmanuel Bove, des sentiments et pensées d'Armand et par la lourdeur des silences. Armand est loin d'être sympathique et de caractère cyclothymique. Je vous laisse le soin de le découvrir en profitant de l'excellente narration du donneur de voix.
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Mes amis

Premier roman de l’auteur (si on excepte des romans populaires sortis sous pseudonyme), publié en1924 alors qu’il n’avait que 25 ans, il assure d’emblée la réputation d’Emmanuel Bove, grâce à des critiques très favorables. Ses écrits suivants ne seront pas aussi bien accueillis, et il vivra essentiellement d’un travail de journaliste, y compris dans des journaux très grand public, traitant par exemple des faits divers. Relativement oublié après sa mort, ses œuvres connaissent depuis des vagues de rééditions ponctuelles, sans pour autant atteindre un statut de véritables classiques. « Mes amis » est en général présenté comme son meilleur livre.



Nous suivons Victor Bâton qui parle dans le texte à la première personne. Il a connu la première guerre mondiale, et il en est sorti mutilé à la main gauche, invalide à 50 %. Sa pension lui permet de survivre chichement. Il passe son temps à déambuler dans les rues, dans l’espoir de rencontrer enfin une âme sœur, un ami, ou peut-être même un amour. Il passe son temps à imaginer ces rencontres, dès qu’il croise quelqu’un, il élabore des possibles histoires communes. Mais à aucun moment il n’arrive à se mettre à la place de l’autre, qui n’est qu’une sorte de prétexte à l’imagination, à finalement un retour sur soi. C’est ainsi que les silhouettes qu’il évoque dans les différentes parties du roman (Blanche, Billard, Neveu etc) ne font qu’apparaître un instant, il n’y a en réalité aucun échange, et souvent Victor Bâton fuit, ou se comporte de manière à ce que l’autre le fuit. Aucune lueur d’espoir ne semble possible dans la vie du personnage.



C’est un texte étrange, que l’on peut lire à différents niveaux. C’est en apparence très réaliste, très descriptif, avec des phrases courtes, un vocabulaire simple. On peut avoir la sensation de quelque chose de presque journalistique, et Emmanuel Bove exerçait ce métier. Mais cette impression ne résiste pas à un examen plus poussé : le monologue de Victor est centré sur lui-même et ses sensations, et l’univers qu’il décrit, malgré une forme de descriptions triviales, semble se distordre, basculer sous ses allures familières dans une sorte d’univers parallèle. C’est subtile, peu marqué, mais incontestable, et cette distorsion du quotidien introduit une sorte de malaise, sans doute voulu par l’auteur. L’humour grinçant, qui semble involontaire ou inconscient chez Victor, mais sans aucun doute pas chez Emmanuel Bove, joue un rôle essentiel pour l’installation de cette ambiance.



La forme du livre est aussi particulière, la couverture parle de roman, mais après une introduction et avant une conclusion finale centrés sur le personnage principal, les autres parties sont des récits concernant à chaque fois la rencontre avec un ou une autre, vue entièrement du point de Victor. Chaque partie étant pour ainsi dire indépendante, ne semblant pas avoir de lien direct avec les autres, à part la voix du narrateur-protagoniste et pourrait à la limite se lire seule. Plutôt que de nouvelles agglomérées pour constituer un livre, il me semble que c’est une façon de concevoir la fiction qui efface quelque peu les frontières entre le roman et les nouvelles. L’expérience du récit court, article ou nouvelle pour la presse, que Bove a beaucoup pratiqué, peuvent expliquer cette approche particulière de la forme romanesque sans lui enlever son originalité.



Incontestablement un texte intéressant, qui provoque pas mal d’interrogations et une forme d’inconfort chez le lecteur, le personnage de Victor étant très ambiguë : incontestablement un pauvre homme que l’on ne peut que plaindre, aussi bien à cause de sa misère que de sa solitude, mais en même temps très égocentrique, ne voyant les autres que par rapports à ses attentes, ses fantasmes, voulant qu’ils deviennent des sortes de marionnettes qu’il pourrait manipuler, et qu’il rejette dès qu’ils commencent à ne pas correspondre à ce qu'il imagine. Il est presque inquiétant par moments, dans cette façon de mêler le réel et l’imaginaire.



A découvrir absolument.
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Mes amis

Invalide de guerre à 50%, Victor Baton, vit avec sa maigre pension de guerre. Il ne travaille pas. Une vie bien triste, faite d’ennui, dans le Paris de l’après guerre. Par tous les moyens, il aimerait qu’on le remarque, il veut tant vaincre sa solitude…Ah si seulement on le regardait, si seulement quelqu’un lui adressait spontanément la parole…Mais non, chacun passe sans le voir..Insignifiant dans son costume élimé. Pourtant il essaye de se faire des amis, d’attire et de retenir l’attention…Une liaison rapide, sans suite, et c’est tout. Bien qu’il soit pauvre, il offre des cigarettes, des repas, « prête » de l’argent à des profiteurs,…et immédiatement se rend compte de son erreur…

Il passe ses journées à errer de sa chambre aux beaux quartiers…des journées au cours desquelles il croisera des regards, des suicidaires, des personnes prêtes à lui donner un peu d’attention..



