Dans Terminal 4, nous retrouvons l'équipe du Bastion au complet. le divisionnaire Hervé Compostel, le commandant Guillaume Desgranges, les lieutenants Zoé Dechaume et Lola Rivière, « fraîchement nommée capitaine de police »
Comme dans les précédents romans, Hervé Jourdain mêle avec subtilité les conflits entre personnalités fortes confrontées à leurs problèmes personnels, leurs égos, leur relations hiérarchiques pas toujours simples, la tentation individualiste au détriment du travail d'équipe.
Cette fois, l'affaire est grave et complexe :
« Lola égrène les quelques pièces du puzzle : Roissy, zadistes, Chinois, carte bancaire d'une Canadienne, carte bancaire d'une Russe, chauffeur de type africain. »
L'aéroport Charles de Gaulle à Roissy en est le cadre. Une riche idée, tant l'aéroport, univers clos avec ses règles et ses dérives, offre de possibilités pour corser le déroulement d'une enquête et multiplier les pistes y compris les fausses.
Les acteurs du site sont dans l'ordre d'apparition : La société France Aéroports chargée de la gestion avec ses milliers d'employés ; les voyageurs bien sûr ; « (…) tous les déshérités de la plateforme, SDF, sans-papiers, mendiants, Roms, emballeurs » ; Les emballeurs, « (…) sont ceux qui proposent aux touristes, contre quelques euros, d'emballer leurs valises sous film plastique transparent avant leur transfert en soute. Ils fonctionnent en bande. » ; « les zadistes qui sont installés sur l'emplacement du futur Terminal 4. » ; les « VTC chinois » ;
Les problématiques sont nombreuses, « chasse aux taxis clandestins » qui « proposent discrètement un service de transport immédiat, fiable, à un tarif défiant toute concurrence à condition de régler en espèces. » ; « contrôle des sociétés privées assurant la sûreté sur les aéroports et les zones de fret »
Dépêchées à Roissy suite à un signalement des douanes relatifs à un trafic de pièces d'or siglées Etat Islamique, Zoé et Lola tombent sur l'incendie de plusieurs taxis chinois. Un des véhicules contient un corps mutilé dans son coffre.
Un roman relativement court, 237 pages, dont la première partie traîne un peu en longueur à mon avis, même si la description détaillée des activités de l'aéroport et des liens entre les différents personnages est précise, et ne manque pas d'intérêt.
« D'une part, France Aéroports est garant de la sécurité, tout ce qui a trait à l'économie souterraine et aux bandes de mineurs clandestins dans ses enceintes ne favorise pas son image à l'international ; d'autre part, le film transparent parfois utilisé par les emballeurs pour habiller les valises a tendance à fondre et à s'agglomérer, ce qui finit par bloquer les trieurs à bagages et provoquer des retards importants au décollage, donc un préjudice. »
« le dioxyde de soufre occasionne des maladies respiratoires, que le temps de roulage d'un avion au sol est en moyenne de vingt-six minutes, le décollage dure quarante-deux secondes, la montée trois minutes. Elle recopie des équations chimiques à rallonge comme celle de la combustion du kérosène : 2C10H22 + 31(02+4N2) —> 20 CO2 + 22H2O+124N ».
L'enquête s'emballe vraiment à partir de la deuxième moitié du roman et se focalise sur la bataille de chiffres autour de la pollution provoquée par l'activité de transport aérien. Et si le meurtre en était la conséquence ?
« Malgré certaines avancées technologiques, en raison de la hausse du trafic, les émissions de gaz à effet de serre de l'ensemble du secteur aérien français ont augmenté en valeur absolue de plus de 60 % depuis 1990. Au rythme du processus de mondialisation et d'une croissance annuelle du nombre d'usagers du transport aérien estimée entre 6 et 8 %, le transport aérien rejettera à terme plus de 20 % des émissions globales de CO2 »
Lola et Zoé parviennent à démêler les relations complexes entre les différents personnages et les institutions ou compagnies auxquelles ils appartiennent, et à identifier à qui le crime peut profiter.
Une histoire menée rondement et extrêmement bien documentée.
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