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Citations de Georges Perec (858)


Tu n’es, regard mort, qu’un fantôme transparent, lépreux couleur de muraille, silhouette déjà rendue à sa poussière, place occupée dont nul ne s’approche. Tu t’efforces à l’espoir de rencontres improbables. Mais ce n’est pas pour toi que le cuir, le cuivre, le bois se mettent à luire, que les lumières se tamisent, que les bruits se feutrent.
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Ce n’est pas un geste prémédité, ce n’est pas un geste, d’ailleurs, mais une absence de geste, un geste que tu ne fais pas, des gestes que tu évites de faire. Tu ne bouges pas. Tu ne bougeras pas. Un autre, un sosie, un double fantomatique et méticuleux fait, peut-être, à ta place, un à un, les gestes que tu ne fais plus.
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Les Atlantiades ont lieu à peu près tous les mois. On amène alors sur le Stade central les femmes présumées fécondables, on les dépouille de leurs vêtements et on les lâche sur la piste où elles se mettent à courir du plus vite qu’elles peuvent. On leur laisse prendre un demi-tour d’avance, puis on lance à leur poursuite les meilleurs Athlètes W, c’est-à-dire les deux meilleurs de chaque discipline dans chaque village, soit, en tout, puisqu’il y a vingt-deux disciplines et quatre villages, cent soixante-seize hommes. Un tour de piste suffit généralement aux coureurs pour rattraper les femmes, et c’est le plus souvent face des tribunes d’honneur, soit sur la cendrée, soit sur la pelouse, qu’elles sont violées.
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Je te voulais pour femme et je voulais un enfant de toi. Je n’ai ni l’un ni l’autre, et cela fait si longtemps que ça dure que j’ai cessé de me demander si c’est dans la haine ou dans l’amour que nous trouvons la force de continuer cette vie mensongère, que nous puisons l'énergie formidable qui nous permet de souffrir, et d'espérer.
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Enfin ,sur le coup de neuf heures moins le quart, alors que le désespoir aux doigts crochus et aux dents déchaussées commençait à envahir la place ,Karajeanne fit son entrée , très applaudi.
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« J’aimerais qu’il existe des lieux stables, immobiles, intangibles, intouchés et presque intouchables, immuables, enracinés ; des lieux qui seraient des références, des points de départ, des sources : mon pays natal, le berceau de ma famille, la maison où je serais né, l’arbre que j’aurais vu grandir (mon père l’aurait planté le jour de ma naissance), le grenier de mon enfance empli de souvenirs intacts… »
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Il n'y a plus que deux vélomoteurs garés sur le trottoir devant le café : je n'ai pas vu le troisième partir (c'était un velosolex) (Limites évidentes d'une telle entreprise : même en me fixant comme seul but de regarder, je ne vois pas ce qui se passe à quelques mètres de moi : je ne remarque pas, par exemple, que des voitures se garent)
18 octobre 1974
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Une vie produit industriel, p. 43-44 :
Tu n'as guère vécu, et pourtant, tout est déjà dit, déjà fini. Tu n'as que vingt-cinq ans, mais ta route est toute tracée. Les rôles sont prêts, les étiquettes : du pot de ta première enfance au fauteuil roulant de tes vieux jours, tous les sièges sont là et attendent leur tour. Tes aventures sont si bien écrites que la révolte la plus violente ne ferait sourciller personne. Tu auras beau descendre dans la rue et envoyer dinguer les chapeaux des gens, couvrir ta tête d'immondices, aller nu-pieds, publier des manifestes, tirer des coups de revolver au passage d'un quelconque usurpateur, rien n'y fera : ton lit est déjà fait dans le dortoir de l'asile, ton couvert est mis à la table des poètes maudits. Bateau ivre, misérable miracle : le Harrar est une attraction foraine, un voyage organisé. Tout est prévu, tout est organisé dans les moindres détails : les grands élans du cœur, la froide ironie, le déchirement, la plénitude, l'exotisme, la grande aventure, le désespoir […]. Tout est déjà prêt pour ta mort : le boulet qui t'emportera est depuis longtemps déjà fondu, les pleureuses sont déjà désignées pour suivre ton cercueil.
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Tu t'assieds, Jambes ballantes, au-dessus de la Seine, pendant des heures à regarder l'inappréciable remous que creuse l'arche d'un pont.
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Tu regardes le plafond et tu en découvres les fissures, les écailles, les tâches, les reliefs. Tu n'as envie de voir personne, ni de parler, ni de penser, ni de sortir, ni de bouger.
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Il y aurait là-bas, à l'autre bout du monde, une île. Elle s'appelle W.
Elle est orientée d'est en ouest ; dans sa plus grande largeur, elle mesure environ quatorze kilomètres. Sa configuration générale affecte la forme d'un crâne de mouton dont la mâchoire inférieure aurait été passablement disloquée.
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La femme monte les escaliers. Bientôt, le vieil appartement deviendra un coquet logement, double liv. + ch., cft., vue, calme. Gaspard Winckler est mort, mais la longue vengeance qu’il a si patiemment, si minutieusement ourdie, n’a pas encore fini de s’assouvir
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Ainsi, le problème des bibliothèques se révèle-t-il un problème double : un problème d’espace d’abord et ensuite un problème d’ordre.
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Il y a dans toute énumération deux tentations contradictoires ; la première est de tout recenser, la seconde d’oublier tout de même quelque chose ; la première voudrait clôturer définitivement la question, la seconde la laisser ouverte ; entre l’exhaustif et l’inachevé, l’énumération me semble ainsi être, avant toute pensée (et avant tout classement), la marque même de ce besoin de nommer et de réunir sans lequel le monde (« la vie ») resterait pour nous sans repères : il y a des choses différentes qui sont pourtant un peu pareilles ; on peut les assembler dans des séries à l’intérieur desquelles il sera possible de les distinguer »
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A) Méthodes

[...]

Peut-être est-ce aussi désigner la question comme justement sans réponse, c'est-à-dire renvoyer la pensée à l'impensé, qui la fonde, le classé à l'inclassable (l'innommable, l'indicible) qu'il s'acharne à dissimuler...
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Voyl y disait à la fois qu’il ignorait mais qu’il savait, ou qu’il savait mais qu’il ignorait...
- on a vu plus clair.
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Ton indifférence est étale : homme gris pour qui le gris n'évoque aucune grisaille.
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La mer s'est retirée. Le temps a fini par pétrifier
les mammifères affamés.
Entre les firmaments et les enfers, la terre
entière respire.
Elle est sels, mines et strates, fer natif, nappes,
entassements, transferts, plaines.
Et maintenant le peintre
en fait apparaître l'empreinte nette :
filaments linéaires, traînées infinitésimales,
sentiers, élans, anamnèses,
immenses et lentes transparences
se refermant à l'infini.
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Aimer

rire aéré, aire
mirée emmi mer rimée
âme même amie
mer amarrée à ma rame
mima, rima Miramar
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Inquiet, aujourd'hui, ton pur visage flambe.
Je plonge vers toi qui déchiffre l'ombre et
La lampe jusqu'à l'obscure frange de l'hiver :
Quêtes du plomb fragile où j'avance, masque
Nu, hagard, buvant ta soif jusqu'à accomplir
L'image qui s'efface, alphabet déjà évanoui.
L'étrave de ton regard est champ bref que je
Dois espérer, la flèche magique, verbe jeté.
Plain-chant qu'amour flambant grava jadis.
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