Victor pourrait être incarné au cinéma par Chaplin…un « Charlot » triste, seul et apparemment sans famille, perdu dans son monde, un « Charlot » attachant toutefois qu’on plaint à chacune de ses aventures, de ses rencontres…Un Charlot qui nous ferait rire jaune…. Il est l’un de ces laissés-pour-compte, dans des vêtements élimés et démodés, dans ce Paris des années folles, …Le Paris bourgeois, des femmes faciles, du luxe, des grands boulevards, du plaisir.



Une jolie femme lui sourit, est gentille avec lui…Quelle belle amitié possible, et pourquoi pas l’amour !! Il ne se rend même pas compte que l’occupation principale cette belle dame est justement de sourire aux hommes, dans ces établissements spécialisés, que Madame Marthe Richard fermera plus tard



Un regard, une cigarette offerte, une personne un peu plus polie que les autres …et immédiatement un espoir d’amitié naît….Et par son attitude inconsciente, par ses mots, il cassera toute possibilité de rapprochement, y compris lorsqu’il tentera de se rencontrer d’autres paumés, de même condition sociale…Ces personnes croisées étaient polies, n’ont nullement recherché une relation d’amitié durable avec lui…il n’en est pas conscient…Il est tellement éloigné des conventions sociales. Il est jaloux du bonheur des autres , et envisage le suicide…réel ou appel au secours ?



Il est insignifiant, n’a aucune place dans cette vie, dans ce Paris qui vit très bien sans lui. Pourquoi personne ne s’intéresse à lui?.



Pourtant il n’est pas timide. A-t-il toujours été ainsi ? A-t-il été traumatisé par cette grande guerre dont il est sorti handicapé ? Emmanuel Bove, ne nous donne pas la clé…A chacun de nous, de la trouver, de la supposer, si on le souhaite.



Une écriture dépouillée mais percutante, faite de phrases courtes. Chacune a sa place, aucune n’est de trop… Un style plaisant qu’on ne retrouve plus..Emmanuel Bove maîtrise avec bonheur le présent ou l’imparfait du subjonctif….Ah ! un peu désuet parfois mais quel bonheur !



Un roman qui a plus de 90 ans mais qui conserve toute sa pertinence et son actualité…Nous croisons, sans les voir, tous les jours des Victor Baton, seuls à l’écart de notre monde…



Un auteur que j’ai eu plaisir à découvrir avec « Le Piège ». Découvrez-le vite si vous ne le connaissez pas.
Lien : http://mesbelleslectures.com..
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Le Pressentiment

C'est l'histoire d'un ancien type bien qui en a marre de sa vie de vitrine et qui se dit, tiens, si je coupais les ponts avec tous les saligauds qui entretiennent l'apparence ? A partir de là, il vit seul et programme cette vie qui lui reviendra lorsqu'il qu'il se sera débarrassé de sa richesse. Mais il doute de lui : « Il était parti parce que son entourage lui était devenu insupportable. Il avait cru montrer ainsi qu'il était un homme différent. L'était-il vraiment ? N'était-il pas tout simplement un égoïste ? »





Il peut être étrange de se reconnaît comme égoïste lorsque, d'un point de vue extérieur, les autres ont l'impression que la réussite est sacrifiée au profit d'un motif plus noble qui contraint à se reclure loin du monde. Tout se passe comme si Charles avait compris qu'il abritait le germe d'une maladie mortelle et qu'il devait vite transformer sa manière de vivre pour se retrouver en adéquation avec ce qui prenait de lui de l'ampleur - sous la forme du pressentiment, dirons-nous après coup, quand tout apparaîtra dans l'évidence. En quelque sorte, il passe le flambeau, la torche vive, cette illusion du faux bonheur, pour se garder le secret du vrai bonheur à lui tout seul. Il se donne l'impression d'être égoïste à cause de ça. Il laisse les autres seuls dans leur cambouis, sans leur dire ce que lui a compris. « Pour eux, ce qu'il avait fait était extraordinaire, alors que pour lui, c'était si simple ».

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Mes amis

La solitude irrémédiable d’un traîne-misère, et un choc littéraire d’une modernité affolante.



Premier roman d’Emmanuel Bove (1898 – 1945) publié en 1924 par les éditions Émile-Paul frères alors qu’il n’avait que vingt-cinq ans, «Mes amis» fut couronné d’un grand succès avant de retomber dans l’oubli. Roman d’une impressionnante modernité d’un auteur prolixe redécouvert après la seconde guerre mondiale, il a été réédité en 2015 grâce aux éditions de l’Arbre Vengeur, avec une précieuse préface de Jean-Luc Bitton et en conclusion une nouvelle, comme un chapitre supplémentaire, intitulée «Un autre ami».



Personnage marginal et pauvre, Victor Bâton vit – ou plutôt survit – grâce à sa maigre pension d’invalide de la première guerre mondiale dans une chambre humide et froide, au plafond taché d’humidité, avec pour seule compagnie quelques meubles misérables et un petit poêle dont le tuyau défectueux est bandé d’un chiffon. L’auteur, avec lequel Victor Bâton a beaucoup de points communs, accentue les conditions de vie pathétiques de son personnage, doté d’un sens suraigu de l’observation du spectacle des rues et de ses détails (dont la puissance d’évocation en lien avec le malaise intérieur fait songer à Witold Gombrowicz) dans cette vie solitaire où les événements sont si rares.



La suite sur mon blog ici :

https://charybde2.wordpress.com/2016/05/06/note-de-lecture-mes-amis-emmanuel-bove/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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L'impossible amour

Vous vous souvenez de la lenteur lourde et indifférente de « Mes avis » ? Du minimalisme dramatique de « La mort de Dinah » ? Vous ne retrouverez rien de cela ici. Bove devient bovin sans perdre son âme et nous montre qu’à l’instar des petits copains qui réussissent dans le monde de la littérachiotte, il est capable de faire des petits romans sentimentaux qui s’arracheront auprès des bonnes femmes pendant au moins une semaine, le temps de passer à une autre savonnette à la mode. Bove, divin bovin ne pouvant s’empêcher de laisser remonter à la surface sa mélancolique sentimentalité, s’entiche donc d’une histoire d’amour. Sa publication initiale sous forme de feuilleton pour la presse l’oblige à injecter dans chaque chapitre un nouveau rebondissement qui sent parfaitement le chiqué de ce qui allait devenir le divertissement hollywoodien. Bien que nous soyons saturés de ces ficelles qui sont absorbées comme absence de stimulus par nos cerveaux endurcis, essayons de lire ce triste petit livre comme si nous étions vierges d’incroyablement tout.





Comme Denis de Rougemont le démontrait dans « L’amour et l’occident », comme Pacôme Thiellement nous le raconte avec d’autres exemples dans « Sycomore sickamour », il est de tradition dans notre culture humaine de placer la barre du véritable amour à la hauteur de la plus incroyable torture sentimentale : il n’est pas d’histoire d’amour réussie qui ne soit à jamais inaccomplie. Qu’on soit d’accord ou non (sûrement ne le serons-nous d’ailleurs pas, à première vue), c’est à la surface de ce fond diffus de croyances et de légendes que nous voguons la galère, nous laissant rattraper par le cliché insoupçonné plus vite que prévu. Vous l’aurez compris, c’est ce qui se passe dans cette histoire, un homme et une femme amoureux l’un de l’autre ne pouvant se maquer ensemble à cause de différences sociales insupportables pour la famille de la jeune fille. Qu’il est bon d’imaginer qu’à une époque, même pas trop éloignée encore de la nôtre, on pouvait être malheureux en amour sans jamais s’en vouloir à soi-même, sans jamais se dire que l’on ne convient pas à ce que l’autre attendait de nous, sans jamais en venir à se haïr pour celui ou celle que l’on est, mais en accusant simplement l’inertie sociale et le conformisme des classes, ce qui est beaucoup moins blessant pour l’amour-propre de chacun.





Si vous n’aimez pas Emmanuel Bove outre mesure, voire si vous ne le connaissez pas encore par ses autres merveilleux petits bouquins (déjà cités plus haut), ne lisez-pas cet impossible amour, vous auriez l’impression qu’une daube vous est tombée entre les mains, enfin, quelque chose d’un peu mièvre et convenu, ce qui ne donne pas forcément envie d’y retourner. Mais si vous connaissez et aimez déjà ce brave Bove, vous pourrez, comme moi, projeter dans la lecture de ce livre tout ce que vous imaginez de cet homme que finalement nous ne connaissons pas : un type sur lequel s’abattent toutes les émotions les plus dévastatrices et qui reste là sans broncher, un type qui ne déteste pas la vie mais qui n’en voit pas non plus l’intérêt, un type qui aime passer des heures à décrire les pensées des êtres humains et qui les commente de manière à mettre en relief le caractère dérisoire et émouvant de leurs passions.





Merci à Nagui qui a sauvé ce livre du pilori un jour, il y a longtemps déjà.

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La dernière nuit

L'œuvre d'Emmanuel Bove est hantée d'êtres qui se croient appelés à un destin supérieur alors qu'en réalité ils demeurent toujours incapables d'assumer leur triste réalité. Solitaires et asthéniques, ils estiment que la société devrait apprécier leurs vertus et leur accorder la place qu'ils méritent. Malheureusement, ils ne réussiront jamais, car loin d'être des personnages exceptionnels, la médiocrité et le manque de volonté leur empêchent tout effort pour atteindre leurs buts.



La dernière nuit ne représente pas l'exception à ce schéma général. Bien au contraire, le roman le suit et l'enrichit grâce à une dérive fantastique. Le récit s'ouvre avec la narration claustrophobe de l'après-midi d'Arnold Blake, un personnage angoissé dont nous ignorons pratiquement tout. Comme dans tous les romans boviens, le repérage spatial place le protagoniste dès le début dans un cadre bien déterminé : il reste enfermé dans sa chambre d'un hôtel "situé dans une rue populeuse de Montmartre



L'écoulement du temps, qui est détaillé aussi dès la première phrase du roman ("Quatre heures sonnèrent"), scande les sombres pensées d'un héros qui nous incite à penser que le récit tournera vite à la tragédie.

Mise à part l'exactitude du repérage spatio-temporel, la narration se fonde sur

l'allusion et le sous-entendu car, sans nous fournir des informations précises, les monologues du héros nous invitent à croire qu'il a commis un crime horrible.



Cependant, étant donné que rien n'est affirmé ou expliqué, on hésiterait à affirmer que son angoisse et son désarroi sont réels puisqu'il arrive lui-même à se demanders'il ne s'agit pas d'une fausse perception de sa propre réalité :
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Mes amis

Quel drôle de bonhomme que ce Victor Bâton ! Narrateur - ce qui rajoute au malaise car difficile de se mettre à distance quand on s’adresse directement à vous - il évoque sa solitude et ses tentatives d’entrer en relation avec le reste du monde. D’amis, d’amours, il n’en a point. Revenu de la guerre trois ans plus tôt, son quotidien est ritualisé, dire que c’est le néant absolu dans sa vie n’est pas mentir …

Victor relate ses différentes rencontres et essais pour faire ami avec des inconnus mais comme il fantasme la relation avant même qu’elle ne débute, il est donc immanquablement déçu et insatisfait. Et pour cause, il semble parfois que ce que Victor recherche chez l’autre, c’est son propre reflet. Il n’aime rien tant que lui-même, s’écoute et s’observe sans cesse, aime son reflet dans les vitrines, se trouve plutôt parfait et se complaît dans la plainte. Qu’il s’agisse d’amour ou d’amitié, son absence totale de spontanéité et son souhait que tout se déroule conformément à ses désirs rendent impossible l’instauration d’un quelconque lien.

On passe ainsi d’une forme d’empathie dans les premières pages - misère, tant de solitude - à un rejet pur du personnage, odieux à bien des endroits. Qu’elles furent les intentions de l’auteur avec la création de ce personnage si ce n’est donner à voir, dans sa crudité, une humanité peu flatteuse, étriquée, autocentrée ; les personnes qu’il rencontre – Billard ou M. Lacaze, par exemple – sont intéressées ou distribuent leur pitié pour se donner bonne conscience dans un surplomb et une morgue absolue. Victor Bâton est seul et il ne peut en être autrement : pour recevoir, il faut un peu donner sans arrière-pensée et de cela il en est bien incapable quoiqu’il en dise.

Dans un style concis mais précis, on suit les aventures relationnelles calamiteuses de l’homme avec un certain malaise. Je suis du coup bien en peine de dire si j’ai aimé ce court roman malgré ses grandes qualités littéraires. Ce qui est certain, c’est que j’ai abandonné Victor Bâton à sa solitude avec beaucoup d’aise 😊.



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La Mort de Dinah

Dinah est morte. Ce n’est pas un mystère. Emmanuel Bove, réputé pour être un bien piètre écrivain (cependant capable d’émouvoir les répudiés), ajoute à ses torts celui de ne même pas savoir préserver l’ultime raison qu’on pourrait avoir de le lire : connaître l’issue de ses intrigues.





Ben voilà, Dinah n’est qu’un prétexte. Pauvre fillette qui crèvera misérablement tout au long de ces pages ne constitue rien qu’un argument pour parler de Jean Michelez et de sa triste vie. Voilà des gens qui sont malheureux, surtout qu’ils essaient de maintenir la tête hors de l’eau en poursuivant les règles de conduite bourgeoises. Ça n’égaie les mœurs qu’un instant, court avant que reviennent les blessures tôt infligées, l’amour absolu, jamais rencontré (on ne parle pas assez de ses bovariens qui n’ont jamais lu de livres), la forme aigrie du dédain à la place de tout ça.





Comme disait Cioran, la vie est formidable car même si tous nos buts ont foiré, il nous reste toujours quelqu’un à décevoir. Oui, la vie dispose d’un éternel potentiel de renouvellement. Emmanuel Bove, triomphal dans « Mes amis » (parlant en fait, bien sûr, des amis qu’il n’a jamais eus), mérite tout au plus de recevoir ici le mollard de l’indifférence.

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Mes amis

Victor Bâton vit seul, ne connaît personne ou presque. Il erre en ville, pauvre comme Job, vivant grâce à une pension d'invalide de guerre, sa main gauche est foutue.

Il multiplie les tentatives pour lier connaissance, avec un marlou rencontré au bistrot, une chanteuse de rues, un industriel qui le prend pour un bagagiste, etc. C'est toujours maladroit et précipité, ça part systématiquement à vau l'eau.

Il est souvent déçu, toujours décevant. Il en devient insupportable, son absence de fierté, d'amour propre, de simple respect de soi ne donne pas envie de l'apprécier.

Mais il faut persévérer et aller au bout de Mes Amis. Emmanuel Bove est habile, il nous amène au fil des pages à presque détester Victor Bâton, puis nous en montre un tout autre portrait dans les ultimes pages du roman, un personnage si proche de Bartleby qu'on s'attendrait presque à l'entendre nous dire "Je préférerais ne pas".



C'est pour moi une relecture, j'ai beaucoup lu Emmanuel Bove à la fin du siècle dernier, puis plus du tout jusqu'à ce roman, son premier. Je craignais un peu ces retrouvailles, que reste-t-il après tout ce temps ? Mais très vite j'ai retrouvé une écriture familière, je n'avais rien oublié de ces heures passées à lire ses romans et nouvelles, à apprécier ce regard d'entomologiste que l'auteur portent sur ses personnages, il ne les juge pas, ne les aime ni ne les déteste, il leur donne une vie de papier pendant quelques pages.
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Le crime d'une nuit - Bécon-les-Bruyères

Je n’avais jamais essayé d’imaginer Emmanuel Bove jeune. Ça ne sert à rien, il était déjà ce qu’il fut avant de l’être. En témoignent ces deux nouvelles de jeunesse. Même s’il est vrai qu’à 23 ans, on est déjà formé d’esprit et de défaitisme, d’espoir et de bêtise.





Le Crime d’une nuit décrit, à l’aube de la vie de reconnaissance sociale, ce que peut être prêt à faire un individu pour s’attirer un peu de cette gloire qu’on se laisse imaginer par les discours populeux. Avec de l’argent, tout va toujours mieux, dit-on en ricanant, et c’est vrai. Le criminel de cette nouvelle est un pur idéaliste de l’âme humaine, et au nom de cet idéal, rien ne doit résister. Il aimerait pouvoir aimer les autres de tout cœur mais ils ne l’aiment pas. Alors il veut devenir riche pour qu’ils l’aiment autant que lui croit les aimer. Raisonnement court, on le verra.





Bécon-les-Bruyères décrit une banlieue parisienne dans laquelle Emmanuel vécut un hiver, une banlieue où il ne se passe rien sinon le transit de ses habitants de leur lieu de résidence jusqu’à Paris. Mais Emmanuel, comme dans tous ses textes, fait ici aussi ressortir la vie qui émane de ce rien, à la fois amertume dépressive et tranquillité acceptée.

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Le piège

Il existe des situations inextricables, dans lesquelles on s'empêtre, dans lesquelles on n'en peut mais: des pièges. Fraîcheur de la perspective. Timidité de l'optimisme.



Voilà un diable de roman, original mais sobre. Le contexte historique (les débuts de Vichy) est aussi passionnant que relativement peu traité. L'ambiance est au bricolage politico-administratif et c'est une ambiance pesante. Rien d'épique dans cette Seconde Guerre mondiale, pas de spectacle, pas d'effets spéciaux, mais le sens du devoir de l'administration est salué. C'est la grande histoire vraie.

Au total, dans ce roman la finesse psychologique est remarquable. Le propos mesuré accroît encore la tension. Kafka sans l'humour, avec plus de minutie.



L'auteur a du être un boa constrictor dans une vie antérieure.
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Le Pressentiment

Il y a une certaine condescendance à prétendre que la pauvreté est une vertu. Et une incroyable naïveté, si ce n’est de l’ignorance, à croire que les classes défavorisées sont plus solidaires que les autres strates de la société. C’est ce que Charles Benesteau va apprendre à ses dépens, alors qu’il vient d’atteindre la cinquantaine. Lui, issu d’un milieu bourgeois, étriqué et conventionnel, il va envoyer paître son travail (il est avocat), sa famille et ses amis (plutôt des connaissances). Et pour ce faire, il quitte tout pour s’installer seul, ailleurs, pour écrire ses mémoires et lire. Mais la vie va le confronter à la misère d’un couple dont il recueille, pour quelques temps, la fille. Subitement, lui qui se voulait discret, devient le centre des commérages malveillants du quartier. Il découvre que la bêtise et la méchanceté sont une question de nature humaine, et non de classe sociale. Oui, une concierge peut être médisante, jalouse et injuste. Mais une professeure de français, éduquée et aisée, peut l’être tout autant. Cette expérience l’usera et il se laissera mourir, déterminé à quitter ce monde si décevant en laissant (peut-être) un souvenir à quelqu’un. Il est troublant de lire la description de cette agonie quand on sait qu’Emmanuel Bove était lui-même de santé fragile et mourut d’une maladie infectieuse.

La description de milieux sociaux à travers des archétypes féminins est une idée très intéressante. Ainsi la femme la plus sincère avec Benesteau est la femme adultère, celle qui trompe un mari alcoolique et violent. Alors que celles qui se disent « convenables » sont soit des harpies, soit des harengères. Tous les hommes sont plutôt mous de caractère. Tout ce petit monde mesquin évolue dans un décor souvent décrit en quelques phrases explicites, au cœur d’un Paris à jamais disparu (l’action se déroule dans les années 1930). Il y a dans ce style épuré les prémices des romans de Georges Simenon, à la même époque, genre « les Fiançailles de M. Hire ». En effet, Emmanuel Bove nous propose, en réalité, une intrigue plutôt simple, mais avec un décor et des personnages forts. Une intrigue dont le héros est attachant d’humanité, obligé d’aller au bout de lui-même, de sa logique en dépit des autres protagonistes.
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Mes amis

"Mes amis" ; tu parles d'amis !

Ce vieux garçon de Victor Bâton (Oui, je sais, Lacan serait enchanté ;-)), nous entraîne dans ses péripéties diverses et variées comme remède contre la solitude.

Malheureusement, Victor ira de déception en déception.

Les rencontres sont toutes stériles, les autres ne pensant qu'à eux-mêmes.

J'ai adoré ce petit ouvrage lu en une après midi.

Ce texte m'a fait pensé un peu à Marguerite Duras (et oui, la revoilà) par le style mais surtout pour cette incomplétude du personnage principal, ce vide qui l'entoure, qui l'enserre comme ces crises d'angoisse qui le laissent pantelant et épuisé.

Non, ce livre n'est pas drôle, même si parfois nous sommes tentés de sourire, non, toute cette désespérance, ce retour sur soi impossible, ce presqu'autisme de Victor, si naïf, si enfantin qu'on serait presque en devoir de ressentir de l'empathie.

Cette quête m'a également fait souvenir d'un Candide ou d'un Gil Blas de Santillane, mais eux ont réussi, contrairement à celle de Victor, pour qui c'est hélas, une quête perdue d'avance.

Perdue parce que la condition humaine que nous dépeint l'auteur ne souffre d'aucun espoir, d'aucun retour en arrière, juste la répétition névrotique du sujet, sans cesse.

Un texte très intéressant.

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Mes amis

Postface de Jean-Philippe Dubois dans l'édition de "l'Arbre Vengeur" (P234-237) :



Les héros d'Emmanuel Bove ne sont que les Don Quichotte d'un quotidien fait de misère, de tristesse et de banalité, porteur uniquement de ce qu'ils découvrent d'eux-mêmes, de leur vie, de la moindre de leur sensation ou de leur action si peu agissante, si peu sensationnelle soit-elle. Ils ont à la fois une forme de fierté et une forme de honte, le tout sur fond d'échec, avec si peu d'idéaux qu'ils sont toujours repris dans l'abîme de ne pas être aimé et les impasses de leur solitude. [...]



Les personnages de Bove ne font pas envie, ne donne pas envie. Ils mettent en lumière de nombreux traits, petites mesquineries et autres lâchetés quotidiennes dont on n'est pas fier, et qu'on préférerait oublier... Toute la fragilité, voire le détresse de l'être humain s'y révèle volontiers.

Quelque chose fonctionne et fictionne cependant dans cette littérature qu'on aurait pu penser a priori peu propice à susciter l'identification. Et si cela marche quand même, on le doit probablement à ce style dépouillé et d'une précision extrême. Le point de vue y paraît aiguisé, sans concession, lucide. Même au sein de la misère la plus sordide et la plus déprimante, une force de vie persiste et signe, pas tout à fait indigne, jamais méprisable, ainsi que le soulignait, à sa mort, son ami de toujours, Pierre Bost. Dans la nouvelle "Un autre ami", Victor Bâton ne veut surtout pas être considéré comme un pauvre semblable aux autres...



On peut lire Bove, parce que ses livres sont incontestablement de l'ordre de tours de force littéraires qui font les chefs-d’œuvre. Mais on tend ensuite à vouloir effacer certaines représentations de ce qu'on l'a lu, tel un cauchemar ou un mauvais rêve, tant il nous ferait plus volontiers mal que rire. L'humour est certes là, incontestable, mais il ne gagne pas toujours la partie du "devenir lucide". Et l'oublie relatif dans lequel cet écrivain retombe régulièrement dans l'histoire même de la littérature du vingtième siècle, s'explique sans doute aussi pour cette tendance à susciter le refoulement chez son propre lecteur.



"Je ne sais pas ce que j'ai fait à la vie", disait-il à propos de lui-même dans une interview, "mais elle m'a traité avec un humour souvent féroce."
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Le Pressentiment

Nous sommes en 1931, à Paris. Voilà un an, Charles Benesteau, avocat, a tout quitté, sa femme, ses enfants, ses amis, son grand appartement du boulevard de Clichy, son travail. Pourquoi ? « Il trouvait le monde méchant. Personne n’était capable d’un mouvement de générosité. Il ne voyait autour de lui que des gens agissant comme s’ils devaient vivre éternellement, injustes, avares, flattant ceux qui pouvaient les servir, ignorant les autres. Il se demandait si vraiment, dans ces conditions, la vie valait la peine d’être vécue et si le bonheur n’était pas plutôt la solitude que ces misérables efforts qu’il lui fallait faire pour tromper son entourage ». Il vit désormais seul dans un trois-pièces rue de Vanves, dans un quartier populaire et sinistre près de la gare Montparnasse. Il consacre son temps à lire, se balader et écrire ses mémoires.



« En rompant avec le passé, il s’était imaginé qu’aucun de ses gestes aurait de conséquences, qu’il serait libre, qu’il n’avait plus jamais de comptes à rendre. Or, il s’apercevait à présent qu’il lui était impossible de ne pas se singulariser, où qu’il se trouvât. » Loin de trouver l’effacement auquel il aspire, Charles Benesteau devient bientôt le « Monsieur » du quartier, objet de toutes les attentions. Un jour, un jeune ouvrier vient lui demander un conseil car il veut divorcer de sa femme qui le trompe. En l’aidant, Charles Benesteau met le doigt dans l’engrenage : sa vie ne sera plus désormais que demandes, intrusions, soupçons et calomnie.



C’est que le monde des « petites gens » n’est pas plus reluisant que celui des bourgeois que Charles cherche tant à fuir. On y est aussi envieux, avide, calculateur, hypocrite et ingrat. « Il n’y a rien de plus trompeur que la bonne intention, car elle donne l’illusion d’être le bien lui-même. » Charles pensait qu’il aurait une nouvelle vie, qu’il se fondrait dans le décor, « qu’il serait une fourmi dans une fourmilière », alors la réalité est bien cruelle. Celle-ci se rappelle à lui également sous la forme de ses frères et sœur, ou de son ex-femme, qui ne cessent de le solliciter pour le ramener à son existence antérieure et qui ne lui pardonnent pas, plus que de les avoir fuis, d’être venu s’installer dans ce quartier misérable.



Charles Benesteau se demande d’ailleurs s’il en fait assez pour rompre avec son passé. « Le pressentiment » est le récit sensible et émouvant d’un homme ordinaire à qui toute quiétude est refusée. Le style est sans fioriture, simple, descriptif et linéaire, monocorde presque, mais n’en fait que mieux ressortir la violence des rapports humains cachée derrière les mots. Un style qui n’est pas sans rappeler celui de Simenon. Emmanuel Bove a aussi l'art, comme Simenon, de révéler les bassesses de la nature humaine. On a le pressentiment, grandissant au fil des pages, que le malheur va frapper, que les espérances de Charles Benesteau sont vouées à l’échec. Et la certitude, une fois le livre refermé, d'avoir lu un grand texte au réalisme noir.


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Le piège

Emmanuel Bove (1898/1945) était considéré avant-guerre comme l'un des principaux écrivains français. son œuvre, rapidement tombée dans l'oubli à la Libération, est longtemps restée indisponible avant d'être rééditée à partir des années 1970.(information wikipédia).

Le Piège a été publié en 1945, année du décès de l'auteur.



En 1940, après l'armistice, Joseph Bridet semble vouloir rejoindre de Gaulle en Angleterre. Il a l'idée surprenante de se rendre à Vichy pour demander un sauf-conduit en se faisant passer pour pétainiste. Il pense naïvement duper ses interlocuteurs. C'est le contraire qui se produit. Il est balloté entre différents responsables de service en service. Victime de l'absurdité d'un pouvoir, il finira interné dans un camp. Les allemands s'y rendront pour choisir des otages...



Roman surprenant, écriture "blanche, atone", ambiance kafkaïenne.
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Le piège

Peu après l’Armistice, en septembre 1940, Joseph Bridet, se rend de Lyon à Vichy, afin d’y rencontrer un de ses anciens amis, Basson, attaché à la Direction générale de la Police Nationale. Il souhaite obtenir de sa part un sauf-conduit pour quitter la France et rejoindre de Gaulle…. Bien sur, il ne précise pas l’objet réel de sa demande, mais se perd dans des explications plus ou moins crédibles….en se faisant passer pour un pétainiste convaincu….



Début d’un long parcours au sein des bureaux, au sein d’une nasse qui va se refermer sur lui….des personnages troubles, des amis qui n’en sont peut-être pas, « Il sentait un grouillement confus autour de lui. Des papiers le concernant circulaient de bureau en bureau. Pourquoi ? Comment se faisait-il qu’on ne lui disait rien ? C’était de plus en plus inquiétant. L’attitude de Basson était bizzare. Il avait été cordial, et tout à coup, il avait changé. Et ce rapport ? Un rapport de qui et sur quoi ? » (P. 73)

Un homme baladé de services en services, sa femme qui par ses interventions ne l’aide peut-être pas. Au contraire ne l’enfonce t-elle pas encore plus? Un homme oscillant en permanence entre l’optimisme soufflé par certains et le pessimisme né de réflexions ou de l’attitude d’autres interlocuteurs, né de longues et vaines attentes, de fausses preuves ….Des interlocuteurs de l’administration du régime de Vichy soufflant le chaud et le froid….une connivence voulue de ces hommes au service d’un totalitarisme qui ne dit pas son nom

Une « souricière » décrite avec réalisme et minutie, un sentiment d’accablement et d’impuissance qui accable ce pauvre homme, qui malgré tout espérera…jusqu’à la fin et qui, confronté à des personnages glauques, se débat dans une atmosphère oppressante,

Une description sinistre du régime de Vichy …à découvrir

Un livre noir et angoissant, peu connu, d’un auteur, considéré avant-guerre comme l’un des principaux écrivains français ! Un auteur décédé en 1945 peu de temps après la parution de ce livre et la Libération.

Un vrai coup de cœur pour ce livre et pour cet auteur que je souhaite mieux découvrir
Lien : http://mesbelleslectures.com..
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Le meurtre de Suzy Pommier

Le Meurtre de Suzy Pommier d’Emmanuel Bove, lu par Patrick Blandin, SAGA Egmont, 2020 (1ère publication en 1933)



Emmanuel Bove a connu un grand succès critique et public de son vivant ; prématurément décédé en 1945, c’est un auteur totalement oublié aujourd’hui malgré les efforts, dans les années 1970, de son traducteur allemand, Peter Handke qui œuvra beaucoup pour redonner à l’écrivain une place de choix dans le paysage littéraire français.

C’est tout à fait par hasard que j’ai découvert ce court roman, grâce à l’abonnement Audible.



Suzy Pommier, jeune et belle actrice en vogue, est assassinée le soir de la première du film où elle joue une actrice assassinée dans sa baignoire. En tout point, le scénario du crime correspond au scénario du film. Une jeune inspecteur, Hector Mancelle, mène l'enquête à sa manière, en l'absence de son supérieur.

Des amants, des jaloux…

Une certaine idée du cinéma porteur de message…

Des journalistes à l’affut d’un scoop…



Un excellent roman policier à l’ancienne, sans action spectaculaire, axé sur les interrogatoires, la réflexion, la déduction.

J’ai adoré la qualité des dialogues et la montée en puissance de l’enquête.

Cependant, le personnage de Hector Mancelle, très sûr de lui, m’a parfois un peu agacé…



La version audio est d’excellente qualité ; le ton factuel du narrateur correspond bien à l’ambiance générale du roman.



Trois autres romans d’Emmanuel Bove ont rejoint ma PAL numérique : Mes amis, Le Piège et Un Raskolnikoff…


Lien : https://www.facebook.com/pir..
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Mes amis

Victor Bâton est pensionné de la première guerre. Sans travail, il vivote dans un petit appartement d’un immeuble modeste. Son lit est son havre de paix. Mais une fois levé, après avoir profité de la vue depuis sa fenêtre, il sort arpenter les rues. Ainsi, de son air misérable et triste, il espère rencontrer l’ami qui donnera de la lumière à sa vie.

Chaque partie est alors consacrée à une rencontre de Victor dans les rues de Paris. C’est la patronne d’un débit de boisson qui le nourrit et l’accueille dans son lit, un homme qui l’invite à manger, un marinier aussi désespéré que lui, un riche voyageur qui tente de le sortir de sa misère sociale, une chanteuse qu’il aurait pu aimer.

Mais chaque fois, Victor ne peut s’empêcher de douter, d’en vouloir trop. Mesquin et misérable, Victor Bâton est un anti-héros, inapte au bonheur.

Ce premier romand’Emmanuel Bove ( 1898-1945) est construit comme un recueil de nouvelles dont Victor est le personnage récurrent. Chaque partie est le récit d’une rencontre et des émotions qu’elle suscite chez notre héros en quête d’amitié. Le tout dans un Paris de l’après-guerre où le désespoir et la misère dominent.

Victor Bâton n’a que ses espoirs, son imagination pour survivre. Mais la réalité bien souvent différente le ramène sans cesse à sa solitude.

Emmanuel Bove, soutenu par Colette, est un précurseur de l’écriture « blanche » et du nouveau roman. Son style est remarquable. Simplicité de phrase, maîtrise de la conjugaison ( on ne lit plus beaucoup de phrases au subjonctif dans les romans contemporains), peinture sociale efficace sans fioritures ni jugement.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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